“Je veux que la générosité et la régularité d’Uno puissent servir au mieux l’équipe de temps en temps”, Edward Levy
Après une première partie de saison démarrée sur les chapeaux de roues et marquée par quatre victoires dans des Grands Prix dont une première au niveau CSI 5* à Grimaud aux rênes de Rebeca LS, Edward Levy ne cesse d’asseoir sa place et de grimper dans le classement mondial. À seulement vingt-sept ans, le cavalier implanté au haras de Lécaude, en Normandie, ambitionne d’empiler les performances au plus haut niveau et d’endosser la veste de l’équipe de France, qu’il devrait retrouver ce week-end à l’occasion de la Coupe des nations de Sopot avec Uno de Cerisy.
Dimanche, vous avez remporté la Petite Finale avec Confidence d’Ass (SF, Diamant de Semilly x Eurocommerce Berlin) puis le Grand Prix avec Rebeca LS (SLS, HH Rebozo x Cassini I) au CSI 3* de Cabourg Classic. Quel Bilan tirez-vous de ce week-end riche en performances?
C’est un bilan forcément positif lorsqu’on a la chance d’avoir deux belles victoires dans les épreuves du dimanche. Au-delà de ça, la manière dont mes chevaux ont sauté était vraiment bien. Confidence n’avait pas concouru depuis La Baule (du 5 au 8 mai, ndlr) où elle avait déjà réalisé une belle performance dans le Derby (terminant cinquième, ndlr). À l’issue de l’Officiel de France, ses propriétaires et moi avions voulu la laisser se reposer. Ainsi, elle a retrouvé les terrains de concours ce week-end à l’occasion du Cabourg Classic (CSI 3* organisé par les équipes de GRANDPRIX Events, ndlr). J’avais effectué quelques petits réglages et je suis vraiment content de la manière dont elle a sauté. J’avais décidé d’emmener Rebeca pour qu’elle concoure avant le Paris Eiffel Jumping (étape du Longines Global Champions Tour programmée du 24 au 26 juin, ndlr)sinon cela lui faisait quatre semaines sans compétition (la jument de seize ans n’avait plus concouru depuis le CSI 5* de Ramatuelle, qui s’est tenu du 19 au 21 mai, ndlr). Je trouve que c’est un peu trop pour garder les chevaux en souffle et en bonne forme. J’étais vraiment content d’aller à Cabourg puisque cela m’a permis d’emmener beaucoup de jeunes chevaux et de pouvoir continuer à les former. Le week-end a été bon et c’était encore plus sympa de concourir en terres normandes.
Ces dernières semaines vous empilez les réussites avec notamment une première victoire en CSI 5*, à Grimaud, avec Rebeca LS. Quel regard portez-vous sur ce printemps riche en succès?
Ce printemps est en effet très riche en performances pour les chevaux! Je suis vraiment content de leur comportement et performances. Nous souhaitons toujours un peu plus mais j’ai la chance d’avoir un piquet de chevaux d’expérience, qui connait son métier par cœur. Lorsqu’ils arrivent en concours, ils sont souvent prêts à performer. C’est vraiment une grande chance de pouvoir compter sur ces chevaux-là.
Le Grand Prix du Longines Paris Eiffel Jumping est-il dans votre viseur avec Rebeca LS?
Lorsqu’on se rend à un tel concours avec un cheval compétitif, l’ambition est bien sûr de performer voire de gagner le Grand Prix. En revanche, nous pratiquons un sport dans lequel les victoires sont très aléatoires. Tout peut basculer si rapidement qu’il est difficile de viser une victoire. En revanche, nous allons essayer de l’emmener dans les meilleures dispositions possibles afin d’essayer de performer.
“Je suis toujours extrêmement motivé pour les sélections en équipes”
Vos performances vous ont ouvert des portes, dont une sélection pour le CSIO 5* de Sopot, qui se tient ce week-end, avec Uno de Cerisy (SF, Open Up Semilly x Siego). Vous attendiez-vous à cette sélection?
Le staff fédéral échange beaucoup avec les cavaliers. Henk Nooren (sélectionneur et entraîneur de l’équipe de France, ndlr) et Sophie Dubourg (directrice technique nationale, ndlr) m’avaient dit que le cheval avait montré de belles choses depuis Fontainebleau (terminant notamment troisième du Grand Prix CSI 4* sur la carrière des Princes, ndlr).
À partir de là, une sélection en Coupe des nations a été évoquée. Je suis toujours extrêmement motivé pour les sélections en équipes. Je m’y suis préparé plus ou moins, le cheval était à Hambourg il y a deux semaines(terminant deuxième d’une épreuve à 1,55m, ndlr). Il s’agissait déjà une compétition de grandes envergures. J’espère que ma préparation sera la bonne, que le cheval sera en forme et que tout se passera bien cette semaine.
Vous n’avez plus couru de Coupe des nations 5* depuis 2019 avec Drag du Buisson (Z, Dutch Capitol x Artos) à Calgary. Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours de cette compétition?
Dans un état d’esprit normal. En 2020, il n’y avait pas eu de Coupes des nations avec la crise sanitaire de Covid-19. J’en avais fait une de niveau CSIO 3* au Portugal (en novembre 2020 à Vilamoura, ndlr) qui avait un peu l’allure d’une Coupe de niveau 5*. À cette occasion, j’avais déjà Uno (terminant deuxième avec l’escouade tricolore, ndlr). L’année dernière, je devais aller à Aix-la-Chapelle mais Uno s’était blessé à Bruxelles (à l’occasion du CSI 5*, ndlr) au paddock en trébuchant à la réception d’un vertical. Nous avons donc dû déclarer forfait pour cette compétition mythique au dernier moment. C’était un coup dur parce que Aix est bien sûr un concours auquel nous voulons participer.
Concernant Sopot, j’y vais dans un esprit très concentré et motivé. Les Coupes des nations sont de très chouettes moments de sport et nous sommes toujours très motivés.
Vous avez abandonné dans les Grands Prix CSIO 5* de La Baule et CSI 5* de Hambourg. Étaient-ce des soucis techniques? Comment avez-vous préparé Uno de Cerisy pour sa première Coupe des nations au plus haut niveau?
À La Baule, j’ai commis une faute à la rivière, ce qui m’a vraiment perturbé. Avoir déjà quatre points de pénalité en début de parcours est toujours très difficile puisqu’il reste encore beaucoup de difficultés à franchir. Ainsi, j’ai décidé de jeter l’éponge très vite afin d’économiser mon cheval.
À Hambourg, le cheval avait très bien sauté, il était deuxième le jeudi (dans une épreuve à 1,55m, ndlr). Il est arrivé dans de super conditions pour le Grand Prix. En revanche, une fois en piste il y a eu un souci avec le chronomètre et j’ai dû attendre plusieurs minutes sans qu’ils n’acceptent que je retourne au paddock. Ainsi, le cheval était complètement refroidi et a fauté sur les deux premiers obstacles. Toutes les chances de performances s’étant envolées, je n’allais pas sauter les douze autres obstacles. Uno est un cheval de quatorze ans qui est extrêmement généreux dans ses sauts. Lorsqu’il saute, il faut donc qu’il y ait un intérêt. En revanche, ce n’était en aucun cas de sa faute, et pour une fois, peut-être pas de la mienne non plus. De plus, les épreuves du Global Champions Tour se courent en deux actes et sont éprouvantes pour les chevaux, il n’était donc pas question qu’il saute un Grand Prix pour rien. Uno saute bien, s’est classé dans beaucoup d’épreuves et répète beaucoup de sans-fautes. Il est par ailleurs très respectueux. Je ne vais pas essayer de l’emmener aux championnats du monde (du 6 au 14 août à Herning, au Danemark, ndlr) mais je veux que sa générosité et sa régularité puissent servir au mieux l’équipe de temps en temps.
“Être ambassadeur du Paris Eiffel Jumping est une belle fierté”
Catchar Mail (SF, Diamant de Semilly x Calvaro) pourrait-il être lui aussi testé dans une grande Coupe des nations?
Oui, c’est l’objectif puisque Catchar a le profil. C’est un cheval qui est encore en formation et qui a encore besoin d’apprendre. Il est très respectueux. Avec ces chevaux-là, il faut prendre son temps. Bernard Le Courtois (naisseur et propriétaire de l’étalon de dix ans, ndlr) et moi sont en parfaite entente, il me laisse vraiment gérer la carrière du cheval. Aujourd’hui, le but est de pouvoir l’emmener vers ces épreuves-là. Il devrait sauter peut-être son premier Grand Prix CSI 5* à Sopot (qui se tiendra vendredi, ndlr) afin de préserver Uno pour la Coupe des nations (qui aura lieu dimanche, ndlr). C’est vraiment un cheval que j’adore et en lequel je crois.
L’année dernière vous avez remporté trois épreuves au Longines Paris Eiffel Jumping. Vos ambitions sont-elles les mêmes? Quels chevaux vont vous accompagner aux pieds de la Dame de fer?
Je pense que je vais y aller avec les mêmes chevaux: Uno et Rebeca. Il sera difficile de faire pareil mais je vais essayer de ne pas trop y penser. Je vais plutôt prendre les épreuves comme elles viennent et essayer de faire au mieux. Je suis conscient que la tâche ne va pas être aisée pour gagner trois épreuves sur les quatre courues et de terminer sixième du Grand Prix comme l’an passé. Si ça arrive tant mieux, mais il ne faudra pas être déçu si ça n’arrive pas.
Cette année vous êtes l’ambassadeur de l’événement aux côtés de Camille Cerf, qu’est-ce que cela représente pour vous?
C’est une belle fierté. Je connais bien Virginie Couperie-Eiffel et toute son équipe donc c’est vraiment sympa de pourvoir faire cela avec des amis. Il est très symbolique de concourir aux pieds de la Tour Eiffel. Ce concours existe depuis plusieurs années et a toujours attiré des grands noms, qu’il s’agisse d’ailleurs de sportifs ou de spectateurs.
Vous avez participé à l’étape de Global Champions League de Ramatuelle au sein des Rome Gladiators, allez-vous participer à celle de Paris?
Je ne sais pas encore. Je n’ai pas encore eu le plan pour Paris avec l’équipe, mais comme je concoure avec Rebeca et Uno, nous devrions faire partie de l’équipe pour l’une des deux manches.
Quelle est l’ambiance générale au sein de cette équipe?
C’est une super ambiance. Il y a des cavaliers très chouettes! J’ai découvert également des nouveaux cavaliers comme Fernando Martinez Sommer. Certains sont expérimentés comme Shane Breen et d’autres un peu plus jeunes comme Zoé Conter ou moi. Nous essayons tous de bien faire. Il y a également un chouette respect des chevaux. Chaque cavalier expose le programme qui l’arrange en fonction des chevaux et tout le monde est très à l’écoute. À aucun moment nous nous sentons forcés d’aller concourir. En revanche, le niveau est très relevé, la moindre barre sur les quatre parcours peut nous évincer du podium mais c’est une très bonne expérience.
“Si jamais je peux faire partie de l’aventure pour les Jeux de Paris, je le ferais”
Quel sera votre objectif majeur cette année?
De pouvoir performer à haut niveau avec mes chevaux de tête et aider l’équipe de France lorsque j’obtiens des sélections. Aujourd’hui, je suis trente-cinquième au classement mondial Longines, c’est satisfaisant mais il reste encore du travail. En revanche, je ne cours pas derrière cette hiérarchie en adaptant mon programme de concours, mais c’est un bon point de repère et de bilan sur nos résultats. J’ai également beaucoup de chevaux de six, sept et huit ans qui vont arriver dans des âges importants. Le but va être de les former au mieux pour prendre la relève. J’ai l’impression d’avoir des chevaux d’une belle qualité. À nous de travailler!
Songez-vous toujours aux championnats d’Europe de 2023? Et aux Jeux olympiques de Paris 2024?
Comme tous les cavaliers, j’y pense. Tout le monde à ça dans un coin de la tête. Parfois, certains l’ont plus que d’autres. Je vais essayer de former les chevaux afin qu’ils puissent y aller et je vais essayer de me donner à cent pour cent pour y arriver. En revanche, les chevaux demandent du temps et les Jeux olympiques arrivent à grands pas… Il faudra de toute façon respecter leur évolution et surtout ne pas aller trop vite. Il ne faut pas y aller au petit bonheur la chance mais plutôt avec des chevaux prêts. Si jamais je peux faire partie de cette aventure, je le ferais. En revanche, si c’est trop tôt, j’espère que ce sera pour les prochains.