Ingrid Klimke crée la sensation à Stuttgart et ravit son public avec Franziskus

Dans une ambiance de folie, Ingrid Klimke et son superbe Franziskus FRH ont remporté ce soir l’étape de la Coupe du monde de dressage de Stuttgart. Déjà vainqueurs de celle de Zakrzow il y a deux semaines face à une concurrence bien moindre que celle présente aujourd’hui en Allemagne, tous deux se sont cette fois payé le luxe de devancer la cavalière la plus titrée de tous les temps, Isabell Werth, qui avait pourtant sellé sa meilleure monture actuelle, DSP Quantaz. Avec son fidèle Daily Mirror, Benjamin Werndl a complété le podium.



Les organisateurs du CHI de Stuttgart avaient prévenu: toutes les places pour assister au Grand Prix Libre d’aujourd’hui puis à l’épreuve de saut d’obstacles en deux manches à 1,55m programmée en deuxième partie de soirée avaient été vendues, et c’est donc dans un Schleyer-Halle comble et transformé en véritable chaudron que les cavaliers engagés dans l’étape de la Coupe du monde de dressage stuttgartoise ont déroulé leur reprise. S’il ont été investis et fair-play tout au long de l’épreuve, c’est véritablement lors du passage du dernier groupe, regroupant les meilleurs cavaliers du Grand Prix d’hier, que les huit mille spectateurs se sont vraiment montrés survoltés, et pour cause! Celui-ci était composé de toutes les têtes d’affiches actuelles du dressage germaniques à l’exception de la numéro un mondiale, Jessica von Bredow-Werndl. 

Premier de cette série à entrer en piste, le médaillé de bronze par équipes aux derniers championnats du monde, Frederic Wandres, a présenté une reprise très précise aux rênes d’un Bluetooth OLD (Old, Bordeaux x Riccione) qui a réalisé de vrais progrès dans le piaffer. Le hongre de douze ans, que l’on aurait aimé voir un peu moins fermé, a été amené au niveau Grand Prix par… Ingrid Klimke elle-même, avant de faire ses débuts en compétition sous la selle de son cavalier actuel début 2021. Très impressionné par les applaudissements en cadence de la foule lors de la dernière ligne de sa reprise, qui mêlait passage et piaffer, le fils de Bordeaux est finalement sorti de piste avec une moyenne de 81,580 %.



Entrant en piste juste après, Ingrid Klimke et son parfois facétieux Franziskus FRH (Han, Fidertanz x Alabaster) ont attendu quelques temps, à l’arrêt au milieu du Schleyer-Halle, que les salves d’applaudissement nourries qui étaient destinées à Frederic Wandres, puis à eux, ne s’arrêtent. Très énergique et expressif, l’étalon bai a été monté à la perfection par sa cavalière sur leur programme musical habituel aux accents latinos, faisant la part belle aux titres Sofia et Despacito d’Alvaro Soler et Luis Fonsi. Le couple n’a guère commis qu’une erreur dans des changements de pied au temps présentés sur la ligne du milieu et quelques fautes de postérieurs au passage en début de reprise. Tous deux ont par contre dominé leur sujet lors de l’enchaînement le plus difficile de la reprise, qui comprenait une séquence de pas rassemblé, puis une pirouette et demie au galop à gauche, un appuyer au galop à la même main, une série de changements de pied aux deux temps – présentés dans un très bon équilibre et une belle attitude – sur un demi-cercle de vingt mètres et un appuyer au galop à droite. Alors qu’ils avaient jusqu’alors dépassé la barre symbolique des 80 % à une seule reprise, en juin 2019 lors du CDI 4* de Wiesbaden, Ingrid Klimke et Franz, ainsi qu’elle surnomme son complice, ont tout simplement explosé leur record personnel: à leur sortie de piste, l’écran géant affichait la moyenne de 83,440 %.

Avec un Faustus (Han, Falsterbo x Forrest, ps) semblant en meilleure forme qu’hier, Dorothee Schneider a ensuite présenté un programme harmonieux, porté par des musiques puissantes. Cependant, le passage au pas de son hongre, qui voulait faire un crottin, dans la dernière pirouette au piaffer, a coûté de précieux points à la double championne olympique par équipes, finalement cinquième avec 80,290 %. Avant-dernier concurrent au départ, Benjamin Werndl ne présentait pas son tout bon Famoso OLD à Stuttgart, mais son fidèle Daily Mirror (West, Damon Hill x Florestan I), désormais âgé de dix-huit ans. Le frère de Jessica von Bredow-Werndl, qui était également présente au Sud de l’Allemagne mais n’a pu obtenir une meilleure place que la dixième avec un Ferdinand BB (Han, Florencio I x Lanciano) très tendu, a réalisé un très bon travail au galop en début de reprise, seulement entaché d’une faute dans la ligne courbe de changements de pied aux deux temps présentée en tout début de programme. Si son complice s’est levé dans le dernier piaffer après avoir été inquiété par les encouragements du public et a commis quelques fautes de postérieurs dans les appuyers au passage de fin de reprises, le Bavarois a tout de même obtenu un score de 81,885 %, synonyme de troisième rang final.



Une reprise fautive pour Isabell Werth

Vainqueurs du Grand Prix hier, Isabell Werth et DSP Quantaz ont cette fois dû se contenter du deuxième rang.

Vainqueurs du Grand Prix hier, Isabell Werth et DSP Quantaz ont cette fois dû se contenter du deuxième rang.

© Stuttgart German Masters

Une seule concurrente pouvait alors encore devancer Ingrid Klimke, et pas des moindres! Cavalière la plus titrée de tous les temps, Isabell Werth avait, sur le papier, toutes les chances de son côté pour s’imposer aux rênes de DSP Quantaz (DSP, Quaterback x Hohenstein). Vainqueur du Grand Prix hier, le bai semblait en effet en grande forme et son record personnel dans une Libre, établi à Aix-la-Chapelle l’an passé, s’élève à 88,335 %. Ces très bonnes références n’ont cependant pas suffi. Très inquiet avant d’entre en piste, Quantaz a ensuite parfaitement collaboré avec sa cavalière, mais le couple a commis deux fautes dans le travail au galop. Si ils ont réussi leur très difficile transition du piaffer vers le galop dans une pirouette à gauche, le bai a en effet perdu le rythme de l’allure dans la pirouette suivant, avant de commettre une erreur dans les changements de pied aux deux temps. Ajoutées à des notes de 6 et 6,4 pour les pas allongé et rassemblé, qui restent incontestablement le point faible du duo, ces fautes n’ont pas permis à la paire d’obtenir plus de 82,030 % des points. Pour autant, en conférence de presse, Isabell Werth a déclaré être “absolument heureuse” de sa reprise.

En plus de sa symbolique, le succès d’Ingrid Klimke pourrait s’avérer important d’ici quelques mois. En effet, en plus de Jessica von Bredow-Werndl, qualifiée en sa qualité de tenante du titre, deux Allemands seulement auront la possibilité de se rendre à la finale de la Coupe du monde d’Omaha. Or, le classement de la ligue d’Europe de l’Ouest est pour l’heure dominé par Benjamin Werndl avec cinquante points…suivi dans cet ordre d’Ingrid Klimke et Isabell Werth, qui en comptent respectivement quarante et trente-sept. Bien sûr, avec seulement trois étapes de la division d’Europe occidentale courues sur onze programmées, cet écart est pour l’instant anecdotique, mais pourrait se révéler crucial en avril.



Une victoire émouvante pour Ingrid Klimke

Juste après l’annonce de sa victoire, Ingrid Klimke, qui n’a pas manqué de pointer du doigt son étalon pour montrer qu’elle lui devait son succès, s’est dite “ravie” de sa performance. “Mon cheval m’écoutait vraiment bien aujourd’hui, il était juste fantastique. Il fait vraiment de très gros progrès, et pour cela, je veux remercier Jonny Hilberath (qui entraîne l’équipe allemande aux côtés de Monica Theodorescu, ndlr) et toute mon équipe. Franziskus évolue encore (à quatorze ans, ndlr) et il aime vraiment cette reprise. Je veux dire merci à tout le monde car il a vraiment apprécié le public ici. Parfois, il est un peu coquin et drôle, mais aujourd’hui, il était avec moi dès que la musique a été lancée et il s’est vraiment amusé.”

Très émue, celle qui est double championne olympique et du monde par équipes mais aussi sextuple championne d’Europe en concours complet a indiqué qu’elle n’avait “absolument pas pensé pouvoir gagner”, et qu’elle se serait “réjouie d’être deuxième ou troisième.” Elle s’est également rappelée qu’en “1985, [s]on père (Reiner Klimke, qui a longtemps été le cavalier le plus médaillé de tous les temps avant d’être rattrapé par Isabell Werth, ndlr) avait monté un Pas-de-Deux ici avec Anne-Grethe Jensen sur Marzog (l'Allemand montait quant à lui son indissociable Ahlerich, ndlr), et j’avais été ravie d’assister à cela. Il y a vingt ans, j’ai également remporté l’étape Coupe du Monde avec Nector (van het Carlshof, ndlr). L’atmosphère à Stuttgart est vraiment incroyable.” La championne a maintenant le regard tourné vers l’étape Coupe du monde de Londres, programmée les 15 et 16 décembre.

Résultats complets
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