“Concourir pour l’équipe est un honneur, j’en suis très fier”, Brian Moggre

L’an passé, Brian Moggre, prometteur cavalier de vingt ans, s’était classé du légendaire Grand Prix CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, étape du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles, avec Balou du Reventon. Trois jours plus tôt, il avait déjà signé un double sans-faute dans la Coupe des nations de cet Officiel d’Allemagne. On imagine son envie de retrouver le parc de la Soers et son ambiance inimitable. En attendant le coup d’envoi du CHIO, programmé du 24 juin au 3 juillet, évoque ses ambitions et sa vie quotidienne.



En septembre dernier, vous avez décroché une spectaculaire deuxième place dans le Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, étape du Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles. Qu’avez-vous fait depuis?

Énormément de choses! Ce concours a été très important pour moi, une expérience mémorable. Après cela, j’ai mis mes chevaux au repos et j’ai concouru à Wellington cet hiver. Pour la saison estivale, je suis de retour en Europe. Je compte participer à de nombreuses épreuves avec l’équipe américaine. C’est un honneur pour moi, et j’en suis toujours très fier. J’ai également de nouveaux chevaux qui me permettent de concourir davantage. J’essaie toujours d’avancer et de progresser.

Comment va Balou du Reventon (OS, Cornet Obolensky x Continue)? Allez-vous concourir avec lui au CHIO d’Aix-la-Chapelle cette année?

Il va super bien. Nous avons divers objectifs pour lui cette année, en vue desquels nous travaillons dur (le couple est en lice pour une sélection aux Mondiaux de Herning, ndlr). Je l’ai monté lors de l’Officiel d’Italie à Rome, où il a très bien sauté. Il a réussi un sans-faute en seconde manche de la Coupe des nations, mais a malheureusement été pénalisé de quatre points sur l’ultime obstacle du Grand Prix Rolex. Il est en parfaite condition. C’est vraiment un super étalon. Nous faisons très attention à lui parce qu’il est âgé de seize ans. En revanche, à chaque fois qu’on lui demande de faire des étincelles, il est au rendez-vous.

Comment garde-t-on un cheval de cet âge en pleine forme?

Il est très important de bien connaître son cheval et d’écouter ce qu’il vous dit. Balou a beaucoup de caractère. Quand c’est trop pour lui ou qu’il a la flemme, il n’hésite pas à nous le faire savoir. J’ai la chance d’avoir une super équipe autour de moi, en particulier Lesley Leeman, qui s’en occupe le plus souvent. On prend chaque jour comme il vient, et on veille sans cesse à son état de forme pour qu’il puisse sortir le grand jeu quand il le faut.



“Concourir contre les meilleurs me motive et me pousse à les imiter”

Sur quels autres chevaux pouvez-vous compter? Certaines de vos jeunes montures laissent-elles entrevoir un potentiel hors de l’ordinaire?

Absolument. J’ai toujours MTM Vivre le Reve (Westph, Ustinov x Chello II), un cheval que j’ai acquis il y a environ sept ans et qui évolue en CSI 5* (le hongre a notamment terminé huitième du Grand Prix CSI 5* de Madrid le mois dernier, ndlr). L’an passé, il était aux États-Unis et a été arrêté un moment. Puis, il est de nouveau en pleine forme. Il a treize ans, mais il a encore deux bonnes saisons devant lui. J’ai aussi un cheval de neuf ans très prometteur, I’m Special V (KWPN, I’m Special de Muze x C-Indoctro), appartenant à Anne Thompson (la propriétaire de Balou du Reventon, ndlr). J’ai actuellement deux ou trois jeunes prometteur, dont un de sept ans qui m’appartient et qui est régulièrement classé. Il est vital de préparer la relève lorsque ses chevaux de tête commencent à vieillir.

Comment établissez-vous votre programme de concours?

En début d’année, il faut dresser un programme en fonction des chevaux à sa disposition et des objectifs de chacun. Pour moi, concourir pour l’équipe nationale est très important. J’ai donc préparé Balou du Reventon pour ces épreuves-là. Je fais en sorte qu’il soit en forme lors de ces compétitions afin qu’il puisse donner de son maximum le jour J.

Qu’est-ce qui diffère le plus entre les concours européens et ceux du circuit américain?

L’an passé, quand je suis arrivé en Europe, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je savais évidemment que j’y trouverais les meilleurs cavaliers au monde, dont certains que j’ai admiré toute ma vie. Mais je ne m’en suis réellement rendu compte que lors de mon premier CSI 5*. Je n’arrive pas à croire qu’il m’arrive de disputer des épreuves contre sept des dix meilleurs cavaliers au monde. Cela me motive et me pousse à les imiter. Pouvoir concourir au plus haut niveau avive mon esprit de compétition. Quel plaisir d’affronter des personnes que j’admire depuis si longtemps, et qui sont maintenant mes rivaux!

Quel est votre concours préféré parmi les quatre Majeurs du Grand Chelem Rolex?

Le CHIO d’Aix-la-Chapelle, sans hésiter. J’adore le CSIO 5* du Spruce Meadows Masters (programmé du 7 au 11 septembre à Calgary, au Canada, ndlr), mais j’aurai toujours une affection particulière pour Aix. Les Majeurs sont des événements formidables auxquels j’ai toujours hâte de participer, mais celui-ci me tient particulièrement à cœur.



“J’aurais adoré monter Hickstead”

À quel autre sport compareriez-vous le saut d’obstacles?

Je suis sûr que beaucoup de cavaliers seraient d’accord avec moi pour dire que le saut d’obstacles a pas mal de points communs avec la Formule 1. Cependant, c’est un sport tellement unique et particulier qu’il est presque impossible de le comparer à une autre discipline.

Au lieu de “Pilotes de leur destin” sur Netflix, cela pourrait donner une série nommée “Cavaliers de leur destin”

J’aime bien ce nom, et je pense que ce serait extra!

Selon vous, quelles sont les clés de la réussite en saut d’obstacles?

Tout d’abord, il faut être connecté à sa monture. J’ai commencé ce sport par amour des chevaux. Consacrer du temps et des efforts aux chevaux porte toujours ses fruits. Il ne faut jamais l’oublier. Que l’on ait un seul cheval ou une quinzaine, il faut les traiter comme des athlètes de haut niveau, qui ont leurs propres besoins physiques et émotionnels. Leur offrir les meilleurs soins, leur exprimer notre gratitude, les écouter: tout cela est important. Il faut comprendre son cheval et ne pas oublier les raisons qui nous ont poussées à choisir cette vie. J’ai commencé en étant un gamin passionné de chevaux, et cela n’a pas changé.

En dehors des entraînements et compétitions, que faites-vous de votre temps libre?

Mon temps libre? Bonne question! J’en profite pour me détendre, à la fois physiquement et mentalement, et me réorganiser. J’adore cuisiner, même si je ne suis pas tellement doué! Je vois beaucoup mes proches pendant les concours, puisqu’ils viennent me voir à ces occasions. Ainsi, j’aime bien prendre du temps pour moi et me préparer aux semaines qui vont suivre.

Si vous pouviez monter n’importe quel cheval, ayant concouru ou concourant encore, lequel choisiriez-vous?

J’aurais adoré monter Hickstead! C’était cheval intelligent, puissant et rapide malgré sa taille modeste. J’ai toujours eu un faible pour les petits chevaux. Je ne l’ai pas connu mais il avait l’air de déborder de personnalité, ce qui m’aurait sûrement beaucoup plu.