Au mérite de son premier grand triomphe, célébré à Rouen, Valentin Besnard se rapproche de l’élite mondiale
Valentin Besnard a remporté son premier Grand Prix CSI 4*, la plus belle victoire de sa carrière, cet après-midi au Parc des expositions de Rouen, en conclusion d’Équi Seine. En selle sur le bouillonnant Beau Gosse du Park, le Normand a signé le seul double sans-faute d’un barrage ô combien singulier. Déjà cinquième le mois dernier à Saint-Lô, le couple frappe désormais à la porte de l’équipe de France. Le Belge Gilles Thomas et le Néerlandais Kevin Jochems ont complété le podium de cette épreuve cotée à 1,55m avec Luna van het Dennehof et Emmerton.
Combien de très bons cavaliers ont attendu des années avant de remporter leur premier Grand Prix international 3*, 4* ou 5*? Combien de pilotes évoluant actuellement dans ces épreuves restent en quête d’un premier succès majeur? À l’inverse, ils sont fort peu nombreux, qui plus est dans l’histoire récente, à s’être imposés dans l’épreuve reine d’un grand concours international dès leur deuxième tentative. C’est précisément ce qu’a réussi Valentin Besnard cet après-midi au Parc des expositions de Rouen, où s’est achevé un grand cru d’Équi Seine, très chouette rendez-vous associatif de saut d’obstacles, porté par une bande de Normands qui ont su relancer leur bébé après une douloureuse annulation en 2020. Le modèle économique d’un tel événement, longtemps organisé à Canteleu, en extérieur, demeure fragile, mais voir ces tribunes archi combles et le moindre angle de vue sur la piste convoité par tant de passionnés tout le week-end a fait très plaisir à voir et ne pourra qu’encourager ces authentiques passionnés de sport à revenir en 2022. L’épreuve spectacle Mask Rider, sortie des esprits doux dingues de la fameuse Team Touristes et étrennée hier soir en présence de Julien Courbet, Kamel Boudra et du vénérable Hervé Godignon, mérite une deuxième édition!
Mais revenons aux héros du jour, Valentin Besnard, Normand de trente ans passé par les écuries de Nicolas Delmotte, Marion Hughes et Bruno Rocuet, avant de s’installer dans l’incontournable pays d’Auge avec sa chérie Pauline Paris, et Beau Gosse du Park, Selle Français breton de dix ans formé par le Breton Yannick Gaillot et que Valentin monte depuis deux ans et demi. Il y a cinq semaines, ils s’étaient classés cinquièmes du Grand Prix CSI 4* de Saint-Lô, face à une concurrence encore plus forte. Plus tôt dans la saison, ils avaient fini sixièmes du Grand Prix CSI 3* de Cabourg Classic, nouvel événement normand mis sur pied par les équipes de GRANDPRIX Events. Leur succès du jour ne doit donc rien au hasard. Pas plus que les capacités du bien nommé bai, issu de la souche de Quinine de Livoye (SF, Ukase x Artichaut), sa grand-mère maternelle, qui a fait le succès de l’élevage du Parc, renommé Park il y a quelques années. Quinine est notamment la mère du célébrissime Diabolo (SF, Quidam de Revel), qui avait hissé Ludovic Leygue parmi l’élite mondiale, mais aussi de Rosana (SF, Kannan), qui a brillé à 1,60m avec le Canadien Éric Lamaze. Et elle est également la grand-mère d’un paquet de très bons chevaux dont Niac du Park (SF, Quidam de Revel).
En revanche, bien malin qui aurait pu imaginer que ce Grand Prix de la région Normandie, coté à 1,55m et doté de 100.000 euros, s’achèverait de cette manière. Un seul double sans-faute dans une épreuve reine, hormis dans celle du CSIO 5* dit Masters de Spruce Meadows, c’est rare. Un seul double sans-faute au terme d’un barrage à huit, c’est bien plus rare encore! “J’ai eu la chance de partir à la fin et de pouvoir ajuster ma stratégie”, avoue Valentin Besnard. C’est juste, mais d’autres, avant et après lui, ont tenté d’assurer l’essentiel, et s’y sont cassé les dents. Non, ce succès est simplement mérité.
Un barrage surréaliste
Si le jump-off a donc opposé huit couples, saluons les parcours pénalisés seulement d’un point de Cyril Bouvard, neuvième sur la très prometteuse Brocéliande du Lac, dix ans, de Pierre-Alain Mortier, dixième sur Cyclade du Barbin, neuf ans, qui ne manquera pas d’attiser les convoitises, et de Julia Dallamano, onzième avec Varennes du Breuil, déjà vu à son avantage avec Pénélope Leprevost et Simon Delestre. Galopant au début, très technique et tournant au milieu, et exigeant physiquement à la fin, le parcours de Grégory Bodo n’a fait de cadeau à personne. Bien des couples en forme ont vu la finale au chronomètre leur échapper pour une petite faute, notamment le vertical à palanque placé en 9, plus que redoutable.
Le barrage s’est avéré surréaliste – osons le mot. Ouvreur, Gilles Thomas a filé à bon train sur Luna van het Dennehof, mais le Belge a renversé le vertical 4, dernier obstacle du parcours réduit. Il a fini deuxième. Dans la foulée, sa compatriote Charlotte Philippe a essuyé une dérobade de Cacharel de Amoranda en début de tour, qui l’a reléguée à la sixième place. Favori de cette épreuve, Grégory Cottard semblait disposer d’un boulevard avec Bibici, mais le Francilien a étonnamment péché sur l’oxer 15, qu’il fallait sauter en sens inverse, en 5, au tour initial, si bien qu’il a dû se sustenter de la quatrième place. Le Néerlandais Kevin Jochems, récent lauréat du Grand Prix CSI 5*-W d’Oslo, a buté sur le vertical 11, antépénultième effort, avec Emmerton, finalement troisième. Le dernier Belge en lice, Gilles Dunon, si brillant en milieu d’après-midi, a couché l’oxer 10b, placé à l’entrée du triple réduit en double, puis le vertical 4, dernier saut de ce barrage, associé à son fidèle Fou de Toi van de Keihoeve, septième. On comptait alors sur Cédric Hurel pour signer enfin le premier double clear round avec Fantasio Floreval, vainqueur il y a quatre semaines du Grand Prix CSIO 3* de Vejer de la Frontera. Que nenni! Le Francilien s’est à son tour fait piéger sur le dernier, finissant cinquième! Valentin Besnard, lui, a assuré chaque saut, assumant de tourner large et de mener dans un train de sénateur son Beau Gosse, bouillant au tour initial et visiblement ému par le public encadrant le rectangle aux étoiles. Bien lui en a pris. Enfin, Aymeric de Ponnat disposait d’une belle marge en termes de temps avec le jeune et brillant Hoover, neuf ans, mais le Havrais a lui aussi dû s’avouer vaincu, et à deux reprises, sur l’antépénultième et le dernier obstacles du tracé, le gris paraissant intimidé par l’ambiance.
Traversé d’émotions dont on peut imaginer l’intensité, la réservé Valentin Besnard n’a pu s’empêcher de penser à un copain qui aurait adoré partager sa joie, Bastien Dubois, décédé accidentellement d’un coup de sabot il y a treize jours, celui-là même où il aurait dû célébrer ses vingt-cinq ans, dans son Nord natal. Dur, périlleux et souvent ingrat métier que celui de cavalier. Aussi faut-il apprendre à en savourer les joies et célébrer ses grandes victoires. A fortiori lorsqu’il s’agit d’une première, méritée et qui en appelle d’autres. Alors bravo Valentin, et rendez-vous en 2022.
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