Retour sur le triomphe d’Éric Lamaze dans le Top Ten Rolex de Genève, en 2016
Aujourd’hui à Genève, le Top Ten Rolex fêtera ses vingt ans… et sa vingtième édition! Cette compétition est née à Palexpo à l’initiative du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles et des organisateurs du CHI de Genève, partageant la même passion pour le très grand sport. Il ne manquait qu’une victoire dans cette finale au palmarès d’Éric Lamaze, ou presque. En 2016, alors accompagné de sa vaillante Fine Lady 5, médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Rio quelques mois plus tôt, le Canadien a rectifié cette anomalie dans une édition particulièrement disputée.
“C'est incroyable pour moi... Je voulais gagner ce Top Ten, je voulais le ramener au Canada. Ce que vous venez de voir, c'est le meilleur de notre sport, le plus grand spectacle possible dans le monde équestre”, s’émeut Éric Lamaze auprès de La Liberté, en décembre 2016, quelques minutes après sa victoire dans la finale du Top Ten Rolex du CHI de Genève. “Au début, je pensais que Fine Lady n'était faite que pour les plus petites épreuves et puis, quand mon cheval de tête s'est blessé, un ami m'a dit d'essayer. Je l'ai fait et me voilà à gagner des Grands Prix avec elle…” Sacrée histoire entre ces deux-là, médaillés de bronze aux Jeux olympiques de Rio quelques mois plus tôt, et une nouvelle fois au sommet dans l’antre de Palexpo.
L’année 2016 rime avec Jeux olympiques. Après cette échéance tant attendue, et quelques semaines de repos, les dix meilleurs mondiaux au classement mondial Longines du mois de novembre sont conviés à disputer le Top Ten Rolex IJRC de Genève. Seul l’Américain McLain Ward, alors numéro cinq mondial en décembre, décline l'invitation. Cela sauve l’honneur de l’Écossais Scott Brash, qui entre dans l’arène aux côtés du héros local Steve Guerdat, des Français Pénélope Leprevost, Kevin Staut et Simon Delestre, des Allemands Marcus Ehning, Daniel Deusser et Christian Ahlmann, de l’États-Unien Kent Farrington, alors tenant du titre, et du Canadien Éric Lamaze.
En première manche, tous ces cracks cavaliers bataillent pour arracher le sans-faute. Le tracé de Gérard Lachat et Luc Musette, fidèles parmi les fidèles, contient douze obstacles pour quinze efforts, dont un triple en fin de parcours. La partie est parfaitement ouverte par Steve, qui arrache le sans-faute avec Corbinian, lauréat de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg en avril. Le Jurassien réjouit son public et sera un sérieux prétendant à la victoire, lui qui s’était déjà imposé en 2010. Pour Scott, tout s’effondre dans le triple, sa bondissante Hello M’Lady (ex Gwindeline) heurtant la sortie de combinaison. Même sanction pour Kent, qui renverse le milieu avec son véloce Creedance. En forme, Vagabond de la Pomme laisse une belle impression sous la selle de Pénélope, et est rapidement imité par Kevin sur Rêveur de Hurtebise*HDC.
Avec son fidèle Selle Français Prêt A Tout, Marcus ne peut éviter de renverser la palanque… Pour Éric, la chance est davantage au rendez-vous. Après avoir lourdement rebondi dans les taquets, à la suite d’une touchette de Fine Lady 5, la barre du milieu de triple retombe finalement en bonne place. Ouf. Avec une faute, Daniel ne passe pas le cut avec son olympique et si attachant First Class van Eeckelghem. Score encore plus lourd pour Simon, qui avait misé sur Chadino, une nouvelle monture. En sortie de piste, le Lorrain affiche dix-huit points de pénalité, qu’il rectifiera aussitôt en seconde manche, en effectuant un tour de travail pénalisé par deux points de temps dépassé. Enfin, Christian, numéro un mondial, donne une leçon à ses concurrents et se place idéalement pour décrocher son deuxième titre dans le Top Ten, toujours en compagnie de son Taloubet Z.
Une deuxième manche disputée !
Avec une faute au compteur, Daniel n’a rien à perdre en deuxième manche. Pris à son propre jeu, l’Allemand renverse l’avant-dernière difficulté avec son immense First Class. Raté pour cette fois, le couple est neuvième. Prudent et étrangement peu rapide, Kent ne se fait pas avoir deux fois et conclut son second parcours avec un clear round pour finir huitième. Marcus entre en piste et imite son collègue américain. Un peu plus rapide avec son Selle Français, le Centaure occupe le septième rang final. Malgré une petite frayeur sur l’avant-dernier, Scott parvient à conserver sa seule faute de la première manche avec la jeune Hello M’Lady. Tous deux achèvent leur Top Ten en sixième position.
Premier des sans-faute à revenir en piste, Christian, roi du classement mondial, déroule avec son Taloubet. Nouvelle démonstration du couple, qui se connaît par cœur. Déjà vainqueurs en 2012, les deux complices se bonifient comme le bon vin et s’installent en tête avec 43”05. Accrocheront-ils un nouveau succès à Palexpo ? Patience, il reste quatre combinaisons en lice, et pas des moindres.
Pénélope est la première des mousquetaires français à pouvoir ravir la victoire. En selle sur le puissant Vagabond de la Pomme, la Normande avance dans un bon rythme, mais un virage heurté lui coûte une faute, sur le vertical numéro cinq du second tour. Le chronomètre de la paire, un cheveu - quatorze dixièmes - plus rapide que Scott, lui permet de se hisser en cinquième position. Pas si mal. Beaucoup plus rapide, lui, Kevin ne parvient pas non plus à éviter une faute. La barre de la sortie de double roule à terre et laisse Rêveur de Hurtebise au pied du podium, au quatrième rang.
Poussé par des gradins encore et toujours acquis à sa cause, Steve débarque au milieu de l’arène. Sur son génial Corbinian, le Jurassien a une vraie chance d’empocher la mise. Le Suisse opte pour un parcours sans faute, sans prendre tous les risques. Avec 44”30 lors de son passage entre les cellules d’arrivée, il ne fait pas trembler Christian, qui reste solidement accroché à sa place de leader. Steve conclut sa soirée du vendredi en troisième position.
Déjà supersonique en première manche, Éric a les yeux rivés sur le trophée. Observé par ses rivaux, le Canadien récidive avec sa Fine Lady et achève un nouveau parcours parfait dans un temps record. Christian est éclipsé par les 42”56 affichées au compteur du champion olympique de 2008. La bombe levée, le sourire aux lèvres, Éric savoure devant un public en feu et les applaudissements chaleureux de ses pairs. Enfin. Le sympathique cavalier au parcours atypique peut célébrer sa victoire, depuis la plus haute marche du podium érigé à Palexpo. “Passer en dernier m'a donné un avantage au barrage. Je pensais que Christian Ahlmann n'allait pas être battable, mais mon galop dans la dernière ligne l'a emporté pour moi”, a réagi le Canadien, auprès de Caledon Enterprise. Et de savourer un peu plus cette victoire, aux allures de cadeau de Noël anticipé : “[Fine Lady] a eu des Jeux olympiques si incroyables ; c'est comme sa médaille d'or.”
Revivez en images la victoire d'Éric Lamaze et Fine Lady 5 à Palexpo.