Un nombre record de concours annoncés à Villeneuve-Loubet, dont trois CSI 3*… limités à douze cavaliers

Pas moins de douze concours internationaux devraient se dérouler à Villeneuve-Loubet entre décembre 2022 et janvier 2023: neuf CSI 2* et trois CSI 3*. Les programmes de ces derniers, prévus pour se tenir entre les 19 et 29 décembre, font état d’une limitation à douze cavaliers. Tout à fait réglementaire, celle-ci promet aux concurrents d’engranger un grand nombre de points au classement mondial Longines.



Si l’on en croit la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI), douze concours internationaux de saut d’obstacles, trois de niveau 3*, puis neuf de niveau 2*, devraient avoir lieu à Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes, entre le 19 décembre 2022 et le 22 janvier 2023. Douze, c’est trois de plus qu’en décembre 2021 et janvier 2022 ou qu’en décembre 2019, janvier et février 2020, et sept de plus qu’en décembre 2020 et janvier 2021. Un nombre d’événements d’autant plus considérable qu’ils sont programmés dans un laps de cinq semaines seulement. Un cas unique au monde. Ainsi, en Europe et aux États-Unis, la plupart des séries de concours se tiennent à raison d’un événement par semaine. De leur côté, Azur Cheval Association et Espace Azur Cheval, les deux structures à l’œuvre à Villeneuve, proposent des CSI durant deux à trois jours et s’enchaînant les uns les autres, jusqu’à trois par semaine, notamment pour des CSI 2* prévus du 2 au 7 janvier. Concernant ces dates, le programme sportif n’a pas encore été déposé. Mircea Herck, président et directeur des CSI de Villeneuve-Loubet, organisés au Jas de Madame, route de Grasse, pourrait tout à fait modifier les dates ainsi que le nombre d’étoiles.



D’ailleurs, cette possibilité réglementaire a été utilisée pour les trois premiers CSI de la série, prévus du 19 au 21 décembre 2022 au matin, puis du 21 après-midi au 23 décembre, et du 27 au 29 décembre, initialement labellisés 2*. Chacun proposera finalement six épreuves de niveau 3*: trois dotées de 50 euros et surtout trois de 51.300 euros. De catégorie C au sens du règlement du classement mondial Longines des cavaliers, ces dernières offriront quatre-vingts points au vainqueur, soixante-dix au deuxième, soixante au troisième, et ainsi de suite. Sans même tenir compte des dates inscrites en janvier, ces trois CSI 3* pourraient rapporter un maximum de sept cent vingt points à un cavalier qui en gagnerait les neuf épreuves majeures. Cette somme représente 21,66% du nombre de points du Suédois Henrik von Eckermann, numéro un mondial, et 35,64% du total permettant au Belge Wilm Vermeir de figurer à la trentième place, étant entendu qu’intégrer le top trente permet d’être invité à tous les CSI, y compris les plus prestigieux, sauf les CSIO et CSI-W. Avec sept cent vingt points, un cavalier n’en comptant aucun au départ se retrouverait classé parmi les trois cents meilleurs cavaliers du monde.



De manière tout à fait logique, performer en CSI 3* permet d’engranger des points et de progresser au classement. Dans le monde, un grand nombre d’athlètes concourent à ce niveau et poursuivent cet objectif. En revanche, très rares sont ceux qui peuvent le faire en étant certains de gagner des points. À Villeneuve-Loubet, cette opportunité est offerte à tous, le nombre de cavaliers et de chevaux étant limité à douze par concours et donc par épreuve. Les règlements de la FEI permettent aux organisateurs de fixer le nombre maximal de concurrents qu’ils désirent accueillir. Pour des raisons économiques, la plupart d’entre eux ont tendance à ouvrir les portes de leurs concours à un maximum d’athlètes, mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, le CSI 4* qui se tient ce week-end à Stockholm n’est ouvert qu’à dix-huit cavaliers et trente-six chevaux. Souhaitant proposer à leur public un spectacle attrayant et diversifié, les promoteurs de cet événement pluridisciplinaire privilégient des épreuves de jumping de courte durée.



Faut-il modifier les règles du classement mondial?

La liberté d’organiser est un principe fondamental des règlements de la FEI, conformes en cela au principe de concurrence libre et non faussée institué par les traités régissant le marché de l’Union européenne. En revanche, la FEI est libre de tenir compte du nombre de couples dans une épreuve pour moduler la somme de points au classement mondial distribués aux cavaliers. Rappelons que les règles du Longines Rankings sont édictées par un groupe de travail composé de trois élus du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), dont Kevin Staut, son président, et de trois représentants de la FEI: Ingmar de Vos, président, Stephen Ellenbruch, président du comité de jumping, et Marco Fusté, directeur du service jumping au siège de Lausanne. Depuis deux ans, le règlement comporte bien une modulation, disposant, par exemple, que seuls 70% des points sont distribués lorsqu’une épreuve compte dix à quatorze concurrents. Sauf que… cela ne s’applique qu’aux épreuves A et AA, dont la dotation minimale est fixée respectivement à 148.700 et 278.600 euros. Autrement dit, cette règle ne vaut que pour une ou plusieurs épreuves d’un CSI 5*, voire pour un Grand Prix CSI 4*. L’IJRC aurait aimé que la décote soit plus sévère et étendue à toutes les épreuves offrant des points aux cavaliers, mais il n’avait pas obtenu gain de cause.



Interrogé à ce sujet l’an passé, Ingmar de Vos avait justifié cette frilosité. “J’ai demandé à ce que nous commencions par appliquer ce que nous faisions déjà avec le classement olympique, qui est déjà accepté par la communauté. Avant d’aller plus loin, si nous le souhaitons, nous devrons analyser des statistiques pour bien mesurer l’impact de ces ajustements. Hélas, nous n’avons pas eu le temps de le faire lors de la réunion de notre groupe de travail. C’est pourquoi nous avons tranché ainsi, ce qui envoie un message et permet de corriger des cas extrêmes. Nous restons ouverts tout en veillant à ce que chaque modification soit raisonnable et équitable, en prenant soin d’en mesurer les conséquences. Revenir en arrière est toujours complexe.” Cette règle n’a pas été durcie pour 2023. Le sera-t-elle en 2024? En attendant, nul ne peut empêcher un organisateur de profiter au maximum des leviers offerts par les règlements… La FEI l’avait appris à ses dépens lors d’une affaire justement liée aux CSI de Villeneuve-Loubet, pour laquelle la Tribunal arbitral du sport avait cassé un jugement du tribunal de la FEI, et validé la qualification de Mathilda Karlsson pour les Jeux olympiques de Tokyo