“Enfiler la veste de l’équipe de France est mon sentiment préféré”, Rose de Balanda
Après une belle treizième place dans le Grand Prix du CSIOJ d’Hagen et compte-tenu de leurs résultats, Rose de Balanda et Hurbie ont été sélectionnées pour les championnats d’Europe Juniors qui se tiendront à Oliva, du 11 au 17 juillet. Cela faisait depuis 2018 que la cavalière n’avait pas couru d’échéance européenne. Rose de Balanda est revenue sur cette sélection et ses objectifs.
Vous venez d’être sélectionnée pour les championnats d’Europe Juniors, qui se dérouleront à Oliva du 11 au 17 juillet. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Je suis vraiment contente de cette sélection. Ça fait du bien de se dire que je vais remonter pour l’équipe de France dans un championnat et je trouve que Hurbie (KWPN, Toulon x Coconut Grove) mérite cette sélection. Il a été super tout au long de la saison et a répondu présent à chaque fois qu’on lui a demandé. C’est une belle récompense de nos efforts et de la saison.
J’ai commencé ma saison 2022 un peu plus tard que les autres donc dans l’idéal il me manque peut-être deux mois de préparation avec mon cheval mais j’ai confiance en lui et nous sommes tous les deux capables de donner le meilleur de nous-même et de nous battre pour le sans-faute le moment venu.
L’équipe est super avec Charles Berthol, Véra Desutter, Ilona Mezzadri et Eden Leprévost Blin Lebreton, nous avons tout ce qu’il faut pour réussir un bon championnat. Désormais, il n’y a plus qu’à…
Vous attendiez-vous à cette sélection après le week-end enrichissant passé à Hagen ?
Avec ma mère, Eugénie et Hurbie, nous avons débuté la saison un peu de notre côté. Bien sûr, nous avions les championnats d’Europe en tête mais ce n’était pas le graal de la saison. Le but était vraiment de progresser et de monter le mieux possible. Quand nous avons vu que Hurbie commençait à aller vraiment bien au CSIO de Fontainebleau, nous en avons parlé avec le sélectionneur de l’équipe de France Olivier Bost, nous avons convenu que nous essaierons d’être prêts pour cette échéance. Je suis vraiment contente qu’Olivier et tout le staff fédéral nous fasse confiance. Être sélectionnée pour un championnat d’Europe fait toujours plaisir, c’est un honneur.
Vous montez Hurbie depuis 2019, comment avez-vous croisé sa route ? Vous appartient-il et quels sont les objectifs ?
Nous l’avons acheté à sept ans. Je l’ai connu grâce à Abdel Saïd, lorsque je montais avec lui. C’est un cheval super, très sensible, ce qui a été un petit peu compliqué. Nous avons mis un peu de temps à trouver les boutons. Eugénie l’a travaillé et est même sortie un peu en concours avec durant mes trois mois aux Etats-Unis. Cela a vraiment métamorphosé le cheval. Maintenant, nous nous connaissons par cœur et avons pris part à pas mal de grosses épreuves ensemble. J’ai cent pour cent confiance en lui.
Le sans-faute dans le Grand Prix du CSIO d’Hagen a vraiment fait du bien parce que cela faisait plusieurs parcours que nous ne passions pas loin d’une performance. Ce résultat voulait dire beaucoup et était vraiment attendu. Pour l’instant, nous avons prévu de le conserver et nous verrons par la suite. Je pense que la vie de professionnelle est faîte d’opportunités, mais pour le moment, nous allons déjà nous concentrer sur l’échéance européenne à venir. J’ai toujours vendu mes chevaux, c’est comme ça que je fonctionne alors nous verrons bien ce qui se présente à nous. Si un jour l’opportunité de le vendre se présente et que c’est intéressant, il partira.
Quels sont les objectifs annoncés pour l’échéance européenne ?
Je ne sais pas encore si je ferai partie du championnat par équipes, je crois que cela se décide après la Chasse du premier jour. L’objectif pour le moment est de faire de notre mieux et d’être performant tout le week-end, surtout dans la Chasse puisque Hurbie est très rapide. Nous verrons bien comment le championnat se déroule, à quelle position nous seront placés dans l’équipe. Quoi qu’il arrive, nous donnerons le meilleur de nous-même.
Que représente la veste de l’équipe de France ?
Enfiler cette veste est mon sentiment préféré. Les Coupes des nations sont des épreuves exceptionnelles. Lors des épreuves individuelles, nous nous battons individuellement, tandis qu’avec l’équipe nous montons pour la nation, avec plein de monde qui compte sur nous. Il faut vraiment le vivre pour le comprendre. Personnellement, monter pour l’équipe de France est ce que je préfère, c’est un sentiment indescriptible.
“Tzara méritait une retraite à nos côtés”
Votre dernière participation aux championnats d’Europe remonte à 2018 avec Tzara Belin (SF, Toulon x Diamant de Semilly). Comment va-t-elle ?
Elle va très bien, elle est partie à la retraite. À mon retour des Etats-Unis, j’ai longuement parlé avec mes parents et Eugénie et je trouvais qu’elle ne méritait pas de repartir dans une nouvelle saison de concours. C’est une jument très spéciale et compliqué à travailler à la maison, elle ne vit que pour la piste donc je ne voulais pas la remettre dans un système qu’elle ne connaissait pas. Elle m’a tellement donné que je ne voulais pas tirer sur la corde et c’était hors de question pour nous qu’elle se blesse pour la mettre à la retraite. Elle est partie de la plus belle des manières, en s’imposant dans l’une des dernières épreuves qu’elle a courue (au CSI 2* de Valencia dans une épreuve à 1,40m en février 2021, ndlr). Elle méritait d’avoir une retraite à nos côtés et de faire de beaux bébés.
Quelle est l’ambiance au sein de l’équipe ?
L’équipe est vraiment super, avec une bonne ambiance. Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire une Coupe des nations cette année avec Eden, mais nous en avions déjà couru plusieurs ensembles par le passé, nous nous connaissons bien. C’est un plaisir de partir courir les championnats avec un telle équipe, j’ai totalement confiance en ce collectif.
Comment vont se dérouler les derniers entraînements ? Quel est un peu le programme jusqu’aux championnats ?
Cela ne fait pas longtemps que nous sommes rentrés d’Hagen. Nous avons laissé quelques jours de repos à Hurbie, qui a vu le vétérinaire, le maréchal… Nous faisons en sorte qu’il soit au meilleur de sa forme.
Pour le moment, nous nous entraînons à la maison avec Eugénie. Les championnats d’Europe sont une échéance importante, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers c’est évident mais ce n’est pas non plus pour cette raison que nous allons changer tout notre système et nous mettre plus de pression que d’habitude. Finalement, il s’agit de parcours comme les autres. Bien sûr, les circonstances font que c’est différent et automatiquement nous nous mettons de la pression mais dans la manière de s’entraîner et de préparer le cheval il faut qu’on arrive à rester pareil, le cheval ne sait pas qu’on part au championnat d’Europe. Nous nous entrainons donc un peu comme d’habitude !
Y a-t-il un point particulier que vous aimeriez améliorer d’ici là ?
Il y a bien sûr toujours quelque chose à améliorer, il faut que j’arrive à rependre confiance en moi à cheval, cela fait effectivement longtemps que je n’ai pas pris part à des championnats d’Europe donc il faut que j’arrive à rentrer en piste en étant sûre de moi et de ce nous pouvons faire. C’est le meilleur moyen de réussir, faire une bulle avec Eugénie, mon cheval et moi-même et arriver rester dans cette dynamique.
“Ce nouveau partenariat m’a vraiment relancée vers le haut niveau”
Comment se passe l’association avec Eugénie Angot ?
Tout se passe vraiment bien, je pense que je n’aurais pas pu rêver mieux. L’opportunité que j’ai eue avec Eugénie, est l’opportunité d’une vie, qui ne se représentera pas plusieurs fois. C’est une chance énorme. Elle est fantastique, se donne pour moi comme ma mère s’est donnée durant toutes ces années. C’est une belle association, un bonheur d’aller aux écuries tous les jours et de travailler avec Cédric et elle. J’espère que nous sommes parties pour un bon bout de chemin ensemble.
Ce nouveau partenariat est-il à l’origine de votre retour en équipe de France ?
Je pense que ce nouveau partenariat m’a vraiment relancée vers le haut niveau, j’ai eu pendant une période une vraie baisse de forme alors bien sûr cela m’a faite repartir. Eugénie m’a redonné de la confiance en moi en tant que cavalière, a réussi à me remettre sur le bon chemin, ainsi qu’à remettre mon cheval d’aplomb. Elle est à l’origine de beaucoup de choses. Ma relation avec Eugénie m’a vraiment aidée à retrouver la voie de l’équipe de France et du beau sport.
Qu’appréciez-vous dans son coaching ?
J’apprécie le côté technique qui va au-delà du coaching. Elle m’apporte son expérience car elle a concouru au haut niveau. Elle essaie de m’apporter les clés pour que j’y arrive aussi, mais sans le faire à ma place. Elle ne me mache pas le travail. Elle est là tous les jours, me prodigue des conseils, mais c’est à moi de trouver le chemin et d’être autonome. C’est une femme de cheval extraordinaire, elle sait parfaitement comment préparer un cheval et comment l’amener au haut niveau. Elle aime profondément les chevaux. Travailler avec Cédric est aussi intéressant, il est moins bavard mais toujours présent. Ils prennent toutes les décisions ensembles. Dans une séance, Eugénie analyse chaque foulée pour donner les détails les plus précis et les plus minutieux. Cédric donne quant à lui seulement un ou deux conseils pendant toute une séance, mais ils sont radicaux. Notre rencontre se rapporte presque à une histoire familiale. Eugénie a commencé à monter à cheval dans la propriété de mon grand-père (Gilles Bertrán de Balanda, ancien membre de l’équipe de France et double champion du monde par équipes, en 1982 à Dublin avec Galoubet A et 2002 à Jerez de la Frontera avec Crocus Graverie, ndlr) en même temps que ma mère en Junior, elles se connaissent depuis très longtemps. Juste avant de partir aux États-Unis, je suis partie en tournée pendant trois semaines à Vilamoura où Eugénie m’a coaché. C’est à mon retour qu’elle m’a proposé la place de cavalière chez elle. Je suis tous les jours dans ses écuries où j’ai plusieurs chevaux à monter.
Que retenez-vous de votre expérience aux États-Unis?
Ça a été une expérience fantastique ! Je suis allée chez des gens formidables, Brianne Goutal-Marteau et son mari Romain. J’ai beaucoup aimé vivre là-bas, c’est un monde totalement différent de l’Europe. Je ne pense pas que je ferais ma vie de cavalière là-bas, je préfère notre bon système européen, mais c’est une chance de pouvoir dire que j’ai eu cette expérience. Je ne remercierai jamais assez Brianne et Romain de m’avoir permis de vivre cela.
Comment se dessine la suite ? Pensez-vous avoir les chevaux pour viser les Jeunes cavaliers ?
Nous allons essayer de continuer ce que nous construisons petit à petit avec Eugénie. Nous faisons notre petit bonhomme de chemin. Nous devons pour cela trouver des chevaux pour pouvoir passer au niveau supérieur et essayer d’avancer. Des investisseurs sont prêts à en acheter et nous aimerions en plus construire des jeunes chevaux pour l’avenir avec Cédric.
Je pense avoir déjà un bon cheval pour sauter les épreuves Jeunes Cavaliers, même si je ne veux pas trop m’avancer. Un cheval ne suffit pas, il faut un piquet de chevaux qui tourne. Aujourd’hui, avec des concours tous les week-end, il faut des roulements et faire du commerce pour pouvoir en vivre, c’est évident. Ça ne fait pas longtemps qu’Eugénie et moi travaillons ensemble et ce que nous avons accompli est déjà énorme. Tout se met en place au fur et à mesure.