Au Grand Palais Éphémère, Kevin Staut et Cheppetta font jaillir l’étincelle tant attendue
Six ans après sa dernière victoire en Grand Prix CSI 5*, Kevin Staut a remporté celui du Saut Hermès, cet après-midi au Grand Palais Éphémère. En selle sur Cheppetta, le Normand a signé le plus rapide des quatre doubles sans-faute d’une épreuve exigeante, devançant les Suédois Henrik von Eckermann et Peder Fredricson, deux et troisième sur King Edward et Hansson WL. La fête fut belle, notamment pour le public, même si l’on gardera aussi en mémoire l’accident subi par Twentytwo des Biches, l’adorable jument du Suisse Bryan Balsiger.
Ce soir, avant de parler de sport, on a envie de croiser les doigts pour Twentytwo des Biches, qui s’est blessé l’antérieur droit lors de son dernier saut dans le Grand Prix CSI 5* du Saut Hermès, au Grand Palais Éphémère. De croire que les vétérinaires chevronnés qui l’ont prise en charge pourront la remettre sur pied. Et d’adresser au jeune Suisse Bryan Balsiger, ainsi qu’à sa propriétaire, Christiana Brechtbühl, sa groom, Mélusine Gubin-Miché, et tout l’entourage de cette merveilleuse jument nos meilleures pensées. Les blessures, des chevaux comme des humains, font malheureusement partie du sport. La responsabilité de toutes les parties prenantes de l’équitation est de tout faire pour en limiter les risques et les effets, ce qui fut incontestablement le cas cet après-midi.
Après quelques minutes d’interruption, ce Grand Prix a pu reprendre, donnant à voir quelques magnifiques parcours, dont celui de Kevin Staut et Cheppetta, qui ont finalement été les meilleurs aujourd’hui. Le parcours de l’Espagnol Santiago Varela Ullastres s’est avéré particulièrement technique, avec beaucoup de virages et des obstacles à aborder dans des angles compliqués, notamment le vertical 13, si bien que l’on a vu pas mal de couples hésiter dans cette dernière ligne, à l’image de la légende britannique John Whitaker, qui semblait parti pour un superbe sans-faute avec son Selle Français Unick du Francport. Côté français, trois paires ont réussi cette performance. On saluera aussi les très bons parcours à quatre points sur Grégory Cottard et Jeanne Sadran, battus respectivement sur le vertical 8 et l’oxer 9 avec Bibici et Vannan. On a compté deux fautes à Olivier Perreau et GL events Venizia d’Aiguilly, ainsi qu’à Roger-Yves Bost et Ballerine du Vilpion, qui doit continuer à s’aguerrir à ce niveau. Douze points pour Mathieu Billot et Lord de Muze, lauréats du Grand National de Marnes-la-Coquette dimanche dernier, dix-neuf pour Julia Dallamano, qui a eu du mal à lancer Varennes du Breuil dans cette épreuve, et vingt pour Pierre-Alain Mortier et Cyclade du Barbin. Enfin, après avoir chacun concédé quatre fautes, Simon Delestre et Titouan Schumacher ont tous deux abandonné avec les expérimentés Hermès Ryan des Hayettes, double vainqueur de ce Grand Prix, et Atome.
Les Suédois toujours aussi forts
Au barrage, douze couples se sont affrontés sur un parcours réduit encore plus tournicotant. Placé après une volte de 270°, l’oxer 7b, du triple réduit en double, a causé des misères à de nombreux prétendants, dont les deux premiers, le Suisse Martin Fuchs et le Néerlandais Willem Greve, cinq et neuvième sur le très vif Chaplin, vainqueur du Grand Prix Coupe du monde Longines de Lyon, et le puissant Grandorado TN. Même faute pour la Suédoise Angelica Augustsson Zanotelli et Kalinka van de Nachtegaele, huitièmes, ainsi que l’Allemand Marcus Ehning et Calanda 42, septièmes. Son compatriote Christian Ahlmann a lui parfaitement géré ses tournants, comme toujours, mais fauté sur le mur 3, antépénultième saut de ce barrage, associé au puissant Dominator 2000 Z, sixième.
Juste après lui, Peder Fredricson a signé le premier double sans-faute, impeccable en selle sur le plaisant Hansson WL, finalement troisième. Après le tour à huit points de l’Allemand Christian Kukuk et Checker 47, concédés sur le maudit 7b et le vertical 6, dernier obstacle du parcours, Kevin Staut a accompli le deuxième double clear round sur sa puissante et agile Cheppetta. À l’issue de cet exercice parfaitement mené, Normand a levé le poing au ciel et communié avec le public, tout acquis à sa cause. On le comprend, tant il attendait une performance de ce niveau pour se “relancer dans une dynamique de succès” à deux ans et quelques mois des Jeux olympiques de Paris. Toutefois, il restait de solides concurrents à venir. “J’étais persuadé que je finirais deuxième”, a plaisanté Kevin en conférence de presse.
Six ans que Kevin attendait ça
Ayant cherché à jouer placé, Julien Gonin a malheureusement fauté sur le vertical 8 avec la toute bonne Valou du Lys, dixième. Le 8 et le 7b sont tombés au passage de Julien Anquetin et Blood Diamond du Pont, auteurs d’un tour initial spectaculaire et quelque peu acrobatique, et finalement onzièmes. Dans la foulée, José Larocca a joué crânement sa chance et, comme souvent, l’exceptionnel Finn Lente, cheval de sa vie, a permis à l’Argentin de couper la ligne d’arrivée sans faute, mais dans un temps juste neuf dixièmes de seconde moins rapide que celui de Kevin, pour une chouette quatrième place. Il ne restait alors plus que le couple star formé par Henrik von Eckermann et King Edward, capables de tout gagner, quels que soient la piste et le parcours. Le Suédois semblait bien parti à mi-parcours, mais il n’a pas su demander à son crack de couvrir la seule ligne droite du tracé en sept foulées. À l’arrivée, il l’a payé cash, accusant une demi-seconde de retard.
La victoire a donc été pour Kevin Staut, qui n’avait plus gagné de Grand Prix CSI 5* depuis l’étape de Coupe du monde Longines de Bordeaux, même s’il s’était adjugé la finale du Top Ten Rolex IJRC en 2017 à Genève avec Rêveur de Hurtebise*HDC. Une victoire amplement méritée pour le pilier de l’équipe de France, absent des JO de Tokyo et de la prochaine finale de la Coupe du monde. Une victoire en forme d’étincelle, comme il l’a qualifiée lui-même, qui a ravi le cavalier, ses proches et tout l’entourage de Cheppetta, copropriété notamment de Vivaldi-Jumping et Virginie Coupérie-Eiffel. Et une victoire qui, on l’espère, en appelle d’autres.