Soixante femmes, soixante histoires, soixante sources d’inspiration

Chères lectrices, chers lecteurs, voici l’éditorial du Hors-Série estival de GRANDPRIX consacré aux “Soixante femmes qui font le monde équestre” de 2022, en kiosques depuis quelques jours déjà.



Dix-neuf. À seulement dix-neuf reprises en cent trente-huit numéros, une femme a fait la Une de GRANDPRIX, depuis son lancement en novembre 2008. Dix-neuf contre cent cinq fois pour un ou des hommes, huit pour un cheval seul et six pour des couples ou équipes mixtes. Un chiffre éloquent, qui illustre à quel point le monde équestre et sa presse spécialisée ont encore du pain sur la planche pour valoriser la gent féminine. Largement majoritaires parmi les équitants depuis longtemps, qui plus est dans nos sociétés occidentales, les femmes restent très minoritaires au plus haut niveau en saut d’obstacles, discipline reine, de même que parmi le corps des présidents de fédérations nationales et internationales ou au sein des conseils d’administration des grandes entreprises de la filière équine. Un état de fait d’autant plus surprenant s’agissant d’un sport mixte, le seul au programme des Jeux olympiques, où femmes et hommes se disputent les mêmes médailles.



Pour autant, dans le monde du cheval, les femmes gagnent du terrain et brisent progressivement les plafonds de verre hérités d’un système patriarcal en voie de déconstruction. Ce régime juridique et social fondé sur la détention de l’autorité par les hommes, et l’exclusion explicite et structurelle des femmes, n’a plus cours dans nos sociétés post-modernes, mais celles-ci n’en demeurent pas moins machistes et profondément inégalitaires. En témoignent, par exemple, les écarts persistants de salaires, les durées de congés de parentalité différenciées, la progression hiérarchique à deux vitesses ou encore l’impunité persistante des violences physiques et sexuelles. En revanche, les femmes assument de plus en plus le succès, l’influence et la puissance, des notions longtemps restées l’apanage des hommes.



Dans ce Hors-Série estival, GRANDPRIX a choisi de mettre en avant soixante femmes inspirantes issues de la grande famille du cheval et de l’équitation. Sélectionnées selon leur parcours, leur degré d’expertise, leur niveau de responsabilité, leur influence et leur profondeur de champ, ces cavalières, organisatrices, décideuses, vétérinaires, propriétaires, officielles, entrepreneuses ou encore groom, lanceuse d’alerte et artiste sont des figures majeures et respectées dans leurs secteurs d’activités. Comme tout exercice de la sorte, cette liste riche et diverse est nécessairement subjective et surtout pas exhaustive ou autoritaire. Par ailleurs, elle représente une réalité instantanée dans un monde en perpétuelle mutation. Qui sait, dans cinq ans, la Fédération équestre internationale sera peut-être à nouveau présidée par une femme, et les cavalières seront peut-être majoritaires dans le top trente du classement mondial Longines de jumping?



Ce Hors-Série, qui s’adresse à tous les passionnés de cheval, sans distinction de genre, est tout sauf une ode rabougrie à l’amazone ou un catalogue d’études de genres et d’analyses sur la féminisation des sports équestres. En effet, les vingt-quatre articles proposés traitent de sujets variés, parfois complexes, à l’image de la décarbonation de l’événementiel équestre, de l’inclusivité ou de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, parfois plus légers, à l’instar des paysages de prédilection de Gaëlle Ollivier-Jacob, l’une des meilleures cavalières françaises d’endurance, ou des bonnes adresses lyonnaises de Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian Sport. Il y a aussi des points de vue et des portraits plus ou moins inattendus, dont celui de Pénélope Leprevost, championne la plus emblématique de l’équitation française, racontée par ses fans. Soixante femmes, soixante histoires, soixante sources d’inspiration.

Bel été et bonne lecture à toutes et tous.