Tinka’s Boy, une étoile a rejoint les étoiles

Tinka’s Boy s’est éteint ce mardi à l’âge de trente-trois ans. Le charismatique étalon alezan a permis à Markus Fuchs d’être le premier Suisse vainqueur de la finale Coupe du monde et d’occuper la place de numéro un mondial. Le fils de Zuidpool laisse une trentaine de produits ayant concouru au plus haut niveau.



Vainqueur de la finale Coupe du monde

Né en 1989 chez J.P. Muntjewerf au nord-ouest des Pays Bas sous le nom de Hooper, Tinka’s Boy est le fruit du croisement entre l’étalon KWPN Zuidpool (Amor HOLST x Persian Path PS) et la jument KWPN Esprit, fille du Selle Français Zeus (Arlequin AA x Matador AA) et d’une mère par le Trakhener Orlof (Habicht x Auftakt). Un pedigree bien imprégné de sang et un mélange déjà bien européen pour l’époque. Présenté sans succès à l’approbation du KWPN a deux ans et demi, Hooper est vendu un an plus tard en Grande-Bretagne, où il est rebaptisé Tinka’s Boy et confié à Alison Bradley, avec qui il est meilleur cheval de Grande-Bretagne à quatre, cinq et six ans. Il rejoint ensuite les écuries de Nick Skelton, qui le débute en internationaux, remportant notamment la Coupe des nations de Gijon et se classant dans les Grands Prix de Francfort et La Baule à l’âge de huit ans, avant d’être vendu à Markus Fuchs.

Avec le Suisse, Tinka’s Boy va remporter le Grand Prix de Paris Porte de Versailles à neuf ans avant d’être double médaillé d’argent, par équipes et en individuel (derrière Alexandra Ledermann et Rochet Rouge*M), aux championnats d’Europe d’Hickstead en 1999 et de remporter les Grands Prix de Monterrey, Dortmund et Moorsele, ainsi que la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle. L’année suivante, le couple sera de nouveau médaillé d’argent par équipes aux Jeux olympiques de Sydney, remportera plusieurs Grands Prix internationaux et terminera deuxième de la finale Coupe du monde de Las Vegas derrière Rodrigo Pessoa et Baloubet du Rouet.

En 2001, à Göteborg, nouvel affrontement entre Baloubet du Rouet et Tinka’s Boy lors de la finale Coupe du monde, qui tourne cette fois à l’avantage de Markus Fuchs et Tinka’s Boy à l’issue d’un barrage mémorable. Le couple connaîtra encore trois années ponctuées de très beaux succès, avec en point d’orgue une victoire dans le mythique Grand Prix d’Aix-la-Chapelle en 2004, mais l’alezan se blesse à la fin de cette même année et ne se remettra jamais assez de cette blessure pour refaire son retour à la compétition, quittant la piste avec près de deux millions et demi d’euros de gains et ayant permis à son cavalier d’occuper la place de numéro un mondial de juin 2003 à mars 2004.

 Pour Markus Fuchs : C’est assurément le cheval de ma vie. Il était facile à monter, avait une santé de fer et surtout un caractère en or, avec une formidable envie de tout sauter et d’être sans-faute”.



Des grands gagnants dès les premières générations

Tinka’s Boy a débuté assez confidentiellement sa carrière d’étalon en Grande-Bretagne en 1996, mais cela ne l’a pas empêché de produire d’excellents chevaux, comme Tinka’s Serenade, issue de sa première année de monte et très performante avec l’Irlandais Billy Twomey. De sa production outre-Manche sont également issus Tinka’s Son, classé en quatre étoiles avec Guy Goosen, ou Little Tinka, classé sur 1,60 m avec Mandy Goosen et Holger Hetzel. Tinka’s Boy produira ensuite dans tous les pays d’Europe et sera notamment le père de TNT Explosive avec l’Américaine Chloe Reid, Hocus Pocus de Muze avec Harrie Smolders, Mom’s Isaure avec Cameron Hanley et Pieter Devos, Tinka’s Hope avec Demi van Grunsven, Igor de Muze avec Marco Viviani, Rondine del Terriccio avec Emilio Bicocchi, ou encore Heroïne de Muze, performante avec le Japonais Taizo Sugitani et mère du fantastique Levis de Muze (Elvis ter Putte), qui défraye la chronique sous la selle de la Grecque Ioli Mytilineou.

En France, Tinka’s Boy a engendré plus de huit-cents produits enregistrés au Sire depuis 2006, parmi lesquels vingt-sept sont indicés au-dessus de 140 et neuf au-dessus de 150, dont Sherazade du Gévaudan ISO 167 avec Romain Duguet, Boréale de Fondcombe ISO 163 avec Marie Pellegrin, Upsilon de la Linière ISO 156 avec l’Américain Taylor St Jacques, Adequat des Coteaux ISO 156 avec Thierry Dupont, ou Abou Sim Bel ISO 155 avec l’Italien Andrea Venturini.

Avec la disparition de Tinka’s Boy, c’est une des légendes du saut d’obstacles qui nous a quittés. Une étoile qui a rejoint les étoiles.