“À Genève, j’espère gagner le Grand Prix U25 avec Cordico!”, Alexis Goulet
Jeune et talentueux cavalier de saut d’obstacles, Alexis Goulet développe depuis peu une activité de commerce, en parallèle de sa collaboration avec le Suisse Pius Schwizer. Régulièrement classé en Grands Prix U25 et CSI 2*, le Français, qui fêtera ses vingt-quatre ans dans une semaine, entend bien s’offrir en cadeau le Grand Prix du CSI U25 de Genève, qu’il disputera dès jeudi avec Cordico. Il apparaît en grande forme puisqu’il vient de terminer neuvième de l’épreuve majeure du CSI 2* d’Ornago avec Mixcoac LS La Silla.
Vous étiez à Ornago, en Italie, où vous avez participé à de nombreuses épreuves CSI 2* et Jeunes Chevaux, avec pas mal de classements. Quel bilan tirez-vous de ces deux semaines de compétition?
Pour moi, ce furent deux très bonnes semaines. C’était un beau concours, très bien organisé et avec un bon chef de piste (l’Italien Paolo Rossato, ndlr). J’ai pu participer à des épreuves comptant pour le classement mondial Longines avec trois chevaux différents, et tous se sont classés, ce qui est une très bonne chose. Pour sa première à ce niveau, Alvin du Reverdy (SF, Cacao Courcelle x Oberon du Moulin), a fini septième d’une épreuve majeure la première semaine. Cordico (Holst, Cormint x Acodetto 2) a fini cinquième du Grand Prix, puis je l’ai ramené à la maison car c’est lui qui m’accompagne ce week-end à Genève. Et Mixcoac LS La Silla (SLS, Montebello La Silla x Cassini I) a fini neuvième du Grand Prix CSI 2* de dimanche. Ma jument de sept ans, Calla (PZHK, Quateron), a réussi quatre sans-faute en cinq parcours et a terminé troisième du Grand Prix de la deuxième semaine. C’était une très bonne expérience pour tout le monde.
En Italie, vous avez monté cinq chevaux, dont également Cassie du Terral (SF, Flipper D’elle x Quat’Sous). Pouvez-vous nous les présenter et quel est leur potentiel?
Cordico est un très bon cheval de neuf ans qui appartient à Florence et Pius Schwizer et qui a déjà remporté des épreuves à 1,45m. Il a tout pour lui et pourra sauter des Grands Prix CSI 3 et 4* l’an prochain. C’est un cheval très élastique, moderne, respectueux, et avec des gros moyens. C’est sur lui que je compte à Genève. Il y a très peu de temps, j’ai récupéré Alvin et Mixcoac, qui appartiennent à Fabrice Dumartin (via la SAS LAM). Je les montais déjà lorsqu’ils avaient huit ans, juste avant que je parte chez Pius. À l’époque, j’avais dû interrompre ma collaboration avec Fabrice. J’ai pu les récupérer parce que je suis aujourd’hui à mon compte, en parallèle de mon travail chez Pius. Mixcoac montre tout son potentiel, c’est un super cheval. Alvin, lui, est très spécial et particulier, mais je l’ai toujours adoré. En selle, il me procure beaucoup de sensations, car il est très rapide et a de gros moyens. Il faut parvenir à gérer sa sensibilité, mais il est très bon. Calla, sept ans, a un gros potentiel et appartient à Lionel Aboudaram. Elle n’a rien raté cette saison, elle est presque toujours sans faute. C’est une vraie crack jument, sur laquelle nous comptons pour le futur. Il y a aussi Cassie du Terral, une nouvelle jument qui vient d’arriver. Elle a le potentiel pour briller à 1,35m et 1,40m, est très rapide mais il y a encore un peu de travail. Je me concentre sur tout ce piquet de chevaux pour les lancer en 2*, et je suis très satisfait du travail accompli.
Depuis fin 2018, vous évoluez aux côtés de Pius Schwizer, ancien numéro un mondial, installé en Suisse alémanique. À quoi ressemble une journée type au sein de ses écuries?
À 7h, je commence par faire les boxes car tout le monde met la main à la pâte chez Pius. Ensuite, nous emmenons les chevaux au paddock ou au marcheur. Après le petit-déjeuner, nous faisons travailler des chevaux jusqu’à 18h environ. Mon emploi du temps se scinde entre l’entraînement des chevaux de Pius et mon activité personnelle. Nous avons un arrangement me permettant de disposer d’un barn de six boxes, où sont logés mes chevaux et ceux de mes propriétaires. À l’origine, ma clientèle était plutôt suisse mais elle commence à s’ouvrir au marché français. Fabrice Dumartin, avec qui j’avais déjà travaillé un an, m’avait confié Cannavaro (Westph, Con Cento S x Quidam de Revel, de janvier à juillet 2018, ndlr), avec lequel j’avais obtenu de très bons résultats (dont une victoire dans le Grand Prix CSIO Jeunes Cavaliers d’Opglabbeek, ndlr). Je travaille également avec Hervé Louchet, propriétaire d’Artémis du Gévaudan (AA, Tinka’s Boy x Iago C).
“Avec Pius, j’ai appris la rigueur“
Que Pius Schwizer vous a-t-il appris de plus important ou marquant depuis trois ans?
La rigueur dans le travail quotidien. J’ai également appris à placer la préparation du cheval au centre de mon travail. Il faut que les chevaux en concours arrivent prêts et dans une bonne condition physique. Pour y parvenir, il faut les faire bien travailler sur le plat en amont. Techniquement, Pius m’a également appris à être rapide, ce qui n’était pas forcément mon fort. De plus, j’ai eu l’occasion de monter beaucoup de chevaux, ce qui m’a permis d’apprendre à monter de façon efficace sans faire n’importe quoi, en galopant davantage dans mes courbes et en tournant plus court. Il m’a énormément appris.
Ce week-end, vous participerez pour la première fois au CHI de Genève. À quoi vous attendez-vous?
Avec Cordico, j’espère gagner le Grand Prix. Mon objectif est de réussir à faire un très bon résultat. Tout le monde dit que c’est la plus belle piste indoor du monde, alors j’imagine que ce sera spécial de pouvoir la fouler. J’espère en profiter un maximum et que les résultats suivront, car c’est une chance de pouvoir participer à ce concours.
En tant que cavalier professionnel, vous semblez accorder une place importante à la préparation mentale. Dans quelle mesure cela impacte-t-il vos performances, et avez-vous travaillé de façon particulière à l’approche du rendez-vous de Genève?
Je travaille avec un coach mental depuis assez longtemps maintenant. Je n’ai pas de problème de stress mais cela m’aide à me concentrer davantage et être plus stable en piste. J’apprends à ne pas être négatif, à toujours essayer de trouver la solution dans le positif. Le travail avec l’imagerie mentale m’a beaucoup aidé. Je n’ai pas changé d’approche pour Genève, je travaille selon le même système que pour les autres concours. La différence est que je n’aurai qu’un seul cheval, alors que j’en ai quatre ou cinq habituellement. Il faut parvenir à utiliser correctement son temps libre tout en restant concentré.
Votre projet professionnel a-t-il évolué? Quels sont vos objectifs à long terme?
Mon objectif à long terme est de m’installer à haut niveau et de participer à des Coupes des nations. Je garde un très bon souvenir de mes années en Jeunes cavaliers. Dans le futur, j’aimerais avoir mon écurie et un piquet de chevaux stables afin d’être compétitif. De nos jours, il faut trois à cinq chevaux pour performer à haut niveau et pouvoir participer à des CSI 5* toutes les semaines. Je compte continuer à former des jeunes chevaux pour assurer une relève. C’est d’ailleurs ce que nous faisons avec Calla. Je suis à mon compte depuis cinq mois, ce qui me permet de mettre un pied dans le commerce de chevaux et de gagner correctement ma vie. Pérenniser cette activité fait également partie de mes objectifs.