“J’ai une chance extraordinaire de monter des chevaux comme les miens”, Martin Fuchs

Notamment médaillé d’or par équipes et d’argent en individuel puis vainqueur du Grand Prix du CHI de Genève avec Leone Jei l’an passé, Martin Fuchs entend bien empiler encore les succès dans les mois à venir. Pour l’organisation des Dutch Masters, le numéro deux mondial a évoqué ses ambitions, son envie de tenter le Grand Chelem Rolex, ou encore son piquet de chevaux de haut rang. 



Quels sont vos projets et vos ambitions pour 2022 ?

Cette année, mon objectif principal est d’obtenir de bons résultats aux Majeurs ainsi que dans les autres Grands Prix Rolex. J’ai également dans ma ligne de mire les Championnats du monde (à Herning, au Danemark, ndlr) ainsi que la finale de la Coupe du monde, qui se tiendra à Leipzig au mois d’avril. J’emmènerai différents chevaux en Grand Prix et aux championnats de grande envergure. Les plus jeunes chevaux sont prêts à gravir les échelons vers le haut niveau dès cette année. 

Vous avez remporté deux éditions consécutives du Grand Prix Rolex au CHI de Genève, devant le public suisse. Quels souvenirs en gardez-vous ?  

Remporter un Grand Prix Rolex est toujours incroyable ! En gagner deux de manière consécutive, le tout devant mon propre public, est bien sûr inoubliable. De plus, Leone Jei est encore très jeune, donc cela a été une grande victoire pour nous deux !

À votre avis, Leone Jei pourrait-il engranger autant de succès que Clooney 51?

Nous ne pouvons pas faire de comparaison. Clooney 51 est le cheval le plus titré de l’histoire du saut d’obstacles suisse. Je ne peux pas m’attendre à avoir le prochain Clooney immédiatement. Cela dit, Leone Jei a démontré toutes les qualités nécessaires à ce niveau de compétition. C’est l’un des meilleurs sur le circuit actuel.

Quels chevaux avez-vous décidé d’emmener avec vous au Dutch Masters, et lequel monterez-vous lors du Grand Prix Rolex ?

J’ai choisi de monter Chaplin dans le Grand Prix. Il est en très bonne forme. Le Dutch Masters devrait bien lui convenir. J’ai prévu d’emmener Leone Jei sur les grandes pistes en extérieur, comme celles du CHIO d’Aix-la-Chapelle, car ce type de piste lui convient mieux.

Quel couple a selon vous une chance de remporter le Grand Prix du Dutch Masters ?

C’est difficile à dire. Chaque Majeur du Grand Slam Rolex rassemble les meilleurs couples au monde, ils ont tous une chance de gagner. Je pense d’ailleurs que c’est ce qui fait le côté unique de cette série. Notre sport n’est pas comme beaucoup d’autres, où il est plus facile de remporter des victoires successives ou régulières. Le travail avec les animaux rend le saut d’obstacles beaucoup plus imprévisible. Gagner le Grand Chelem Rolex comme l’ont fait Scott Brash et Hello Sanctos est un exploit incroyable !

Comment avez-vous débuté à collaborer avec Adolfo Juri, propriétaire de quelques-uns de vos chevaux dont notamment Leone Jei et Conner Jei ?

Adolfo Juri était le propriétaire de chevaux montés par mon oncle Markus pendant plus de vingt ans. Lorsque Markus a mis fin à sa carrière de cavalier, Adolfo s’est associé à un autre cavalier pendant quelques années. Plus tard, il m’a confié ses chevaux, un très beau geste de sa part. Nous travaillons en bonne entente tous les deux. Il m’a soutenu tout au long de ma carrière, et j’ai une chance inouïe de le compter dans mon équipe. Il s’entend aussi à merveille avec Luigi Baleri, un autre propriétaire qui me confie ses chevaux. 



“Je crois que Clooney 51 aime bien sa retraite !”

D'après vous, quels chevaux vous offrent les perspectives les plus intéressantes ?

Leone Jei est bien sûr un cheval spectaculaire. Il a un mental très solide et montre énormément d’envie. Il donne toujours tout ce qu’il peut, ce qui cause parfois des difficultés, car il a beaucoup de sang et fait preuve de beaucoup de vivacité. Il faut donc essayer de le calmer et le détendre au maximum. Chaplin a déjà remporté de nombreux Grands Prix, et j’adore sa personnalité. Conner Jei a beaucoup de talent, mais il peut se montrer un peu plus difficile pour son cavalier. Il a remporté le Grand Prix de Dinard l’an passé, et je voudrais l’emmener à la finale de la Coupe du monde cette année. À eux trois, ces chevaux ont déjà gagné de nombreux Grands Prix 5*. J’ai une chance extraordinaire de pouvoir les monter.

J’ai aussi quatre jeunes chevaux très prometteurs, dont Commissar Pezi, un hongre de neuf ans, que j’ai engagé pour la première fois au Sunshine Tour (à Vejer de la Frontera, ndlr). Il montre des résultats encourageants. Il a de bons moyens et un super tempérament, mais il est encore assez inexpérimenté pour son âge. Cela dit, j’ai hâte de le voir concourir ces prochains mois. Tous deux âgés de huit ans, Viper Z et Diva van het Cauterhof Z m’accompagneront également au Sunshine Tour. Ils ont très bien sauté jusqu’ici, Diva a réalisé quinze parcours sans laisser une seule barre au sol. À sept ans, Pina van de Moerhoeve a déjà participé à beaucoup d’épreuves réservées aux Jeunes Chevaux. Je m’amuse énormément sur les tours. Je ne m’engage pas forcément sur les épreuves les plus hautes, j’aime faire gravir progressivement les échelons à mes jeunes chevaux.

J’éprouve beaucoup de plaisir à les monter tous les deux, mais il est toujours difficile de savoir s’ils sont destinés à devenir des champions de niveau 5*. Cela étant, ils ont beaucoup de classe et ont réussi de nombreux sans-faute. Pour le moment, l’avenir leur sourit !

Comment choisissez-vous les concours auxquels vous vous engagez ?

Je planifie mon calendrier en fonction des Majeurs, qui sont ma priorité. Ensuite, je choisis le cheval selon ses qualités et sa forme du moment. Et lorsqu’il n’y a pas de concours d’envergure à l’horizon, je sors mes jeunes chevaux pour qu’ils acquièrent de l’expérience dans des épreuves plus modestes.

Comment va Clooney 51 ?

Très bien. Il est monté tous les jours car c’est important pour son épaule de rester actif. Il fait des balades et passe du temps au pré. Je crois que la retraite lui plaît bien! Nous sommes ravis de l’avoir chez nous et qu’il soit en si bonne santé.

Au CHI de Genève, nous avons remarqué un petit “stand crêperie” devant les box de vos chevaux. Qui s’en occupait ?

C’est un ami français, qui aime venir aux concours et nous chouchouter mes grooms et moi. Tous les autres cavaliers s’y arrêtent goûter entre deux épreuves!

Qu’est-ce qui vous donne envie de réussir et de gagner ?

Sans aucun doute, le partenariat très spécial qui existe entre le cheval et le cavalier. Chaque jour, chaque cheval est différent. J’aime tenter d’en tirer la meilleure performance possible. Lorsqu’un cheval avec lequel vous travaillez tous les jours obtient un bon résultat en concours, c’est toujours un plaisir incroyable.