Meredith Michaels-Beerbaum, première de ses dames à s’offrir le Top Ten Rolex IJRC en 2004, puis en 2006

Le 10 décembre prochain à Genève, le Top Ten Rolex fêtera ses vingt ans… et sa vingtième édition! Cette compétition est née à Palexpo à l’initiative du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles et des organisateurs du CHI de Genève, partageant la même passion pour le très grand sport. En 2004, après trois années de règne masculin, symbolisé par les victoires de Ludger Beerbaum et Rodrigo Pessoa, Meredith Michaels-Beerbaum a fait souffler un vent féminin sur l’arène de Palexpo.



Si l’année 2004 avait bien mal démarré pour l’Allemande d’origine américaine Meredith Michaels-Beerbaum, elle s’est achevée en apothéose, en décembre, à Genève. Privée des Jeux olympiques d’Athènes avec son exceptionnel Shutterfly en raison d’un soupçon de dopage, finalement balayé d’un revers de main par ses avocats, l’amazone est entrée dans l’histoire de son sport à deux reprises. D’abord en étant la première femme à dominer la hiérarchie mondiale, le 1er décembre 2004, puis en étant la première représentante féminine à se hisser sur la plus haute marche du Top Ten Rolex IJRC, glorieuse épreuve organisée sur la plus vaste piste indoor du monde, à Genève. Toujours convoitée, cette finale suisse s’est avérée redoutable. “Le parcours monté par le tandem habituel de chefs de piste Heiner Fischer et Rölf Lüdi compotait en n°5 un triple oxer-vertical-oxer qui s'est avéré très fautif, comme l’enchaînement entre la triple barre en n°8 suivie d'un vertical sur jet d'eau”, analysait ainsi Jocelyne Alligier pour L’Éperon. 

Fidèles au rendez-vous, l’Allemand Ludger Beerbaum, lauréat des deux premières éditions, ses compatriotes Marcus Ehning et Otto Becker, le Brésilien Rodrigo Pessoa, sacré en 2003 et tout juste champion olympique, ou encore le Suisse Markus Fuchs ont pris date. Profitant du forfait de l’Américaine Beezie Madden, Michael Whitaker participe, quant à lui, à sa première finale du Top Ten. À la liste des heureux qualifiés, s’ajoutent les noms du Belge Ludo Philippaerts, du Germanique Toni Hassmann, du Britannique Robert Smith et, bien-sûr, de la meilleure cavalière du monde, Meredith Michaels-Beerbaum. Associé à Tornado, un cheval de huit ans, forcément inexpérimenté à haut niveau, le seul représentant du Plat-Pays termine dixième après deux parcours entachés de plusieurs fautes. Les deux compères anglais, Michael et Robert sont, eux, piégés dans le triple de la première manche. En difficulté, Markus Fuchs ne peut pas compter sur Granie, finalement septième. Pas plus de réussite pour Otto Becker, juché sur Lando, et Toni Hassmann, aux rênes de Camirez B, qui ne peuvent que se consoler en voyant leur compatriote, Marcus Ehning, signer le premier clear round de la soirée avec Anka 191, lauréate de la finale de la Coupe du monde un an plus tôt, à Las Vegas. “Rodrigo Pessoa, pour ménager Baloubet du Rouet, avait misé sur Carlot, arrivé dans ses écuries dix jours plus… Pari réussi pour le Brésilien qui signait un tour sans pénalité”, commente alors notre consœur de L’Éperon. Tenant du titre, le récent champion olympique voit Ludger Beerbaum subir le caractère de Goldfever, vainqueur de la première édition de la finale et “peu décidé à faire preuve de son talent” ce soir-là. En revanche, aucun souci pour sa belle-sœur, Meredith Michaels-Beerbaum, impeccable avec son bondissant Shutterfly.



Une deuxième manche de rêve pour Meredith

Jugée au chronomètre, la seconde manche allait permettre à quelques couples de grappiller des rangs et de se montrer sous un meilleur jour. Auteur de sans-faute, Ludger termine malgré tout neuvième, juste derrière Robert, moins souverain lors de son deuxième passage. Michael, Otto, Toni et Markus offrent à leur tour une démonstration au public, pour terminer quatre, cinq, six et septièmes. “Sans prendre trop de risque, Rodrigo Pessoa bouclait un nouveau sans faute”, note Jocelyne à l’issue du dernier passage du Brésilien. Tenant du titre, allait-il ajouter un deuxième titre à son palmarès ? Pas tout de suite en tout cas, puisque Meredith, lancée sur son fidèle bai, survole les difficultés dressées sur la piste de Palexpo. Sur un tracé incroyable de fluidité, grâce à son galop énergique et ses virages serrés, l’Allemande ne peine pas à abaisser le chronomètre de son adversaire. Aussi vite la ligne d’arrivée franchie, aussi vite descendue de cheval. L’amazone se prête au jeu de l’interview, comme il en est de coutume dans cette épreuve de prestige. “Je suis vraiment heureuse car Shutterfly est en super forme. C’est vraiment quelque chose pour moi de monter ici, aujourd’hui, avec les dix meilleurs cavaliers du monde. J’ai tout donné, maintenant je ne peux plus que regarder Marcus Ehning et nous verrons qui reste en tête. Je m’attends maintenant à ce que Marcus fasse de son mieux – et je sais qu’il le fera. Ce sera une belle bataille. Dans tous les cas, je suis ravie de ma performance”, se satisfaisait-t-elle au moment même où son compatriote et adversaire du jour franchit les rideaux de l’entrée de piste. Offrant une nouvelle démonstration au public, le “Centaure” laisse finalement la victoire lui échapper, comme l’année passée, en raison d’une faute sur l’ultime oxer du parcours. 

Elle disait: ‘Jusqu'ici, le Concours hippique de Genève ne m'a pas porté chance.’ Les faits ont apporté un démenti à Meredith Michaels-Beerbaum: samedi à Palexpo, la cavalière allemande a remporté la finale du Top Ten mondial et ses 45 000 francs. Volant sur Shutterfly, le bel hanovrien de onze ans, elle a damé le pion à Rodrigo Pessoa et les huit autres cavaliers de la compétition”, écrivait Marie-Christine Petit-Pierre dans les colonnes du Temps, au lendemain de la victoire de l’amazone, auteure d’une fin de saison en fanfare.

Revivez la première victoire de Meredith Michaels-Beerbaum et Shutterfly dans le Top Ten Rolex IJRC



Un second succès en 2006

Si Meredith a cédé sa couronne à Rodrigo en 2005, elle ne s’est pas faite prier pour s’offrir une deuxième victoire dans la finale du Top Ten. En 2006, toujours en compagnie de l’inoubliable Shutterfly, l’Allemande d’origine américaine a signé un nouveau triomphe. “2004 et 2005 avaient été de très belles années. 2006 l'est encore plus. C'est ma meilleure année”, confie-t-elle alors. Pourtant, cette édition du Top Ten avait été haute en rebondissements. 

Blessé à une main, et Baloubet convalescent, Rodrigo n’avait pu honorer une nouvelle participation et défendre son titre, conquis un an auparavant. “L'ultime ligne droite de Meredith a été simplement prodigieuse. Elle et Shutterfly filaient comme un astre, se permettant même d'enlever une foulée avant l'ultime barre. ‘J'avais les yeux grands ouverts sur le dernier obstacle. Je savais que je devais aller très vite et tout risquer car Gladdys S (la monture de Ludger, ndlr) est un cheval très rapide.’ Éblouissante de fluidité, Meredith Michaels Beerbaum a affiché une facilité déconcertante dès le premier tour, alors que Shutterfly, hongre hanovrien de treize ans, n'a rien d'une monture aisée, disent les spécialistes”, relate Ignace Jeannerat pour Le TempsAlors en tête de l’épreuve, devant le Suédois Rolf-Göran Bengtsson, sur Mackinley, et le Néerlandais Gerco Schröder, associé à Monaco, la cavalière de trente-cinq ans ne pouvait être vaincue que par son beau-frère, Ludger Beerbaum. “Un virage hallucinant sur la droite pour attaquer l'obstacle suivant d'une hauteur de 1,55m, un cheval qui touche le bois avant de piquer du nez à la réception, le cavalier qui bascule par-dessus la tête, roule devant l'équidé, tente de s'extirper sur le côté mais encaisse à l'arrière de l'épaule la patte de la jument... La scène, samedi soir, a autant soulevé le cœur des 7600 spectateurs amassés à Palexpo Genève que troublé Meredith Michaels Beerbaum, postée à quelques mètres, qui voyait ainsi Ludger Beerbaum étendu sur la piste, touché au dos et au mollet…”, retrace Ignace dans le quotidien helvète. Plus de peur que de mal pour le géant germanique, “seulement” éliminé et bon dernier de l’épreuve. Dans l’ordre, le Britannique Michael Whitaker terminait quatrième avec Mozart des Hayettes, devant le local Markus Fuchs (Nirmette), le Néerlandais Albert Zoer (Lincoln), l’Allemand Marcus Ehning (Gitania), l’Irlandaise Jessica Kürten (Jipey Dark) et l’Allemand Chrisitan Ahlmann (Lorenzo).

Du 9 au 12 décembre, le CHI de Genève fête également sa soixantième édition. Réservez vos places ici.



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