“Nous avons acheté Katanga sans même l’essayer !”, Nicola Philippaerts

À vingt-neuf ans, Nicola Philippaerts fait déjà partie des visages bien connus du circuit international depuis plusieurs années. Vingt-sixième mondial, le Belge a notamment terminé cinquième des Européens de Riesenbeck et huitième des mondiaux de Herning grâce à la survoltée Katanga van het Dingeshof. Rencontré en son fief de Gruitrode, où il évolue au quotidien aux côtés de son illustre père et de ses frères Olivier, Thibault et Anthony, Nicola Philippaerts revient sur sa saison riche en réussites, son inclassable Katanga, ses derniers objectifs de l’année et les grands défis des saisons à venir avec des chevaux prometteurs.



Ici en bas à droite, Nicola est aux côtés de son père Ludo et de ses frères Anthony, Olivier et Thibault.

Ici en bas à droite, Nicola est aux côtés de son père Ludo et de ses frères Anthony, Olivier et Thibault.

© Dirk Caremans/Veredus

Comment vous sentez-vous ? Dans quelle phase êtes-vous en ce moment ? 

Grâce à Katanga, j’ai connu une année exceptionnelle. Certes, elle n’a pas remporté de Grand Prix mais elle s’est classée tellement de fois. Elle était par exemple huitième aux championnats du monde. Pour la fin d’année, j’espère bien figurer à Prague, Genève et Malines avec elle. J’ai aussi une jument un peu plus jeune, H&M Luna van’t Ruytershof Z, championne de Belgique et gagnante d’un Grand Prix 3* à Oliva. Je crois qu’elle a beaucoup de potentiel mais n’a pas encore énormément d’expérience. Je pense qu’elle pourra être une excellente cartouche pour les Grands Prix l’année prochaine. J’ai quelques bons chevaux de huit ans et j’espère pouvoir compter sur un piquet solide dans les mois à venir. J’ai eu un peu de malchance avec Moya vd Bisschop, cinquième du Grand Prix 5* de Dinard, qui a ensuite opérée de coliques. Ce sont des choses qui arrivent, mais il s’agit d’une excellente jument, et j’espère que d’ici le début d’année prochaine, je pourrai compter sur une écurie solide pour performer toutes les semaines en compétitions. 

Comment se déroule la convalescence de Moya vd Bisschop ?

Elle va bien et a repris le travail. Je veux lui donner tout le temps nécessaire pour se remettre pleinement. Je pense qu’elle sera de retour en début d’année prochaine. 

Vous avez débuté l’hiver à Oliva et Opglabbeek en vue de préparer vos chevaux d’avenir. Que retirez-vous de ces dernières semaines ? 

Pour nous, il n’est pas facile de faire progresser de jeunes chevaux jusqu’au sommet car nous sommes toujours en compétitions de très haut niveau. L’an passé, j’avais fait un peu la même chose en me rendant à Oliva deux semaines. Pour Luna, qui avait déjà été formidable au championnat de Belgique, cela é a été très bénéfique car j’ai pu lui donner confiance sur des parcours plus importants. J’y ai aussi emmené quelques chevaux de huit ans qui ont bien évolué et Katanga a profité de la plage pendant deux semaines. J’avais prévu qu’elle ait un peu de repos et j’adore Oliva, qui est un super endroit pour les chevaux et qui nous permet de profiter encore un peu des pistes extérieures. Les épreuves sont d’un bon niveau mais pas trop grosses dans le 3*, ce qui est idéal pour faire progresser nos montures. 

Pensez-vous que H&M Luna van’t Ruytershof Z, lauréate d’un Grand Prix 3* et championne de Belgique, pourra un jour vous accompagner en championnats internationaux ? 

C’est le but ! Nous l’avons achetée l’an passé et elle ne sautait alors qu’1,30m. Elle a énormément évolué en une saison. Je dois vraiment prendre mon temps avec elle car elle est très respectueuse et a un super mental. Elle est allée à Vérone comme deuxième cheval donc nous sommes sur la bonne route. Je suis aussi très content car Charlotte Söderström de H&M et propriétaire de moitié de cette jument, ce qui ne me met pas de pression quant à une vente. Je peux prendre mon temps avec elle, et pourquoi pas prendre un jour part à des 5* ou des championnats. 

Pour vous, la Coupe du monde a débuté de bien belle manière avec une quatrième place à Vérone et déjà treize points au compteur. Ce circuit sera-t-il l’un de vos objectifs cet hiver ? 

Je pense que Katanga ne courra pas la finale de la Coupe du monde. Elle était super à Vérone mais de nombreuses échéances nous attendent l’an prochain, dont peut-être un championnat. Je veux me concentrer sur l’échéance majeure. À mon sens, deux championnats dans une année représentent trop d’efforts. Je verrai si j’ai suffisamment de points pour la finale d’Omaha et si j’ai un cheval prêt. En janvier, je vais retourner en Floride et y rester trois mois. Ce n’est pas simple d’y obtenir des points, je verrai ! 

Pourquoi traversez-vous l’Atlantique pendant l’hiver ?

Je suis allé à Wellington ces deux dernières années. Ici à Gruitrode, nous avons une grande écurie avec beaucoup de chevaux. Je trouve cela important de me rendre en Floride, surtout pour y faire du commerce. Le sport y est bien sûr important également. Je pense qu’aussi longtemps que cela fonctionnera bien, je continuerai à m’y rendre. 



“Nous ne pouvons qu’être déçus du résultat collectif d’Herning”

H&M Luna van’t Ruytershof Z a permis à Nicola Philippaerts de s'imposer dans le championnat de Belgique.

H&M Luna van’t Ruytershof Z a permis à Nicola Philippaerts de s'imposer dans le championnat de Belgique.

© DR

Katanga est pour le moment votre meilleure jument. Quand et comment l’avez-vous trouvée ? 

Mon père l’a vue dans une épreuve réservée aux chevaux de six ans à Opglabbeek. Elle était un peu spéciale, pas particulièrement spectaculaire, mais elle sautait bien. Il a demandé à son éleveur si elle était à vendre. Il a répondu par l’affirmative, mais lui a précisé que nous ne pouvions toutefois pas l’essayer. Il disait que si nous l’essayions, nous ne l’achèterions pas, mais était convaincu qu’il s’agissait d’une excellente jument. Nous l’avons donc achetée sans essai. Une fois arrivée aux écuries, elle s’est avérée difficile. Nous l’avons envoyée chez une cavalière néerlandaise quelques temps. Stjin Timmerman l’a ensuite récupérée et a effectué un travail extraordinaire avec elle. Pendant deux mois, il l’a simplement travaillée aux écuries. Elle avait beaucoup de sang, il a donc fallu s’attacher à la détendre. À neuf ans, lui et elle ont remporté un Grand Prix 2*. À peu près au même moment, nous avions vendu Harley vd Bisschop et je n’avais pas vraiment de cheval pour prendre part à de belles épreuves. Je l’ai donc récupérée. Pendant près de deux mois, j’ai dû m’adapter à son caractère atypique. Elle était super en piste, nous devions juste bâtir une relation de confiance. C’est ainsi que l’histoire a débuté et elle prouve aujourd’hui à quel point elle est extraordinaire. 

Diriez-vous qu’il s’agit de l’une des meilleures juments au monde ? 

Oui, tout à fait. J’ai vu des statistiques qui soulignent que sur les quarante derniers parcours à 1,60m, elle a signé soixante-dix pourcents de sans-faute. 

En vue des Jeux olympiques de Paris 2024, êtes-vous toujours en quête de nouveaux chevaux ? 

Nous en cherchons sans cesse. Notre écurie est importante et toujours en quête de jeunes chevaux. Nous en avons quelques très bons de huit ans, mais cela peut être prématuré pour des Jeux olympiques. J’espère que Katanga sera en bonne forme à ce moment. Nous verrons, il reste encore deux ans. Je vais tenter de la gérer au mieux pour les grandes échéances. Peut-être que d’ici-là un cheval de huit ans aura éclot ou que Luna aura fait ses preuves. Elle est sur la bonne route mais les Jeux olympiques représentent le plus haut niveau, il reste encore du chemin ! 

Allez-vous pouvoir conserver Katanga ? 

Nous avons évoqué ce sujet avec les propriétaires et ce n’est pas d’actualité. Il ne faut jamais dire jamais car nous sommes dans une écurie faisant du commerce, mais pour le moment ils ne sont pas particulièrement partants. Elle a obtenu tellement de résultats cette saison qu’elle empoche des dotations intéressantes. 

Elle semble tellement spéciale qu’elle n’est peut-être pas à mettre entre les mains de tout le monde… 

Elle est spéciale mais je pense que tout bon cavalier pourrait monter dessus. Elle est tellement extraordinaire ! Il faut simplement la connaître. 

En deux grands championnats internationaux, vous et Katanga van het Dingeshof vous êtes placés cinquièmes aux Européens de Riesenbeck et huitièmes aux mondiaux de Herning en individuel. Quel regard portez-vous sur ces performances ? 

Je crois qu’en ce qui concerne les championnats du monde, nous ne pouvons qu’être déçus du résultat collectif (la Belgique a terminé septième, ndlr). Nous avions des objectifs bien supérieurs mais la chance n’a pas vraiment été de notre côté. À Herning, nous ne sommes pas parvenus à nous qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024 (ce que les Diables Rouges ont finalement réussi lors de la finale des Coupes des nations de Barcelone, ndlr) et n'avons pas décroché de médaille avec une équipe qui avait pourtant extrêmement bien entamé la saison. Je trouve que Katanga a très bien sauté, je pense que nous aurions pu terminer quelques rangs plus haut individuellement. Nous avons commis une ou deux fautes de trop mais les championnats imposent cinq parcours exigeants. Elle est encore suffisamment jeune (la BWP a douze ans, ndlr) et j’espère qu’elle pourra encore courir quelques championnats. 

Pourquoi pas les championnats d’Europe de Milan l’année prochaine ? 

Je l’espère ! Il s’agit d’un objectif. Je verrai comment elle se sent d’ici là. La chose la plus importante pour moi est bien sûr les Jeux olympiques de Paris dans deux ans. Je veux réellement tenter ma chance pour cette échéance car je suis un homme de sport. Cet événement est le plus important à l’échelle mondiale. 

En Belgique, les places dans l’équipe sont particulièrement convoitées avec beaucoup de concurrence d’autres couples. Comment faites-vous en sorte de rester dans la course ? 

Je crois que le plus important est d’avoir une bonne vision de son propre système. Il faut savoir analyser quel cheval est en confiance au bon moment. Certes, il est très dur d’intégrer l’équipe belge, mais une fois que nous en faisons partie, nous savons que nous disposons de sérieuses chances d’obtenir des résultats incroyables. Nous l’avons d’ailleurs observé ces dernières années. Je travaille du matin au soir afin de faire partie des cinq meilleurs cavaliers du pays. Il n’y a rien de plus beau que de représenter sa nation et d’obtenir de bons résultats par équipes. 

Dans votre région, en Flandres, les chevaux sont de partout et vous êtes notamment à quelques kilomètres d’Opglabbeek, où se tiennent une multitude de compétitions internationales… 

Oui, il y a aussi Enda Caroll, Jos Lansink avec qui je m’entraîne un peu, et bien sûr Sentower Park. Si nous limitions nos déplacements à un rayon d’une heure, je pense que nous pourrions tout de même concourir tous les jours. Cette région est exceptionnelle pour les chevaux. Nous avons de la place, des prairies, les bois dans lesquels nous pouvons aller… Nous devrions d’ailleurs doubler la capacité et passer d’une cinquantaine de boxes à une centaine dans les mois à venir. 

Sur quel plan le champion du monde de 2006 Jos Lansink vous épaule-t-il ? 

Cela fait déjà deux ans qu’il m’aide, même si cela est un peu moins régulier depuis qu’il est le sélectionneur de l’équipe néerlandaise. De temps en temps, il m’aide encore un peu dans le travail à la maison. Il a réalisé du très bon travail avec Katanga. Il m’aide pour le dressage et cela me donne confiance d’avoir quelqu’un à mes côtés et de compter sur un autre regard.



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