Emily Moffitt et les jumeaux Philippaerts survolent la finale de la Global Champions League

Les London Knights ont remporté la finale de la Global Champions League, ce soir à Prague, en République tchèque. Composé des Belges Olivier et Nicola Philippaerts ainsi que de la Britannique Emily Moffitt, respectivement en selle sur Le Blue Diamond van’t Ruytershof, Winning Good et Katanga van het Dingeshof, tous sans faute en seconde manche, ce collectif s’est imposé avec une avance colossale de onze points sur les Paris Panthers et quinze sur les Berlin Eagles. Pour autant, la mise en scène de l’épreuve, aussi époustouflante qu’hier, n’a pas suffi à faire oublier le caractère artificiel de cette ligue.



Olivier Philippaerts et Le Blue Diamond van’t Ruytershof.

Olivier Philippaerts et Le Blue Diamond van’t Ruytershof.

© Stefano Grasso/GCL

La saison 2021 de la Global Champions League s’est achevée ce soir à l’O2 de Prague, fabuleux chaudron ultramoderne, qui aura magnifié le sport tout au long de ce CSI 5* vraiment pas comme les autres. Les six meilleures équipes ont été opposées dans une difficile finale en deux manches, courue selon un format proche de la nouvelle épreuve olympique, avec trois couples dont tous les scores comptent, à la différence notable qu’ici ils se succèdent, ce qui rend le tout encore plus facile à comprendre, même pour les spectateurs les plus distraits!

En première manche, Madrid in Motion, écurie montée chaque année jusqu’à présent sur le podium de la Super Coupe, l’autre nom de ces play-offs disputés en République tchèque, a ouvert les hostilités. Et elle a peiné, cumulant dix-neuf points de pénalité. Même le Néerlandais Maikel van der Vleuten et Beauville, médaillés de bronze en ont concédé cinq. Même s’il s’est avéré moins corsé que celui de la demi-finale, disputé vendredi, le parcours d’Uliano Vezzani a fait des ravages, à commencer par le temps imparti, un peu trop serré, dépassé par quatorze des dix-huit concurrents. Un total de dix points seulement pour les Paris Panthers, représentés par le Néerlandais Harrie Smolders, l’Irlandais Darragh Kenny et le Belge Grégory Wathelet, associés à Monaco, VDL Cartello et Nevados S, pénalisé d’un point seulement.

L’Allemand Ludger Beerbaum, leader des Berlin Eagles, dont il a défendu les couleurs avec deux autres compatriotes et collègues d’écurie, Christian Kukuk (Checker) et Philipp Weishaupt (Coby), s’est malheureusement cassé le doigt après une réception inconfortable du saut de Mila sur une palanque mais a quand même réussi à ne lâcher qu’un point, qui s’est ajouté aux treize de ses coéquipiers. Intelligemment, les London Knights ont décidé de se donner le temps de sauter calmement tous les obstacles. Cela a payé, puisque le Belge Nicola Philippaerts et la Britannique Emily Moffitt ont fini à un point avec Katanga van het Dingeshof et Winning Good, tandis qu’Olivier Philippaerts, le jumeau de Nicolas, a enregistré cinq points sur Le Blue Diamond van’t Ruytershof.

Même si le Suédois Peder Fredricson, toujours plus fort, et Catch Me Not S ont produit le seul sans-faute dans le temps de cette manche, les Valkenswaard United, vainqueurs de la saison régulière, ont écopé, l’Allemand Marcus Ehning et l’Australienne Edwina Tops-Alexander concédant vingt et un points à eux deux sur Stargold et Fellow Castlefield. Derniers à partir, les Shanghai Swans, équipés de trois solides chevaux de Grands Prix, n’ont pas tenu le choc. Après les cinq points de l’Allemand Christian Ahlmann sur Dominator 2000 Z, Malin Baryard-Johnsson et H&M Indiana ont produit un très sauté sur l’oxer 6, ce qui a contraint la Suédoise à effectuer une volte devant l’oxer 7, concédant treize points. Même score, tout aussi inattendu pour l’Autrichien Max Kühner sur Elektric Blue P.

Nicola Philippaerts et Katanga van het Dingeshof.

Nicola Philippaerts et Katanga van het Dingeshof.

© Stefano Grasso/GCL



“L’endroit le plus génial en Europe où l’on organise actuellement un concours”, Ludger Beerbaum

Pénalisés de trente et un points, ceux-ci mêmes ont ouvert le second acte avec trois parcours bien mieux maîtrisé, Christian bouclant même le premier sans-faute. Ce fut bien plus mitigé pour les United, Marcus signant un sans-faute, Edwina couchant trois nouveaux obstacles et Peder concédant une touchette. Ce fut bien mieux pour Madrid, avec deux sans-fautes, signés par Maikel et le Brésilien Marlon Módolo Zanotelli sur Grand Slam VDL, et seulement quatre points pour Mark McAuley et Jasco van den Bisschop.

Sous pression de sortir du podium provisoire sur lequel ils s’étaient hissés au premier acte, les Eagles ont produit trois bons tours: un sans-faute de Christian Kukuk et deux tours à quatre points de Phillip et Ludger, dont la main avait été bandée pour lui éviter la douleur. “De façon surprenante, je me sens bien, un peu comme si un chien avait tenu ma main dans sa bouche. Ce n’est rien de grave, il y a pire dans la vie!”, a-t-il plaisanté, fidèle à lui-même et fier de la troisième place finale des siens. “Je suis très heureux de notre année 2021, non seulement de Christian, Philipp et moi, mais aussi de Laura Klaphake, Jane Richard-Philips et Diego Ramos Maneiro. Nous avons fini cinquièmes de la saison régulière et troisièmes aujourd’hui. Franchement, c’est très cool. Et nous avons passé du très bon temps ici, aussi bien dans cette ville unique que dans cette arène, qui est probablement l’une des plus modernes et chouettes au monde. En Europe, c’est à coup sûr l’endroit le plus génial où l’on organise actuellement un concours. La façon de présenter le sport est vraiment belle. C’est un bonheur de venir ici, aujourd’hui encore en tant que cavalier, et un jour peut-être en tant que manager d’équipe!”

Finalement, cette seconde manche n’a pas modifié la hiérarchie issue de la première. Comme les Eagles, les Panthers ont ajouté huit points à leur total: quatre par Harrie, quatre pour Grégory et zéro pour Darragh, toujours solide quand l’enjeu l’exige. De quoi satisfaire pleinement le Néerlandais Rob Hoekstra, manager de l’équipe. “Je félicite les London Knights parce que ce qu’ils ont réussi aujourd’hui est tout simplement exceptionnel. Ils méritent leur victoire. Cette belle deuxième place nous ravit. J’associe à ce succès Nayel Nassar, Pénélope Leprevost et Eve Jobs, qui ont contribué à notre troisième place en saison régulière. Les deux parcours d’aujourd’hui étaient très, très bons, et nous les avons appréciés dès la reconnaissance. Vendredi, l’épreuve était sûrement trop dure. Aujourd’hui, c’était à nouveau haut et large, mais tous les sauts étaient justes pour les chevaux. Le temps était peut-être un peu trop serré en première manche, mais il faut saluer le travail du chef de piste”, a déclaré celui qui avait su mener la Grande-Bretagne à l’or aux Jeux olympiques de 2012 à Londres, puis aux Européens de 2013 à Herning.

La victoire est donc revenue aux Knights, avec l’art et la manière, puisqu’Olivier, Emily et Nicola ont produit trois fabuleux sans-faute, limpides et bien montés. Encore une belle performance par la benjamine de l’épreuve, déjà lauréate de la Consolante en finale mondiale des Coupes des nations Longines à Barcelone. “Notre équipe est stable depuis nos débuts dans la ligue, ce qui est une bonne chose. J’avais un bon sentiment quand nous sommes arrivés en milieu de semaine. C’est génial de gagner ici. Devant ce public, c’est encore plus fort et émouvant. Cela fait une vraie différence quand on entre en piste”, s’est réjouie la seule cavalière de moins de vingt-cinq ans en piste aujourd’hui, qui a récemment remplacé le Britannique Ben Maher, qui la suivait de longue date, par l’Italien Lorenzo de Luca, transfuge des écuries Stephex. “J’ai ressenti de la pressions aujourd’hui, mais je crois que plus il y en a, meilleure je suis. Évidemment, mes performances doivent beaucoup à Winning Good, cet extraordinaire cheval que j’ai la chance de monter.”

Ludger Beerbaum et Mila.

Ludger Beerbaum et Mila.

© Stefano Grasso/GCL



“Je suis fier de cette réussite”, Jan Tops

Bien sûr, ce CSI 5* de Prague était le plus doté de l’année, avec 6 millions d’euros, dont 3,5 dans cette finale, distribués… ou plutôt redistribués. En effet, il faut rappeler que les propriétaires de ces équipes doivent débourser 2,5 millions d’euros par an pour pouvoir participer à la Ligue. Même si la Fédération équestre internationale, qui a signé un protocole d’accord avec Global Champions, a toujours prétendu le contraire, ce droit d’entrée s’apparente à une pay-card, pratique tolérée dans les faits pour les autres CSI 5* à hauteur de 20% des participants, et qui gagne du terrain en Coupe du monde et même dans certains CSIO. Or, dans ces concours-là, cette part de 20% n’est pas toujours respectée.

Par ailleurs, il demeure un problème de fond: que signifient ces équipes, de création récente, nommées comme des clubs de basket-ball ou de football américain, rattachées artificiellement à des villes, et dont les propriétaires, sponsors ou responsables ne sont pas toujours nommés? De fait, le public, toujours enthousiaste vis-à-vis des performances des couples, comme dans n’importe quelle autre épreuve, n’a rien de tangible, pas même des marques connues comme dans le polo, la voile ou le Formule 1, pour s’identifier à tel ou tel collectif. Cette problématique confère à cette ligue privée, concept qui fait d’ailleurs des émules dans d’autres sports olympiques dont la natation, un aspect carton-pâte que le temps finira peut-être par estomper.

La mot de la fin reviendra au Néerlandais Jan Tops, évidemment fier et heureux du dénouement de cette saison ô combien difficile pour tous les organisateurs de concours. “Quand nous avons imaginé le concept de cette série, il y a quelques années, notre but a toujours été de satisfaire toutes nos parties prenantes. Et elles nous ont toujours soutenus. Ici, dans cette magnifique arène, nous avons créé une tradition en l’espace de trois éditions (2018, 2019 et 2021, ndlr). Les cavaliers attendent et préparent cet événement plusieurs mois à l’avance. Nous avons assisté à du vrai sport. Il suffit de constater le nombre de fautes inhabituelles qui se sont produites aujourd’hui. Nous collaborons avec un formidable chef de piste, qui travaille souvent de façon subtile. Je suis fier de cette réussite, et de mes équipes, qui se relaient jour et nuit pour livrer cet événement. Je pense que tout le monde rentrera chez soi ce soir avec le sentiment d’avoir vécu une semaines fantastique. C’est cela qui compte le plus à mes yeux. Concernant l’avenir, je suis davantage confiant qu’il y a un an. Tout peut toujours arriver, mais il me semble que les gouvernements ne prendront plus de mesures sanitaires aussi fortes qu’en 2020 et 2021. Du reste, notre sport a continué à exister, même lors des confinements et couvre-feu. Cette année, nous avons réussi à organiser le nombre de concours que nous avions prévus, avec ou sans public. En tout cas, je suis résolument optimiste pour 2022 et les années suivantes.”

Les résultats
Le parcours de la première manche
Le parcours de la seconde manche

Grégory Wathelet et Nevados S.

Grégory Wathelet et Nevados S.

© Stefano Grasso/GCL



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