“J’espère que ma nouvelle structure en Floride m’aidera à retrouver le haut niveau”, Marie Hécart
Alors que le Winter Equestrian Festival (WEF) bat son plein en Floride, Marie Hécart jongle entre ses casquettes de cavalière, coach et maman. Installée une grande partie de l’année à Chamant, près de Chantilly, la jeune quadragénaire s’est lancé un nouveau défi: ouvrir une deuxième structure à Wellington. Une évidence pour celle qui partage son temps entre les États-Unis et la France depuis de nombreuses années. Elle espère profiter de cette opportunité pour revenir à haut niveau.
Vous êtes actuellement à Wellington où vous participez au WEF, comme tous les hivers depuis quatorze ans. En quoi cette série de concours de début d’année est-elle indispensable pour vous?
C’est un rendez-vous important car j’y retrouve des clients et élèves. Cela me permet de les entraîner pendant les quatre mois que je passe là-bas. D’un point de vue commercial, c’est aussi l’occasion de vendre mes chevaux à gros potentiel en début de saison.
Quelle atmosphère y règne-t-il?
Wellington c’est busy, busy. Il y a beaucoup de cavaliers et chevaux. Les épreuves sont compétitives, comme à l’accoutumée. Même si l’événement vient de débuter, de nombreux Européens sont déjà arrivés. Il y a deux grands terrains à Wellington: une carrière en sable et une piste en herbe de l’autre côté de la route. Pouvoir bénéficier de deux sites permet d’avoir des épreuves en simultané et de faire sauter les chevaux sur un beau terrain en herbe. En ce moment (entretien réalisé la semaine dernière), il y a un CSI 3* sur le terrain en herbe et un National sur la grande carrière internationale. Tout le monde est très occupé: il y a de nombreux partants dans chaque épreuve, ce qui brasse beaucoup de monde.
Percevez-vous une différence par rapport aux années précédentes?
Le WEF vient de débuter alors c’est difficile à dire. Il y a toujours autant de monde et tous ne sont pas encore arrivés. Personnellement, je le ressens comme les autres années, même si je suis un peu plus occupée. (rires) On note de petits changements par rapport aux éditions précédentes car de nouveaux investisseurs gèrent le site et l’événement. Cela se ressent directement sur le terrain, à l’image de la réfection des pistes.
Comment le commerce de chevaux se porte-t-il là-bas?
Plutôt bien. Il y a toujours autant de demandes, ce qui est une bonne chose.
Quel est le climat compte tenu de la situation sanitaire ?
En Floride, on ne ressent pas tellement les effets de la crise sanitaire. Je dois dire que c’est moins strict. De plus, nous concourons en extérieur donc sans masque, comme d’habitude. Et il n’y a pas davantage de passe sanitaire.
Comment s’organise votre planning hebdomadaire?
En général, nous nous reposons le lundi. Les chevaux vont alors au paddock ou au marcheur. Le mardi, nous nous remettons en route, donnons des leçons et travaillons sur le plat car il n’y a pas d’épreuve. Du mercredi au dimanche, la compétition bat son plein. Le planning dépend des semaines car il faut jongler entre les épreuves avec les chevaux que je monte en compétition, celles des élèves que j’entraîne – je dois en avoir une bonne dizaine – et les chevaux que je fais travailler dans différentes écuries. Comme il y a plusieurs pistes et que tout est minuté, nous planifions la veille afin de nous organiser au mieux et de savoir où nous diriger tout au long de la journée.
“Nickel de la Roque est mon pari sur l’avenir”
Quels sont vos objectifs sportifs en ce début de saison?
Ici, je monte régulièrement trois jeunes chevaux en compétition. Ils viennent d’avoir huit ans et vont débuter à 1,45m. J’ai aussi le très bon Nickel de la Roque (BWP, Elvis Ter Putte x Kannan), âgé de neuf ans, qui a déjà concouru à 1,45m en Europe. Mon objectif est de développer son potentiel et d’essayer de l’engager dans des épreuves à 1,50m durant le WEF. Pour la suite de l’année, j’ai un groupe de chevaux qui reprendront le travail après une pause en décembre et janvier, et qui reprendront la compétition en Espagne. J’espère pouvoir les récupérer en forme mon retour en Europe.
Quelles sont vos ambitions avec Vahinée (SF, Lauterbach x Darco), votre jument de tête?
L’ambition pour Vahinée, que j’ai en copropriété avec Christian Planchon, son naisseur, est de la garder bien dans sa tête et dans son corps. Comme l’an passé, elle a eu deux mois de pré pendant la trêve hivernale, ce qui lui fait beaucoup de bien. À mon retour, je la remettrai tranquillement en route en liberté. Elle travaille très peu car elle monte rapidement en chauffe. Notre objectif est de continuer à concourir à 1,45m car elle est très compétitive et rapide. Je préfère la maintenir dans ces épreuves-là car elle s’y sent bien et fait preuve de beaucoup de qualités.
Sur quels autres chevaux comptez-vous pour 2022? Pouvez-vous les présenter?
J’ai donc Nickel de la Roque, petit-fils de Myself de Brève (SF, Quidam de Revel x Grand Veneur), avec laquelle j’ai gagné de très belles épreuves il y a quelques années (dont un Grand Prix CSI 5*-W du WEF, en janvier 2015, ndlr). C’est sur lui que je compte pour mon futur à haut niveau. J’ai également Alpha du Ternoire (SF, Kashmir van Schuttershof x Olisco), qui ne va pas tarder à nous rejoindre ici. Il a de gros moyens, mais encore peu d’expérience. Je vais le mettre en route et essayer de l’engager dans de belles épreuves. En Europe, j’ai Vahinée et tous les chevaux de l’élevage de Carva (propriété de de Sylvain et Laurence Lavergne, ndlr), dont Carbone (SF, Diarado x Kannan), une bonne jument qui a débuté à 1,45m et que j’aimerais hisser au niveau supérieur. Je monte d’autres chevaux pour l’élevage de Carva dont Drosera (SF, Kannan x Quidam de Revel) et Bulgari (SF, Diamant de Semilly x Papillon Rouge), que je vais pouvoir lancer petit à petit à 1,45m.
Votre piquet compte aussi trois chevaux de sept ans: Diva MH, Fernet MH et Fluor du Cèdre Carva. Quels espoirs placez-vous en eux? Lesquels conserverez-vous?
Concernant Fernet, autre petit-fils de Myself, je ne peux pas encore présager de ce qu’il sera capable de sauter. Le temps nous le dira, mais il fait bien tout ce qu’on lui demande. Cet hiver, Fluor et Diva sont au travail chez mon ami Frédéric Lagrange. Il effectuera peut-être une petite saison pour les mettre en route afin qu’ils soient prêts à mon retour en France. Je ne sais pas quels chevaux je garderai car ils sont tous plus ou moins à vendre. Mon objectif premier est vraiment de pouvoir continuer à faire vivre ma structure, et le seul moyen est de commercialiser des chevaux. Seul l’élevage de Carva ne vend pas ses chevaux, préférant les conserver pour l’élevage ou la compétition, alors j’ai logiquement vocation à garder ceux que je monte.
“Être maman change beaucoup de choses”
Comment se porte Cenwood Delle Lame (KWPN, Emilion x Riverman), qui a repris la compétition en 2021?
Je suis très triste à son sujet. C’est un cheval extraordinaire, l’un des meilleurs que j’aie jamais montés, mais il a une santé fragile. Malheureusement, il s’est refait mal il y a quelques jours à la maison en travaillant sur le plat… alors nous avons décidé de le mettre à la retraite. Il enchaînait les tendinites depuis le CSIO 5* de Dublin, en 2017 (où le couple avait signé un sans-faute en première manche de la Coupe des nations, avant d’être éliminé en seconde manche, ndlr). Pendant quatre ans, nous avons essayé de travailler différemment, de le laisser pieds nus, de le mettre au pré… Il n’y a rien à faire: ses tendons ne tiennent pas, alors mieux vaut désormais le laisser brouter peinard (rires). Je ne sais pas encore où il passera sa retraite, car nous avons pris cette décision il y a quelques jours seulement.
Votre volonté de retrouver le haut niveau reste-t-elle d’actualité?
Bien sûr, mais cela prend du temps – il faut en être conscient. Je n’ai pas énormément concouru l’an dernier, en raison de ma grossesse, puis de mon accouchement. Pour me remettre sur les rails, je fonde beaucoup d’espoir en mon nouveau projet. Cette année, en association avec Thomas Dupoux, nous avons ouvert ici une écurie nommée Equestrian Cotry. C’est aussi pourquoi nous sommes très occupés en ce moment. Cette structure fonctionnera tout au long de l’année avec un cavalier et des chevaux qui resteront pour le commerce et le coaching. Je m’occuperai du coaching, de l’entraînement et de la vie quotidienne de l’écurie tandis que Thomas gèrera le côté business. Nous avons chacun notre rôle défini. Il me semble que c’est une bonne combinaison pour le futur. Cela me permet de me consacrer à tout ce que j’aime: faire travailler des chevaux et entraîner mes élèves. J’espère que cela fonctionnera. En tout cas, la dynamique est bonne.
Désormais, nous avons donc deux pôles: un à Chamant (l’écurie du haras de Plaisance, ndlr) et un à Palm Beach Point, dans Wellington. Cela me permettra d’être plus mobile, notamment grâce à mes équipes rodées. Concrètement, je serai Wellington pour le coaching pendant l’hiver, ainsi que pour le commerce et le sport quand nous aurons des chevaux prêts pour de belles épreuves. Le reste du temps, je serai à Chamant, où je suis installée depuis des années. Avec cette nouvelle structure, je pense pouvoir retrouver des chevaux pour sauter de plus gros parcours.
L’année 2021 a également été marquée par la naissance de votre fille Lola. Cela a-t-il modifié votre vision du sport et de la vie?
Être maman change beaucoup de choses, ou bien on les voit différemment. J’ai toujours envie de pratiquer mon sport, mais ma fille est ma priorité. Il faut trouver un équilibre entre les deux. En tout cas, je suis toujours aussi passionnée par ce que je fais, et en plus j’ai ma petite avec moi.