“Je me dois quotidiennement de montrer l’exemple, et cela fait progresser”, Maxime Livio

Le week-end dernier, Maxime Livio était engagé avec quatre montures dans les épreuves internationales de Saumur Complet. Le médaillé de bronze des Jeux équestres mondiaux de Tryon a notamment profité du CCI 3*-S pour préparer Api du Libaire en vue des échéances à venir, et du CCI 4*-L pour aguerrir un peu plus Carouzo Bois Marotin. Entre une reconnaissance avec l’équipe de Thaïlande et l’inspection des chevaux, le Français a accepté de se livrer sur ses objectifs et ses divers projets, dimanche, quelques heures avant de s’élancer sur le cross du 3* et sur le concours hippique du label supérieur.



Ce week-end, vous disputez le CCI 3*-S avec Api du Libaire (SF, Fusain du Defey x Trésor de Cheux), qui vous avait permis de terminer sixième des championnats d'Europe d'Avenche l'an passé. Êtes-vous satisfait de sa reprise de dressage, qui vous a valu 26,1 pénalités, et de son sans-faute sur les barres?

Oui, tout à fait. Il devait démarrer (sa saison de concours complet, ndlr) en Allemagne il y a deux semaines dans le même label (à Kreuth, où le couple n’a disputé que le test de dressage, ndlr), mais compte tenu des intempéries, le cross n’était vraiment pas courable pour une remise en route. Je suis venu ici car le premier objectif d’Api cette saison est la Coupe des nations de Pratoni del Vivaro (qui se déroulera sous le format d’un CCI 4*-S, ndlr) dans deux semaines, et je voulais donc ressauter sur l’herbe et faire mes réglages avant. Je suis assez content car il y a encore des choses à améliorer mais nous sommes sur un bon niveau de préparation.

Le CCIO 4*-S de Pratoni del Vivaro sera une répétition générale avant les championnats du monde programmés au même endroit du 15 au 18 septembre. Quelles sont les informations que ce test event devrait vous apporter?

Cela fait deux ou trois ans que je cours là-bas régulièrement et le staff de l’équipe de France connaît très bien le terrain puisque cela fait des années que des concours de très haut niveau sont organisés là-bas. Nous savons que c’est un terrain très vallonné, donc très exigeant, mais de très bonne qualité au niveau du sol. Normalement, il y a pas mal de travaux prévus sur les infrastructures et notamment sur les carrières de saut d’obstacles et d’entraînement, donc nous voudrions voir ces changements pour pouvoir avoir l’impression de connaître l’endroit lorsque nous nous y rendrons en septembre.

Après ses très bons championnats d’Europe en septembre, Api du Libaire n’est ressorti en compétition qu’en mars dans une épreuve de saut d’obstacles à 1,10m. Quels ont été vos principaux axes de travail avec lui durant sa pause hivernale?

Nous avons principalement travaillé sur le plat. Api a eu une bonne pause pour récupérer de sa bonne saison, et après cela, nous avons refait tout un travail sur les fondamentaux de dressage avant de le remettre en condition. Une fois qu’il a repris de la condition, nous avons recommencé à travailler la mécanique du saut. Cela a vraiment été fait en plusieurs étapes étant donné que nous avions du temps pour décomposer les choses.

Si tout se passe bien lors de vos prochaines sorties, vous ferez partie des couples favoris pour intégrer l’équipe de France lors des Mondiaux en septembre. Quel devrait-être le programme d’Api jusque-là?

Normalement, je souhaite l’emmener aux championnats de France à Vittel (du 16 au 19 juin, ndlr), et après, il devrait aller disputer la Coupe des nations du haras du Pin (du 10 au 14 août, ndlr), où Thierry (Touzaint, le sélectionneur national, ndlr) voudrait revoir tous les couples susceptibles d’aller aux championnats du monde. Concernant ce concours, je ne sais pas encore si je l’engagerai dans le CCI 3*-L ou dans le CCI 4*-S, car c’est un cheval à qui cela fait du bien de redescendre un peu de niveau régulièrement. Cela lui permet de ne pas trop monter en pression. Nous discuterons de cela plus tard, après les deux objectifs importants que sont la Coupe des nations de Pratoni del Vivaro et les championnats de France de Vittel, deux rendez-vous où Api peut exceller.



“J’aimerais bien préparer Carouzo Bois Marotin pour disputer le CCI 5*-L de Pau”

Maxime Livo et Carouzo Bois Marotin ont réalisé un maxi sur le cross du CCI 4*-L de Saumur.

Maxime Livo et Carouzo Bois Marotin ont réalisé un maxi sur le cross du CCI 4*-L de Saumur.

© Pauline Chevalier

Vous disputez le CCI 4*-L organisé ici aux rênes de Carouzo Bois Marotin (SF, Kannan x Flipper d’Elle), qui est désormais âgé de dix ans. Quelles sont vos attentes avec lui ?

Carouzo est allé à Pratoni del Vivaro l’année dernière pour disputer son premier CCI 4*-L, dont il a terminé second face à une concurrence un peu moins importante que celle présente ici. Je voulais le remettre sur ce niveau-là afin qu’il confirme ses aptitudes pour le très haut niveau. Hier, il m’a régalé sur le cross. Il s’est promené et m’a donné le sentiment qu’il pourrait disputer des épreuves plus difficiles dès cette année. Maintenant, il faut qu’il saute bien aujourd’hui (le couple a finalement conclu son test de saut d’obstacles avec quatre points, ndlr). C’est un très bon sauteur, mais lorsqu’il s’inquiète, je peux avoir du mal à le gérer, donc cela va être intéressant de voir comment il réagit.

Il y a quelques mois, vous disiez que l’échéance des championnats du monde serait sans doute trop prématurée pour lui. Quels sont donc vos objectifs avec Carouzo cette saison ?

Après ce CCI 4*-L, il sera qualifié pour disputer des CCI 5*-L et il est dans le Groupe 1 (de la Fédération française d’équitation, ndlr), donc il pourrait faire partie de l’équipe de France même si je pense que c’est encore un petit peu tôt. Par contre, j’aimerais bien le préparer pour disputer le CCI 5*-L de Pau en fin d’année si tout va bien.

Ces dernières semaines, vous avez présenté en compétition un certain nombre de chevaux de huit ans ainsi que d’autres encore plus jeunes. Parmi eux, lesquels vous semblent les plus prometteurs ?

Cela fait quelques années que nous travaillons dans le but d’avoir une vraie bonne génération de chevaux en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. Je suis dans les dernières marches pour le haut niveau avec eux, donc ce sont tous des chevaux très intéressants. Elvis (de Hus, Z, Eldorado de Hus x Locato, ndlr) a disputé son premier CCI 4*-S en Pologne (à Strzegom, ndlr) la semaine dernière et a terminé deuxième. J’ai Dragon (de Hus, SF, Con Air x Locato, ndlr) qui sera en 4* en fin de saison ainsi qu’un cheval de huit ans, Enjoy (de Keroue, SF, Paddock du Plessis*HN x Socrate de Chivré, ndlr), qui est vraiment très prometteur et a tout gagné à sept ans (le mâle s’est adjugé le CCI 3*-S d’Avenches, ndlr). Je ne veux pas que ces chevaux soient prêts trop tôt mais plutôt en 2023, et surtout en 2024, donc j’essaie d’être très modeste et prudent dans le chemin que j’emprunte pour les amener à haut niveau. Le but est de ne pas les griller trop tôt, mais de bien les durcir et les construire. En tout cas, j’ai la chance d’avoir de très bons chevaux, dont font aussi partie les deux sept ans que je monte ici (Q-Fine Art Bois Margot, Z, Quantum x L’Arc de Triomphe*Bois Margot et Feliz Am’Or, SF, Yarlands Summer Song x Rheingold de Luyne, qui ont terminé treizième et soixante-quatrième du CCI 2*-L, ndlr). 



“Les bons chevaux se font de plus en plus rares”

Certaines de ces montures font partie du projet French Eventing Horses, lancé en 2019 et incarnant à la fois l’activité commerciale de votre écurie et un fonds d’investissement. Combien de chevaux regroupe-t-il actuellement? En quoi un tel projet est-il selon vous bénéfique pour la carrière d’un cavalier de haut niveau?

Nous avons actuellement six chevaux dans ce projet, mais l’effectif varie entre trois et sept en fonction des périodes et des ventes. Nous allons refaire une série de levées de fonds cette année pour essayer de passer à dix ou douze montures car c’est un projet qui fonctionne bien. Le plus difficile est de trouver de bons chevaux car ils se font de plus en plus rares. Nous avons vraiment de la chance d’avoir monté ce projet, qui est pour moi vraiment un système d’avenir. Cela permet d’avoir toujours de la trésorerie pour acheter des chevaux, mais aussi d’être en mesure de répondre à la demande des clients qui est de plus en plus importante. Ce projet me procure également un réservoir de chevaux pour moi, que j’ai le temps de voir évoluer, d’essayer et éventuellement de garder.

En parallèle, vous encadrez également un grand nombre de cavaliers, qu’il s’agisse de l’équipe nationale de Thaïlande ou d’autres élèves au sein de votre Saumur Equestrian Academy. Vous épanouissez-vous dans cette activité?

J’ai eu la chance d’avoir des entraîneurs formidables durant toute ma carrière et cela me fait très plaisir aujourd’hui de pouvoir essayer d’être ce genre de personnes pour des jeunes qui ambitionnent de performer dans notre sport. En plus, cela me permet de ne jamais monter tout seul dans ma carrière. Il y a toujours un élève qui regarde, les Thaïlandais sont là aussi, donc je me dois quotidiennement de montrer l’exemple, et cela fait progresser.