“Nous n’avons pas à rougir, le niveau en France est très bon”, Olivier Bost
Tout juste rentré du CSIO Jeunes d’Hagen, le sélectionneur français des jeunes Olivier Bost est particulièrement satisfait des performances de ses équipes. Le clan tricolore rentre d’Allemagne avec une victoire dans la Coupe des nations Jeunes Cavaliers, une troisième place dans la Coupe des nations Enfants et une quatrième chez les Juniors, et de bons résultats dans les Grands Prix de chaque catégorie. Un CSIO de bon augure en vue des sélections pour les championnats d’Europe, qui seront rendues publiques prochainement.
La France a connu de très bons résultats au CSIO de Fontainebleau, quels étaient vos objectifs à Hagen ?
Nous sommes actuellement dans une politique de formation des jeunes pour l’avenir. Certains couples que j’ai emmené à Hagen n’iront pas aux Européens, mais je trouve pertinent de les faire concourir à l’étranger pour apprendre à gérer ce type de compétition et engranger de l’expérience. J’ai envisagé ce concours comme un CSIO de formation, aussi bien pour l’accès au haut niveau plus tard que pour apprendre à voyager avec son cheval, être aligné en Coupes des nations et concourir à l’étranger.
Quel bilan tirez-vous de ce rendez-vous ?
Hagen est toujours le dernier CSIO de la saison avant les championnats d’Europe. C’est une révision des troupes pour essayer de fignoler nos sélections en vue d’Oliva. Je suis très heureux de ce concours, gagner à Hagen est toujours agréable, mais s’y imposer dans la Coupe des nations Jeunes Cavaliers avec deux couples double sans faute, c’est encore mieux !
Chez les Juniors, la première manche a été très bonne et nous avons manqué un peu de réussite dans la seconde, mais cela me permet de faire des réglages et de revoir certains couples en situation. Ils ont tout de même réalisé un assez bon Grand Prix, entre zéro et quatre points.
Pour les Enfants, nous sommes contents car ils ont gagné les Coupes des nations d’Opglabbeek et Fontainebleau et ont fini troisièmes dans celle d’Hagen cette année, avec des couples plus ou moins différents. Ils ont chacun réussi un chouette Grand Prix.
Il y a des chevaux de Jeunes Cavaliers que j’ai fait le choix de préserver. Certains ont donc engagé leur deuxième cheval dans les Grands Prix. La France a vu la très belle performance d’Emma Bodier (quatrième avec Medoc de Muze, ndlr).
Malheureusement, nous sommes quatrièmes chez les Poneys. Ce ne sont pas forcément les parcours ni les enchaînements que j’espérais par rapport au début du concours. Nous devons désormais avancer sur le championnat de France avant de vraiment tracer les contours de la sélection pour les Européens. Certains se sont restructurés après les échecs du premier jour, certains ont connu un peu plus de déconvenues… Le concours d’Hagen est vraiment pour nous un moyen de donner les indications pour le reste de la saison en direction des championnats d’Europe.
Les sélections pour les championnats d’Europe se clarifient-elles petit à petit ? Où en êtes-vous de vos tests ?
Nous sommes encore en pleine réflexion. Les sélections devraient tomber cette semaine ou la semaine prochaine. Avec tout le staff fédéral, nous allons nous réunir pour réfléchir et discuter et essayer de créer l’équipe idéale pour aller décrocher des médailles à Oliva (du 11 au 17 juillet, en Espagne, ndlr). Les sélections Poneys ne tomberont qu’après le championnat de France de Lamotte-Beuvron (du 9 au 16 juillet ndlr).
“Hagen est le concours le plus difficile”
Que pensez-vous du niveau des Coupe des nations cette année ?
Tous les ans, le sport évolue très vite et dans le bon sens. Les cavaliers montent de mieux en mieux, nous n’avons pas à rougir, le niveau en France est très bon. Nous faisons par ailleurs très attention au bien-être des chevaux. Les parcours sont plus fins, plus délicats et c’est très bien, nous allons enfin dans la bonne direction. Nous veillons à ce que nos cavaliers fassent attention à eux et à la préparation, qu’ils concentrent leur énergie autour de leurs chevaux. Je trouve que le sport équestre évolue dans le sens du bien-être humain et animal. Cela n’enlève aucune technicité au sport, qui devient de plus en plus fin et exigeant.
Certains cavaliers sont déjà largement habitués à l’équipe de France, mais quel regard portez-vous sur les jeunes qui représentent la bannière tricolore pour la première fois ?
Les CSIO existent pour donner de l’expérience aux cavaliers afin qu’ils soient prêts pour les championnats majeurs. Certains sont allés gagner la Coupe des nations Jeunes Cavaliers alors qu’il s’agissait de leur premier CSIO, d’autres ont réussi de très belles performances chez les Enfants… L’équipe est un groupe de jeunes qui a l’habitude des concours, avec une super ambiance, de l’entraide grâce à des coachs français ayant l’expérience d’aller se concourir avec nous à l’étranger sur de telle échéances. Les jeunes sont super bien encadrés.
Pour moi, Hagen est le concours le plus difficile car il est le plus long ; il commence le mardi nous repartons le dimanche, c’est un peu comme un mini championnat. Il s’agit d’une prise d’expérience importante qui créée toujours des émotions, que les cavaliers aient réussi ou loupé.
Que faites-vous pour les aider à gérer la pression de ces échéances ?
S’ils participent à ces concours-là, c’est parce qu’ils sont performants en France et ont l’habitude de gérer la pression. C’est un peu ancré en eux. De la préparation mentale est également mise en place tout l’hiver. S’ils ont besoin de conseils, ils se rapprochent des préparateurs. Ces champions de demain ont déjà mis en place autour d’eux un système qui leur permet d’arriver en compétition sereinement et avec un encadrement qui fonctionne bien.
Que pensez-vous du triomphe de votre équipe de Jeunes Cavaliers ?
Je les ai trouvés super, ils étaient tellement enthousiastes à la suite de leur victoire que c’était très agréable à vivre. Il y avait un challenge avec Just World International et Jessica Newman qui nous tenait à cœur, dans lequel les jeunes s’investissent dans un projet qu’ils choisissent eux-mêmes. Ce cursus mis en place sur le concours était très intéressant pour les jeunes. Comme ils ont gagné, ils se sont penchés sur la cause de l’accès au l’eau potable.
“Nous avons vendu quatre-vingt-dix pourcent de nos très bon poneys”
Chez les Poneys, Emma Gay Le Breton est particulièrement en forme dernièrement. Comment pouvez-vous expliquer sa petite contre-performance à Hagen ? Est-elle un pilier de cette équipe Poneys ?
Elle a eu trop de pression le premier jour, mais avec un peu d’émotion, elle a bien réagi par la suite. Elle était pilier de l’équipe avant d’arriver à Hagen. Maintenant, il faut que le pilier se reconstruise donc elle participera au championnat de France et nous prendrons des décisions après.
Quatre des cinq poneys champions d’Europe Poneys l’an passé ont été vendus dans les mois qui ont suivi, ce qui ne facilite pas la continuité des résultats. Comment tentez-vous de reformer une équipe ?
Malheureusement, c’est le jeu. C’est notre souci cette année, nous avons vendu quatre-vingt-dix pourcents de nos très bons poneys de CSIO et championnats d’Europe ces trois dernières années. Nous nous retrouvons avec des jeunes poneys, ou avec certaines personnes qui ont continué à jouer le jeu comme la famille Vallat qui a conservé Daenerys d’Hurl’Vent pour Nohlan. Il faut reconstruire, retravailler et essayer de performer, mais nous avons perdu beaucoup de poneys, tout comme la France perd beaucoup de chevaux de haut niveau. L’Hexagone est un pays d’élevage, mon rôle est en partie d’orienter le choix de les garder ou non et ce n’est pas facile.
Nohlan Vallat joue-t-il une sélection avec Daenerys d'Hurl'Vent ou Cogito d'Hurl'Vent ?
Pour le moment, nous conservons toujours Daenerys en direction des Europes, nous verrons ce que l’avenir réserve.
Camille Favrot a fait son retour en équipe de France chez les Jeunes Cavaliers. Qu’attendez-vous la concernant ?
Camille Favrot a réalisé une bonne saison, j’ai trouvé que c’était une bonne récompense de la sélectionner à Hagen pour sa dernière année de Jeunes Cavaliers et c’était très sympa de l’avoir avec nous. Ilona Mezzadri n’est jamais vraiment partie, elle a eu un petit souci, a remis son cheval en ordre et tout est reparti. Il faut être en forme au bon moment.
Combien de médailles espérez-vous gagner aux championnats d’Europe ?
Comme d’habitude, le plus possible ! Nous nourrissons des objectifs de médailles avec plus ou moins d'ambition en fonction des groupes. L’objectif premier est d’obtenir des médailles et le second de former ces jeunes à courir des championnats pour après intégrer les équipes Seniors. En ayant déjà couru des championnats ou des Coupes des nations, ils engrangent de l’expérience, ce qui est bénéfique pour l’avenir du sport en général.