“J’espère pouvoir compter sur mon piquet de jeunes chevaux pour Paris 2024”, Titouan Schumacher

Titouan Schumacher, cavalier international de saut d’obstacles français, est actuellement à Vilamoura pour sonner le top départ de sa saison avec l’ensemble de sa cavalerie. Éloigné des terrains de longues semaines, le Tricolore a d’ailleurs brillé dès ce dimanche, en décrochant le Grand Prix 3*. Installé dans la structure familiale du haras des Brimbelles en Normandie, l’Eurois sait qu’il peut compter sur un solide piquet de chevaux afin de poursuivre sa route à haut niveau, prendre la relève de son fidèle Atome et, pourquoi pas, d’ambitionner une participation aux Jeux olympiques de Paris en 2024.



Le 13 janvier, vous avez annoncé votre retour en selle après une chute de cheval fin novembre, qui vous a contraint au repos. Comment s’est passée votre convalescence? Avez-vous pu malgré tout continuer vos autres activités?
Longuement! (rires) Quand on a l’habitude d’être actif, il est toujours un peu compliqué d’être arrêté, mais j’ai pris mon mal en patience et, surtout, j’ai pu compter sur mon équipe pour bien s’occuper des chevaux en attendant mon retour. Sinon, ma convalescence s’est plutôt bien passée, j’ai pu continuer mes autres activités parallèles. J’ai pu garder un œil sur l’élevage et j’en ai surtout profité pour me concentrer sur le coaching et donner plusieurs stages. Tout cela combiné m’a permis de ne pas m’ennuyer. 

Vous êtes actuellement à Vilamoura pour le top départ de votre saison. Comment cela se déroule-t-il?
Nous allons à Vilamoura tous les ans, c’est notre petit rituel. À cette occasion nous délocalisons toute l’écurie au Portugal, en général pendant un mois, avec les jeunes et les moins jeunes. Cela permet de remettre tout le monde en route gentiment et de profiter du beau temps en même temps. C’est l’occasion de les faire sortir de la maison pendant un mois, de voir autre chose. Cela est vraiment bénéfique pour les jeunes chevaux. Pour certaines montures, l’objectif reste de la formation pure et dure. Pour les plus aguerris, disons qu’ils payent la tournée pour les plus jeunes. Mes chevaux d’âge sautent les grosses épreuves dans un but de classement et de résultats, ce qui permet aux plus jeunes de prendre de l’expérience. 

Vendredi, vous avez retrouvé les terrains de concours avec Atome Z (ZANG, Amadeus Z*Brimbelles x Toulon). Quel était votre sentiment en sortie de piste?
C’était la première épreuve du cheval de l’année (le couple a terminé vingt-troisième de l’épreuve avec huit points de pénalité, ndlr). Il fait deux fautes car il était un peu chaud mais ne résultat n’a rien de catastrophique. Pour un cheval dans le sang qui reprend, l’épreuve s’est plutôt bien déroulée. Il faut qu’il se remette dans le bain, moi aussi, et pour continuer sur notre lancée nous sauteront le Grand Prix dimanche (que le couple a remporté, ndlr)

 Quel bilan tirez-vous de la saison passée?
Le bilan est plutôt positif dans l’ensemble. Mes chevaux ont bien performé, j’en suis très satisfait et cela permet, derrière, d’assurer la relève d’Atome. Eliot Brimbelles (Z, E T Cryozootech Z CI x Diamant de Semilly) est un peu comme mon deuxième cheval, il a onze ans maintenant et s’est vraiment déclenché l’année dernière en étant très compétitif. J’espère qu’il continuera sur sa lancée. Carera des Brimbelles (SF, Kannan*GFE x Henaud X) est une jument qui a commencé à faire ses armes la saison passée. Elle a sauté ses premiers Grands Prix 4* et devrait pouvoir continuer à sauter de grosses épreuves. Atome, Eliot et Carera sont mes trois meilleures montures, mes chevaux d’âge. J’ai également deux chevaux de huit ans, dont un qui s’appelle Azote Brimbelles (Z, Amadeus Z x Toulon) et qui est le propre frère d’Atome. J’espère vraiment qu’il sera un crack cheval, en tout cas il a tout pour. J’ai aussi une jument, Ere des Brimbelles (SF, Con Air x Diamant de Semilly), qui, je pense, sera très performante, surtout sur des épreuves de vitesse car elle est très compétitive. Le reste de mon piquet est composé de jeunes chevaux. Cette année, je n’ai pas de chevaux de sept ans mais trois de six ans dont deux de l’élevage et un dont je possède la moitié avec un ami. Chez mes chevaux de six ans, je pense que Ghost des Brimbelles (SF, Cornet x Hickstead), est un cheval d’avenir car il a beaucoup de qualités. Maybe Brimbelles (Z, Montender x Bon Ami) et Griotte Bertreville (SF, Président x Apache d’Adriers) sont aussi à suivre de près. J’ai également des chevaux de quatre et cinq ans au travail. 

Votre fidèle Atome Z, avec lequel vous avez notamment remporté le Grand Prix CSI 4* à 1,60m de Vilamoura en 2020, va avoir quinze ans. Comment imaginez-vous la suite avec lui? 
Je vais l’économiser davantage car c’est un cheval qui a couru beaucoup d’épreuves. Il est très dynamique et en avait besoin, mais j’ai deux autres chevaux capables de prendre le relai. Alors, nous allons lever un peu le pied. Je ciblerai les concours et les pistes qu’il aime bien pour être performant à chaque fois sans avoir besoin de trop le sortir. 

Envisagez-vous de participer une nouvelle fois à la Global Champions League? Et, si oui, dans quelle équipe et pourquoi?
Cette année, je n’ai malheureusement pas d’équipe. Ce ne sera pas pour cette fois, mais si l’occasion se représente, ce sera avec grand plaisir. Les deux années où j’ai participé à ce circuit ça s’est toujours fait au dernier moment. C’est l’occasion qui a fait le larron comme dirait l’expression. La première année, j’étais cavalier de moins de vingt-cinq ans, l’équipe en cherchait un alors j’ai pu participer. L’année dernière j’ai eu la chance de rentrer dans l’équipe des Doha Falcons, mais ça n’était pas prévu longtemps à l’avance. 

Titouan Schumacher et Atome Z à Prague au Longines Global Champions Tour

Titouan Schumacher et Atome Z à Prague au Longines Global Champions Tour

© Sportfot



“Associer un jeune cheval et un plus aguerri sur les épreuves est très formateur”, Titouan Schumacher

Quels sont vos objectifs à court et moyen terme pour 2022 avec votre piquet de chevaux ? Certains ont-ils vocation à prendre la relève d’Atome ? Quelle place accordez-vous aux plus jeunes?
À court terme, je compte participer au Championnat de France (qui se dérouleront à Fontainebleau en avril, au cœur d’un événement baptisé Printemps des sports équestres, ndlr), donc l’objectif est d’y réaliser les meilleurs résultats possibles. Continuer de faire progresser les plus jeunes est mon objectif sur le plus long terme. Cela me permettra d’avoir un piquet de chevaux très solide d’ici la fin de l’année, espérer pouvoir participer à quelques 5* et signer de belles performances. J’essaie, à chaque concours, d’emmener Atome avec Eliot et Carera afin d’assurer la relève en douceur et j’alterne à chaque fois. Quand l’un saute l’épreuve qualificative, l’autre saute le Grand Prix et vice versa la fois d’après. C’est un moyen pour leur faire prendre de l’expérience et j’essaie de les ménager en ne les mettant pas dans des épreuves trop difficiles. Tout se fait au fur et à mesure et à leur rythme. J’aime associer un jeune cheval et un plus aguerri sur les épreuves, c’est très formateur. De façon générale, mon planning de concours se fait autour de mes trois chevaux de tête. Ensuite, je décide quel jeune nous accompagne. L’objectif pour eux est de les former sans les brusquer.

Les Jeux olympiques de Paris 2024 approchent à grands pas. Y participer fait-il partie de vos aspirations? Si oui, comment préparez-vous une telle échéance?
Évidemment! Comme tout le monde je suppose… C’est un objectif pour lequel nous travaillons avec mon piquet de jeunes chevaux. Les Jeux de Paris sont dans un coin de ma tête, mais je ne pense pas qu’à ça. J’essaie de faire au mieux pour mes chevaux, de les faire progresser, et si nous sommes performants nous avons notre chance. D’abord, je me concentre sur la progression de mes chevaux et le temps nous dira si le reste suivra.  

 Comment décririez-vous votre système professionnel? En parallèle de vos activités sportives, quelle est la part de vos activités commerciales et de vente de chevaux?
Ma structure repose sur deux parties, la compétition et l’élevage. Pour l’instant, la grande majorité des chevaux que je monte sont ceux que nous avons fait naître et qui sont issus de l’élevage. En général, j’ai un cavalier qui assure leur formation à quatre et cinq ans, puis je les récupère un peu plus tard. En parallèle, je fais un peu de coaching avec quelques élèves.
Les activités commerciales et de vente ne représentent pas la majeure partie de mes activités car je n’ai pas une écurie avec beaucoup de chevaux de compétition. En règle générale je garde mes chevaux assez longtemps, ce qui induit un faible roulement. Évidemment, il y a une part de commerce car il faut faire tourner la boutique mais ce n’est pas mon activité principale. 

Vous évoluez depuis toujours dans la structure familiale du haras des Brimbelles. Comment vous y sentez-vous ? Continuez-vous à élever des chevaux en famille ? Si oui, combien de poulains attendez-vous cette année? Issus de quels croisements?
Je m’y sens plutôt comme chez moi (rires). C’est une structure familiale où règne une bonne ambiance. Mes parents me font totalement confiance et c’est du pur plaisir au quotidien. Cerise sur le gâteau, monter les chevaux de l’élevage est un vrai bonheur.
Nous avons entre cinq et six naissances chaque année. À l’élevage, chaque membre de la famille a un rôle bien précis. En général c’est ma mère qui choisit les croisements et moi qui prend la suite quand sonne l’heure de les mettre au travail. Je suis très nul sur la question des croisements donc je ne sais jamais à l’avance. Je commence à les connaître à quatre ans quand ils arrivent aux écuries. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous attendons cinq naissances pour cette année. (rires)

Vous qui êtes jeune père de famille, quel monde souhaitez-vous pour vos deux filles, Pearl et Automne? Comment expliquez-vous à votre aînée le contexte de crise sanitaire qui secoue le monde depuis près de deux ans maintenant?
Je leur souhaite évidement le meilleur monde possible. Nous les éduquons dans la simplicité et le respect d’autrui. Le contexte est compliqué mais nous lui expliquons avec des mots qu’elle peut comprendre car elle n’a que quatre ans. L’aînée comprend qu’il se passe quelque chose et elle veut absolument se faire vacciner pour ne pas contracter la maladie (rires). Malgré le contexte de crise sanitaire, nous essayons de leur faire avoir la vie la plus normale possible. 

 Vous intéressez-vous à la précampagne présidentielle? Quels thèmes attirent-ils particulièrement votre attention?
L’élection présidentielle m’intéresse car il s’agit de l’avenir de notre pays. Je suis un peu la politique, tout en restant à distance. Les thèmes sportifs et environnementaux m’attirent particulièrement ; ils sont les plus en lien avec notre milieu. 

 

Titouan Schumacher et Carera des Brimbelles sous le soleil du Sud de la France.

Titouan Schumacher et Carera des Brimbelles sous le soleil du Sud de la France.

© Sportfot