“Mes expériences auprès de grands cavaliers étrangers sont très enrichissantes”, Valentine Delaveau

À vingt-ans, Valentine Delaveau s’est envolée hier pour intégrer le système huilé de l’Irlandais Cian O’Connor, installé entre l’Ile Verte dans de somptueuses et flambant neuves écuries à Wellington, en Floride. La Normande compte y apprendre les rouages de sa solide organisation, mais aussi acquérir davantage d’expérience à cheval. Après avoir fait ses gammes aux côtés de son illustre père Patrice Delaveau, elle complètera donc son expérience auprès d’un cavalier de renommée internationale, puisqu’elle a déjà évolué aux côtés du Brésilien Marlon Módolo Zanotelli et du Belge Rik Hemeryck. Celle qui a connu le plus haut niveau Poney associé à sa fidèle Si Jolly des ifs espère retrouver les CSI 2* et représenter la France en Coupes des nations Jeunes Cavaliers. 



Alors que vous partez pour les écuries de l’Irlandais Cian O’Connor, pourriez-vous évoquer vos expériences précédentes auprès des cavaliers internationaux Marlon Módolo Zanotelli et Rik Hemeryck? 

J’ai d’abord rejoint les écuries de Marlon Módolo Zanotelli, en Belgique, pendant environ un mois. J’y suis partie sans mes chevaux. Cela a été une expérience très enrichissante et intéressante à vivre. Il a un fonctionnement bien à lui et j’ai vraiment adoré son système. Ce n’est pas chez lui que j’ai le plus monté à cheval, contrairement à mon expérience chez Rik Hemeryck. En revanche, chez Marlon, j’ai beaucoup appris sur le programme d’entraînement des chevaux et les soins. Il est très organisé et pointilleux. Tout est mis en place pour que les chevaux soient bien, sans pour autant les surprotéger. Ce que je retiens également de mes expériences à l’étranger, c’est qu’en France, nous avons plutôt tendance à surprotéger les chevaux dans tout ce qui relève des soins. Chez Marlon, les chevaux sont très bien entretenus mais sans pour autant trop en faire; le naturel subsiste et j’ai beaucoup appris là-dessus. Je l’ai regardé travailler et j’ai pu m’entraîner avec son entraineur de dressage, qui m’a enseigné beaucoup de choses. De plus, il se rend toutes les semaines à Opglabbeek pour s’entraîner. Le jour où j’aurai mes propres écuries, je n’hésiterai pas à m’inspirer de tout un tas de caractéristiques du système de Marlon. Ensuite, je me suis rendue dans les écuries de Rik Hemeryck, également situées en Belgique, et dans lesquelles je suis restée un mois. J’ai passé beaucoup de temps à cheval et j’ai pu sauter avec beaucoup de chevaux différents. Rik est une personne très travailleuse. À 6h30, il est déjà aux écuries, il fait les boxes avec ses grooms et donne le foin. C’était vraiment génial de voir quelqu’un de si motivé. J’ai également beaucoup appris sur le plat avec lui. Il m’a prodigué énormément de conseils, qui étaient très bons à prendre. Grâce à ces expériences, j’ai pu recevoir des conseils de cavaliers expérimentés et j’ai également beaucoup appris à pied. C’était super!

Vous allez désormais rejoindre les écuries de Cian O’Connor. Que représente ce cavalier pour vous? Qu’attendez-vous de cette expérience?  

Je pars demain (entretien réalisé le 17 février) pour rejoindre Cian O’Connor. Je vais d’abord me rendre avec lui à Wellington, en Floride, pendant environ deux mois et retournerai ensuite en Irlande, dans ses écuries, à Karlswood (à une vingtaine de kilomètres à l’Ouest de Dublin, ndlr). Il a l’air d’avoir des installations incroyables, très modernes, que j’ai vraiment hâte de découvrir. Je pars sans chevaux, puisque mon papa a récupéré mon cheval de tête, Caschmir du Pomiez (SF, Lando x Concorde), qui s’est d’ailleurs classé neuvième de la 1,45m à barrage aujourd’hui à Royan. Cian est une personne assez moderne; il est tantôt cavalier de niveau cinq étoiles qui a couru les Jeux olympiques et décroché d’or dans des championnats (par équipes, aux Européens de Göteborg en 2018, où il a également obtenu le bronze en individuel sur Good Luck, ndlr), tantôt un homme d’affaire. Le fait qu’il cumule ces deux casquettes est assez incroyable! Je pense qu’il fait partie des cinq premiers hommes d’affaires dans le monde du cheval. Il a un système bien rodé et très en place, est très pointilleux et dispose d’une parfaite organisation. Dès qu’il souhaite quelque chose, il va au bout de son idée pour l’obtenir dans le but de faire fructifier son système. En allant chez lui, j’attends d’aller en concours, de prendre le plus d’expérience possible en compétition et d’un point de vue commercial. Cian est de partout; je pense qu’il est constamment en quête de performance et c’est ce qui me plaît. Il ne se laisse jamais de répit, est constamment en quête de perfection et a bien conscience que chaque détail fait la différence. De nos jours, je pense que c’est l’attitude à adopter pour réussir dans ce sport; il faut toujours essayer même si cela ne porte pas ses fruits instantanément.  



“Partir m’a vraiment fait du bien et j’en avais besoin”

Quelles sont vos ambitions à court et moyen terme? 

À court terme, je ne sais pas encore comment les choses vont s’organiser, mais je peux dire que j’aimerais retrouver les CSI 2*, et si j’ai les chevaux qui me le permettent, peut-être courir à nouveau en Coupes des nations Jeunes Cavaliers pour la France. Pour l’instant, je ne peux pas trop m’avancer à ce sujet, parce ce que je ne sais vraiment pas ce qu’il m’attend lorsque je vais rentrer en Europe. Mes ambitions sont d’essayer de bien intégrer le système de Cian et de m’inspirer de tout ce qu’il fait, mais aussi d’avoir des chevaux en concours. Globalement, j’espère retrouver ce niveau d’épreuve, rester le plus longtemps possible avec Cian, et évoluer un maximum dans son système, qui est pour moi parfait. 

Quelle va être la suite pour les chevaux que vous montiez jusqu’alors? 

Je n’avais pas beaucoup de chevaux. Je montais Festival d'Euskadi (SF, Vivaldi d’Euskadi x Diamant de Semilly) par Vivaldi d’Euskadi (que Valentine a elle-même monté en compétition, ndlr), mais il a été vendu aux États-Unis en septembre. Je vais d’ailleurs le revoir à Wellington. J’avais un autre cheval destiné à être commercialisé, ce qui a abouti. C’est pour cela que je pars sans chevaux, puisque mon père a récupéré mon cheval de tête. 

Par ces expériences internationales, avez-vous davantage envie de vous professionnaliser dans ce sport? 

J’ai ce désir depuis toujours! Maintenant, je suis lancée dans ce projet, notamment en Belgique, qui est un pays de saut d’obstacles. Mon apprentissage chez Marlon, ma capacité à parler anglais dans un système sept jours sur sept, m’ont été grandement bénéfiques. Une fois rentrée à la maison, j’ai senti que j’étais beaucoup plus autonome. Je sens que partir m’a vraiment fait du bien et j’en avais besoin. 

Être la fille de Patrice Delaveau est-il une source de pression? 

Je pense que même petite je voyais très bien qu’il y avait des regards différents sur moi. En revanche, ce n’est pas quelque chose qui m’a dérangée. Je suis passée au-dessus de ça. Parfois, lorsque je réalise une contre-performance, je sens tous les regards portés sur moi car j’ai ce nom de famille sans pour autant avoir les résultats qui suivent. Alors oui, il est vrai que sur le moment je me mets un peu la pression, mais j’ai toujours dû faire face à cela. Désormais, j’ai vingt ans, je suis habituée. Par exemple, lorsque je vais arriver chez Cian, les personnes présentes vont se dire que je suis la fille de Patrice Delaveau, alors il ne va pas falloir que je déçoive par rapport à cela, mais sans pour autant me mettre la pression. Je vais donner le maximum parce que j’ai envie de réussir dans ma passion. Il y a des inconvénients comme des avantages. C’est comme pour les enfants d’acteurs, ils ont des avantages et accès à des choses plus facilement mais ils sont beaucoup observés et critiqués. Tous les moindres faits et gestes sont observés parce que nous sommes les enfants de personnes connues. J’ai connu cela toute ma vie, ce n’est pas quelque chose de nouveau. Désormais, les gens savent qui je suis donc ne s’attardent pas plus que cela, il y a des choses bien plus intéressante à aller regarder ailleurs. 

Quel serait votre rêve de cavalière? 

Réussir la même carrière que mon père, avoir autant de titres, de victoires et être appréciée comme il l’est, serait mon rêve. Il est très apprécié, ce qui n’est pas le cas de tous les cavaliers. Je pense que ce serait sympa que les gens pensent la même chose de moi. Mon père est un grand homme de cheval, comme le sont Marlon et Rik. J’ai toujours été habituée à cela et j’ai la chance de retrouver cette philosophie ailleurs. 

 

Valentine et Patrice Delaveau

Valentine et Patrice Delaveau

© Sportfot