À Saint-Lô, Julien Épaillard était… pressé!
Déjà vainqueur hier de la seconde qualificative, Julien Épaillard a conclu en apothéose le CSI 3* du Normandie Horse Show, cet après-midi à Saint-Lô. En selle sur le très prometteur Donatello d’Auge, le Normand s’est imposé dans l’un des Grands Prix traditionnellement les plus sélectifs et signifiants de l’été. Ce couple a devancé d’un peu plus de six dixièmes de seconde celui formé par le Belge Constant van Paesschen, qui a longtemps tenu la tête avec Plato de Muze, et d’un peu plus d’une seconde celui formé par Valentin Besnard et Dynastie de Beaufour.
Dès vendredi, le natif de Cherbourg avait dit vouloir endurcir Donatello d’Auge, cheval sur lequel il mise pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Pari gagné puisque Donatello, associé à la science de la vitesse de son pilote, a réellement franchi un cap en l’espace de trois jours, finissant auréolé du titre de meilleur cheval du CSI 3* saint-lois. Qualifiée de justesse vendredi pour le Grand Prix au mérite d’une vingt-cinquième place, la paire a remporté la deuxième qualificative hier, avant de s’imposer sans véritable surprise dans le Grand Prix. Ainsi, ce Normandie Horse Show 2022 s’est terminé de la plus belle des manières, en couronnant notre “Juju” national, un enfant du pays... quelque peu pressé! De terminer son week-end manchois d’abord, et si possible en atteignant son objectif: gagner. Puis de filer fissa attraper son vol direction Herning en compagnie de son coéquipier Kevin Staut... L’épreuve s’étant achevée à 18h, pour un embarquement à 20h à Deauville, cela s’annonçait… serré! Un peu comme les trajectoires de Julien Épaillard au barrage de ce Grand Prix signé Yann Royant.
Le Bordelais a quelque peu bousculé les habitudes des cavaliers et du public, habitués aux parcours techniques et corsés du local de l’étape, Jean-Paul Lepetit. Nouvelle piste, nouveau chef et nouvelles sensations: on avait l’impression d’avoir changé d’époque avec des enchaînements différents, des courbes inattendues. Après vingt-trois sans faute vendredi, ils ont été treize, comme hier, à s’extirper des difficultés jalonnant ce tracé composé de... treize obstacles, dont une rivière barrée où le Luxembourgeois Victor Bettendorf et Mr. Tac et, tenants du titre, ont laissé leur trace, ce qui les a privés de barrage. Même si beaucoup pensaient que la messe était dite avait même l’homélie, ce barrage s’annonçait très intéressant, avec la présence de nouveaux couples prometteurs et inattendus à ce niveau. Ce fut le cas du natif de Sartilly, Jérôme Coulombier, et de son excellente Chipie Charbonnière (SF, Padock du Plessis), de l’amateure éclairée Adeline Lemens et Austin des Cèdres (SF, Diamant de Semilly) et de Nicolas Layec avec Du Valon (SF, Kannan), frère utérin de Tam Tam du Valon (SF, Ogrion des Champs), qui semble mieux lui convenir qu’à Margaux Rocuet, sa précédente cavalière, demeurant néanmoins très présente auprès du protégé de son père Bruno.
La jeunesse laborieuse en embuscade
Le barrage, disputé sur sept obstacles et un tracé ouvert aux options, était promis aux galopeurs. Avant le passage de Julien Épaillard, Constant van Paesschen a pris les commandes d’entrée de jeu avec Plato de Muze, qui n’est pas sans rappeler son père, Plot Blue. “Le pari était d’aller le plus vite possible”, dit le Belge. “En partant le premier, je n’avais aucune information. Je regrette de ne pas avoir reconnu les lignes du barrage... Mais bon, face à Julien, c’était mission impossible. Cette deuxième place, c’est comme une victoire”, avoue-t-il en riant. “J’étais étonné qu’il n’y ait pas plus d’écart entre nous (six dixièmes de seconde, ndlr). Plato n’a pas beaucoup concouru jusqu’à ce qu’on me le confie il y a un an. J’espère le conserver car je pense avoir encore pas mal de belles choses à faire avec lui. C’est un cheval facile. Quand on entre en piste, il faut juste rester concentré car il est si bon qu’on aurait tendance à se négliger.” Plato appartient à un propriétaire, Herman Stes, “un chouette gars” comme le dit le cavalier. Fort de trois participations au CSI 3* du NHS et deux deuxièmes places, le Belge apprécie les nouvelles pistes et les conditions d’accueil des chevaux. “J’ai été très agréablement surpris de voir tant de monde samedi soir pour la Puissance. Je suis toujours ravi de revenir ici.”
De son côté, Valentin Besnard a pu savourer le fruit d’une semaine bien remplie. Celle-ci a débuté avec le championnat interrégional des chevaux de cinq et six ans et s’est terminé par une belle troisième place grâce à Dynastie de Beaufour (SF, Diamant de Semilly), la jument de Michel Lescanne, née chez Éric Levallois. “Elle a gagné le Grand National de Notre-Dame-d’Estrées. Ici, elle a bien sauté vendredi. Aujourd’hui, j’avais juste envie de bien faire”, avoue-t-il. “Il ne faut pas oublier qu’elle n’a que neuf ans et a progressé de façon impressionnante ces trois derniers mois. Elle a un caractère en or et ne sort jamais de piste plus vite que d’habitude. Elle est très respectueuse, très froide, douée. On va lui laisser le temps et aviser.” Le couple sera au départ du Longines Deauville Classic le week-end prochain, avant une pause bien méritée.
Des indicateurs au vert
Ce Normandie Horse Show s’est donc achevé en apothéose, avec un public très nombreux et surtout conquis par la victoire de l’un des siens. “On ne pouvait rêver meilleur dénouement pour notre événement puisque notre cavalier maison gagne le Grand Prix après avoir gagné celui du CSI 4* d’octobre dernier”, a déclaré Jean-Claude Heurtaux, président de l’association organisatrice. “Le bilan qualitatif et quantitatif est positif. Et le bilan financier permettra de savoir comment nous pourrons aborder l’édition 2023.” “C’est formidable que des cavaliers comme Julien ou Kevin participent à ce concours à une semaine des Mondiaux de Herning”, ajoute Constant van Paesschen, meilleur cavalier du CSI 3*. “Soyons réaliste, on doit les remercier.” On ne tiendra pas rigueur au héros du jour d’avoir quelque peu accéléré le rythme de la remise des prix, avant de filer prendre son vol lui permettant de gagner la petite ville danoise. Dans une semaine, on espère le voir rentrer en France avec une, voire deux médailles.
Toutes les épreuves du Normandie Horse Show sont à revoir sur GRANDPRIX.tv