Stéphanie et Sandra Hennequin livrent leur version des faits concernant les vidéos polémiques
Samedi soir, une vidéo publiée sur Facebook a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Les images montrent un cheval à terre, frappé à l’aide d’une chambrière. Dès dimanche matin, la Fédération française d’équitation a réagi en faisant savoir que “le comité d’éthique et de déontologie de la FFE s’est saisi de ce cas pour lequel il se réunira dans les prochains jours”. Stéphanie et Sandra Hennequin ont accepté de livrer leur version des faits.
La publication originale a été partagée plus de dix mille fois. Samedi soir à 19h18, un post Facebook incluant deux vidéos et ciblant l’écurie de Stéphanie Hennequin, une cavalière professionnelle installée à Montrequienne, dans la Moselle, a fait grand bruit. Les images montrent trois personnes: Stéphanie Hennequin, son groom, et sa sœur Sandra autour d’un cheval visiblement allongé. Les deux femmes sont munies de chambrières et un quatrième individu les observe. L’internaute à l’origine de la publication déplorait le fait que Stéphanie Hennequin “frappe un poulain qui a peur de monter dans un camion”.
Jointe par téléphone lundi soir, Stéphanie Hennequin a accepté de livrer sa version des faits. “Il s’agit d’un poulain de deux ans qui devait monter dans le camion pour partir en pâture. Il fait partie d’un groupe de six poulains, dont certains étaient déjà montés”, débute celle qui avait participé à son premier CSI 4* en novembre, à Rouen. “Ceux avant lui avaient très bien embarqué, mais lui a trébuché ou glissé sur le pont au moment de monter. Il a perdu l’équilibre et est tombé sur les barrières que nous avions placées pour les encadrer, étant donné leur jeune âge. Il les a cassées, a chuté et ne s’est pas relevé, comme l’aurait fait n’importe quel cheval par réflexe. Il était alerte mais restait couché”, poursuit la championne de France des cavalières 2010.
“Je m’en veux de ne pas avoir dit à ma sœur d’arrêter immédiatement”, Stéphanie Hennequin
Si la publication originale ciblait Stéphanie Hennequin – en pantalon rouge sur les images –, c’est en réalité sa sœur Sandra qui lui a donné les coups de chambrière. Des faits dont elle endosse l’entière responsabilité. “Je ne conteste rien, je suis responsable des coups de chambrières donnés au poulain que l’on voit sur la vidéo. Je ne nie pas les faits, j’ai bien tapé sur sa croupe. J’ai agi en dernier recours, après une ou deux minutes à le voir à terre”, déclare la cavalière et éleveuse amateur, qui aide sa sœur le samedi. “N’ayant pas le sang-froid dont un professionnel aurait peut-être su faire preuve dans de telles circonstances, j’ai cédé à la panique. Si les images avaient montré l’intégralité de ce qui s’est passé, on aurait vu que je lui ai manipulé les postérieurs afin de vérifier qu’il pouvait bouger. Ma seule intention était que le poulain se remette sur pied, pas de lui faire mal. Je n’avais jamais fait face à une telle situation. Et quoi qu’il en soit, ma sœur, violemment et injustement prise à partie sur les réseaux sociaux, n’a rien à se reprocher”, ajoute-t-elle. “Je n’ai commis aucun acte violent ou maltraitant”, confirme Stéphanie Hennequin. “Sur les vidéos, on me voit frapper le sol avec la chambrière. Je m’en veux de ne pas avoir dit à ma sœur d’arrêter immédiatement, mais elle n’a pas voulu mal faire.”
Afin de prouver sa bonne foi, Stéphanie Hennequin ajoute que le poulain en question s’est relevé et se porte bien. “Nous l’avons fait examiner par une vétérinaire. Elle a constaté qu’il était en parfaite forme, sans la moindre blessure”, soutient la cavalière de trente-six ans. Un certificat vétérinaire, daté du 27 mars et dont GRANDPRIX a pris connaissance, précise que “l’examen général ne présente pas d’anomalie […], tous les paramètres vitaux étant dans les normes”. Par ailleurs, il est mentionné que le poulain en question a été présenté au parc, “avec ses congénères”, et qu’il ne présente “aucune atteinte cutanée”.
“J’aurais moi-même été choquée par les images si je n’avais pas vécu la scène”, Stéphanie Hennequin
À plusieurs reprises, Stéphanie Hennequin a affirmé regretter les faits, “d’autant que j’ai toujours prôné le bien-être animal. J’essaie de faire le maximum pour que mes chevaux se sentent bien. Nous n’utilisons jamais de cravache aux écuries, tout est vraiment fondé sur un système de récompense. Désormais, je ne vais plus pouvoir le faire valoir, car même si je me justifie, beaucoup de gens se sont fait une opinion complètement négative à la vue des vidéos. […] Sans connaître tous les tenants et la panique qui a pris le dessus, je comprends parfaitement que cela puisse choquer. J’aurais moi-même été choquée si je n’avais pas vécu la scène.”
Depuis la diffusion des images, Stéphanie Hennequin est dans l’œil d’un cyclone de réactions sur les réseaux sociaux. “C’est très difficile, mais j’assume, car on ne peut pas revenir en arrière. Nous devons affronter un lynchage médiatique. C’est vraiment dur car nous devons faire face à des menaces de mort et d’agressions… Ce n’est pas si simple à vivre mais nous devons assumer nos actes. Je ne veux pas blâmer les personnes qui réagissent car les vidéos sont dures. On ne peut rien faire pour changer l’idée que les gens se sont faite. Les internautes qui ont une opinion négative l’auront toujours et ceux qui me connaissent savent qu’il ne s’agit pas du tout de mes valeurs. Je pense que la seule manière d’agir et de ne pas sombrer moralement est d’assumer”, précise-t-elle, ajoutant avoir reçu des soutiens de pairs. “Les professionnels de la filière m’ont envoyé beaucoup de messages de soutien. À ce jour, nos propriétaires sont aussi derrière nous, y compris ceux du cheval concerné, ce qui nous permet de tenir le coup”, déclare la cavalière.
Sandra Hennequin dit s’en vouloir car les répercussions pour sa sœur sont nombreuses. “Je regrette ce geste car les conséquences sont catastrophiques pour l’image de ma sœur, qui a été beaucoup plus mise en avant et nommée dans les publications, alors même que les faits reprochés ne la concernent pas directement. Je connais ma sœur et ses méthodes, elle est très respectueuse des chevaux. S’il doit il y avoir des poursuites, j’assumerai. […] J’estime que ma sœur n’a pas à subir tout cela. Il y a quand même des appels au viol, au tabassage, ou même au meurtre à son encontre…”, regrette-t-elle.
Une réaction de la FFE sans délai
Dimanche, la Fédération française d’équitation (FFE) s’est exprimée à ce sujet dans une publication relayée sur les réseaux sociaux. “Interpellé par la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant une personne frapper un équidé, visiblement à terre au pied du pont d’un camion de transport de chevaux, le comité d’éthique et de déontologie de la FFE s’est saisi de ce cas pour lequel il se réunira dans les prochains jours”, indique le communiqué. “Sans préjuger du contexte de cet incident et des suites qui y seront données, la FFE rappelle qu’elle condamne tout acte de maltraitance à l’égard des équidés et encourage au quotidien les pratiques respectueuses de leur bien-être”, a ajouté l’entité.
Depuis, Stéphanie Hennequin a été contactée afin de décrire en détail ce qu’il s’est déroulé. “La FFE a demandé une explication des faits afin de comprendre le contexte, qui a été à l’origine de cet acte. Je ne sais pas ce qui va advenir”, fait savoir la Mosellane. Contactée aujourd’hui, la FFE a fait savoir que son “comité d’éthique et de déontologie est en train d’examiner les informations qui lui ont été transmises dans le cadre de ce dossier”.