“En tant que prétendant au Grand Slam, j’espère gagner le Grand Prix Rolex au CHI de Genève”, Daniel Deusser

Dimanche après-midi dans le hall de Palexpo, Daniel Deusser tentera de gagner sa deuxième épreuve consécutive du Grand Slam Rolex de saut d’obstacles, après son sacre au CHIO d’Aix-la-Chapelle en septembre. En Suisse, il comptera sur sa redoutable Killer Queen VDM pour tenter de suivre les traces de Scott Brash, unique cavalier à avoir jamais remporté le Grand Slam. Peu avant le coup d’envoi du concours genevois, l’Allemand de quarante-ans s’est confié à Rolex.



Qu’avez-vous fait après avoir gagné le Grand Prix Rolex du CHIO d’Aix-la-Chapelle en septembre?

J’ai été très occupé les deux premières semaines. Gagner ce Grand Prix est très spécial car il est différent des autres. J’ai été très sollicité pour des interviews et des séances photo. J’ai vraiment apprécié cette expérience. Mais malheureusement, les chevaux ne savent pas que j’ai gagné l’une des plus grandes épreuves au monde, donc on revient vite à la réalité.

En tant qu’Allemand, c’était incroyable de gagner à Aix-la-Chapelle. C’est un endroit très spécial pour moi, et le public nous apporte tout son soutien. Quand vous entrez sur la piste, c’est très bruyant, mais le silence se fait dans le stade dès que la cloche résonne. C’est une sensation très particulière. 

Vous êtes le prétendant actuel au Rolex Grand Slam de saut d’obstacles. Quelle est votre stratégie pour le CHI de Genève?

Je vais participer au Grand Prix Rolex avec Killer Queen VDM. C’est ma meilleure jument pour le moment. Je ne peux pas dire que c’est un cheval classique pour la saison indoor mais elle a participé au Grand Prix au CHI de Genève il y a deux ans, donc elle connaît la piste. Elle a pris part à une compétition il y a trois semaines puis a eu deux semaines de repos, car elle n’a pas besoin de beaucoup d’entraînement, et je veux qu’elle soit en pleine forme pour le Grand Prix. Au début du week-end, je participerai à une épreuve avec elle pour voir comment elle se sent, et je déciderai alors si elle a besoin de sauter un peu plus haut ou non avant le Grand Prix Rolex. Je prendrai les décisions en fonction de mon sentiment lors de la première épreuve. 

Quels autres chevaux montez-vous au CHI de Genève, et quels sont vos chevaux d’avenir?

Scuderia 1918 Tobago Z a eu un peu de repos cet été car il était blessé, mais il est de retour depuis quelques concours. Cet été, il n’a pas participé à de très grosses épreuves donc je l’ai engagé dans le Grand Prix à Madrid pour voir comment il se sentait (l’étalon est sorti de piste avec quatre points, ndlr). À Genève, ce sera mon deuxième ou mon troisième cheval. 

J’ai deux très bons jeunes chevaux, vraiment prometteurs. L’un a neuf ans et s’appelle Mr. Jones (Scuderia 1918 Mr. Jones, ndlr). Nous l’avons acheté il y a deux ans, quand il avait sept ans. Nous nourrissons de grands espoirs pour lui dans les deux prochaines années. Toutefois, en raison de la pandémie de Covid-19, il a perdu une année d’expérience car il n’a pas fait énormément de concours, donc il est encore un peu vert pour un cheval de neuf ans. Le second cheval s’appelle In Time et je ne l’ai jamais monté en compétition. L’un de nos cavaliers Stephex a participé à des épreuves pour jeunes chevaux avec lui. Il a seulement huit ans mais je vais le prendre à Genève avec moi. J’aimerais acquérir de l’expérience avec lui et qu’on apprenne à mieux se connaître. Je pense qu’il a un gros potentiel.

La piste du CHI de Genève est assez différente de celle du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Comment vous préparez-vous à cela?

Je n’ai rien changé de particulier, mais évidemment, pour la saison indoor, on s’entraîne sur des lignes et des distances différentes de celles de la saison extérieure. Par exemple, lors de la saison indoor, on voit beaucoup de distances de trois et quatre foulées, ce qui est très rarement le cas sur une grande piste comme celle d’Aix-la-Chapelle. C’est quelque chose qu’il faut pratiquer, mais en général, la plupart de nos chevaux sont bien entraînés, assez âgés et ils ont une bonne expérience, à tel point qu’il suffit de s’entraîner une fois ou deux avant la saison indoor. Ça ressemble plus à un programme de remise en forme. 



“J’avais pour objectif de gagner le Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle depuis de nombreuses années”

Vous êtes entouré d’une équipe solide. À quel point est-ce important pour réussir?

Nous ne pouvons pas réussir sans. Nous avons besoin d’une bonne équipe qui voyage avec nous, qui prend soin des chevaux à l’écurie et d’un point de vue administratif. Pour réussir, alors que je voyage presque tous les week-ends, tous les membres doivent travailler ensemble et se compléter. Ce sport est désormais très compliqué, et je travaille tellement que l’équipe qui se trouve à la maison est tout aussi importante que le cavalier. 

Sean Lynch est mon groom principal et travaille pour moi depuis environ sept ans. Je lui fais entièrement confiance. C’est très important car il voyage avec nos meilleurs chevaux. Il fait tout avec eux, et c’est une personne essentielle dans ma carrière, je ne pourrais pas réussir sans lui. Il adore les chevaux, si quelque chose arrive à l’un d’eux, il est là pour eux, il est très dévoué.

Quels sont vos projets et ambitions pour 2022?

En tant que prétendant actuel, j’espère gagner le Grand Prix Rolex au CHI de Genève, pour ensuite espérer gagner le Rolex Grand Slam de saut d’obstacles. Même si je ne l’emporte pas à Genève, j’espère tout de même m’emparer d’un autre Grand Prix Rolex l’année prochaine. Mis à part Scott Brash, personne n’a gagné deux ou trois fois d’affilée, c’est donc clairement l’un de mes objectifs pour les années à venir.

Quel est votre plus grand moment de fierté professionnelle jusqu’ici?

J’avais pour objectif de gagner le Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle depuis de nombreuses années, depuis que j’étais enfant même. Gagner la finale de la Coupe du monde avec mon précédent cheval, Cornet d'Amour, a également été un moment de grande fierté. C’est un cheval qui m’a hissé sur la scène internationale, et avec qui j’ai vécu mes premiers championnats et mes premières réussites. C’est un moment que je mets au même niveau que lorsque j’ai gagné à Aix-la-Chapelle. 



“Franke Sloothaak est toujours d’un grand soutien pour moi”

Tout comme le tennis et le golf, le saut d’obstacles possède son propre Grand Slam. Quels autres tournois majeurs sportifs aimez-vous regarder? Lequel est votre préféré et pourquoi?

Je suis très sportif, donc j’aime regarder tous les sports. En dehors du saut d’obstacles, j’adore le tennis, le football et la Formule 1. C’est très difficile de choisir celui que je préfère regarder. Je n’ai pas vraiment d’équipe de football préférée, mais il y a quelques années, un ami m’a fait découvrir Borussia Dortmund. Je suis allé les voir quelques fois quand ils jouaient en Ligue des Champions. L’atmosphère était incroyable, c’est un sport génial.

Qui est votre plus grande source d’inspiration? Idolâtrez-vous un cavalier en particulier?

Quand j’étais enfant et que j’allais aux grandes compétitions pour voir les meilleurs cavaliers du monde, il n’y avait que deux couples que j’adorais regarder. D’un côté, John Whitaker et Milton, et d’un autre, Franke Sloothaak et Walzerkönig. Quelques années plus tard, j’ai eu la grande chance d’avoir l’opportunité de travailler pour ce dernier pendant quatre ans et demi, et je suis encore en contact avec lui aujourd’hui. Même si l’on vit loin l’un de l’autre, il est toujours d’un grand soutien pour moi, et il me donne des conseils par téléphone. Il regarde toutes mes performances, et je dois avouer qu’il y est pour beaucoup dans ma réussite.

Qu’est-ce qui vous donne envie de réussir et de gagner?

Il y a quelque chose en moi qui aime gagner et qui me pousse à me surpasser. Les cavaliers de saut d’obstacles participent à de nombreuses compétitions, et il y a généralement beaucoup de concurrents dans les épreuves, mais toujours un seul gagnant. Nous ne gagnons donc pas tout le temps, et ce n’est pas grave de finir deuxième ou troisième. Mais lorsque nous ne sommes pas le vainqueur, nous repensons toujours à l’épreuve en se demandant ce que nous aurions pu faire de mieux. Même si l’on ne gagne pas à chaque fois, la motivation du lundi matin est toujours là. Je tire des leçons de ce que j’aurais pu mieux faire, et je considère chaque compétition comme une expérience, qui m’aide à être meilleur lors de la prochaine.

Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu?

Tout d’abord, nous avons besoin d’expérience. Lorsque nous sommes jeunes, nous ne pouvons pas donner le meilleur de nous-même. Nous avons besoin de grandir et d’apprendre de nos expériences. Je pense que la patience est la qualité la plus importante. C’est quelque chose que j’ai appris avec Franke Sloothaak. Il était très calme avec ses chevaux, même lorsque l’un d’eux avait été difficile toute la semaine. Il était très patient et ses chevaux sautaient toujours très bien pendant les compétitions. Quand nous sommes trop jeunes et trop motivés, ça peut être très difficile. Je pense qu’il est très important d’être patient et d’apprendre de ses erreurs. Pour réussir, il faut connaître ses bases, pour soi-même et pour son cheval.

Si vous vous retrouviez seul sur une île déserte, quels sont les trois objets que vous emporteriez avec vous?

Si je pars de chez moi sans mon téléphone, ma montre et mon portefeuille, je suis perdu, donc je dirais ces trois objets.