Impérial, King Edward mène Henrik von Eckermann jusqu’à son premier sacre individuel
Couple le plus attendu des championnats du monde de Herning, au Danemark, Henrik von Eckermann et King Edward n’ont pas déçu aujourd’hui en décrochant l’or, soit le premier grand titre individuel du Suédois, déjà couronné dans les plus grands rendez-vous par équipes. Impeccable du début jusqu’à la fin, le Belge Jérôme Guéry a vécu le plus beau jour de sa carrière avec Quel Homme de Hus, quand Maikel van der Vleuten a doublé le bronze avec Beauville Z.
À quarante-et-un ans, Henrik von Eckermann comptait déjà presque tous les titres dont un cavalier peut rêver. Champion olympique par équipes l’an passé à Tokyo, champion du monde par équipes il y a deux jours et vice-champion il y a quatre ans à Tryon, deux fois médaillé par équipes aux Européens en 2013 et 2017, et ayant atteint le rang de numéro un mondial pour la première fois de sa carrière en août, Henrik von Eckermann n’avait pour autant toujours pas décroché de médaille individuelle. Malheureux quatrième de la finale individuelle des Jeux olympiques de Tokyo l’an passé, le Suédois a largement pu se venger aujourd’hui à Herning en décrochant l’or individuel au terme de cinq parcours extraordinaires aux championnats du monde. Un sacre qui n’aurait été possible sans son indescriptible King Edward, repéré et formé par son épouse, la Suissesse Janika Sprunger. Montrant une forme étincelante, une aisance renversante et toujours plus bondissant, le petit alezan s’est promené sur la totalité des parcours du Néerlandais Louis Konickx. Cinquième après la Chasse de mercredi avec 0,83 points, le couple a conservé son score jusqu’au franchissement de la ligne d’arrivée aujourd’hui. Et pour eux, comme pour beaucoup, le premier parcours de la finale individuelle a été une formalité…
Louis Konickx a en effet peut-être eu la main un peu légère en imaginant le tour initial de cette finale dominicale. Pour preuve, quatorze des vingt et un partants ont quitté le stade Stutteri Ask avec un score vierge. Pas à la hauteur d’un plateau relevé, le parcours a tout de même écarté l’Écossais Scott Brash de la seconde manche en raison d’une faute sur la palanque n°9 avec Hello Jefferson. Bien lancé dans ce championnat, celui qui s’était offert le bronze individuel et l’or par équipes dans ce même stade il y a neuf ans à l’occasion des Européens, conclut son championnat à une décevante dix-septième place. Sixième au classement général avant la finale individuelle, l’Israélien Daniel Bluman a tout perdu lors du premier acte à la suite d’un refus de Ladriano Z sur le mur n°3. Quatrième jusqu’alors, le Suisse Martin Fuchs a chuté dans le classement à cause d’une faute de Leone Jei sur l’oxer n°4. Champion d’Europe par équipes et en argent en individuel, l’excellent gris par Baltic VDL n’est pas apparu au sommet de son art aujourd’hui, alors même qu’il s’imposait avec maestria le 31 juillet dans le Grand Prix 5* de Dinard. Pour le reste, aucun suspense, puisque Maikel van der Vleuten, Ben Maher, Max Kühner, Jérôme Guéry, Jens Fredricson ou encore Henrik von Eckermann ont déroulé.
Unique représentant français après le forfait de Julien Épaillard hier, Simon Delestre et le scotchant Cayman Jolly Jumper ont eux aussi fait partie des meilleurs de la première manche. Toujours plein de fougue et de respect, le digne fils d’Hickstead s’est montré prêt à affronter un ultime parcours.
Cayman Jolly Jumper confirme qu’il a la stature pour les championnats
La seconde manche a heureusement donné lieu à un peu plus de suspense, le deuxième parcours plus technique ayant mis au défi les douze cavaliers toujours en course. Ouvreur, Marcus Ehning a aussi été le premier à trouver la clef grâce à Stargold, parfaitement monté jusqu’au sans-faute… et bien aidé par une bonne dose de chance! L’Allemand et son bai par Stakkato Gold ont sérieusement fait trembler la palanque en milieu de triple n°5, le vertical n°7 et la sortie de double n°10. Mais ce double zéro leur a permis de sacrément grimper au classement définitif! Dix-septièmes ce matin, tous deux ont en effet bondi jusqu’au cinquième rang ce soir, notamment grâce aux infimes écarts de points… et aux fautes de la concurrence! Signant un nouveau parcours très musclé, le Belge Nicola Philippaerts a péché sur le difficile n°10B avec l’excellente Katanga van het Dingeshof, concluant son championnat à la huitième place.
Toujours aussi frais, Cayman Jolly Jumper a survolé le second parcours, à l’exception du milieu du triple, dont la palanque a été délogée des taquets. Rageant, mais un sans-faute aurait mené le couple français à la quatrième place, tout aussi, si ce n’est davantage, frustrante... Avec une septième place finale, quelle belle première expérience pour le bai brun du Lorrain, récemment racheté en majorité par Nicholas Hochstadter en vue des Jeux olympiques de Paris 2024, puisqu’il n’a laissé que deux barres à terre sur cinq parcours pour la plupart vraiment très difficiles. Hermès Ryan des Hayettes a trouvé un successeur de choix pour Simon Delestre, que l’on aurait aimé voir en zone mixte après l'épreuve, mais qui a livré ses impressions au service communication de la Fédération française d’équitation (FFE).
Jérôme Guéry vit “le plus beau jour de sa carrière”
Avec deux fautes dans le double, Martin Fuchs a conclu son championnat au onzième rang. Sixième avant l’ultime parcours, Maikel van der Vleuten a arraché un sans-faute presque inespéré sur Beauville Z. Plus tellement aérien, le bai formé en France par Jean-Sébastien Ochin et Maxime Rius a tout de même conclu par un parcours sans pénalité. Déjà en bronze l’an passé à Tokyo, le Néerlandais a levé le poing en franchissant la ligne d’arrivée, sachant qu’il mettait la pression sur ses concurrents. Cela a payé, puisqu’à sa suite, Ben Maher a fait chuter le vertical noir n°7 sur le très à la hauteur Faltic HB, remplaçant de choix. Quelques jours avant son départ pour le Danemark, le Britannique a en effet dû renoncer à s’élancer avec son champion olympique Explosion W, suppléé avec brio par le fils de Baltic VDL.
Tout proche d’un podium individuel, dont il s’était déjà approché à Tryon avec une sixième place associé au sublime Chardonnay 79, Max Kühner devra attendre encore un peu pour décrocher une médaille. Sans sa faute sur le n°10B et ses deux points de temps, l’Autrichien et son bon Elektric Blue P auraient pu monter sur la troisième marche du podium, qui a tout compte fait filé entre les mains de Maikel van der Vleuten, déjà en bronze à Tokyo.
En fin d’épreuve, la bataille pour le podium a été passionnante. Face à une pression dingue, Jérôme Guéry a tenu bon avec son si régulier Quel Homme de Hus, l’un des deux seuls chevaux du championnat à ne pas avoir laissé de barre à terre. Avec 2,35 points au compteur et la certitude de repartir avec une médaille, le Belge n’a laissé presque aucune marge de manœuvre aux deux derniers compétiteurs suédois.
Auteur d’un début de championnat tout à fait exemplaire, Jens Fredricson a malheureusement signé un dernier parcours difficile sur le formidable Markan Cosmopolit. Le frère aîné du multimédaillé Peder Fredricson, avec qui il a décroché l’or vendredi, a cette fois péché à trois reprises sur les deux combinaisons, synonymes de dixième place finale.
Partis favoris au début du championnat et ultimes prétendants à la couronne, Henrik von Eckermann et King Edward n’ont donc pas déçu puisqu’ils ont littéralement survolé l’épreuve. À peine la ligne d’arrivée franchie, le stade presque rempli de 10,000 spectateurs – dont de très nombreux suédois – a exulté. Le jeune père de famille, en couverture du double numéro d’été de GRANDPRIX, a levé le poing, lâché ses rênes pour se prendre le visage dans les mains, et remercié le meilleur cheval du monde. King Edward a enfin mené sur le trône le non moins royal Henrik von Eckermann.