Lauréat surprise, Gerrit Nieberg soulève Aix-la-Chapelle grâce à une option folle

De nature discrète, Gerrit Nieberg l’était encore un peu sur la scène internationale, malgré de très bons classements et plusieurs apparitions en équipes nationales. À vingt-neuf ans, l’Allemand a été projeté sur le devant de la scène cet après-midi en remportant le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle grâce à l’énergie de Ben 431 et beaucoup d’audace au barrage. Il s’est offert le luxe de devancer l’Écossais Scott Brash et Hello Jefferson. Meilleur Tricolore, Kevin Staut a poursuivi sur sa bonne lancée avec Visconti du Telman.



Gerrit Nieberg et son cheval masqué Ben 431, héros du jour à Aix-la-Chapelle.

Gerrit Nieberg et son cheval masqué Ben 431, héros du jour à Aix-la-Chapelle.

© Sportfot

Voilà épreuve et un dénouement qui resteront longtemps dans la mémoire des passionnés de jumping. Alors que la victoire dans le mythique Grand Prix 5* d’Aix-la-Chapelle semblait promise à Scott Brash, unique vainqueur du Grand Slam de saut d’obstacles à l’époque où il ne comptait encore que trois étapes, Gerrit Nieberg a littéralement renversé la table en ne laissant pas passer sa chance. Face aux plus grands, le jeune prodige de vingt-neuf ans a débuté son barrage avec efficacité, sans pour autant laisser penser qu’il pourrait s’imposer. “Le début de notre barrage a été plutôt normal, jusqu’au risque pris avant le double”, résume le héros du jour, d’abord passionné de football avant d’attraper le virus du cheval à treize ans. 

Puis il y a eu cette étincelle, une décision qui change le cours de l’histoire. Grâce à une option folle devant le double, le fils du double champion olympique et champion du monde par équipes Lars Nieberg a fait preuve d’une audace payante. “J’ai demandé à quelqu’un de confiance lors de la détente, qui m’a dit que c’était faisable. Je l’ai donc fait, et cela s’est plutôt bien passé (rires) ! Je savais que je devais être plus rapide que Scott Brash, et prendre cette option était le seul moyen d’y parvenir !”, a-t-il tout simplement résumé en conférence de presse. L’Allemand de vingt-neuf ans et son bouillonnant Ben 431 ont stoppé le chronomètre avec presque six dixièmes d’avance sur l’Écossais, qui devra attendre pour écrire une deuxième fois son nom sur le tableau d’honneur que cavaliers et chevaux croisent en sortant de la gigantesque piste. Le représentant de l’Union Jack y figure déjà depuis 2015 grâce à son merveilleux et inoubliable Hello Sanctos.  

Chers lecteurs, comment vous décrire l’éclair qui a traversé le stade de la Soers cet après-midi à 17h53 ? Avec son option, Gerrit Nieberg a décroché quelques mâchoires et soufflé le stade, qui a ensuite vibré au rythme des foulées du bai entre l’avant-dernier vertical et l’ultime oxer. À mesure que le jeune prodige et son bai de onze ans se sont approchés du dernier saut dans une galopade folle, le volume sonore du stade a augmenté et les 40.000 spectateurs ont commencé à croire à une victoire locale. Dans les secondes qui ont suivi, le chronomètre affiché sur l’écran géant a rendu son verdict et sacré Gerrit Nieberg, installé près de Münster avec ses parents et son frère dans les écuries d’Henrik Snoek. “Je ne m’attendais vraiment pas à gagner, c’est un rêve devenu réalité. C’est vraiment une journée incroyable !”, a aussi lâché Gerrit Nieberg, qui participait il y a quelques mois à sa première finale de la Coupe du monde avec une treizième place à la clef. Une journée incroyable qui n’a bien sûr pas échappé au sélectionneur allemand Otto Becker, qui pourrait envoyer le couple de vainqueurs aux mondiaux d’Herning, mi-août. 



Brash a semblé imbattable, jusqu’au dernier partant

Gerrit Nieberg et Ben 431 sur la route de leur plus beau succès.

Gerrit Nieberg et Ben 431 sur la route de leur plus beau succès.

© Sportfot

Jusqu’à aujourd’hui, les lauréats du jour n’avaient jamais connu de succès international significatif, même s’ils comptent à leur palmarès une troisième place dans le Grand Prix CSIO 4* de Varsovie, il y a un an. Rien de comparable à un triomphe à Aix-la-Chapelle, face à bon nombre des pointures de la discipline. Parmi les têtes connues de la Mannschaft depuis quelques saisons, Gerrit Nieberg tournait autour d’un grand succès depuis quelques mois. Le longiligne homme aux faux airs du jeune Sean Connery a aujourd’hui écrit ce qui restera l’une des plus grandes histoires de sa carrière. L’exploit est d’autant plus notable que comme toutes les épreuves du Grand Chelem, le Grand Prix s’est couru en deux manches, puis barrage. 

Contre la montre, cinq couples se sont affrontés. Scott Brash a mis la barre très haute sur un Hello Jefferson des grands jours. En s’élançant à toute vitesse dès la réception du numéro un et sans jamais rompre le rythme, le champion olympique par équipes de 2012 a semblé imbattable, jusqu’au dernier partant. Avant lui, Daniel Deusser avait signé le premier triple zéro avec sa tenante du titre Killer Queen VDM. Bien au point, sa baie ne lui a toutefois pas permis de concurrencer les chronomètres dingues du podium, dont il reste au pied. Un rendez-vous manqué avec le bonus prévu pour les lauréats de deux étapes du Grand Chelem consécutives après sa victoire à Bois-le-Duc sur Bingo Ste Hermelle. 

Après trois parcours plutôt musclés mais sans faute, Nicola Philippaerts a quant à lui profité de la réactivité de Katanga vh Dingenshof pour se faire une place sur le podium et mettre à l’honneur la Belgique. Le chronomètre de l’Américain McLain Ward aurait pu lui permettre de gagner un rang et se placer quatrième, mais une grosse faute de la formidable HH Azur, qui a trouvé les foulées jusqu’à l’ultime difficulté un peu longues, les a relégués à la cinquième place. Chapeau en tout cas pour les deux parcours initiaux, dignes d’une épreuve de hunter



Kevin Staut la joue finement

Kevin Staut et Visconti du Telman, septièmes du Grand Prix.

Kevin Staut et Visconti du Telman, septièmes du Grand Prix.

© Sportfot

Les deux premières manches ont aussi donné lieu à leur lot de surprises et frustrations, notamment celle de ne pouvoir compter les champions olympiques de Londres Ben Maher et Explosion W au barrage. Le couple s’est laissé piéger sur le deuxième élément du triple dans l’acte deux. Souverain sur le tour initial, Dominator 2000 Z, le puissant fils de Diamant de Semilly de Christian Ahlmann, a pêché sur le n°6 de la même manche. 

Parmi les favoris de la liste de départ, Martin Fuchs et Leone Jei n’ont pu prendre part au deuxième tour pour une barre sur le vertical noir n°12 en première manche. À la réception du n°7, le gris vice-champion d’Europe a glissé dans un tournant, ce qui n’a pas déstabilisé son cavalier au mental d’acier quelques foulées avant le n°8. Double zéro dans la Coupe des nations, l’Allemande Janne Friederike Meyer-Zimmermann et Jérôme Guéry ont quant à eux été privés de deuxième partie d’épreuve pour respectivement deux et une faute avec Messi van’t Ruytershof et Quel Homme de Hus. Champions d’Europe en titre, Andre Thieme et l’aérienne DSP Chakaria ont été privés de second round pour avoir délogé la barre du n°11b de ses taquets mais aussi pour un point de temps dépassé. 

Partis en début d’épreuve, Roger-Yves Bost et Ballerine du Vilpion ont quant à eux pêché sur les deux imposants premiers éléments du triple. Seul autre Français au départ de l’épreuve, Kevin Staut a délivré un premier parcours impeccable avec Visconti du Telman, trois jours après ses seize et zéro points dans la Coupe des nations. Ayant pris une nouvelle dimension cette année, comme l’a récemment confirmé son cavalier, la fille de Toulon s’est montrée sous son plus beau jour. La brune n’a commis qu’une faute importante sur le second élément du redoutable et redouté double de bidets, empêchant le couple de s’élancer au barrage. Rapide après la faute, le numéro un français conclut ce Grand Prix à un bon septième rang. La combinaison signature d’Aix-la-Chapelle a par ailleurs causé bien des soucis à Philippe Weishaupt et Harry Charles, ouvreurs de la seconde partie d’épreuve. Sur Asathir, née Tescla d’Auge chez Julien Épaillard, l’Allemand a chuté au milieu après une entrée sur le frein. Le jeune Britannique a quant à lui traversé le premier élément avec Romeo 88, qui n’a pu franchir le second, poussant son cavalier à renoncer.

Cette épreuve passionnante mérite d’être revue, ce qui est possible sur Clipmyhorse.tv, où toutes les performances du week-end sont disponibles.  

Les résultats ici