À Vejer, Enrique Camiruaga a vécu le plus beau jour de sa vie de cavalier

Enrique Camiruaga s’est adjugé le Grand Prix CSI 4* final du Sunshine Tour, cet après-midi à Vejer de la Frontera. En selle sur l’excellent Vintage, l’Espagnol a signé le seul et unique sans-faute sur le parcours exigeant imaginé par l’Italien Uliano Vezzani. L’Espagnol Santiago Nuñez Riva et le Britannique James Wilson ont complété le podium sur Valentino de Hus et Imagine de Muze. Pénélope Leprevost s’est classée huitième avec Excalibur de la Tour Vidal*GFE.



Enrique Camiruaga et Vintage.

Enrique Camiruaga et Vintage.

© © Ahmed Al Maawali/Sunshine Tour

Dans un Grand Prix, quels que soient le niveau et l’endroit, on s’attend à un barrage, parce qu’il n’y a rien de tel que le galop accéléré des chevaux, les tracés au cordeau et les virages en épingle pour tenir en haleine un passionné de saut d’obstacles. Eh bien, aujourd’hui, il n’y en a pas eu dans le Grand Prix CSI 4* de Vejer de la Frontera, où le Sunshine Tour a baissé le rideau après sept intenses semaines de compétition. Le parcours imaginé par Uliano Vezzani, qui a pu travailler ici sur une pelouse absolument impeccable et avec un parc d’obstacles particulièrement soigné, était très intéressant. Trop ambitieux pour un Grand Prix CSI 4*? Peut-être. Trop dur pour les chevaux et cavaliers pas encore repartis en Europe du Nord? Sans doute. Au sortir de cette épreuve, le maestro italien, droit dans ses bottes, n’a pas exprimé le moindre regret. “Si je devais le refaire, je ne changerais absolument rien. Il y a eu des fautes un peu partout, les chevaux ne sont pas sortis de cette épreuve en tirant la langue. Les cavaliers n’ont pas eu à se battre avec le temps imparti, ce que je n’aurais pas aimé voir et qui est normal vu la technicité de ce parcours. Les fautes sont venues des distances, que les cavaliers devaient gérer. Je pense que ce fut un bon test pour eux.”

Si il n’y a pas eu de barrage, c’est parce qu’un couple s’est détaché du lot, au mérite d’un impeccable sans-faute… le seul! Ce couple, c’est un homme, Enrique Camiruaga, cavalier de trente-sept ans installé près de Ségovie, à quatre-vingt-dix kilomètres au nord-ouest de Madrid, réputé en Espagne pour être un excellent formateur de jeunes chevaux. Il disputait là son vingt et unième Grand Prix international, mais le troisième seulement de niveau 4*. Ce couple, c’est un aussi cheval, Vintage, hongre Holsteiner de onze ans par Verdi TN et une mère par Acodetto I, provenant d’une souche ayant notamment donné Campino 103, sélectionné aux championnats d’Europe de 2005 à San Patrignano avec l’Israélien Elad Yaniv et performant en Grands Prix CSIO et Coupe du monde avec l’Américain Peter Wylde. Classée onzième de son premier Grand Prix CSI 4* en février 2021, déjà à Vejer, la paire avait concédé seize points lors de sa deuxième tentative à ce niveau, il y a cinq semaines. Dans le monde des courses, on appelle ça une très grosse cote!

Partis les quarante-septièmes dans cette épreuve ouverte aux cinquante meilleurs couples du Big Tour de ce dernier CSI 4* andalou, Enrique et Vintage ont montré que le sans-faute était possible, ce dont on ne doutait pas vraiment, compte tenu des parcours de quelques stars. On retiendra notamment celui de Pedro Veniss, pénalisé de quatre points sur le vertical 4, relativement anodin, avec Nimrod de Muze, septième, excellent cheval qui avait gagné un Grand Prix de ce niveau ici même il y a quatre semaines et sur lequel le Brésilien mise pleinement pour les Jeux olympiques de Paris. Malgré des tentatives menées en coulisses, Nimrod, propriété de la famille Fillatre, que l’on avait découvert sous la selle de Laurent Goffinet, ne reviendra pas en France et restera dans les écuries de Pedro, qui entend bien en faire le successeur de l’inoubliable Quabri de l’Isle.



Pénélope Leprevost et Excalibur de la Tour Vidal tout près d’un barrage

Après le passage des héros du jour, il restait trois candidats pour un potentiel barrage. Et à vrai dire, on comptait surtout sur Pénélope Leprevost et Excalibur de la Tour Vidal*GFE, vainqueurs d’un Grand Prix CSI 4* ici même il y a quinze jours. La Normande et son étalon se sont promenés sur ce parcours, suscitant l’admiration des quelques centaines de personnes massées autour d’une piste balayée par les bourrasques. La tenue d’un barrage semblait donc assurée… jusqu’à la faute concédée sur le tout dernier oxer, presque banal par rapport aux barres de Spa et à l’étroit vertical placés en 11 et 12. Dommage pour le spectacle, mais l’essentiel est ailleurs pour la cavalière. Comme le disait ce midi Émeric George, “un couple capable de performer dans une telle épreuve peut envisager le CSIO 5* de La Baule sans problème”. Cela tombe bien pour Pénélope, qui a justement fait de l’Officiel de France, comme toujours ou presque, son premier grand objectif de la saison avec le puissant gris, finalement huitième cet après-midi.

Saluons la très belle deuxième place d’un autre Espagnol, Santiago Nuñez Riva, parti juste avant Enrique Camiruaga, sur Valentino de Hus, un Z né en France et importé jeune en Espagne. Saluons aussi les trois, quatre et sixième places des Britanniques James Wilson, Holly Smith et Ellen Whitaker avec Imagine de Muze, Fruselli et Spacecake, également pénalisés de quatre points, tout comme la Norvégienne Marie Longem, tout à fait satisfaite de sa cinquième place avec Écho de Virton. Pénélope n’était pas la seule Française en piste. Ainsi, on a compté douze points pour Emeric George et Diesel GP du Bois Madame, battus sur les verticaux 7 et 9a, qui ouvrait le triple, et 12, et vingt-quatre points pour Pauline Broucqsault, qui poursuit son apprentissage du haut niveau, sur Crack de la Bonn.

Outre ce Grand Prix, doté de 150.000 euros, deux autres épreuves comptant pour le classement mondial Longines des cavaliers se sont tenues aujourd’hui à Vejer. Sur la grande piste en herbe située en contrebas du cœur du parc équestre de Dehesa Montenmedio, définitivement démesuré, Pedro Veniss a gagné une épreuve un barrage cotée à 1,50 m sur Böckmann’s Lord Pezi Junior, son autre cheval de tête. Au terme d’un barrage ayant opposé treize couples, le Brésilien s’est imposé de trois dixièmes de secondes devant l’Allemande Laura Klaphake, excellente avec Davenport VDL, parmi d’autres chevaux qu’elle est venue présenter pour le compte du magnat allemand Paul Schockemöhle, et d’un peu plus d’une demi-seconde devant l’Espagnol Eduardo Alvarez Áznar, troisième avec Full Option van’t Zand. Dans cette épreuve, Pénélope Leprevost s’est classée treizième avec Texas, pénalisé de vingt-huit points au barrage en raison d’une incompréhension. Pour la France toujours, Guy Jonquères d’Oriola a lâché un point au tour initial avec Aristo du Loir. Quatre pour Emeric George et Chopin des Hayettes, et vingt-huit pour Guillaume Foutrier sur Corneska de la Falize.

Enfin, Mariana Frauches Chaves s’est adjugé le Grand Prix à 1,45m du Small Tour, comparable à une épreuve majeure de niveau CSI 2*. Associée à Emerette, l’ancienne partenaire de Michel Robert, la Brésilienne a tenu en respect l’Espagnole Ibone Ibáñez Aldecoa, deuxième avec Bambino d’Assemont, et l’Irlandais Ivan Dalton, troisième avec Ex Ranger HH. Dans cette épreuve, la Française Virginie Echternach Jaubert s’est classée douzième sur Night Girl van de Heffinck.

Les résultats du Grand Prix à 1,55m
Les résultats de l'épreuve un barrage à 1,50m
Les résultats du Grand Prix à 1,45m du Small Tour



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