“Le Jumping de La Baule n’est pas un ‘concours paillettes’, son ADN est le sport”, Pierre de Brissac
Il y a bientôt dix jours, l’édition 2022 du Jumping international de La Baule s’est conclue avec la victoire surprise de la Canadienne Beth Underhill sur Dieu Merci van T&L dans le Grand Prix Rolex. Le point final d’une édition réussie de l’Officiel de France, qui a connu quelques changements cette année. Président de la Société des concours hippiques (SCH) de La Baule depuis août 2020, Pierre de Brissac dresse le bilan de l'édition 2022 et évoque les évolutions à venir, dont le changement de date prévu l’an prochain.
Quel bilan tirez-vous de l'édition 2022 du Jumping international de La Baule?
Le bilan global est très satisfaisant parce que le plateau de cavaliers a été excellent et que le public et les partenaires ont été au rendez-vous. Nous avons accueilli un peu plus de 50.000 personnes en quatre jours et avons joué à “guichets fermés” du vendredi au dimanche.
Quid les résultats sportifs?
Ils m’ont comblé. Les meilleurs cavaliers au monde ont fait le déplacement. J’avais fait le choix d’inviter le Canada car je trouvais qu’Éric Lamaze méritait de revenir à La Baule avec son équipe. Et quelle réussite avec la victoire de Beth Underhill dans le Grand Prix Rolex de la Ville de La Baule (et une troisième place dans la Coupe des nations, derrière la France, ndlr). Il s’agissait d’un joli clin d’œil à Éric, double lauréat du Grand Prix, et à Beth, une cavalière que nous n’attendions pas forcément sur la plus haute marche du podium. J’ai aussi été particulièrement touché par la performance de Pierre-Marie Friant, le régional de l’étape. Je milite beaucoup pour intégrer des cavaliers de Loire-Atlantique, et il se trouve que le Grand Prix a été un véritable festival pour lui. Il est monté sur la troisième marche du podium (associé à Urdy d’Astrée, ndlr) ex æquo (avec le Belge Grégory Wathelet et son gris Nevados S, lauréats du Grand Prix CSI 5* de Windsor dimanche, ndlr). Cela m’a rendu particulièrement heureux et l’ambiance générale a été excellente. L’Officiel de France est un ensemble que nous devons maintenir.
Au-delà du changement de partenaire titre et d’horloger, le mot d’ordre semble avoir été la continuité. Était-ce un souhait de la part de l’équipe organisatrice?
L’identité graphique est nouvelle, avec un logo et une charte associée. Nous avons beaucoup investi et travaillé pour ne pas livrer un copier-coller par rapport aux éditions précédentes. J’utilise l’expression de “changement dans la continuité”, qui me semble bien convenir à cette édition 2022. Cela s’est inscrit dans la conservation des formats d’épreuves avec la Coupe des nations, le Derby puis le Grand Prix. Je citerai également la nomination comme chef de piste de Grégory Bodo, qui était jusqu’alors aux côtés de Frédéric Cottier, lui-même devenu directeur sportif. Le plus important pour nous était de montrer que nous ne proposions pas une copie. Tout en conservant les épreuves qui ont fait le succès de notre événement, nous avons voulu nous réinventer. C'est important, car il ne suffit pas de remplacer une publicité par une autre. Nous avons donc repensé le village, la charte graphique et nos espaces d’hospitalité. Nous voulions perpétuer un concours familial, mais aussi montrer aux participants et au public que nous étions montés en gamme. Par exemple, tout le stade François-André a été refait cet hiver. Il y a eu une nouvelle façon de voir le sport avec ce nouveau partenaire Rolex, ainsi que tous les autres. Cette année, tous les autres partenaires ont augmenté leur participation, dont la Saur. J’ai tendance à dire qu’il faut que les ascenseurs montent en même temps, tant au niveau des infrastructures que des partenaires. Cet ensemble permet à l’Officiel de France de progresser encore et de s’inscrire dans l’avenir, au moins jusqu’à 2026.
“Il est important de montrer que l’Officiel de France a une âme”
Quelles sont les meilleures réussites de ce cru? Qu’auriez-vous aimé réussir un peu mieux en 2022?
La transformation d’avant à aujourd’hui a été réussie; il fallait que celle-ci se déroule en douceur, tout en voyant que le concours se réinventait. Je parle de réussite dans la mesure où les gens ont vu quelques détails discrets à l'instar de l’arche à l’entrée. Nous tenions à conserver une certaine sobriété. L’Officiel de France n’est pas un ‘concours paillettes’, son ADN est le sport. D’après les retours des cavaliers, le terrain était exceptionnel. C’est important, car c’est au cœur de notre compétition. Parmi les choses à améliorer, il y a certains détails, et il s’agit des choses les plus difficiles à modifier. Il est important que nous perfectionnions également nos infrastructures, à l’instar des écuries Jappeloup, dans lesquelles nous devons mettre un meilleur enrobé. Nous avons opéré une véritable transformation cette année, dans un format nouveau pour nos équipes. Il y a eu beaucoup de travail et de pression, et je crois que les efforts ont payé. Il y aura toujours des améliorations à imaginer sur l’accueil des cavaliers, la soirée du vendredi, et peut-être créer davantage d’activités en périphérie du CSIO et du sport, notamment dans le village.
Pour 2023, vous avez annoncé un changement de date puisque l’Officiel de France se disputera du 7 au 11 juin, soit un mois plus tard que cette année. Pourquoi ce choix?
Les cavaliers m’en ont fait la demande l’an passé car ils souhaitent pouvoir monter sur herbe avant de venir concourir à La Baule. Je me suis dit pourquoi pas si cela leur permet de s’entraîner en amont sur cette surface, d’autant que les enjeux financiers sont devenus plus importants que les années précédentes. La météo plus clémente de juin a aussi pesé dans la balance, même si nous avons été gâtés par le temps cette année. Je pense que notre terrain sera encore plus adapté en juin, puisqu’il pourra être préparé plus longuement et que l’enracinement de l’herbe sera meilleur. En tant qu’organisateurs, nous voulons garder ce magnifique terrain en herbe. À La Baule, la fréquentation touristique est par ailleurs un peu plus creuse à cette période, ce qui est plus simple pour l’accueil des cavaliers et tout le parc hôtelier. Ces trois raisons nous ont donc poussés à décaler l’échéance en juin pour les trois années à venir.
Qu’espérez-vous pour le futur du concours baulois?
Le futur, nous avons commencé à l’écrire en 2022. L’équipe composée de Fleur Leroyer, Quentin Dabir et Célia Langlais a réalisé un travail absolument remarquable. Il faut que les concours aient une âme et qu’ils ne soient pas le reflet de sociétés mais de personnes. C’est pour cela que je suis allé chercher Éric Lamaze lors de la remise des prix, ce qui a donné un moment particulièrement touchant car il a rejoint Beth sur la première marche du podium face au stade debout et en train de l’acclamer. Je voulais montrer que le concours de La Baule est une grande famille. Notre priorité est de satisfaire les cavaliers, les propriétaires et les chefs d’équipes. Il est important de montrer que l’Officiel de France a une âme. C’est ce qu’avait réussi à créer René Pasquier à l’époque. Je n’ai pas la prétention de me comparer à lui, car il est incomparable! J’essaie en tout cas de retrouver cette âme. À La Baule, nous sommes en famille. Je voudrais, par exemple, organiser une soirée pour les grooms, car ils font partie intégrante du concours.