“Je voue une admiration sans bornes à Daniel Deusser”, Spencer Smith

Spencer Smith, prometteur cavalier américain de vingt-cinq ans, a évoqué ses nouvelles ambitions pour le Grand Slam Rolex de saut d’obstacles. Vainqueur du Grand Prix 5* de Šamorín au mois d’octobre avec son fidèle Theodore Manciais, le pilote répète ses gammes chaque année non loin du numéro trois mondial, Daniel Deusser. Il espère également participer à de belles échéances cette année avec l’escouade américaine. 



Quels sont vos projets et ambitions pour 2022 ?

D’un point de vue professionnel, j’espère que 2022 va être ma meilleure année. Je vise une place dans l’équipe américaine pour certaines étapes de la Coupe des nations, et avec un peu de chance, une participation aux Jeux équestres mondiaux qui se tiendront cet été (à Herning, au Danemark, ndlr). J’adorerais également participer aux Majeurs du Grand Slam Rolex de saut d’obstacles. C’est l’un de mes principaux objectifs cette année.

Quel est votre plus grande fierté professionnelle jusqu’ici ?

Probablement mon premier Grand Prix Rolex au CHI de Genève, en 2018. J’ai réitéré mon engagement à ce concours en 2019, et ça a été un moment incroyable dans ma carrière. L’an passé, j’ai également remporté mon premier Grand Prix 5* (à Šamorín, avec le Selle Français Theodore Manciais, ndlr), un moment inoubliable.

Quand vous êtes-vous pris de passion pour le saut d’obstacles, et quel cavalier vous a le plus inspiré ?

Dans ma famille, tout le monde travaille avec les chevaux. Mes parents sont propriétaires d’écuries aux États-Unis. Ils sont pour moi une immense source d’inspiration. J’ai grandi entouré de chevaux. Lorsque j’ai eu quinze ans, je suis parti m’entraîner et travailler auprès d’Éric Lamaze. Je suis resté cinq ans chez lui, et il est devenu mon mentor. Nous avons voyagé partout ensemble. Il m’a emmené concourir en Europe pour la première fois. J’ai énormément appris à ses côtés et je lui en suis très reconnaissant. J’admire aussi beaucoup Daniel Deusser et sa façon de monter, c’est une équitation que j’essaie de reproduire.

À votre avis, quelles qualités doit avoir un bon cavalier de saut d’obstacles ?

Il faut avoir l’esprit de compétition, mais savoir aussi accepter la défaite. En saut d’obstacles, nous connaissons beaucoup plus de défaites que de victoires ! Lorsque tout ne va pas comme on le voudrait, nous sommes souvent tentés de tout changer. Mais il faut savoir prendre le recul nécessaire et se fier aux bases établies. Dans ce sport, pour être le meilleur et remporter les épreuves de haut niveau, il est essentiel de trouver le bon équilibre entre motivation et patience.



“Il est très gratifiant de rivaliser avec tant de cavaliers renommés”, Spencer Smith

Comment se compose votre piquet de chevaux ?

J’ai beaucoup de chance: j’ai non seulement à ma disposition des chevaux de talent, mais je bénéficie aussi du soutien de Georgina Bloomberg. Je monte également, Theodore Manciais (SF, Kashmir van Schuttershof x Power Light) mon cheval de tête depuis un moment déjà. Il a déjà participé deux fois au Grand Prix Rolex du CHI de Genève et a remporté un 5* l’an passé. J’ai aussi Quibelle (Hann, Quaid x Stakkato), qui appartient aussi à Georgina Bloomberg, et qui a signé un sans-faute pour l’équipe américaine lors de la finale de la Coupe des nations, à Barcelone. Elle obtient de très bons résultats et je pense qu’elle sera mon cheval de tête pour les grands rendez-vous par équipes, que j’attends d’ailleurs avec impatience. J’ai beaucoup de chance d’avoir le soutien de Georgina, de son équipe, et de Jimmy Doyle, son entraîneur, qui m’apporte désormais son aide. Nous entretenons de très bonnes relations. Nous allons aux mêmes concours, Georgina et Jimmy me font part de leurs conseils avisés.

Quelle importance revêt votre équipe ?

Une importance cruciale. Ce sont eux qui font tourner le système. Je suis entouré de grooms, d'un responsable d'écurie hors pair, d’un vétérinaire et maréchal-ferrant d’exception. Chaque membre de l’équipe est vital à son bon fonctionnement. Je suis toujours heureux de remporter une épreuve difficile ou un Grand Prix, mais c’est une victoire commune à toute l’équipe. Comme dans beaucoup d’autres sports, tels que la Formule 1, le travail de toute l’équipe est indispensable à la réussite finale du compétiteur. Mais lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu, c’est dur car nous avons l’impression de laisser tomber notre équipe.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le saut d’obstacles ?

J’aime simplement le travail avec les chevaux, créer une vraie complicité avec eux, repousser les limites de cette relation et réaliser des choses que nous pensions impossibles. Il est vrai qu’il existe une fraternité entre les cavaliers pendant les concours. Après tout, nous sommes tous là pour les mêmes raisons. Il est très gratifiant de rivaliser avec tant de cavaliers de renommée. Nous essayons de nous entraider autant que possible, de sorte que même si nous ne gagnons pas, nous sommes heureux de la réussite des autres. 



“J’ai pu m’entraîner avec certains des meilleurs cavaliers au monde”, Spencer Smith

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ?

Denis Lynch m’a donné un conseil très utile cette année : celui de continuer à avancer sans tout remettre en cause lorsque les choses ne vont pas comme on le voudrait. Il faut s’en tenir à la stratégie établie. Ce conseil m’a été utile dans le passé, et le sera sûrement de nouveau à l’avenir.

Dans un entretien avec Rolex, Daniel Deusser parle de vous comme l’une des étoiles montantes du sport. Quelle influence a-t-il eu jusqu’ici sur votre carrière, et quels autres cavaliers admirez-vous ?

J’ai rencontré Daniel lorsque j’avais quinze ans, et je lui voue une admiration sans bornes. J’ai toujours été impressionné par sa manière de monter et de faire les choses. Nous avons le même type de physique, ce qui fait que j’ai toujours voulu observer sa façon de faire. Avec les années, nous sommes devenus très proches. C’est aujourd’hui l’un de mes meilleurs amis dans le sport. En été, je m’entraîne aux écuries Stephex, et j’ai vraiment l’impression de faire partie de la famille. Je profite de toutes les occasions pour monter aux côtés de Daniel, afin d’observer ce qu’il fait et d’absorber le plus possible de connaissances.

J’admire aussi de nombreux autres cavaliers extraordinaires, comme McLain Ward, Jessica Springsteen, Beezie Madden, Kent Farrington ou Laura Kraut aux États-Unis. Ils ont énormément de talent et m’aident volontiers lorsque je leur demande des conseils.

En tant que jeune cavalier, pensez-vous que suffisamment d’opportunités sont offertes aux talents en herbe ?

Je pense qu’il y a de nombreuses manières différentes de gravir les échelons dans notre sport. Il est important de s’entourer des bonnes personnes et de saisir chaque opportunité qui s'offre. J’ai la chance d’avoir eu des parents connus dans le saut d’obstacles, qui m’ont aidé dans ma carrière. J’ai pu m’entraîner avec certains des meilleurs cavaliers au monde, ce qui est aussi une aubaine extraordinaire. Aujourd’hui, je compte sur le soutien de personnes avisées, qui m’ont permis d’atteindre certains de mes objectifs.

Selon vous, que représente le Grand Slam Rolex pour le saut d’obstacles ?

C’est le summum de notre sport. Gagner le Grand Slam Rolex de saut d’obstacles est l’exploit ultime dont on parlera encore dans plusieurs générations. Le prochain athlète qui le remportera ne sera pas oublié de sitôt. Je me réveille chaque matin avec cet objectif en tête. À mon avis, Daniel Deusser n’est pas loin de pouvoir réussir cet exploit. Il a de supers chevaux, une équipe de talent, et il sait garder la tête froide dans les grands moments.

Tout comme le tennis et le golf, le saut d’obstacles à son propre Grand Chelem. Quels autres tournois majeurs sportifs aimez-vous regarder ? Lequel est votre préféré et pourquoi ?

J’aime regarder le tennis et le golf. Je ne joue pas beaucoup au golf, mais je pratique un peu le tennis. Pourtant, je ne m’améliore guère ! En général, j’ai de l’admiration pour tout sportif qui fait preuve d’abnégation pour arriver au top niveau.