Jessica von Bredow-Werndl et TSF Dalera BB, le couple de l’année

Durant la période des fêtes, GRANDPRIX revient sur les événements, les faits, les femmes, les hommes et les équidés qui ont marqué 2021. À Tokyo puis à Hagen, Jessica von Bredow-Werndl et TSF Dalera BB ont dansé telles deux étoiles sur les rectangles de dressage. Dégageant une harmonie, une fluidité et une complicité à toute épreuve, les deux complices ont illuminé leur discipline tout au long de l’année 2021. Avec cinq médailles d’or au compteur, un titre de championne d’Allemagne et trois reprises évaluées à plus de 90% en compétition internationale cette saison, la paire est en pleine ascension et ne semble pas prête à s’arrêter en si bon chemin. Retour sur une année couronnée de succès.



Avec son excellente TSF Dalera BB, Jessica von Bredow-Werndl, trente-cinq ans, originaire de Rosenheim et désormais installée aux côtés de son frère, Benjamin Werndl, à Aubenhausen, a trusté tous les podiums. Associées depuis 2015, les deux complices ont crevé l’écran cette année, dégageant une impression de facilité déconcertante et une fluidité hors-norme. “Même en tant que néophyte, on peut sentir la grande harmonie qui unit Jessica et Dalera. Cette harmonie n’est pas seulement physique, mais aussi mentale. Seule une souplesse d’esprit rend un cheval aussi confiant et capable de performer à son meilleur niveau ; et c’est ce que toutes deux reflètent”, analyse la Germanique Katrina Würst, juge de dressage 5* qui a notamment eu l’occasion de noter la paire au CDI-W de Salzbourg et aux Jeux olympiques de Tokyo cette année.

Après un court exercice 2020, amputé en raison de la pandémie de Covid-19, Jessica et Dalera ont repris du service en janvier 2021, à l’occasion du CDI-W de Salzbourg, en Autriche. D’abord battues par Isabell Werth, ancienne coach de Jessica, dans le Grand Prix, les deux complices ont remporté la Reprise Libre en Musique, dès le lendemain, avec 87,96%. “Jessica et Dalera ont déjà démontré ces dernières années qu’elles faisaient partie des meilleurs couples du monde. Le Grand Prix de Salzbourg (où le couple n’a obtenu que 79,630 %, ndlr) n’était qu’un dérapage qui peut arriver à n’importe quel moment”, note Katrina Würst. Les yeux rivés sur Tokyo, la paire féminine a poursuivi sa saison sur les mêmes bases, raflant le championnat national allemand sur son passage et terminant au pire troisième, lors du Grand Prix CDI 4* de Kronberg. À cette occasion, Jessica a dû composer avec une envie pressante de sa partenaire de danse qui lui a coûté de précieux points… Une petite piqûre de rappel avant de s’envoler au Japon et d'entamer un règne sans partage au sommet de la discipline



Les héroïnes d’un conte de fées

“J’ai senti Dalera 100 % avec moi de la première à la dernière seconde", s'est exprimée Jessica von Bredow-Werndl après son sacre olympique en individuel.

“J’ai senti Dalera 100 % avec moi de la première à la dernière seconde", s'est exprimée Jessica von Bredow-Werndl après son sacre olympique en individuel.

© Scoopdyga

Année singulière à bien des égards, 2021 a offert deux grands championnats. Premier rendez-vous : les Jeux olympiques de Tokyo, fin juillet. Alors deuxièmes au classement mondial, Jessica et Dalera y ont défendu les couleurs de la Mannschaft aux côtés de l’inoxydable Isabell Werth et de Dorothee Schneider. Au sommet de leur art, toutes deux ont raflé l'ensemble des médailles d’or mises en jeu, signant deux records personnels, sur le Grand Prix (84,379%) et sur la Libre (91,732%). Pour la première fois, les deux partenaires sont passées au-delà de la barre des 90%, entrant dans le clan très sélecte des quelques couples parvenus à un tel exploit. En larmes au moment de découvrir les notes d’Isabell et Bella Rose 2, dernières à fouler le rectangle de dressage nippon, Jessica est entrée dans la légende de son sport. “J’étais tellement nerveuse pendant la reprise d’Isabell… Quand j’ai entendu ses notes, je me suis simplement mise à pleurer… c’était trop émouvant”, a réagi l’Allemande après son sacre. “J’ai senti Dalera 100 % avec moi de la première à la dernière seconde. Elle est restée si bien à l’écoute que je devais faire attention à ne pas en faire trop ou trop peu !” 

Questionnée sur les qualités du duo, Katrina Würst cite la légèreté, l’aisance et l’harmonie. Ces atouts vont lui permettre de poursuivre son hégémonie, sur ses terres, à Hagen. Lors des championnats d’Europe Longines, Jessica et Dalera se couvrent une nouvelle fois d’or, et ce par trois fois. “Je suis tellement enthousiaste et reconnaissante, c’est comme un conte de fée. C’est incroyable. Notre reprise (libre, ndlr) m’a donné les meilleurs sentiments que j'aie jamais eus de toute ma vie”, s’émeut alors l’amazone. 

Ce triomphe assoit encore davantage le statut de numéro un mondial de la paire, acquis en septembre. “Elles ont présenté des reprises presque sans imperfection à Tokyo, tout comme à Hagen, aux championnats d’Europe”, salue Katrina Würst. Et d’ajouter : “Je crois que Jessica a réalisé un programme parfait en 2021 pour avoir sa jument à son pic de performance exactement au moment des Jeux olympiques, sans oublier que toutes deux ont gagné une année avec le report des JO, ce qui leur a permis de mûrir davantage.”



Un vent de fraîcheur sur le dressage mondial

Cette année, Jessica von Bredow-Werndl et sa complice ont remporté toutes les médailles d'or mises en jeu lors de grands championnats.

Cette année, Jessica von Bredow-Werndl et sa complice ont remporté toutes les médailles d'or mises en jeu lors de grands championnats.

© Sportfot

“Je suis incroyablement reconnaissante d’avoir vécu ces événements. Encore maintenant, je dois parfois me pincer pour être certaine que tout cela est bien arrivé”, plaisante l’Allemande dans les colonnes du magazine du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Toujours souriante, même lors de ses reprises, Jessica a fait souffler un vrai vent de fraîcheur sur le dressage mondial. Avec Dalera, qui exprime son plein potentiel à l’aube de son quinzième anniversaire, la charmante cavalière a connu une progression fulgurante. Aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en 2018, puis aux Européens Longines de Rotterdam l’année suivante, la paire commençait à peine à pointer le bout de son nez au sommet. “À Tryon, elles n’étaient pas encore parfaitement à l’unisson. Dalera n’avait pas développé autant de force. Alors, il y avait quelques erreurs de coordination qui affectaient leurs notes”, détaille Katrina Würst. “L’énorme potentiel de la paire était déjà évident. Jessica a augmenté de façon significative la précision de ses performances ces deux dernières années. Cependant, à ce niveau, il est difficile de maintenir et confirmer ce qui a déjà été accompli.” Sans aucun doute, Jessica tentera de relever le défi. “Ce qui est bien, c’est que personne ne peut m’enlever ce que j’ai réalisé. Mais j’aimerais énormément reproduire cela (rires). J’ai certainement d’autres objectifs à atteindre!”, soufflait-elle à nos confrères du CHIO d’Aix-la-Chapelle. 

Avant de refermer 2021, Jessica et Dalera se sont offert un dernier bain de foule à l’occasion du Top Ten de Stockholm. Doublement victorieuses, les deux complices ont encore dansé telles des déesses venues d’un autre monde. S’il lui sera difficile d’endosser le costume de reine du dressage, encore solidement posé sur les épaules d’Isabell Werth, dresseuse la plus décorée de tous les temps, Jessica est devenue un véritable exemple pour tous. “Nous pouvons toujours nous réjouir quand l’équitation respectueuse des chevaux est récompensée avec de bonnes notes et des médailles. Jessica est certainement une cavalière qui entraîne et présente ses chevaux de la meilleure manière”, assure Katrina Würst. “Jessica est différente ; elle ne montre pas seulement une formidable équitation, mais elle inspire aussi les personnes extérieures aux sports équestres par sa présence sur les réseaux sociaux. Tout ce qui fait connaître le dressage aux gens de façon positive est une situation gagnante-gagnante pour nous tous.” Rayonnantes en piste et en dehors, Jessica et Dalera ont encore de belles années devant elles. Seule une question demeure: où s’arrêteront-elles ?