Un projet ambitieux, des moyens et un organigramme sobrement remanié pour Paris 2024

À neuf cents jours des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, où elle vise quatre médailles, la FFE a adopté un projet ambitieux, accompagné de moyens financiers en hausse, grâce à son propre engagement et à celui de l’État, et choisi de s’appuyer sur une équipe remaniée avec sobriété.



Le 4 février, la Fédération française d’équitation (FFE) a dévoilé son projet sportif 2022-2024 pour les disciplines olympiques et paralympique. Ce document de référence pluriannuel de la politique fédérale en matière de haut niveau présente les processus de préparation et sélection des meilleurs cavaliers et chevaux, le fonctionnement de la direction technique nationale et l’organigramme encadrant les équipes de France de saut d’obstacles, concours complet, dressage et para-dressage. En ce début 2022, sa publication était encore plus attendue que d’habitude, non seulement parce que la XXXIIIe olympiade de l’ère moderne a été raccourcie d’un an en raison du report des Jeux de Tokyo à l’été 2021, mais aussi parce que celle-ci s’achèvera à Paris, où le public français n’aura d’yeux que pour l’or. Les épreuves équestres, où le Coq vise quatre médailles, soit trois de plus qu’à Tokyo et une de plus qu’à Rio de Janeiro en 2016, débuteront dans moins de neuf cents jours à Versailles. C’est à la fois long, quand on imagine tout ce qui peut advenir d’ici là, et court, quand on envisage le polissage d’un couple. “C’est très bientôt, mais nous avons encore le temps de travailler”, considère Sophie Dubourg, directrice technique nationale (DTN) en poste depuis 2013.



Pour mener à bien cet intense travail de demi-fond, la FFE a adopté un projet résolument ambitieux, accompagné de moyens financiers en hausse, grâce à son propre engagement et à celui de l’État, à travers la nouvelle Agence nationale du sport (ANS), et choisi de s’appuyer sur une équipe remaniée avec sobriété. “Ces Jeux en France seront pour toute la filière une occasion unique d’accroître la popularité du cheval et de l’équitation. Ils ne sont pas seule- ment le plus grand événement sportif mondial, ils doivent aussi nous permettre de mettre en lumière et valoriser les vertus du cheval et des activités équestres pour conquérir tous les Français. J’attends de nos athlètes qu’ils portent les valeurs olympiques, mais aussi celles de nos activités, guidés par la DTN et ses équipes, à qui je renouvelle toute ma confiance pour porter ce projet sportif”, déclare ainsi Serge Lecomte, réélu président de la FFE en 2021.



“Repensé et affiné dans les moindres détails”, selon les termes du communiqué accompagnant son officialisation, ce projet s’appuie sur cinq axes stratégiques. Le premier, la formation, concerne les cavaliers d’élite, avec davantage de stages fédéraux individuels ou collectifs, un accompagnement personnalisé en compétition, l’implication accrue d’entraîneurs privés et du personnel d’écurie ou encore le développement de la préparation physique et mentale, le suivi médical, etc. Quant aux chevaux d’élite, ils bénéficieront d’un suivi longitudinal, d’un programme vétérinaire (alimentation, locomotion, physiologie de l’entraînement), de circuits de compétition labellisés et d’un investissement dans la recherche scientifique et l’analyse de données, caractérisé par la création d’une cellule d’accompagnement à la performance Paris 2024, en partenariat avec l’ANS. Outre la relance des groupes de niveau, dont l’accès est conditionné à des critères sportifs durcis et repensés en fonction des spécificités de chaque sport et à la signature d’un nouveau contrat tripartite avec le cavalier et le propriétaire, la FFE entend renforcer l’accompagnement de ces derniers, et en attirer de nouveaux, grâce à ses efforts de formation, de communication, de valorisation des performances et à un accueil privilégié lors de grandes compétitions. Par ailleurs, un soutien financier accru est promis aux meilleurs pilotes, grâce à “la prise en charge des frais de déplacement et au versement de primes récompensant les performances dans les compétitions et championnats de référence, ainsi qu’en soutenant l’économie des structures des sportifs de haut niveau afin qu’ils puissent se consacrer pleinement à l‘entraînement.” Sans oublier “une communication claire et transparente sur la stratégie mise en place pour atteindre les objectifs”. Celle-ci est encouragée par la constitution de comités de concertation, composés d’un ou deux cadres de la DTN, des sélectionneurs et entraîneurs, du vétérinaire fédéral et d’un expert, élu ou non, chargés de discuter des sélections dans chaque discipline.



Concernant l’organigramme, “nous avons donné ou redonné la responsabilité des sélections à des personnalités expérimentées et compétentes. Tous sont des meneurs d’hommes, chacun à leur manière, compte tenu de leur caractère. Plus globalement, nous misons sur la complémentarité entre nos sélectionneurs et nos DTN adjoints, qui endossent le rôle de chef d’équipe”, résume Sophie Dubourg. En saut d’obstacles, Thierry Pomel, sélectionneur en poste depuis 2019, a été remplacé par le Néerlandais Henk Nooren, qui avait déjà embrassé ces fonctions en 2011 et 2012, avant de redevenir entraîneur fédéral en 2019. En complet, discipline la plus pourvoyeuse de médailles ces dernières années, le tandem formé par Thierry Touzaint et Michel Asseray a logiquement été reconduit. Notons simplement que Jean-Pierre Blanco a été promu entraîneur adjoint en charge du dressage en remplacement de Serge Cornut, qui avait de- mandé à lever le pied, et que Patrice Delaveau a succédé à Thierry Pomel en tant qu’adjoint à l’hippique. En dressage, à la demande des cavaliers, la FFE a choisi de soutenir le recours concerté aux coaches privés plutôt que de nommer un successeur au Germano-Belge Jan Bemelmans, entraîneur et sélectionneur depuis 2013. Jean Morel, ancien cavalier d’élite, directeur des circuits fédéraux et entrepreneur, a été nommé à la tête de l’équipe, tandis qu’Emmanuelle Schramm-Rossi demeure DTN adjointe. Enfin, le Portugais Carlos Lopes, référent technique, et Fanny Delaval, DTN adjointe, ont été reconduits en para-dressage.



Si certains observateurs taxent la FFE de “faire du neuf avec du vieux”, là où elle aurait pu miser sur des renforts plus impactants, les cavaliers, dont l’essentiel des attentes semble avoir été entendu, se satisfont plutôt de ces annonces, qu’il s’agisse de l’énergie insufflée par ce nouveau projet, des moyens mis sur la table ou de la qualité et de la stabilité du casting fédéral. À eux, avec leurs propriétaires, de se saisir de tous les outils à leur disposition. Sophie Dubourg ayant “l’intention de ne négliger aucune échéance majeure”, ils seront attendus de pied ferme dès cet été aux Mondiaux de Herning et Pratoni del Vivaro, puis en 2023 aux Européens de Milan, Le Pin-au-Haras et Riesenbeck.