Plus rien ni personne n’arrête Henrik von Eckermann et King Edward

Henrik von Eckermann et King Edward ont remporté le Super Grand Prix du Longines Global Champions Tour, ce soir à Prague, en République tchèque. Au terme de deux manches de haute volée, le Suédois et son incroyable alezan ont partagé le podium avec l’Espagnol Sergio Álvarez Moya, deuxième sur Alamo, et le Britannique Ben Maher, troisième sur Explosion W. Auteurs d’un sans-faute en première manche, Olivier Robert et Vangog du Mas Garnier ont lâché douze points dans la seconde, finissant dixièmes.



Les superlatifs ne vont pas tarder à manquer pour qualifier les prestations d’Henrik von Eckermann et King Edward. Non que le hongre BWP de onze ans par Edward 28 et une mère par Feo de Lauzelle ait déjà gagné une ribambelle de Grands Prix, même s’il avait déjà remporté celui du CSI 4*-W de Poznan en décembre 2019 avec la Suissesse Janika Sprunger, compagne d’Henrik, puis la dernière étape de la saison régulière du Longines Global Champions Tour (LGCT) il y a un mois à Šamorín. Mais parce que l’alezan, tout à la fois puissant, félin et instinctif, semble apte à s’imposer dans les épreuves les plus sélectives. Ce fut le cas aux Jeux olympiques de Tokyo, cet été au Japon, où il n’a pas renversé un seul obstacle en quatre parcours plus un barrage, exploit à la suite duquel GRANDPRIX s’était longuement penché sur son itinéraire. Ce fut le cas aussi à Šamorín, où le tour initial avait renvoyé à leurs études bien des couples talentueux et plus capés. Et on l’aura compris, ce fut à nouveau le cas ce soir, dans le Super Grand Prix du LGCT, opposant les quinze vainqueurs d’étape sur deux manches des plus corsées.

Quinze cavaliers starifiés, présentés tels des boxeurs américains, des gladiateurs romains ou des tennismen en pleine gloire, à travers une mise en scène léchée dans le moindre détail, avec force musiques, éclairages, vidéos et animations diffusées sur des écrans géants et une porte entièrement recouverte de LED digne d’un concert de rock. Et les chevaux dans tout cela? Si tous ont été présentés comme il se doit par les animateurs de l’épreuve, les trois meilleurs ont été récompensés d’une façon inédite à la remise des prix. Alors qu’Henrik, l’Espagnol Sergio Álvarez Moya et le Britannique Ben Maher trônaient fièrement sur le podium protocolaire, Explosion W, Alamo et King Edward sont entrés en piste au pas, chacun avec son groom attitré, couverts d’un beau tapis et suivis par des poursuites lumineuses. Nommés, magnifiés et applaudis par un public encore nombreux. Et, cerise sur le gâteau, chaque soigneur a également été honoré et récompensé. Hormis les décors floraux en plastique, il n’y a pas eu une once de mauvais goût dans ce cérémonial parfaitement orchestré et pleinement respectueux du sport. Chapeau.

Sergio Álvarez Moya et Alamo.

Sergio Álvarez Moya et Alamo.

© Stefano Grasso/LGCT



Une première manche pour costauds

Ben Maher et Explosion W.

Ben Maher et Explosion W.

© Stefano Grasso/LGCT

En première manche de cette épreuve dotée d’1,25 million d’euros, on a compté cinq sans-faute pour quinze partants, une proportion idéale compte tenu de la qualité du plateau. Le chef de piste, Uliano Vezzani, trop gourmand hier soir, fut cette fois irréprochable. Parmi ces cinq figurait Olivier Robert, le seul Français en lice, victorieux de l’étape de Madrid, mais le Girondin a eu chaud, le Selle Français Vangog du Mas Garnier ayant produit un gros effort sur le vertical 11, avant de tutoyer sérieusement l’oxer 12a et le vertical 12b du triple, mais le couple a tenu bon sur ce parcours irrespirable. Les quatre autres paires ayant réussi cet exploit sont Henrik et King Edward, Ben et Explosion, champions olympiques en titre, Sergio et Alamo, l’ancien crack de Steve Guerdat, mais aussi l’Irlandais Darragh Kenny, toujours dans les bons coups, en selle sur VDL Cartello.

Ensuite, on retrouvait, dans cet ordre, le Suisse Bryan Balsiger, battu sur le dernier obstacle avec AK’s Courage, le Suédois Peder Fredricson et H&M Christian K, qui ont renversé le premier plan de l’oxer 3, le Britannique Scott Brash et Hello Jefferson, surpris sur l’oxer 9, l’Allemand Daniel Deusser et Killer Queen VDM, qui ont couché le vertical 12c, sortie du triple, ainsi que l’Américain Spencer Smith et le SF Théodore Manciais, pris sur le vertical 7. Avec deux fautes sur WKD Aimez Moi et le SF Unick du Francport, également pénalisé par le temps, les Britanniques Sameh El Dahan et John Whitaker semblaient déjà hors course. Idem, en pire, pour le Néerlandais Harrie Smolders, pénalisé de trois fautes sur le SF Bingo du Parc. Enfin, la Suédoise Malin Baryard-Johnsson a été éliminée avec El Barone 111, qui lui a infligé un refus spectaculaire devant le vertical 12b, puis qui ne s’est pas décidé à repartir au combat.



Une seconde manche remue-ménage

En seconde manche, longue de douze obstacles et quinze efforts, Sameh a lâché l’affaire après deux fautes et une volte. Bryan a fauté sur les oxers 4a, 5 et 12, finissant treizième. Onze points, un score très inhabituel pour Christian K, qui a infligé à Peder, douzième, une dérobade devant l’étroit portail 10 puis une faute sur le dernier. Grâce à des parcours éducatifs pénalisés d’un et deux points de temps, Harrie et John ont fini onze et neuvième. La fin de soirée fut moins rose pour Olivier, dixième, battu sur le vertical à palanque 6, l’oxer 8 sur bidet puis le même portail 10, et relégué à la… dixième place. “J’aurais dû aborder cette palanque en freinant davantage mon cheval. Ensuite, tout s’est enchaîné rapidement…” Une faute de plus pour Niels et Spencer, huit et septième, sur l’étroit et haut vertical 11. À l’inverse, grâce à leurs brillants clear rounds, Daniel et Scott se sont classés six et cinquième. En lice pour la victoire, Darragh et Ben ont respectivement buté sur le 4a et 11, se hissant aux quatre et troisième places.

Seuls deux cavaliers ont donc réussi le double sans-faute. Le premier fut Sergio, absolument impérial mais sans prendre de risque démesuré. “Je savais qu’il n’y aurait qu’une poignée de doubles sans-faute dans cette épreuve, et je voulais absolument en faire partie, alors je suis extrêmement heureux de mon résultat, et je félicite Henrik pour sa victoire”, a déclaré l’Espagnol, beau joueur, non sans rendre hommage à son père, décédé en début d’année, peu de temps avant le milliardaire tchèque Petr Kellner, père de la cavalière Anna Kellnerová et instigateur de ce CSI 5* pas comme les autres. Pour Henrik, les puristes retiendront peut-être que King Edward a eu du mal à entrer en piste et que le franchissement du double ne fut pas des plus académiques. Mais le Viking n’a pas volé sa victoire, et les douze mille spectateurs en ont eu pour leur argent! Que demander de plus?

Les résultats
Le parcours de la première manche
Le parcours de la seconde manche  

Henrik von Eckermann et King Edward.

Henrik von Eckermann et King Edward.

© Stefano Grasso/LGCT



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