Thomas Carlile impose sa Golden de Béliard et triomphe dans le championnat du monde des six ans!

Épilogue d’une compétition où se sont dévoilés de possibles champions de demain, le saut d’obstacles a tenu toutes ses promesses dans le championnat du monde de concours complet des chevaux de six ans, au Lion-d’Angers. Outsider sur le papier, le Français Thomas Carlile s’est finalement paré d’or au mérite d’un parcours sans-faute avec Golden de Béliard, qui l’a propulsé de la troisième place provisoire à la victoire finale.



Si le cross avait assez peu modifié hier le classement provisoire du championnat du monde des chevaux de six ans, l’hippique a au contraire fortement rebattu les cartes. Dès le début de l’épreuve, le parcours de treize obstacles a donné du fil à retordre aux concurrents. Deux juges de paix se sont rapidement dessinés: le n°1, un vertical situé en face de l’entrée du terrain, et le mur placé comme avant-dernière difficulté du parcours. Finalement, seuls onze couples sur les quarante-quatre au départ ont trouvé la clé du succès et bouclé leur tour sans pénalité devant des tribunes combles et un public prompt à saluer de belles performances.



Des barres qui ont coûté très cher...

La tension est d’ailleurs devenue palpable lorsque ne sont plus restés que dix-sept concurrents au départ. À ce stade de l’épreuve, seuls huit points séparaient les compétiteurs de la tête du classement. Dès lors, chaque barre ne pouvait que coûter très cher... Et plusieurs concurrents en ont fait les frais! Ainsi, deux fautes ont fait perdre à l’Irlandais Aoife Clark, avec Monbeg Ainslie (ISH, Emperor Augustus x Ramiro B), la sixième place qu’il occupait provisoirement avant l’hippique, le reléguant à la dix-neuvième place finale. La sanction a également été rude pour l’Australien Kevin Mc Nab, qu’une barre et 0,8 points de temps dépassé ont fait basculer de la cinquième à la quatorzième place. Coup dur aussi pour Marcio Carvalho Jorge. Le Brésilien, qui se tenait en embuscade au pied du podium, a chuté à la dix-septième place avec Linkin Park K (KWPN, Emir R x Pablo), piégé à deux reprises sur le parcours. Une faute a quant à elle fait sortir de la liste des treize premiers et classés, la Néerlandaise Saane de Jong et Larosaleen W (KWPN, Karandasj x Albaran), et fait basculer de la septième à la onzième place la Suédoise Sara Algotsson Ostholt et Dinathia (Hann, Diacontinus x Natiello).

À l’inverse, un sans-faute a largement profité au Britannique Tom Jackson, à l’Américaine Cornella Dorr et aux Australiens Isabel English et Katja Weimann qui, avec Midnight Endeavour (ISH, Future Trend x Ricardo), DHI Qyaracolle Z (Z, Quinar x Chelanno), Sumas Tina Turner (ISH, Quantino x Arkansas) et Baumann’s Dark Mark (Westph, Douglas VDL x Heraldik), sont remontées de la dixième place et au-delà, aux quatre, cinq, six et septième places finales.



... et un podium chamboulé au profit de Thomas Carlile!

À l’entrée en piste de Thomas Carlile et Golden de Béliard (AA, Upsilon x Jalienny), c’est peu dire que le silence est devenu plus profond dans les tribunes, le public retenant son souffle pour soutenir le régional de l’étape et seul concurrent français restant en liste. Troisième au provisoire, le duo s’est brillamment joué de toutes les difficultés du parcours, achevant son tour sous les vivats. Deux concurrentes restaient alors à passer. Deuxièmes avant l’hippique, Sarah Bullimore et Corimiro (SHBGB, Amiro Z x Lovis Corinth) ont déroulé un tour parfait... jusqu’au dernier obstacle, mis à terre par le hongre. Cruelle conclusion pour le couple, qui restait cependant assuré d’une place sur le podium mais passait derrière la paire française. Cruelle désillusion également pour l’Américaine Caroline Martin et HSH Connor (ISH, Connor 48 x Mermus R) qui pouvait rêver d’or mais dont le sort a été scellé dès la première moitié du parcours. Sans pénalité supplémentaire, elle s’est emparée de l’argent final. Et le clan français a pu exulter!



“Cette victoire est bienvenue!”, Thomas Carlile

À sa descente de selle, le gagnant ne cachait pas sa joie. “J’ai gagné le Mondial en 2013 et 2014 avec Sirocco du Gers et Tenareze. C’est d’ailleurs ce qui m’avait propulsé sur le devant de la scène. Mais je n’ai jamais réussi à gagner à nouveau lorsque j’étais installé à l’Isle Briand. J’ai trouvé le temps long depuis cette victoire. Je m’en étais approché avec des chevaux qui l’auraient mérité mais sont passés non loin pour diverses raisons. Cette fois-ci, je suis venu avec une jument qui était outsider. Elle n’a commencé que l’an dernier et n’a cessé de progresser, évoluant beaucoup cette saison. Après le dressage, jeudi, j’étais là où je voulais dans le classement. Le cross s’est bien passé. Aujourd'hui, Golden est restée fidèle à elle-même. Elle est très “dans le gaz”, mais elle a confiance en moi. Elle a un peu réagi à la foule en rentrant en piste mais j’ai fait une volte pour lui donner plus de temps de se relâcher et elle est bien entrée dans le travail. La jument est qualiteuse mais il est vrai qu’elle peut un peu se précipiter parfois. Elle ne me rend pas toujours la tâche facile car elle essaye d’avoir une longueur d’avance sur mon idée. Je n’ai pas fait la ligne entre le 7 et le 8 comme je voulais mais on s’est adaptés. Elle cherchait à être sans faute et moi aussi donc ça a été. Au passage, c’est un beau clin d’œil, car Golden est sœur utérine de Sirocco et fille d’Upsilon qu’on connaît tous. La belle histoire continue! Cette victoire est d’autant plus bienvenue que cela fait quatre ou cinq ans que je suis dans le creux de la vague, malgré quelques résultats. 2022 a été l’année la plus rude. Habituellement, je remporte une dizaine de victoires internationales et cette année, je n’en ai pas eu une seule. C’est une consécration, un soulagement, et la récompense d’un travail quotidien assez laborieux. C’est un moment réconfortant à saisir et surtout, à partager. Tous les sacrifices et investissements consentis prennent sens. Quant à la suite avec Golden... Elle va se concentrer sur son année de sept ans et franchir les paliers dans la confiance. On va la respecter. C’est elle qui va nous dire jusqu’où elle peut aller. Dire qu’elle va prochainement gagner un 5* n’aurait évidemment pas de sens à ce stade.”

Le son de cloche était évidemment bien différent du côté de Caroline Martin et Sarah Bullimore. “Ma faute est venue assez tôt dans le parcours”, explique la première. “J’en suis effondrée et sur le moment, j’en ai pris un gros coup au moral. Mais je me dis aussi, après réflexion, que je viens de passer six mois extraordinaires en Europe et que j’ai eu la chance de garder sous ma selle ce cheval qui a failli être vendu plusieurs fois. Tout cela est donc très positif, malgré a déception d’avoir perdu l’or.” La Britannique, parée quant à elle de bronze, mélange également déception et optimisme. “Ma faute est d’autant plus dure à encaisser qu’elle s’est produite sur le dernier obstacle. Je suis dévastée. Peut-être me suis-je relaxée un peu tôt. Cette faute s’inscrit dans la lignée de mon année 2022: je suis souvent passée tout près de mes objectifs... Ceci posé, mon cheval a formidablement bien sauté et est porteur de super perspectives pour le futur. Il est en construction, comme me l’avait déjà montré une petite faute au dressage en début de championnat. Le meilleur reste à venir! Et un podium reste fantastique, même si ce n’est pas la marche dont j’avais rêvé.” Nul doute que toutes les deux cavalières feront leur possible pour revenir encore plus fortes l’an prochain et tenter de prendre leur revanche!