Comment prévenir et soigner les aléas de l’été?

Sabots secs, emphysème, peau harcelée par les insectes et le soleil, déshydratation, fourbure, efforts soutenus durant la saison de concours... Et bien d’autres! Aux beaux jours, les chevaux peuvent être sujets à toutes sortes de maux qu’il est de bon ton de connaître afin de les prévenir et de les soigner.



Si l’automne et l’hiver peuvent être rudes en raison des températures, des multiples averses ou encore des sols durs à cause du froid, l’été est peut-être plus difficile à supporter pour les chevaux, entre la chaleur, la sécheresse, le rythme de vie s’ils évoluent en concours et les insectes. Ces derniers ont beau être minuscules, ils sont terribles! En effet, les petits invertébrés sont les premiers à harceler les équidés durant la belle saison. Il y a les mouches “classiques”, qui stationnent particulièrement autour de la tête (yeux, oreilles, naseaux) et provoquent une gêne terrible, les mouches plates, dont les piqûres sont particulièrement douloureuses, les culicoïdes, un genre de moucheron causant des démangeaisons intenses et pouvant entraîner une dermite estivale, les taons, dont les piqûres génèrent des gonflements et saignements qui attirent d’autres insectes, les gastérophiles, qui pondent leurs œufs directement sur le cheval et peuvent entraîner un parasitisme de l’estomac à cause d’une ingestion par léchage, les aoûtats, dont les morsures peuvent provoquer des réactions allergiques et des infections bactériennes, ou encore les tiques, terribles suceuses de sang vectrices de la maladie de Lyme ou de la piroplasmose. Éradiquer ou éviter totalement ces petits invertébrés est une mission impossible. Toutefois, il est possible de limiter leur nuisance par différents moyens. 

Pour ce faire, il faut agir au niveau de l’environnement du cheval. D’abord, dedans comme dehors, il faut éviter la proximité d’une fumière. Dans une écurie, l’aération, la propreté des boxes et la désinfection de l’ensemble du bâtiment sont primordiales. Il existe par ailleurs toutes sortes “d’armes” efficaces telles que les pièges à insectes (poudre, bande adhésive), la peinture insecticide, les lampes fluorescentes, ou encore les systèmes à ultrasons. En extérieur, il faut éviter les zones humides (mare, eau stagnante, accumulation de boue – en ce cas, empierrer le sol), vérifier que chaque cheval peut s’abriter, et enlever régulièrement les crottins se trouvant sous les abris. En cas de forte chaleur, on ne doit pas hésiter à sortir les équidés la nuit plutôt que le jour. Quant à l’animal lui-même, il faut lui laisser suffisamment de crins (crinière, toupet, queue), limiter le pansage s’il vit à l’extérieur en le laissant se protéger naturellement avec une couche de boue, et ne pas le laisser attaché trop longtemps car il ne pourra pas bouger l’encolure afin de chasser les insectes. 

Afin d’éloigner les insectes, plusieurs types de produits peuvent également être appliqués sur sa monture, notamment à base d’huiles essentielles (arbre à thé, citronnelle, eucalyptus, géranium, lavande). Ces produits existent sous forme de shampoings, sprays, liquides, etc. L’ail dans la ration constitue également un répulsif naturel, mais attention aux quantités proposées; mieux vaut acheter un produit dédié, en respectant les doses prescrites. On peut également protéger les chevaux avec des couvertures en nid d’abeilles, des licols à franges ou des masques (dont certains sont par ailleurs anti-UV, car les chevaux peuvent attraper des coups de soleil, et la tête y est particulièrement sensible!). Enfin, les équidés doivent être vermifugés et régulièrement observés: gonflements et saignements de la peau, mouches plates logées dans l’anus et/ou la vulve, tiques, amas d’œufs.



Des maladies à ne pas prendre à la légère

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© Pixabay

La fourbure est une maladie fréquemment rencontrée chez le cheval, qui se caractérise par une inflammation et une congestion du pied consécutives à une mauvaise vascularisation entraînée par une prise de poids excessive. Elle touche préférentiellement les antérieurs. Elle n’est pas à prendre à la légère car elle constitue la deuxième cause de mortalité chez les chevaux. Elle se manifeste par différents degrés de gravité en fonction de son intensité et de sa durée. Les symptômes sont: pieds chauds et douloureux, piétinements, réticence à se déplacer et à donner les pieds, boiterie, basculement du poids sur les postérieurs, prostration, ou décubitus fréquent. 

Elle peut avoir une origine hormonale (syndrome de Cushing, résistance à l’insuline), être provoquée par certains médicaments (corticoïdes) ou causée par une endotoxémie (libération de toxines d’origine bactérienne dans le sang causée par une pathologie grave ou une alimentation mal adaptée, notamment une ingestion excessive de glucides). Concernant l’ingestion excessive de glucides, la mise à l’herbe aux beaux jours concerne directement les chevaux sujets au surpoids ou trop gloutons: ne pas hésiter alors à la limiter! Afin de soigner la fourbure, l’intervention du maréchal-ferrant est primordiale. On pourra aussi utiliser la cryothérapie, des solutions drainantes ou des anti-inflammatoires. 

Autre maladie que l’on peut prévenir: la dermite estivale récidivante, une affection de la peau véhiculée par les culicoïdes. Des oreilles à la base de la queue, les démangeaisons sont alors bien supérieures aux douleurs ressenties. Il se gratte jusqu’à s’abîmer les crins et les perdre, voire se blesser, ce qui peut être très impressionnant visuellement. Pour prévenir cette maladie, il faut faire en sorte que l’animal soit le moins possible en contact avec les insectes en question et le protéger de leurs attaques avec des répulsifs – une “recette de grand-mère” consiste aussi à badigeonner le cheval de savon noir au niveau de l’encolure, de la crinière, de la queue, du garrot et sous le ventre. Une fois que la dermite a sévi, la seule solution consiste en des soins locaux: antiseptiques, antiprurigineux et cicatrisants. Il est tout à fait possible d’acheter des produits dans le commerce à base, par exemple, d’huile d’amande douce, d’acide borique, de benzoate de benzyle, d’aloe vera, de zinc, de souci, de carotte, de millepertuis... On peut également appliquer des compresses de miel dilué dans de l’eau chaude, de l’huile de cade, ou encore du savon d’Alep.



Gérer la chaleur et ses conséquences

L’été, la sécheresse s’attaque aux sabots, qui se fragilisent d’autant plus que les sols deviennent également très secs, et donc très durs. Un onguent à base d’huile de laurier et d’huile de foie de morue nourrira et fortifiera la sole, et permettra de favoriser la repousse de la corne. Il est recommandé de l’appliquer après avoir douché les pieds afin que l’eau, emprisonnée sous la graisse, procure une meilleure hydratation. 

Il faut veiller également à ce que les chevaux puissent se protéger de la chaleur. Les écuries doivent ainsi être correctement ventilées. On peut aussi répandre de l’eau sur le sol: en s’évaporant, cette dernière refroidit l’air. Les paddocks doivent être munis d’abris et/ou de zones d’ombre. En cas de fortes chaleurs, les chevaux seront de préférence sortis la nuit et rentrés le jour. Lorsqu’un équidé a trop chaud, on est tenté de le doucher. Attention alors à bien utiliser par la suite le couteau de chaleur! 

Un cheval boit communément entre vingt et quarante litres d’eau par jour: quand il fait chaud, cette quantité peut doubler; il faut donc bien veiller à ce qu’il ait en permanence de l’eau propre à volonté. Si vous craignez un phénomène de déshydratation, procédez au test du pli de peau: pincez la peau au niveau de l’épaule; si celle-ci revient à sa place immédiatement, le cheval n’est pas déshydraté. Si elle met deux à trois secondes à revenir en place, l’animal est légèrement déshydraté. Entre six et dix secondes, la déshydratation est déjà importante. Au-delà, le cheval est en danger. Veillez à ce qu’il ait également accès à une pierre à sel, et après une séance de travail au cours de laquelle il a beaucoup transpiré, administrez-lui des électrolytes.

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© Markus Winkler/Unsplash



Savoir anticiper les changements de rythme de travail

L’été rime aussi avec un rythme de travail plus intensif qu’en hiver du fait, notamment, des potentielles compétitions. Très sollicitée, la locomotion du cheval peut avoir besoin d’être soutenue. Il existe pour cela des suppléments alimentaires à administrer en cures, avant ou après l’effort, afin de soutenir le système locomoteur (tendons, articulations, squelette) et d’aider à la récupération musculaire (limitation des raideurs et courbatures). Ceux-ci sont constitués de plantes riches en vitamines, antioxydants, anti-fatigue, décontractantes, et stimulant la circulation sanguine. 

Également sollicité, l’appareil respiratoire du cheval, très performant, reste aussi très fragile! L’emphysème fait partie des maux dont ce dernier peut être atteint. C’est une maladie respiratoire chronique qui correspond à une inflammation des poumons. Le cheval a alors du mal à expirer l’air de ses poumons et va donc “pousser” en contractant ses muscles abdominaux. Même si cette maladie ne se soignera jamais totalement, il existe plusieurs solutions et des médicaments pour améliorer le confort de votre cheval. Parmi ses causes: une hypersensibilité au foin et plus précisément aux moisissures, champignons ou poussières qui y sont présents. Il peut également s’agir d’une allergie au pollen. Ainsi aux beaux jours, le cheval emphysémateux doit le plus possible éviter la poussière: foin mouillé (mis à tremper pendant au moins deux heures) et surtout, herbe. L’emphysème se traite avec des anti-inflammatoires (corticoïdes), des bronchodilatateurs, des mucolytiques et divers compléments alimentaires à base de plantes telles que le curcuma, le romarin, le bleuet, l’églantier, le ginkgo, le gingembre, l’origan, la réglisse, l’eucalyptus, le thym, le bourgeon de pin, la mauve, la guimauve, sans oublier la vitamine C, la glycérine ou encore le MSM. 

Comme les humains, les chevaux peuvent souffrir d’une exposition trop longue au soleil. Aussi, certaines plantes (luzerne, sarrasin, millepertuis...) qu’ils ingèrent sont photosensibilisantes, c’est-à-dire qu’elles rendent la peau sensible à des radiations lumineuses auxquelles elle n’est habituellement pas sensible, et abaissent le seuil de tolérance cutanée aux rayonnements solaires. Leur ingestion ou leur absorption par la peau peut entraîner une photodermatite primaire (réaction cutanée anormale ou exagérée lors de l’exposition au rayonnement solaire). Également, une photodermatite secondaire peut être provoquée par un phénomène métabolique: une substance photosensibilisante s’accumule dans le plasma. Les plantes concernées sont notamment les renoncules, les séneçons et le trèfle hybride. Attention donc à l’alimentation! 

Concernant les coups de soleil, seules les zones blanches (balzanes, zone de la lice) sont concernées, mais toutes les robes sont potentiellement photosensibles. Les zones les plus touchées sont le nez, le contour de la bouche et des yeux, les membres, le garrot, les épaules, la face supérieure de la base de la queue et les zones de peau rose au niveau des marques et taches de couleur. Lorsqu’un cheval attrape un coup de soleil, la peau gonfle et est douloureuse. On peut refroidir les zones touchées avec un chiffon humidifié d’eau froide, avant d’appliquer un savon antiseptique, puis bien sécher et appliquer une crème apaisante. Afin de préserver son partenaire des coups de soleil, il est possible de lui appliquer de la crème solaire indice 30 minimum (sans parfum, graisse ni conservateur), et de lui mettre un flymask et une couverture anti-UV.