“Quabri est le meilleur ami dont j’ai toujours rêvé”, Pedro Veniss
Quabri de l’Isle fera ses adieux au sport la semaine prochaine à Genève. Sacré en 2016 dans l’étape suisse du Grand Chelem Rolex, quelques mois après avoir terminé seizième des Jeux olympiques de Rio, devant son public, le charismatique alezan brûlé a offert de grands moments à Pedro Veniss. Ensemble, le Brésilien et le Selle Français ont aussi remporté des Grands Prix CSI 5* à Calgary et Versailles, en 2017. Fidèle serviteurs du Brésil, les deux indissociables ont également été médaillés d’or aux Jeux panaméricains de Lima, en 2019, après avoir participé aux Jeux équestres mondiaux de Normandie, en 2014, et de Tryon, en 2018. Évoquant un ami et des souvenirs emplis d’émotions, Pedro revient sur la décision de refermer la carrière sportive de son complice.
Comment avez-vous pris la décision de mettre un terme à la carrière sportive de Quabri de l’Isle (SF, Kannan x Socrate de Chivré)?
Depuis quelques années, j’avais pour objectif majeur avec lui de participer aux Jeux olympiques de Tokyo. Cette année, à cause d’une blessure, nous n’avons pas pu suivre la meilleure préparation possible. Pourtant, une fois de plus, il nous a montré son incroyable force mentale. Il a pu prendre part à ses seconds Jeux olympiques, où j’ai eu un très bon sentiment dans la qualificative de l’épreuve par équipes (conclue avec cinq points, avant d’en concéder treize en finale, ndlr). J’avais la volonté de le mettre à la retraite à la fin de l’année. En rentrant du Japon, je ne l’ai pas senti assez en forme pour continuer à concourir jusqu’au CHI de Genève. J’ai donc décidé de l’y emmener juste pour célébrer ses adieux. Quabri a dix-sept ans, et j’avais le sentiment qu’il n’était plus le même qu’avant. Il mérite de se consacrer à ses devoirs d’étalon. Il a fait beaucoup pour moi, donc je lui devais bien cela.
L’arène de Palexpo, où il fera ses adieux dans quelques jours, doit être hautement symbolique pour vous…
Oui, nous avons gagné notre plus beau Grand Prix sur cette piste. Remporter un Majeur du Grand Chelem Rolex était un rêve d’enfant, que j’ai réalisé avec lui, à Genève. Alors, j’ai toujours pensé que ce serait un joli hommage que d’organiser les adieux de Quabri là-bas. Les organisateurs ont été très gentils, très ouverts et m’ont permis de pouvoir organiser cela. De plus, le public de Genève est incroyable et d’un très grand soutien pour nous.
Comment se dérouleront ses adieux? Avez-vous préparé un discours?
Quabri devrait faire ses adieux samedi prochain (le 11 décembre, ndlr). La cérémonie est prévue avant le Challenge du Crédit Suisse, qui débute à 21h30. Je ne suis pas très bon en discours, mais je pense que j’en prononcerai un.
“J’espère qu’il suivra les traces de son père à l’élevage”
À quoi va ressembler la retraite de Quabri ?
Après ses adieux, Quabri rentrera chez moi. Il ira ensuite en Belgique à partir de janvier. Ce sera plus simple pour le prélèvement de sa semence. Elle sera disponible sous forme congelée, mais également en frais en Belgique et aux Pays-Bas. J’espère qu’il sera aussi disponible en France au printemps. Après sa saison de prélèvement, il reviendra chez moi.
Je reçois très souvent des vidéos de ses poulains. Il y a de bons produits, qui ont deux ou trois ans. Je pense qu’il est le seul fils étalon de Kannan qui a eu autant de succès durant sa carrière (crédité d’un ISO 180 en 2017, il est talonné en la matière par Padock du Plessis, ISO 178 en 2014, ndlr). J’espère qu’il suivra les traces de son père à l’élevage.
Que représente Quabri pour vous ?
Quabri est le cheval de ma vie. Je ne pouvais pas trouver un meilleur partenaire que lui dans ma carrière. Il est le meilleur ami dont j’ai toujours rêvé. Il est tellement fidèle et incroyable. Je me sens très chanceux d’avoir pu côtoyer un cheval comme lui dans ma vie.
Si vous ne deviez garder qu’un souvenir de votre parcours avec lui, lequel choisiriez-vous?
J’ai plein de souvenirs incroyables avec lui, mais j’en ai un qui sort du lot. C’était aux Jeux olympiques, à Rio. Dès qu’un Brésilien entrait en piste, toute la tribune criait: “Brasil, Brasil”. C’est la seule fois où j’ai vu une telle chose dans un concours hippique. L’ambiance était incroyable, digne d’un stade de foot! Étant le dernier cavalier à entrer en piste, j’ai systématiquement écouté ces encouragements depuis le paddock, avant et après le passage de mes coéquipiers. Forcément, cette ambiance accroît un peu la pression. Quand je suis entré dans le couloir d’accès à la piste pour la première fois, Quabri a directement henni. C’est comme s’il m’avait dit: “Écoute, je suis avec toi, tout va bien se passer”. C’était le premier jour de la compétition et il m’a donné un sentiment incroyable, dans un moment où je ressentais beaucoup de pression.