L’Allemagne a dominé et la France n’a pas démérité au Grand Complet du Pin

L’Allemagne a remporté la Coupe des nations de l’Officiel de France de concours complet, hier au Pin-au-Haras, dans l’Orne. La Mannschaft s’est imposée avec un peu plus d’une barre d’avance sur le France, quintuple tenante du titre, et la Grande-Bretagne. En individuel, ce CCIO 4*-S du Grand Complet a couronné Michael Jung et Fischer Chipmunk FRH. Le meilleur Français, Gaspard Maksud, s’est classé quatrième avec Zaragoza.



Michael Jung et Fischer Chipmunk FRH ont remporté le CCIO 4*-S.

Michael Jung et Fischer Chipmunk FRH ont remporté le CCIO 4*-S.

© Massimo Argenziano/FEI

Les quelques gouttes de pluie tombées sur le parc du Haras national du Pin n’ont pas perturbé le talent de l’équipe allemande, victorieuse pour la première fois du CCIO 4*-S de France, organisé dans le temple ornais du cheval. Après trois jours caniculaires, la pluie a rafraîchi les esprits et les corps. Cela n’a pas suffi à déjouer les pièges tendus par le chef de piste, Quentin Perney, dans le test final du saut d’obstacles. Les trente meilleurs du classement général provisoire se sont élancés dans l’ordre inverse du classement. Les rares couples à signer un sans-faute ont effectué une bonne opération. Ce fut le cas de l’Allemande Sandra Auffarth, dix-septième hier matin et finalement dixième, tout comme le Néo-Zélandais Tim Price, numéro trois mondial, qui a classé ses trois chevaux aux six, huit et douzième rangs.

Les fautes ont coûté cher. Ainsi, l’Allemande Malin Hansen-Hotopp et Maxime Livio, meilleur français, ont respectivement reculé de la cinq et la troisième place aux onze et quinzième rangs sur Carlitos Quidditch K et Api du Libaire, qui a également concédé quatre secondes de temps dépassé. Malin, membre de l’équipe allemande, a toutefois préféré retenir les aspects positifs de cette expérience normande. “Nous sommes vraiment très heureux de ce résultat. J’avais été sélectionnée la première fois l’an dernier au CCIO4*-L de Boekelo, aux Pays-Bas. C’est vraiment une nouvelle équipe. Sur la longue liste, nous étions derrière les six premiers. C’était une chance de pouvoir représenter notre pays. C’est vraiment très difficile car nous avons beaucoup de très bons cavaliers. Il reste encore du chemin avant les championnats d’Europe de 2023. Je vais continuer à m’entraîner et nous verrons bien. Le site du Haras national du Pin est formidable. Le parcours de cross était super, un peu vallonné avec la château en arrière-plan, certes un peu difficile mais juste pour les chevaux. L’équipe d’organisation a réalisé un excellent travail sur le sol.”

Cela a ouvert la voie à la toute jeune Allemande Alina Dibowski, vingt-deux ans, troisième au classement final avec Barbados 26, et surtout à Gaspard Maksud, quatrième et meilleur Français avec Zaragoza pour sa deuxième sélection en équipe de France. “Zaragoza a très bien sauté aujourd’hui. Elle a été fantastique, surtout après le cross d’hier. Elle a consenti beaucoup d’efforts. Elle est encore jeune. Il n’y avait pas beaucoup de chevaux de neuf ans dans cette épreuve. Elle était concentrée tout au long du week-end et veut toujours bien faire. Le parcours de cross était très bien construit et assez gros. Le temps idéal n’était pas inaccessible. Je suis très satisfait de son comportement. Je vais continuer à travailler dans cette direction. Mon objectif est d’aller à Badminton l’an prochain et de concourir en CCI 5*-L. Dans le futur, j’aimerais beaucoup participer à des championnats, mais cela reste du bonus.”

Le meilleur Français, Gaspard Maksud, s’est classé quatrième avec Zaragoza.

Le meilleur Français, Gaspard Maksud, s’est classé quatrième avec Zaragoza.

© Massimo Argenziano/FEI



“Gagner n’était pas ma priorité”, Michael Jung

Sans véritable surprise, Michael Jung a maintenu son avance pour s’imposer sans forcer avec le crackissime Fischer Chipmunk devant la jeune Britannique Mollie Summerland et Charly van ter Heiden. “C’était une très belle compétition. J’ai apprécié passer la semaine ici, avec un bon parcours de cross, bien construit, et des spectateurs sympathiques qui créent une belle ambiance”, s’est réjoui le double champion olympique. “L’épreuve de saut d’obstacles était assez difficile, un bon challenge pour notre dernière compétition avant les Mondiaux. Je voulais courir avec mon cheval une dernière fois, poursuivre son entraînement, travailler certains points. Évidemment, c’est bien de gagner, mais ce n’était pas ma priorité. Je voulais m’entraîner, essayer des choses, continuer à construire ma relation avec mon cheval. Quant à la victoire de l’équipe allemande, je pense que c’est bien d’avoir une nouvelle génération de cavaliers motivés pour le futur qui nous rendent plus forts et nous soutiennent. Ces prochaines semaines, je vais poursuivre le travail de fond, renforcer le physique de Chipmunk, sans trop en faire, afin de la conserver heureux et en forme.”

Parmi les équipes pouvant espérer un podium, les Allemands, en tête depuis le dressage, disposaient d’une avance relativement faible sur les Bleus. Heureusement pour les uns, et malheureusement pour les autres, les deux équipes se sont neutralisés avec un seul couple sans pénalité pour chacune. L’écart s’est réduit à un peu plus de quatre points, mais la Mannschaft l’a bel et bien emporté. “Nous sommes très satisfaits du résultat de l’équipe même si nous aurions bien évidemment préféré gagner”, a commenté Héloïse Le Guern, trente-neuvième en individuel après deux fautes hier sur Canakine du Sudre. “Armanjo Serosah était assez tendu avant d’entrer en piste aujourd’hui, mais il a réussi à se détendre et à rester très à l’écoute sur le parcours”, a analysé Cyrielle Lefèvre, dix-neuvième et pénalisée seulement de trois secondes de temps dépassé. “Je ne peux pas encore beaucoup galoper à l’hippique, donc j’ai pris quelques points de temps. Au dressage, j’ai encore du travail pour améliorer le galop. Au cross, il est toujours aussi à l’aise. Il a été une fois de plus fantastique. L’équipe allemande a été très forte, mais nous n’avons pas démérité en montant sur la deuxième marche du podium. Nous avons tous bien travaillé et avons réussi à supporter la pression!”

La Grande-Bretagne a complété le podium, devançant la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suisse, la Suède, la Belgique, la Pologne, l’Italie, l’Autriche et l’Espagne. “Nos couples ont acquis beaucoup d’expérience ce week-end”, a commenté Philip Surl, chef de l’équipe britannique. “Je suis très content pour tous les cavaliers, qui ont fait de très bonnes choses. Nous formons les équipes en fonction de qui est disponible chaque week-end. Cette semaine, il y avait une belle compétition en parallèle à la maison (le CCI 4*-S de Hartpury, ndlr). Mollie Summerland a réalisé un résultat exceptionnel en équipe et en individuel. Kirsty Chabert avait un jeune cheval pour ce niveau d’épreuve. Celui de David Doel a couru à Badminton et son objectif est d’aller à Burghley cette année. Et William Oakden est également un jeune élément. Nous sommes dans une bonne dynamique! L’organisation a tout fait pour que cette compétition soit fantastique. Beaucoup de travail a été accompli pour que le terrain de cross soit aussi bon. Le comité d’organisation a réussi de très bonnes choses et Pierre Le Goupil, le chef de piste, a imaginé un très bon parcours. La semaine prochaine, nous allons à Arville, en Belgique, avec d’autres chevaux. Je suis très fier de mon équipe.”



Quelle équipe de France aux Mondiaux de Pratoni?

Pour les sélectionneurs nationaux, l’heure des choix a sonné en vue des Mondiaux de Pratoni. Thierry Touzaint doit analyser tout ce qui s’est passé ce week-end, du forfait de dernière minute d’Absolut Gold*HDC, le crack olympique de Nicolas Touzaint, en raison “d’une très légère blessure sans aucune gravité” aux éliminations de Jean-Lou Bigot et Christopher Six avec Utrillo du Halage et Totem de Brécey lors du cross en passant par la faute sur un fanion de Gireg Le Coz et Aisprit de la Loge l’abandon de Karim Laghouag et Triton Fontaine lors de ce même test de fond après un refus dans un contrebas. “Triton va très bien physiquement, il semble simplement encore avoir de mauvaises pensées quand il aborde les contre-bas, je ne l’ai pas beaucoup appuyé, ce qui nous a valu ce refus. La mémoire de la douleur, voilà où nous en sommes. Il a sauté très bien après, mais je l’ai arrêté: il faisait chaud et il n’y avait plus rien à gagner en soi. Je n’ai pas de regrets car je souhaiterais qu’il ait spontanément envie de sauter, sans trop le brusquer, et qu’il reprenne 100% confiance afin de le préserver pour la suite. Il m’a déjà donné beaucoup et c’est ma façon de le remercier. Je reste un compétiteur alors la déception est immense compte tenu du travail accompli cette saison pour revenir en forme. Être à nouveau en équipe de France avec Triton pour les Mondiaux restait l’objectif numéro un…” Thierry Touzaint devra sûrement aussi considérer la très bonne performance d’Astier Nicolas et Alertamalib’Or, dixièmes après un cross impeccable et une faute hier.

Cette vingt-sixième édition du Grand Complet s’est achevée sous une pluie bienfaisante après une semaine très chaude lors de laquelle l’équipe de l’association Ustica a démontré sa capacité à s’adapter aux conditions extrêmes. Grâce à un important travail du sol, les meilleures nations mondiales ont pu se préparer sereinement en vue des championnats du monde, programmés dans un mois pile à Pratoni del Vivaro, en Italie. Beaucoup sont également venus en repérage dans la perspective des championnats d’Europe de 2023, le nouveau challenge que s’est fixé Ustica. Rendez-vous du 10 au 13 août 2023 pour un événement exceptionnel, cinquante-quatre ans après la dernière grande échéance de la discipline organisée au Haras national du Pin.

Les chevaux de l'équipe de France ont tout donné.

Les chevaux de l'équipe de France ont tout donné.

© Christophe Tanière/Ustica