Jade Laderach, des concours Clubs à l’or chez les Juniors en trois saisons

“Elle a été incroyable ! Ce titre est le résultat de beaucoup de travail et d’investissement personnel de sa part”, s’est réjoui au bout du fil Jérôme Rousselle en évoquant la victoire de sa jeune protégée Jade Laderach lors du championnat des As, le 29 mai. “Je ne m’attendais pas du tout à sa victoire. Il y a eu peu de temps pour se qualifier au championnat. Une fois que Jade a obtenu son ticket pour Mâcon, je souhaitais qu’elle y participe afin de prendre de l’expérience. La vitesse n’est pas forcément son point fort, mais avec la Chasse qu’elle a réalisée, l’objectif était déjà atteint et elle n’a donc eu aucune pression pour la suite du championnat. Je connais bien Jade, je lui ai dit que tout était déjà gagné pour cette année, il fallait juste qu’elle prenne du plaisir une fois en piste pour le reste de la compétition”, poursuit Jérôme Rousselle. 

“Mezoetje est toujours très calme. Même si je ne pensais pas que le championnat se passerait aussi bien, elle a été égale à elle-même. Ce n’est jamais sa faute quand une barre tombe”, dit quant à elle Jade Laderach de sa complice. “Je retiens surtout du championnat que tout peut arriver, j’y allais pour répéter des parcours de travail car le but initial était seulement que je sois sélectionné les championnats”, rappelle-t-elle. “Quand je suis sortie de mon dernier parcours, un monsieur du paddock est venu me voir pour me demander de rester dans le coin. Je me suis dit que c’était pour la remise des prix mais il est revenu me voir un peu plus tard et m’a dit que si j’étais toujours en tête, je pouvais aller faire un tour d’honneur toute seule ! J’étais sûre qu’il voulait parler à Eden Leprevost (Blin-Lebreton, finalement deuxième du championnat avec Bodega Semilly, ndlr) et qu’il me confondait avec elle. J’ai donc été un peu choquée quand ma mère et mon coach sont venus me voir pour me dire que j’avais gagné, c’était très chouette”, se remémore la jeune femme, qui a donc partagé le podium avec la championne de France Pro 1 ainsi que Abigaele Christiaens, qui concourt jusqu’à 1,45m.

“Le niveau est élevé chez les Juniors”, observe Jérôme Rousselle. “Ils sont très compétitifs et concourent pour certains déjà en 2*. L’équipe est bonne, ils sont techniquement et mentalement assez forts, avec de bons chevaux. Mais cette année, Jade qui a été la plus forte ! Elle forme un super couple avec sa jument et toutes deux ont remporté une médaille qu’on ne pourra jamais lui enlever. Malgré ce que certains peuvent dire, elles ont enchainé trois parcours sans faute”. 

“Mezoetje est son double”, Jérôme Rousselle

Jade Laderach était encore cavalière de club il y a trois ans, en 2019 avant de rencontrer son coach Jérôme Rousselle. “C’est important de le préciser, parce que beaucoup de personnes sont mauvaises langues”, a expliqué son coach. “C’est une très bonne élève, elle est besogneuse. Je suis hyper fière de ce qu’elle a fait, en trois ans ce n’est pas facile. Même si toutes les conditions sont réunies avec l’achat de chevaux et l’entraînement, passer de concours Clubs à 1,40m n’est pas à la portée de tout le monde dans ce court laps de temps. Aujourd’hui, si on lui donne confiance, elle a le mental et est très forte pour répéter les parcours.”

Jade Laderach n’a débuté les épreuves à 1,40m qu’au mois de février avec sa jument Mezoetje. Si le couple a enchainé les parcours sans faute, à quatre points ou a parfois été piégé par le temps, son résultat à Mâcon était sa première performance à ce niveau. 

“Je pense que Mezoetje est son double. Le couple s’est fait hyper vite, elles ont débuté très rapidement et la jument lui correspond à merveille. Elle est parfaite pour elle et très agréable à monter au quotidien. Cette donnée est très importante car il s’agit d’enfants qui montent pour le plaisir. Nous mettons tout en œuvre pour que les choses se passent bien, eux donnent de leur temps, de leur personne, font des sacrifices et le résultat est là. C’est important qu’au quotidien ils puissent s’occuper de leurs chevaux, il n’y a pas que les concours il y a d’abord les soins et l’amour de l’animal”, souligne l’entraineur. 

En février, la jeune femme a déménagé avec sa mère, en même temps que Jérôme Rousselle et sa fille Elona, qui concourt elle aussi en Juniors. Ils sont maintenant installés au haras de Bory, dans le 78. “Cela fait trois ans que Jérôme Rousselle m’entraîne. Il arrive à être vraiment motivant ! Quand je traverse une passe un peu difficile, il continue à me faire travailler, à monter plusieurs chevaux pour que nous évoluons. S’il voit de la motivation, il ne lâchera pas jusqu’à ce que nous y arrivions”, détaille la championne de France, qui a un emploi du temps bien huilé. “Chaque jour je monte les trois chevaux le matin, et l’après-midi, je suis en cours. Je compte faire des études par la suite, je trouve ça important d’avoir d’autres connaissances après le bac. L’équitation est par ailleurs un sport dangereux, si je me blesse, je préfère avoir un plan B”, résonne Jade Laderach, que son entraineur qualifie de “joyeuse et espiègle. À cheval elle est plus réservée au démarrage mais elle est capable de se transformer et de se surpasser. Son stress est positif et c’est très important pour fabriquer des champions”. 

Autrefois cavalier, Jérôme Rousselle ne se présente pratiquement plus en piste hormis pour préparer des chevaux et les remettre dans le coup pour sa fille et Jade. “J’adore former les couples, trouver le cheval qui correspond à l’élève et les emmener au plus haut niveau. Je préfère ça que de monter en piste. J’aimerais d’ailleurs emmener Jade et Elona aux championnats d’Europe !”.

“Le plus gros objectif a été atteint cette année”, Jérôme Rousselle

Rapidement trop grande pour avoir un poney, Jade est passée directement à cheval en Amateur avec sa première jument. “Je ne regrette pas du tout de ne pas avoir fait d’années Poneys, je ne sais pas forcément ce que c’est”, lance Jade Laderach. Pour l’heure, son piquet se compose de trois chevaux ; Byzantine des Bois (SF, Breemeersen Adorado x Rêve d’Elle), Knightrider E (BWP, Fidjy of Colors x C Indoctro) et Mezoetje (BWP, Thunder van de Zuuthoeve x Gladstone). “Ils sont tous à moi. Avec ma première jument, Byzantine des Bois (qu’elle monte depuis 2019 ndlr), je ne peux pas sauter de grosses épreuves mais elle est ma jument de cœur, je sais que je ne la vendrai jamais. C’est la jument avec qui j’ai commencé, elle m’a tout appris et a dû essuyer les plâtres ! (rires) Knightrider E, avec qui j’ai gagné le Critérium des As Cadets l’année dernière, est au repos actuellement, mais c’est mon deuxième cheval de tête. Quant à Mezoetje, j’aimerais la garder plus tard pour qu’elle pouline”, détaille la cavalière. 

Galvanisée par cette première victoire en Junior, Jade Laderach s’est fixé de beaux objectifs pour l’avenir. “J’aimerais remettre tranquillement Knightrider sur les épreuves à 1,30 et 1,35m pour pouvoir commencer rapidement les 1,40m et concourir un peu chez les Juniors. Avec Mezoetje, il serait chouette d’accéder à beaux concours, commencer les 1,45m et intégrer l’équipe de France l’année prochaine”, ambitionne-t-elle. “Nous rêverions qu’elle soit championne d’Europe Juniors !”, lance quant à lui Jérôme Rousselle. “Nous mettons tout en œuvre pour que cela arrive, même si nous ne sommes jamais sûrs de rien avec les chevaux, il faut savoir profiter de chaque instant, célébrer toutes les victoires. Nous allons nous réunir pour fixer un nouvel objectif, puisque le plus gros objectif a été atteint cette année. Je pense que d’ici fin 2022, il serait bien que Jade prenne part à des Grand Prix 2* à 1,45m en vue de viser les championnats d’Europe l’année prochaine.”