“Je pense que Dalera m’aime et qu’elle apprécie la vie qu’elle mène”, Jessica von Bredow-Werndl

Avec deux médailles d’or olympiques et trois médailles d’or européennes récoltées au cours des huit derniers mois, Jessica von Bredow-Werndl est la grande favorite pour la finale de la Coupe du monde de dressage, dont le coup d’envoi sera donné jeudi soir à Leipzig. Face à son public, l’Allemande qui attend son deuxième enfant sera bien sûr associée à sa formidable TSF Dalera BB, invaincue depuis juin, et qui participera à sa première finale du circuit indoor.



De retour du CDI 3* d’Ornago, où elle a mené le hongre de treize ans, Ferdinand BB (Han, Florencio 2 x Lanciano) à la victoire dans le Grand Prix et dans la Reprise Libre en Musique, Jessica von Bredow-Werndl a évoqué pour la Fédération équestre internationale (FEI) son ascension vers le haut niveau, et ses projets d’avenir. 

Malgré sa domination incontestée de la discipline depuis plusieurs mois, l’amazone de trente-six ans ne s’avance jamais quant à l’issue d’une compétition. “Bien sûr, il faut avoir une vision claire et se fixer des objectifs, mais au cours des vingt dernières années, il y a eu des moments où je ne croyais plus en moi. Cependant, j’ai toujours essayé de me dépasser, je me suis accrochée à mes rêves et j’ai espéré que les occasions se présentent”, déclare la cavalière installée à Aubenhausen, dans le sud de l’Allemagne. Elle affirme par ailleurs qu’il est primordial “d’arrêter d’essayer d’être quelqu’un d’autre”

À l’âge de dix-neuf ans, Jessica von Bredow-Werndl avait déjà brillé aux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers, mais au début de la vingtaine, celle-ci a connu des contre-performances. “J’ai connu des années difficiles, avec pratiquement aucune victoire à la clé. J’avais été plusieurs fois championne Juniors et Jeunes Cavaliers, je rêvais donc d’en faire autant au niveau Seniors. Mais, pendant plus de cinq ans, cela ne s’est pas produit”, confie la numéro un mondial avec sa fidèle TSF Dalera BB (Trak, Easy Game x Handryk). Lorsqu’elle a décidé de faire à sa façon, l’amazone a vu du changement. “J’ai arrêté d’essayer d’imiter les autres cavaliers et j’ai commencé à me concentrer sur ma propre façon de faire les choses, comme j’ai toujours aimé le faire. Mes chevaux ont ainsi pu s’épanouir davantage et je ne veux plus jamais perdre cet enthousiasme!”, explique l’Allemande.



Une rencontre déterminante

Jessica von Bredow-Werndl se dit “très chanceuse” que Béatrice Bürchler-Keller lui ait confiée Unee BB (KWPN, I.P.S. Gribaldi x Dageraad), en 2012. Pour cause, ce cheval a bouleversé sa vie. En 2015, la paire a fait partie de l’équipe médaillée de bronze aux championnats d’Europe à Aix-la-Chapelle et a terminé à trois reprises troisième en finales de Coupe du monde ; à Las Vegas en 2015, à Göteborg en 2016 et à Paris en 2018. “Unee a été l’un des maîtres d’école les plus importants pour moi”, déclare Jessica. “Il était quasiment prêt pour le Grand Prix quand je l’ai eu et je voulais vraiment établir une complicité. Cependant, j’ai dû modifier mes habitudes. J’ai toujours grandi avec les chevaux que j’ai montés. Unee savait déjà ce qu’il faisait. J’ai donc dû le comprendre avant que nous puissions tous les deux parler un langage commun. J’ai compris qu’il ne s’agit pas seulement d’exiger qu’un cheval obéisse à ce qu’on attend de lui ; il faut faire ce qui est le mieux pour chacun. Chaque cavalier doit s’adapter au mieux”, ajoute l’amazone. 

Au cours de sa carrière sportive, Jessica von Bredow-Werndl a travaillé avec de nombreux entraîneurs de haut niveau, dont Paul Elzenbaumer, “un homme très patient, aimant et calme”, puis Stefan Münch, sa compatriote Isabell Werth, qui défendra son titre lors de la finale avec Weihegold, puis Jonny Hilberath, Morten Thomsen, Andreas Hausberger et Monica Theodorescu. “Cependant, j’ai toujours mes propres idées, et je compte aussi sur mon frère Benni (Benjamin Werndl, ndlr) qui est très important pour moi. Nous avons pour objectif de représenter l’équipe allemande ensemble un jour!”, souligne la cavalière invaincue depuis juillet 2021 avec sa fidèle TSF Dalera BB.

Désormais, la carrière de l’Allemande tourne bien sûr autour de la performante TSF Dalera BB, âgée de quinze ans, et qu’elle monte depuis qu’elle a huit ans. “C’est lorsque nous avons remporté la finale Louisdor à Francfort que j’ai réalisé qu’elle pouvait être très spéciale. Puis, lorsqu’elle a terminé troisième de la Reprise Libre en Musique en 2019 (aux championnats d’Europe de Rotterdam, ndlr), j’ai réalisé que tout était possible avec elle. Deux ans plus tard, (aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 et aux Championnats d’Europe de dressage, à Hagen, ndlr), nous l’avons prouvé!”, a expliqué la double championne olympique et triple championne d’Europe. De plus, l’amazone allemande pense que Dalera peut encore s’améliorer. “Elle peut en donner encore plus. Lorsque je rentre sur le rectangle, je sais qu’elle va toujours donner le meilleur d’elle-même. Je pense qu’elle m’aime et qu’elle apprécie la vie qu’elle mène. Elle adore voyager et c’est une vraie showgirl! Mais, nous aimons autant galoper dans la forêt que concourir. Elle en est reconnaissante, et moi aussi”, a-t-elle ajouté.

 

Jessica von Bredow-Werndl et sa fidèle TSF Dalera BB

Jessica von Bredow-Werndl et sa fidèle TSF Dalera BB

© Łukasz Kowalski/FEI



Plus qu’une cavalière, une femme aux multiples talents

Jessica von Bredow-Werndl est une femme aux multiples talents. Pendant le confinement, elle a écrit un livre, “Heaven on Horseback”, sur sa vie, les obstacles qu’elle a franchis, son inspiration et sa positivité. Elle travaille actuellement sur une deuxième publication, un livre pour enfants dans lequel elle se confie sur le jour où son existence aurait pu basculer, lorsqu’elle a failli se noyer, ce qui a changé sa vision de la vie. Elle souhaite que ce livre soit “une belle histoire, avec beaucoup d’enseignements”. Moritz, son fils de cinq ans, devra par ailleurs un peu attendre, car l’ouvrage s’adresse aux enfants de plus de dix ans. L’arrivée d’un autre bébé, prévue pour le mois d’août, ne permettra pas à Jessica von Bredow-Werndl de prétendre au titre de championne du monde. “Je vais devoir gérer ma vie encore mieux. Il est très important de trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée”, dit-elle. Cependant, elle a l’intention de revenir sur les terrains de compétition aussi vite que possible après l’arrivée de son deuxième enfant. “J’étais en compétition quatre semaines après avoir donné naissance à mon premier fils, alors j’espère pouvoir recommencer!”

Pour l’instant, la finale de la Coupe du monde de dressage a toute son attention. Pour Dalera, la préparation sera très simple, “rien de spécial, il suffit de la garder motivée, en bonne santé et heureuse. Nous irons nous promener dans la forêt et, si le temps le permet, nous en profiterons pour aller sur les pistes de galop”, explique-t-elle. Quant à sa propre préparation, il s’agira de se concentrer sur elle-même. “Parfois, nous devons nous rappeler pourquoi nous pratiquons ce sport: parce que nous aimons les chevaux. Beaucoup de gens se concentrent trop sur le résultat plutôt que sur les moyens d’y parvenir”, conclut Jessica von Bredow-Werndl.