Il faudra se contenter d’équipes de trois aux Jeux de Paris 2024, mais tout n’est pas verrouillé
Comme on pouvait l’imaginer, l’assemblée générale de la Fédération équestre internationale a maintenu le principe des équipes de trois couples pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Cependant, seules 70% des fédérations nationales qui se sont exprimées ont voté pour, contre près de 90% à l’assemblée générale de Tokyo il y a cinq ans, signe que l’opposition, conduite par une majorité de cavaliers, propriétaires et grandes fédérations, a gagné du terrain. D’ici la prochaine assemblée, fin 2022, les dirigeants de la FEI les exhortent à prendre au part à la consultation concernant les règlements des épreuves olympiques et les minima individuels, promettant que rien n’est fermé.
Il n’y a pas eu de miracle à Anvers. Comme attendu, l’assemblée générale de la Fédération équestre internationale (FEI) a entériné le fait que les équipes ne compteraient que trois couples aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Cette nouvelle formule, testée avec plus ou moins de succès cet été aux Jeux de Tokyo, vaudra dans les quatre disciplines: saut d’obstacles, concours complet, dressage et para-dressage. Dans son discours introductif, ce matin, Ingmar de Vos, président de la FEI, a appelé les Fédérations nationales à prendre leurs responsabilités. “Je pense que tout le monde a eu l’occasion de dire ce qu’il avait à dire hier. Le décor est planté, les paramètres connus et les risques identifiés. Maintenant, à vous de décider.”
Depuis leur adoption, et à nouveau depuis le retour du Japon, les formats olympiques suscitent la désapprobation d’une majorité de cavaliers, propriétaires de chevaux et grandes fédérations, qui leur reprochent beaucoup de mauvais côtés, au premier rang desquels le fait qu’ils mettent davantage en risque le bien-être des chevaux que les précédents formats, où le moins bon des quatre résultats d’une équipe ne comptait pas dans le calcul de son score. À cela, le Belge, élu à la présidence en décembre 2014, a livré une réponse en forme de déclaration d’intention. “Le bien-être du cheval reste une priorité absolue pour notre sport et cette organisation. Le tragique accident survenu en complet (l’euthanasie de Jet Set, le cheval du Suisse Robin Godel, dont un tendon s’était rompu lors du cross, ndlr) et la situation inacceptable du pentathlon moderne, qui nous est reprochée à tort, ne sont que quelques exemples nous rappelant que l’on nous considère comme l’instance dirigeante responsable des sports équestres mais aussi du bien-être de notre ami et partenaire qu’est le cheval.”
Compte tenu du caractère hybride de cette assemblée générale, avec une majorité de votants réunis dans le cossu hôtel Hilton d’Anvers, en Belgique, et d’autres restés chez eux, par volonté ou obligation, le processus de vote était un peu plus long que lors d’une assemblée à l’ancienne. Afin de ne pas casser le rythme de cette journée assez dense, comme toujours, les votes ont été repoussés à la fin de matinée, puis finalement au début d’après-midi. Jusqu’au vote concernant le nombre de couples par équipe aux Jeux olympiques, tous ont donné des résultats quasiment unanimes. Et comme prévu, cette résolution a donc quelque peu tendu l’ambiance. Sabrina Ibáñez, secrétaire générale, a posé la question et confié la gestion du scrutin à l’opératrice de la société sous-traitante. À l’arrivée, sur les cent neuf fédérations présentes ou connectées, une s’est abstenue et cent tout juste se sont exprimées: soixante-dix pour les équipes de trois et trente pour les équipes de quatre. Si le “oui” l’a emporté sans réserve, l’opposition a su se faire entendre bien plus qu’il y a cinq ans. En effet, en novembre 2016 à Tokyo, les nouveaux formats des compétitions olympiques avaient été bien plus largement adoptés, par une écrasante majorité de quatre-vingt-seize sur cent sept suffrages exprimés.
Thomas Bach, invité spécial du prochain Forum des sports ?
Dans la foulée, logiquement, les systèmes de qualifications pour les Jeux olympiques de Paris 2024 ont également été approuvés, par quatre-vingt-cinq voix contre quinze. En revanche, contrairement à l’assemblée générale de 2016, cette fois, seuls le principe des équipes de trois et le système de qualification ont été validés, ce qui laisse un champ de négociation assez important à l’opposition. “Nous avons identifié que de nouvelles améliorations doivent être apportées pour rendre les Jeux olympiques plus brillants et moins stressants pour nos athlètes. […] J’ai déjà identifié et entendu de nombreuses et précieuses suggestions concernant la révision des règles des épreuves olympiques et des exigences minimales d’éligibilité (MER, les minima qualificatifs par couples, ndlr)”, avait déclaré plus tôt Ingmar de Vos. Pour l’ordre des épreuves, le nombre de résultats conservés dans le score de l’équipe et les barèmes, aucune décision ne sera prise avant la prochaine assemblée générale, dans un an.
Une fois l’assemblée achevée, en conférence de presse, le Belge, qui évoluait à domicile, ayant grandi tout près d’Anvers, a eu le triomphe modeste. “J’ai conscience que certaines grandes fédérations nationales auraient souhaité revenir à des équipes de quatre couples, tandis que la plupart des petites fédérations ont préféré conserver les équipes de trois. Finalement, la majorité a été claire, loin du cinquante-cinquante, donc la question me semble correctement tranchée, ce qui a permis aussi d’adopter les systèmes de qualifications des équipes et individuels. Nous aurions aimé disposer d’un quota supérieur à celui de deux cents couples dont la FEI dispose de longue date, mais le Comité international olympique a refusé de l’élargir. En revanche, ce quota n’a pas été réduit, contrairement à ceux de six autres sports olympiques. La décision a donc été prise, mais je veux redire aux cavaliers que nous avons entendu leurs inquiétudes, qu’il existe des solutions permettant de réduire la pression qui pèse sur leurs épaules et que nous comptons bien réviser nos exigences minimales d’éligibilité. Nous les avions déjà durcis en vue des Jeux de Tokyo, mais nous avons dû les conditions d’obtention en raison de la pandémie de Covid-19 et l’épizootie de HVE-1. Le principal message que je veux faire passer aux cavaliers est que ce sont leurs Jeux et que nous avons besoin d’eux pour en affiner les règles. J’insiste à ce sujet, comme l’a fait avant moi le président du comité technique de saut d’obstacles. C’est ensemble que nous allons trouver les meilleurs formats possibles, avec l’aide des fédérations nationales. Nous avons un peu plus d’un an pour les présenter au CIO et au CIP, de même que nos exigences minimales d’éligibilité, qui devaient jusqu’à accompagner le système de qualification. Le vote d’aujourd’hui n’est pas une fin, mais un début.”
Ce sujet sera le plat de résistance du prochain Forum des sports, qui se tiendra les 25 et 26 avril à Lausanne, possiblement en présence de Thomas Bach, le président du CIO. Une injonction pour les opposants les plus exaltés à se tenir à carreau? Non, a priori. À en croire Ingmar de Vos, l’Allemand, en poste jusqu’à 2025, sera surtout l’indispensable invité d’honneur des célébrations du centenaire de la maison-mère des sports équestres. “Nous espérons effectivement pouvoir accueillir le président du CIO, particulièrement lors du gala que nous organiserons à cette occasion, parmi d’autres personnalités. Nous comptons sur la présence du président du Comité international paralympique (le Brésilien Andrew Parsons, ndlr) et de président et secrétaires généraux d’autres fédérations internationales.”