À Saint-Lô, le Normandie Horse Show vote José Thiry
Après un début de semaine consacré à l’élevage, avec notamment le CIR des chevaux de cinq et six ans orchestré sous l’égide de la Société hippique française, la grande piste saint-loise a accueilli ses premières épreuves internationales aujourd’hui, dans le cadre du Normandie Horse Show. Charles-Henri Fermé s’est imposé dans le Prix GRANDPRIX (1,35m) associé à Jaqui, mais c’est un Belge qui a damé le pion aux tricolores dans une qualificative pour le Grand Prix dominical, conclue par un barrage fleuve. José Thiry a su tirer le meilleur de son bon Jalisco W van de Wolvenhoek pour empocher la victoire. Le Normand Reynald Angot et l’Irlandais Anthony Condon ont complété le podium sur Chrome d’Ivraie et SFS Vincomte.
Yann Royant et son équipe ont vu large à l’occasion de la première épreuve qualificative pour le Grand Prix dominical du CSI 3* de Saint-Lô, cet après-midi au Pôle hippique manchois. Sur soixante couples au départ, vingt-trois ont signé un sans-faute au tour initial. Inutile de préciser que pour gagner, il fallait passer la sixième au barrage! Peu d’entre eux tentèrent les rares options possibles. Guillaume Batillat fut l’un des seuls sans en être récompensé. Il fallait de l’action et du sang pour couvrir les 330m de ce parcours réduit où le double à une foulée vertical/oxer s’est révélé juge de paix. Ainsi, cet obstacle a privé le Marocain Hicham Er-Radi de la victoire avec Ceika Malouine, une fille de Quickly de Kreisker, l’ancien crack de son compatriote Abdelkebir Ouaddar.
Huitième à s’élancer, José Thiry a su jouer de l’immense amplitude de Jalisco W van de Wolvenhoek pour avaler la dernière ligne, face aux tribunes, avec une facilité déconcertante. Le couple n’en est pas à son coup d’essai cette saison. Auteur d’un double sans-faute dans la Coupe des nations Longines EEF du CSIO 3* d’Uggerhalne, fin mai au Danemark, vainqueur du Grand Prix CSI 3* de Lons-le-Saunier, sixième du Grand Prix CSIO 3* de Gorla Minore, en Italie, le duo semble avoir trouvé la voie du succès. Le Belge savoure d’autant plus ce résultat qu’il faillit bien ne jamais arriver jusqu’à Saint-Lô… “J’ai un pneu qui a éclaté. Les freins se sont bloqués... Ensuite, je suis sorti de la cabine du camion pour vérifier quelque chose et mon chien a verrouillé les portes. J’ai dû casser la poignée pour rentrer...!”, raconte-t-il, philosophe. “Vu que nous nous sommes qualifiés aujourd’hui, je ne courrais pas demain.”Conséquence: une journée de repos pour Jalisco. “Je l’économise pour le conserver le plus longtemps possible”, avoue-t-il. Un lien particulier semble les unir, au point qu’on a l’impression que Jalisco appartient au cavalier, alors qu’il est à l’un de ses proches amis, dont le plaisir est de le voir évoluer à haut niveau.
Pour le plaisir du sport
C’est d’ailleurs l’un des premiers chevaux que José Thiry parvient à conserver, les autres ayant tous été vendus une fois performants sur la scène internationale. Jericho Dwerse Hagen, sélectionné aux Jeux olympiques de Tokyo sous selle chinoise, Chat Botté ED, vu en CSI5* avec l’Irlandais Billy Twomey, ou encore Soraya de l’Obstination, performante jusqu’en CSI 5* avec l’Américaine Reed Kessler, sont d’abord passés sous la selle de l’homme du jour. “Nous recevons des demandes mais nous ne sommes pas vendeurs. Nous sommes beaucoup plus excités par le sport. On peut acheter beaucoup de choses, mais pas des performances comme celle-ci”, dit-il.
Avant même ses problèmes mécaniques, José Thiry aurait pu se voir barrer la route de la Normandie en raison du système d’invitations en CSI mis en place par la Fédération équestre internationale, s’appuyant pour une large part sur classement mondial Longines des cavaliers, lequel favorise les pilotes équipés de plusieurs chevaux de Grands Prix… “Je n’avais pas été retenu selon les critères d’attribution des places, alors j’ai appelé les organisateurs pour savoir si je pouvais quand même venir. Le système du classement n’est pas correct. Il serait plus juste de s’appuyer sur un classement des couples.” À bientôt cinquante-neuf ans, José Thiry n’a pas la langue dans sa poche et ne compte laisser quiconque le priver du plaisir de former et monter des chevaux. Avant de briller en piste, le fils de Vivaldi du Seigneur a nécessité quelques réglages. “Avant qu’il n’arrive chez moi, son propriétaire ne pouvait pas le monter. Maintenant, il peut faire ce qu’il veut. On ne pouvait pas entrer dans son box, il ne tenait pas en place...”, avoue-t-il. Et même si le public a eu l’impression que la paire galopait vite, il semblerait qu’elle en garde encore un peu sous les sabots.
Toutes les épreuves du Normandie Horse Show sont retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv