“J’ai complétement changé mon système de travail et je suis devenu un athlète”, Pierre-Alain Mortier
Pour débuter la saison 2022 Pierre-Alain Mortier a opté pour le Sud de l’Espagne et plus précisément pour le CSI 4* de Vejer de la Frontera. Avec une cinquième place dans le Grand Prix du 27 février, le Sunshine Tour a été synonyme de retour très réussi pour le Jurassien et son cheval de tête, Just Do It R. De retour en forme après un an de pause forcée, le cavalier doté d’un piquet prometteur aspire à revenir au plus haut niveau et compte bien enfiler à nouveau la veste de l’équipe de France.
Vous avez terminé cinquième du Grand Prix au CSI 4* de Vejer de la Frontera avec Just Do It R (CDE, Action Breaker x Baloubet du Rouet), lors de la troisième semaine de compétition. Pouvez-vous revenir sur cette performance?
Je suis déjà très satisfait de pouvoir retourner sur les terrains de concours avec Just Do It. Il s’était blessé l’année dernière, une entorse sans gravité, mais qui l’a écarté des terrains de concours près d’un an. J’ai pris mon temps pour le remettre correctement en forme, sans aller trop vite. Il n’avait pas concouru depuis juin 2021 et a repris la compétition à Vejer. Il a repris doucement avec des parcours à 1,35m lors de la première semaine. Le samedi suivant, nous avons terminé quatrième de l’épreuve à 1,45m du samedi. L’objectif était de prendre le départ du Grand Prix de la dernière semaine. Le contrat est donc rempli et je suis pleinement satisfait. La tâche était délicate puisqu’il n’avait pas sauté ces hauteurs depuis près d’un an. J’étais de plus le premier partant de cette épreuve. J’ai la chance de pouvoir le connaître par cœur, il a énormément d’expérience et est mon cheval de tête depuis trois ans. Il a répondu présent mais je suis déçu de ma performance dans le barrage. Nous sommes partis en numéro un, et nous avons malheureusement fait tomber la barre de l’ultime obstacle du parcours. C’était une ligne, et j’ai fait le choix d’enlever une foulée. C’est le sport! Les autres concurrents avaient donc la chance d’avoir cette indication et n’ont pas commis la même erreur.
Vous avez également terminé deuxième le même jour de l’épreuve cotée à 1,40m avec Astings du Busson (SF, Quality Bois Margot x Quatoubet du Rouet). Quel est le bilan de votre tournée portugaise et quelles sont vos ambitions avec l’ensemble de votre piquet?
Je suis très satisfait de ma tournée. Lors de la dernière semaine, Astings a gagné une épreuve (à 1,35m, ndlr)et a terminé deux fois deuxième (dans des épreuves à 1,40m). Généralement, elle prend le départ des épreuves de vitesse. Elle a douze ans et je l’ai à mes côtés depuis qu’elle en a sept. Dès le départ, j’ai eu un coup de cœur, elle répond toujours présente: si je vais en CSI 2*, elle peut courir le Grand Prix, parce qu’elle peut très bien sauter des parcours à 1,45m voire 1,50m. Lorsque je suis en compétition de niveau 4*, je l’engage dans des épreuves de vitesse, elle joue le jeu et est très compétitive. Elle a un caractère et un tempérament de lionne.
J’avais aussi une autre jument, Cyclade du Barbin (SF, Nabab de Rêve x Vas Y Donc Longane), qui a pris part à son premier Grand Prix 4* lors du premier week-end (le 13 février, ndlr). Elle a commis deux fautes mais a signé un sans-faute dans l’épreuve qualificative, le vendredi suivant. La dernière semaine, elle a gagné une épreuve à 1,45m. Cette jument était déjà à mes côtés cet hiver lors du CSI 4* de Rouen, sa première compétition dans un tel label. Elle avait terminé le Grand Prix à 1,55m sans faire tomber la moindre barre (avec un point de temps dépassé, ndlr). Le CSI 4* de Vejer était donc son deuxième concours d’envergure. Je suis très content d’elle, je la monte que depuis un an mais je la connais bien. Elle était montée par un voisin et ami, Étienne Bouchet, donc je la suis depuis qu’elle a quatre ans. Elle a toujours très bien sauté et a souvent été classée. C’est un vrai plaisir de la monter. De plus, j’ai un bon partenariat avec le propriétaire. Je ne sais pas jusqu’où elle ira, mais elle est très importante dans mon piquet de chevaux. Avec elle et Just Do It, j’ai deux très bons chevaux pour courir à haut niveau.
Je compte également des jeunes chevaux de huit ans prometteurs, dont Easy Star de Talma (SF, Quick Star x Opium de Talma), un étalon qui est vraiment un crack et Euphory des Forêts (SF, Ogano Sitte x Quaprice Bois Margot). Je les prépare tous deux pour la suite ; ils ont pris le départ d’épreuves à 1,45m dans lesquelles ils ont signé des parcours sans faute. Pour des chevaux de huit ans, une telle performance en début de saison est prometteuse. Le point positif est que je peux aller dans de beaux concours grâce à Just Do It emmener mes chevaux de huit ans pour envisager la suite, leur faire engranger un maximum d’expérience. Black Jack de St Paul (SF, Ensor van de Heffinck x Ultra de Rouhet) fait également partie de mon piquet de chevaux. C’est un étalon de onze ans que je monte depuis bientôt quatre ans, il appartient à un propriétaire et me permet aussi de courir des Grand Prix 3*.
“Nous avons souvent des œillères et sommes uniquement fixés sur les chevaux”, Pierre-Alain Mortier
Vous avez repris les compétitions l’an dernier après une longue pause à la suite d’une grave blessure aux adducteurs. Comment allez-vous actuellement?
J’ai complétement repris. Je suis parti trois semaines avec neuf chevaux, il fallait donc que je sois opérationnel. J’ai complétement changé mon système de travail. C’est peut-être marrant, mais je suis devenu sportif (rires)! Jusqu’à maintenant, je ne m’occupais pas trop de moi. Dans notre milieu, nous avons souvent des œillères et sommes uniquement fixés sur les chevaux. Désormais, j’ai de la préparation physique et je suis obligé si je veux continuer à monter le plus longtemps possible. Je vais à la salle de sport deux à trois fois par semaine, à cela s’ajoute de la préparation physique également. Chaque jour avant de monter, je fais un échauffement de quarante-cinq minutes, puis je termine avec des étirements durant une heure le soir, chose que malheureusement dans notre milieu, nous ne connaissons pas trop. Globalement, je suis devenu plus sportif!
Quel va être votre programme dans les semaines à venir?
Par la suite, je devais partir à Arezzo, mais j’ai la chance grâce à Sylvie Robert (directrice des événements équestres chez GL Events, ndlr) de pouvoir participer au Saut Hermès de Paris (du 18 au 20 mars, ndlr). Ensuite, la prochaine échéance qui est un peu incontournable pour tout le monde sera les championnats de France Master Pro de Fontainebleau. Puis, je retournerai dans de beaux concours avec Just Do It, toujours avec l’objectif de préparer la relève avec les chevaux de huit ans, afin qu’ils soient prêts l’année prochaine à être compétitif à haut niveau.
Quels sont vos objectifs sportifs pour cette année?
Je ne vais pas dire que je peux aller aux championnats du monde. L’objectif est plutôt d’être compétitif avec Just Do It, de pouvoir réintégrer les beaux concours et d’essayer de refaire un peu des compétitions 5*. Si on me demande de remettre la veste de l’équipe de France, pourquoi pas! Il y a deux ans, j’avais participé à plusieurs Coupes des nations, à Rabat, Calgary et Rome. Je me suis ensuite blessé et ai subi une opération, ce qui m’a écarté des terrains de compétitions durant près d’un an. Une fois revenu d’aplomb, mon cheval s’est blessé, pendant le CSI de Kronenberg, aux Pays-Bas l’année dernière.
Les Jeux olympiques de Paris sont-ils dans votre ligne de mire?
Je me lève tous les matins avec cette idée dans un coin de ma tête. C’est pour cela que je m’attèle fortement avec les deux chevaux de huit ans qui sont à mes côtés. Tout le monde recherche des chevaux avec de telles qualités. Je pense que ceux-ci pourront un jour avoir leur place au plus haut niveau. Si c’est avec moi, tant mieux, sinon tant pis pour moi, mais ce sont des chevaux de cette trempe-là.
Que pensez-vous du monde d’aujourd’hui, notamment de l’invasion des forces militaires russes en Ukraine?
Cela me fait peur, comme à tout le monde. Je suis dans le monde équestre mais je m’intéresse à beaucoup de choses. Compte-tenu de l’évolution du monde depuis quelques temps, cela ne m’étonne pas trop malheureusement