Boyd Exell célèbre son sixième sacre mondial, et les Pays-Bas leur onzième titre collectif à Pratoni, où la France finit au pied du podium

Invaincu aux championnats du monde d’attelage à quatre chevaux depuis 2010 à Lexington, Boyd Exell a remporté son sixième titre planétaire consécutif cet après-midi à Pratoni del Vivaro, en Italie. L’Australien établi aux Pays-Bas a partagé le podium individuel avec le vétéran néerlandais IJsbrand Chardon et l’Allemand Michael Brauchle. Par équipes, les Bataves ont été sacrés pour la onzième fois, devançant l’Allemagne, la Belgique et la France, passée encore une fois près d’une médaille.



Le ciel s’est avéré capricieux une grande partie de l’après-midi à Pratoni del Vivaro, en Italie, après que le directeur des championnats du monde d’attelage à quatre chevaux, l’Italien Giuseppe della Chiesa, ancien président du comité technique de saut d’obstacles de la Fédération équestre international, a décidé de repousser le départ de la maniabilité à 12h30 en raison de prévisions inquiétantes incluant tonnerre et éclairs. En fait, le pire des orages est passé pendant la nuit, transformant la poussière tourbillonnante de Pratoni en une boue noire et collante. Mais le ciel bleu n’a pas duré longtemps car à mi-parcours, les nuages sont tombés sur Rocca di Papa et la pluie s’est abattue sur les meneurs, rendant la vision et le maniement des rênes difficiles.

Malgré toutes les tentatives de ses plus proches rivaux, Boyd Exell a gardé la tête froide lors d’une épreuve de maniabilité disputée sur un terrain détrempé, pour remporter son sixième championnat du monde individuel. Mieux, son règne sans partage reste intact depuis sa première médaille d’or décrochée il y a douze ans à Lexington, aux États-Unis. Son plus grand adversaire, le quadruple champion du monde néerlandais IJsbrand Chardon, l’a bousculé à chaque instant, manquant de gâcher la fin de conte de fées de l’homme qui domine la scène internationale depuis si longtemps. Après avoir vu son fils Bram réaliser un parcours sans faute à la vitesse de l’éclair – le seul double sans-faute de la journée sur le parcours délicat de l’Allemand Josef Middendorf avec un temps serré, IJsbrand a laissé toutes les balles en place et concédé seulement 2,35 de pénalités de temps, et il s’est fermement placé dans la course pour une cinquième médaille d’or individuelle. En terminant deuxième de cette phase, il a également permis à son équipe nationale de rester en tête.

Pour autant, Boyd n’allait pas laisser échapper son emprise sur la couronne. Il a mené un tour mesuré, ne lâchant que 5,92 points de temps, confortablement dans la marge qu’il avait sur IJsbrand, qui a dû se contenter d’une autre médaille d’argent, 3,76 points derrière le score final de Boyd (156.09). “J’ai la pression d’avoir des chevaux fantastiques qu’on ne peut pas laisser tomber. C’est l’une des choses les plus difficiles. Ils ont maintenant quinze ans et sont si expérimentés. Idem pour l’équipe qui m’entoure, et tous les assistants. Sans oublier Koos, Bram et IJsbrand, qui accentuent la pression. Même si l’on a d’excellents chevaux, on doit aussi faire attention à eux. Quand vous regardez en arrière dans l’histoire, d’autres pilotes ont eu des chevaux fantastiques, et j’en ai aussi eu. Au fil du temps, tout le monde a de grands chevaux. C’est bien de se souvenir d’eux aussi”, a philosophé Boyd Exell.

“Garder ses rênes sèches constituait une pression supplémentaire. J’avais une deuxième paire de gants dont je ne pensais pas avoir besoin! De plus, les chevaux et la voiture commençaient à glisser dans les virages. Le parcours d’aujourd’hui était un bon test, mais seulement dans de bonnes conditions. Avec cette humidité, les nombreux demi-tours rendaient les choses beaucoup plus difficiles. J’ai utilisé les informations que mon équipe m’a transmises sur les tours précédents et je ne m’attendais pas à ce que mes chevaux craignent le cheval de bois au milieu, ce qui m’a coûté quelques secondes. Mais dans l’ensemble, j’ai essayé de rester calme et de ne pas faire tomber de balles”, ajoute Boyd Exell.



“Nous ne devons pas nous satisfaire d’une quatrième place”, Félix Brasseur

Michael Brauchle, qui a mené un marathon si impressionnant hier avec ses chevaux affûtés, a peut-être laissé l’espoir de renverser Boyd l’emporter. Il a renversé une balle et accumulé quelques fautes de temps pour glisser de la deux à la troisième place (163,89). Compote tenu des performances brillantes qu’il a accomplies tout au long du week-end, ce meneur parmi les plus talentueux de la nouvelle génération ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Après l’incroyable maniabilité de Bram Chardon, qui lui a permis de remporter cette phase et de se classer quatrième au général (165,92), Koos de Ronde savait qu’il devait produire un tour sûr pour maintenir sa nation dans la course à l’or. Bien qu’il ait rencontré des difficultés dans la dernière section du parcours, il a maintenu l’emprise néerlandaise malgré trois balles tombées et quelques pénalités de temps (12,99) qui lui ont permis de terminer septième au général. Troisième et dernier à partir, IJsbrand Chardon, qui a admis plus tard s’être concentré sur la maniabilité pendant la préparation de ces championnats, a canalisé ses nombreuses années de travail pour mener son équipe au succès. “Tout le monde a dû attendre longtemps – y compris moi-même – pour cette performance cette semaine! Lorsque j’ai changé de cheval avant l’inspection vétérinaire, je savais que le dressage et le marathon seraient difficiles, mais j’avais toujours mon équipe A pour la maniabilité. […] Je suis l’actuel champion des Pays-Bas, d’Europe et de la Coupe du monde, mais aux Mondiaux, j’ai déjà commis des erreurs inhabituelles, comme en 2018 à Tryon. J’avais besoin de prendre ma revanche le dimanche. J’en avais besoin aujourd’hui aussi pour montrer que je peux le faire”, a déclaré Bram Chardon.

L’Allemagne, qui avait pris la tête de l’épreuve par équipes après le dressage, a rétrogradé à la deuxième place après le marathon. Avant ce dernier jour, il n’y avait que 3,27 d’écart entre les deux géants. Cependant, lorsque les Pays-Bas ont pris de l’avance après le tour fulgurant de Bram, leurs rêves d’or se sont évaporés. En terminant avec 327,45 contre 313,93 pour les Néerlandais, sacrés pour la onzième fois de l’histoire de cette discipline, ils ont néanmoins reçu les félicitations des vainqueurs pour leur défi courageux. Se fiant à son mental toujours aussi calme à la maniabilité, l’Allemande Mareike Harm, qui avait obtenu la seule autre note de dressage inférieure à 40 avec Boyd Exell, savait qu’elle allait briller. Malgré un temps de plus en plus sombre, elle n’a lâché que 4,89 points de temps pour terminer troisième de cette phase et assurer l’argent à son équipe, avec Georg von Stein.

Glen Geerts a supporté tout le poids des attentes des Belges pour conserver leur troisième place provisoire (356,39) et, avec une maniabilité caractéristique et bien jugée, il s’est maintenu près des leaders avec une sixième place (173,74). Cela leur a suffi à gagner le bronze, aux dépens de l’équipe française (346,49), quatrième malgré le tour lisse de son pilier Benjamin Aillaud qui n’a comptabilisé que 7,45 points de temps. Il a fini dixième avec 178,29 points. Anthony Hordé s’est classé treizième avec 184,66 points (6 points et du temps dépassé à la maniabilité) et Sébastien Vincent, vingt-deuxième avec 208,22 (9 points et du temps à la maniabilité). Engagé en individuel, Maxime Maricourt a fini trente-troisième avec 255,08 points (9 points et du temps à la maniabilité). “D’une part, jouer le podium d’un championnat du monde jusqu’au bout comme nous venons de le faire témoigne d’une dynamique très intéressante autour des équipages présents. En 2016 à Bréda, nous avions fini huitièmes, en 2018 à Tryon, quatrièmes à quatorze points, et ici à sept points du podium. Néanmoins, nous ne devons pas nous satisfaire d’une quatrième place mais analyser à froid ce qui nous sépare de ces places sur le podium, pour trouver les solutions et ne plus subir ce classement”, conclut le maître belge Félix-Marie Brasseur, entraîneur national de l’équipe tricolore.

Le classement individuel
Le classement par équipes

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Meilleur meneur tricolore, Benjamin Aillaud a fini dixième.

Meilleur meneur tricolore, Benjamin Aillaud a fini dixième.

© Mélanie Guillamot/FFE