Le cheval de l’année n’est autre que... King Edward, le double champion du monde!

Durant la période des fêtes, GRANDPRIX revient sur les événements, les faits, les femmes, les hommes et les équidés qui ont marqué 2022. Parmi les chevaux ayant ébloui la planète des sports équestres cette année, comment ne pas évoquer King Edward, le fabuleux crack du Suédois Henrik von Eckermann? Médaillé en chocolat aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, ce qui n'avait pas manqué de frustrer son cavalier, l'alezan à l'itinéraire original s'est rattrapé cette année en raflant quelques-unes des épreuves les plus emblématiques de l'année, à commencer par une double médaille d'or par équipes et en individuel aux championnats du monde de Herning, ainsi que les Grands Prix 5* de Vérone et de Grimaud, et bien sûr la finale du Top Ten IJRC à Genève début décembre. Retour sur le parcours de cet OVNI à travers un portrait publié dans le magazine GRANDPRIX n°129.



S'il n'a effectué que trente-cinq sorties en 2022, King Edward n'est passé inaperçu à aucune d'entre elles. Sous la selle de son pilote Henrik von Eckermann, l'alezan de treize ans s'est classé à dix-sept reprises! En Grands Prix 5, le fils d'Edward a terminé cinquième puis deuxième à Doha, deuxième à Paris, quatrième à Windsor, deuxième à Stockholm, septième à Knokke, treizième à Calgary, sixième à Prague, et a surtout décroché le premier prix à Grimaud, mi-avril, et à Vérone, début novembre. Double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Knokke, il a ensuite servi au mieux son équipe au championnats du monde de Herning, où il s'est montré intouchable puisqu'il a arraché les deux titres suprêmes. Le duo a conclu son année de la plus belle des manières en étant sacré dans la finale du Top Ten IJRC au CHI de Genève, début décembre. 

Avant cette année, King Edward avait déjà terminé quatrième en individuel et médaillé d’or avec l’équipe de Suède à Tokyo début août, faisant de lui le troisième cheval de l’histoire du saut d’obstacles à achever des Jeux olympiques sans concéder la moindre pénalité. Seuls Elliot, médaillé d’or en individuel avec le Tchèque František Ventura à Amsterdam en 1928, et H&M All In de Vinck (sBs, Kashmir van Schuttershof x Andiamo), médaillé d’argent en individuel avec le Suédois Peder Fredricson à Rio de Janeiro en 2016, avaient déjà réalisé cet exploit inouï. Également couronné avec l’équipe de Suède en terres japonaises, ce dernier est devenu le deuxième cheval de l’histoire à décrocher deux médailles individuelles à deux Jeux olympiques différents, puisqu’il avait de nouveau été sacré vice-champion olympique. 



Un champion au pedigree modeste

Edward 28, le père de King Edward.

Edward 28, le père de King Edward.

© DR

Si l’on connaissait les qualités hors normes du déjà mythique H&M All In de Vinck, King Edward a quelque peu étonné son monde, faisant montre d’une robustesse et d’un mental renversants. “Enchaîner autant de sans-faute est très rare et semble totalement incroyable, même si cela ne l’était pas tant que ça pour ceux qui ont suivi le cheval et connaissaient ses capacités. Il est incroyable!”, avait réagi son cavalier avec fierté et bonheur. Pourtant, rien ne prédestinait vraiment King Edward, né King Edward Ress, à devenir un tel champion. Voyant le jour le 25 mai 2010 en Belgique, dans l’élevage de Wim Impens, le BWP est un fils du Hanovrien Edward 28 (Han, Embassy I x Fabriano), qui ne compte qu’une centaine de produits, dont The Graduate (Han, d’une mère par Xaar, Ps), qui a évolué en CCI 2* avec William Fox-Pitt, Emmy Lou 10 (Han, d’une mère par Feiner Stern), classé en CCI 3* avec Julia Siegmund, Eleonora 4 (Han, d’une mère par Natiello), qui a atteint le même niveau avec Christine Münkel, ou encore Excusive BB (Han, d’une mère par Donnerschwee), qui a évolué jusqu’en Inter I avec Jessica von Bredow-Werndl, championne olympique de dressage. “Ce n’est pas parce qu’un étalon est moins connu qu’il n’est pas un bon croisement pour votre jument”, avait confié Wim Impens à nos confrères de Equnews.fr. “Les étalons moins connus méritent également leur chance.” 

Sa mère, la BWP Koningin de Lauzelle, est une fille de Feo de Lauzelle et petite-fille de Garibaldi II. King Edward est son douzième et dernier produit; avant lui, la poulinière belge avait déjà donné Hector Ress (BWP, par For Edition I), qui a évolué jusqu’à 1,40m avec Philippe Lejeune et son épouse Lucia Vizzini, ainsi que son propre frère Isidor Ress, performant à 1,45m avec l’Italien Gampiero Garofalo. “Koningin de Lauzelle nous a été vendue par Peter de Mulder, notre professeur de dressage”, explique l’éleveur. “Elle-même n’a pas sauté à haut niveau car elle était trop nerveuse. Avec elle, nous avons toujours opté pour des étalons avec un bon mouvement, parfois même des reproducteurs plutôt tournés vers le dressage, ce qui était le cas pour Edward 28. Il a finalement été très bon en dressage, mais lors de l’approbation hanovrienne, il avait tout de même obtenu de bons résultats à la fois en saut d’obstacles et en dressage.”



Une formation discrète et progressive

King Edward a été formé par la Belge Ines de Vos.

King Edward a été formé par la Belge Ines de Vos.

© Sportfot

“Edy”, comme il est surnommé, entame la compétition sous la selle du Belge Mike van Haudt, formateur de jeunes recrues. Sur le circuit national réservé aux chevaux de quatre ans, l’alezan comptabilise une superbe moyenne de 84,62% de sans-faute. L’année suivante, alors qu’il poursuit sur le circuit des cinq ans, King Edward est remarqué par la Belge Ines de Vos. Âgée de vingt ans, la cavalière cherche un jeune cheval à former afin de s’aguerrir et sauter de belles épreuves. “J’ai repéré King Edward lors d’un concours national en Belgique”, raconte Ines de Vos. “Je cherchais un jeune cheval pour moi car je voulais pouvoir sauter des épreuves à 1,20m et 1,30m, pour le plaisir. Avec Stefaan de Vos - qui n’est d’ailleurs pas de ma famille malgré notre nom commun -, marchand de chevaux en Belgique, nous avons essayé quelques chevaux, mais aucun ne m’avait vraiment plu. Nous allions repartir, et quand nous sommes passés par les boxes, j’ai remarqué un petit alezan qui avait l’air tout mignon. À l’époque, King Edward n’était pas très joli car il était un peu en retard et a mis du temps à grandir. Nous avons demandé à l’essayer, et dès le début, il a superbement bien sauté et je l’ai beaucoup aimé. Visite vétérinaire et paperasse faites, nous l’avons directement acheté!” 

Malgré un physique qui tarde à se développer, le jeune athlète montre directement de belles aptitudes, même s’il nécessite du travail. “À monter, il n’était pas si facile que ça car il avait beaucoup de sang, beaucoup d’énergie, et était surtout très sensible”, décrit sa cavalière d’alors. “S’il y avait du bruit ou un peu de vent, il pouvait vite se stresser et perdre sa concentration. D’ailleurs, le climat très chaud de Tokyo a dû l’avantager; il devait être plus calme. En revanche, il aimait travailler et donnait tout à chaque saut, ce qui semble encore être l’une de ses plus grandes qualités aujourd’hui. Au-delà de cela, il est très respectueux. Lorsque je l’ai vu sauter ses premières grosses épreuves, je craignais même qu’il le soit un peu trop; à force de sauter avec autant de marge sur des barres à 1,60m, il aurait pu se faire peur.” 

À cinq ans, le jeune athlète comptabilise 40% de parcours sans faute, puis 48% à six ans. Des statistiques honorables, mais loin d’en faire la future star à suivre, ou à acquérir. “Au début, personne n’y prêtait vraiment attention”, confirme Ines de Vos. “À partir de cinq ans, les gens ont commencé à le regarder, mais sans plus. C’est surtout à partir de ses sept ans que tout a changé. Nous avons couru la finale nationale de sa catégorie, et plein d’acheteurs ont commencé à affluer... Moi, j’étais un peu perdue au début. Je n’avais pas acheté King pour le vendre, d’autant qu’être cavalière n’était pas mon métier mais simplement un hobby à l’époque.”



Une dénicheuse de cracks nommée Janika Sprunger

King Edward a vécu ses débuts internationaux avec la Suissesse Janika Sprunger.

King Edward a vécu ses débuts internationaux avec la Suissesse Janika Sprunger.

© Sportfot

Le 22 janvier 2019, sur les réseaux sociaux, Ines de Vos annonce le départ de son protégé, acquis pour la Suissesse Janika Sprunger par son principal mécène, Georg Kähny, propriétaire de la majorité de ses anciens cracks sous le nom de Dufour Stables. “Mon King, la décision que j’ai prise aujourd’hui est l’une des choses les plus dures que j’ai eu à faire”, avait-elle écrit. “Mais te garder auprès de moi, avec tout le talent que tu as, serait égoïste. Tu es prêt à déployer tes ailes et commencer une nouvelle carrière. Merci pour tous ces moments passés ensemble, pour tous les parcours que nous avons réalisés. Merci pour toutes ces fois où tu as sauté jusqu’aux étoiles. Je ne te souhaite que le meilleur avec la talentueuse Janika Sprunger et son équipe. Montre au monde à quel point tu es talentueux et courageux. Nous sommes tellement fiers de toi. Nous veillerons toujours sur toi, toujours.” Aujourd’hui, la jeune femme ne regrette pas son choix. “J’avais toujours dit non à toutes les offres, mais elles ne faisaient que monter”, confie Ines de Vos. “De plus, j’ai réalisé que le garder auprès de moi aurait été injuste pour lui, car il méritait d’avoir une chance d’atteindre le plus haut niveau. Lorsque nous avons fait l’essai, il a sauté 1,60m comme s’il sautait 1,40m, ce que nous sautions d’habitude! Cette décision m’a à la fois crevé le cœur et remplie de bonheur pour lui, mais je suis convaincue, d’autant plus aujourd’hui, que c’était la bonne. En plus, j’avais eu un bon contact avec Janika (Sprunger, ndlr). Je savais que c’était une bonne maison et l’essai s’était très bien passé, donc cela m’a aidée à prendre ma décision”, reconnaît Ines de Vos, qui est aujourd’hui à la tête des écuries de valorisation DVR Equestrian aux côtés de son compagnon, le cavalier brésilien André Reichmann. “J'étais avec Karl Schneider (qui a collaboré avec Henrik von Eckermann, lui ayant notamment déniché la géniale Mary Lou, ndlr), à un moment où nous cherchions de jeunes chevaux à acheter, et il m'a montré King Edward”, raconte Janika Sprunger. “Je l'ai essayé et je l'ai tout de suite adoré! C'est un tout petit cheval, qui a un super galop, un très bon mouvement et il est très confortable. J'ai sauté 1,40m puis j'ai monté les barres petit à petit, et c'était génial! C'était un moment très spécial, car normalement, nous achetons les chevaux en trois temps: je monte une fois seule, une fois avec Georg Kahny (son principal propriétaire, ndlr) si je suis séduite, et une dernière fois afin de régler les derniers détails. Cette fois-ci, c'était très différent car King était comme un membre de la famille de leurs anciens propriétaires. Tout le monde pleurait, car ils étaient tristes de le laisser partir... Ç'a été très dur pour eux. Le problème, c'est qu'ils étaient tellement tristes qu'ils m'ont dit qu'il fallait l'acheter aujourd'hui, car ils risquaient de changer d'avis le lendemain! Et au début, mon propriétaire ne voulait naturellement pas l'acheter sans le voir, donc j'ai vraiment dû le convaincre assez longtemps, car j'étais sûre que c'était lui.” 

Lauréate d’un grand nombre de Grands Prix 4* et 5*, médaillée de bronze par équipes aux championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle en 2015 et sélectionnée pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro l’année suivante, Janika Sprunger a peut-être avant tout le talent de dénicher des cracks avant même qu’ils ne se dévoilent comme tels. Citons l’exceptionnel Palloubet d’Halong (SF, Baloubet du Rouet x Manoir du Muguet), le fantastique Bacardi VDL (KWPN, Corland x Kannan) ou la généreuse Bonne Chance CW (KWPN, Baloubet du Rouet x Cambridge), dont la carrière a hélas été avortée avant de nous montrer l’étendue de son talent. “C'est vrai que beaucoup de gens me demandent comment je fais pour trouver d'aussi bons chevaux régulièrement”, s'étonne presque la Suissesse. “Déjà, je n'achète que des chevaux jeunes qui ont très peu couru, car je veux qu'ils soient encore frais et je préfère les former moi-même. L'histoire de King est idéale car son ancienne cavalière, Inès, ne l'avait pas usé et ne lui mettait pas de pression, donc il a pu se développer de la meilleure manière possible. Ensuite, pour les choisir, c'est une histoire de goûts. King n'est pas le cheval le plus classique, mais je croyais en lui dès le début. Je fais surtout attention au courage et au mental des chevaux. Certains commentateurs disent que je ne suis pas très compétitive, mais c'est simplement que je travaille à long terme. Si je courais des épreuves de vitesse tous les week-ends, je ne prendrai pas le temps de former mes chevaux. Et j'ai aussi la chance de pouvoir compter sur des propriétaires super, qui m'aident énormément et me font confiance.” 

Mi-mars 2019, le nouveau couple participe à son premier concours international à l’occasion de la tournée de Gorla Minore, en Italie, et y déroule de beaux parcours. “Je termine ma première semaine à Gorla Minore en étant fière et satisfaite de mes jeunes chevaux qui apprennent le métier et se développent tranquillement”, s’était réjouie sa nouvelle cavalière sur son compte Instagram, partageant un cliché de King Edward. Le 28 avril, les deux complices disputent leur premier Grand Prix international au CSI 2* d’Opglabbeek, qu’ils quittent avec huit points, puis se classent septièmes au CSI 3* de Busto Arsizio. C’est chez Janika Sprunger, au CSIO 5* de Saint-Gall, en Suisse, que King Edward découvre le haut niveau. S’il n’y coure que des épreuves intermédiaires, il termine notamment troisième d’une 1,50m. Mi-juin, il aborde enfin son premier Grand Prix d’envergure au CSI 4* de Grimaud, où il termine bon sixième, avant de sauter celui du CSI 5* d’Ascona, qu’il quitte avec treize points de pénalité. Gagnant en sérénité, le couple remporte début décembre l’étape de la Coupe du monde du CSI 4*-W de Poznan, en Pologne. Bien que le niveau de la concurrence y était objectivement très faible, il s’agit d’une superbe première victoire pour le duo, qui achève 2019 avec 54,55% de sans-faute.



Un changement de cavalier, mais une ascension qui se poursuit

Début 2020, Henrik von Eckermann, compagnon de Janika Sprunger avec lequel elle vient de s’installer dans leurs propres écuries aux Pays-Bas, devient copropriétaire du cheval. “Pour le moment, l’idée est qu’il continue à être monté par Janika”, avait alors communiqué le Suédois. “Le plan est qu’il aille aux JO (initialement prévus à l’été 2020, ndlr) avec elle, même si la route est encore longue.” Quelques semaines plus tard, le plan change. La pandémie de Covid-19 arrive par surprise et pousse le Comité international olympique à repousser les Jeux à l’année suivante. De fait, Janika Sprunger annonce, à la surprise et déception générales, se retirer de la course à la sélection olympique. 

À l’époque, cette décision interroge. Si elle s’explique sûrement, avec le recul, par l’heureux événement qui se préparait, Janika et Henrik ayant donné naissance au petit Noah au mois d’avril, certains commentateurs suisses avaient émis l’hypothèse que les Jeux de Rio n’étaient pas encore tout à fait digérés... Comme ses trois compatriotes Steve Guerdat, Martin Fuchs et Romain Duguet, Janika Sprunger et la fabuleuse Bonne Chance CW s’étaient qualifiées pour la finale individuelle, comptabilisant neuf points au terme des trois manches de qualification, tout comme ses camarades. Selon le règlement olympique, seuls trois cavaliers au maximum par nation étaient alors admis en finale, et Andy Kistler et le staff fédéral avaient dû faire un choix: celui de sacrifier l’amazone. Ce qui avait évidemment blessé et déçu Janika Sprunger. “C’était mon plus grand rêve et mon plus grand objectif de disputer cette finale avec Bonnie. C’est un moment très dur pour nous car nous aurions vraiment mérité une chance... comme les autres”, s’était-elle exprimée sur les réseaux sociaux. Quoi qu’il en soit, après avoir signé d’excellents résultats comme une neuvième place au CSI 5*- W de Bâle, une douzième à Göteborg et deux autres classements à Grimaud avec sa cavalière, King Edward passe sous la selle d’Henrik von Eckermann. Avec le Suédois, le BWP enchaîne rapidement les accessits, se classant deux fois à Grimaud et quatrième du Grand Prix 4* de Saint-Lô. En 2020, il affiche une moyenne de 67,44% de sans-faute. 

Début janvier de l’année suivante, Henrik von Eckermann, qui partage le statut de pilier de l’équipe de Suède avec Peder Fredricson, hésite toujours entre sa fidèle Toveks Mary Lou 192 (Westph, Mentendro I x Portland L NRW) et King Edward pour les Jeux de Tokyo. Finalement, la baie, avec laquelle il a déjà fini deux fois troisième de la finale de la Coupe du monde Longines en 2017 et 2018, et médaillé d’argent par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, est blessée et mise à la retraite à quinze ans. “King Edward est un petit cheval avec des capacités incroyables”, avait confié Henrik à nos confrères de Ridsport.se. “Il peut sauter pratiquement n’importe quoi. Je suis très positif vis-à-vis de ces JO, pour lesquels je m’investis beaucoup. Sauf à Doha, où j’ai fauté sur le dernier obstacle, King Edward a été classé à peu près dans tous les Grands Prix 5* que nous avons disputés. Je ne lui trouve pas de vraies faiblesses ! Il a de très nombreuses qualités, mais sa plus grande est peut-être d’être incroyablement respectueux et en même temps d’avoir les moyens de tout sauter.” Avec un taux de sans-faute s’élevant à 68% en 2021 (la moyenne prend en compte les parcours sautés entre le 1er janvier et le 1er août), King Edward affiche une forme flamboyante. Douzième à Bois-le-Duc, huitième, deuxième et à nouveau huitième à Grimaud, puis huitième à Stockholm, il achève son dernier Grand Prix 5* de préparation, à Windsor, à la quatrième place, juste derrière Ben Maher et Explosion W (KWPN, ChaccoBlue x Baloubet du Rouet), Steve Guerdat et Venard de Cerisy (SF, Open Up Semilly x Djalisco du Guet), et Martin Fuchs et Clooney 51 (Westph, Cornet Obolensky x Ferragamo)... une bonne partie des grands favoris pour le titre olympique!



L'apothéose se conjugue en japonais... et en danois!

À leur arrivée au Japon, les Suédois sont sans aucun doute les grands favoris sur le papier, autant pour la compétition individuelle que collective. En effet, ils composent l’une des seules équipes à ne compter que des couples aguerris et compétitifs au plus haut niveau, et le prouvent dès le premier jour. Comme le nouveau format olympique le stipule, la compétition individuelle ouvre les hostilités. Qualifié pour la grande finale après un superbe tour le premier jour, comme ses deux voisins de box H&M All In de Vinck et H&M Indiana (BWP, Kashmir van Schuttershof x Animo’s Hallo), King Edward y signe un tour parfait et se qualifie pour le barrage, où la Suède ne compte pas moins de trois cavaliers sur six! Lors du second tour au chronomètre, l’alezan et Henrik von Eckermann survolent toujours autant les obstacles. Ne trouvant pas forcément les meilleures distances, le Suédois ne prend pas non plus tous les risques. Franchissant la ligne d’arrivée en 39’’71, quatre-vingt-un centièmes de seconde le privent d’un podium, et le couple termine à la si frustrante quatrième place... 

Heureusement, trois jours plus tard, il prend sa revanche et arrache une médaille d’or par équipes à l’issue d’une finale rocambolesque. “Au barrage, j’ai senti que nous étions prêts”, confiait le cavalier en conférence de presse. “Nous avions passé en revue tous les détails avant de partir. Le plan était clair pour nous trois: nous savions qu’il fallait y aller et ne pas être seconds, quoi qu'il arrive. Pour être honnête, ma quatrième place individuelle m’avait un peu déprimé - je me souviendrai toujours de ce jour où j’ai perdu une médaille -, mais je ne voulais pas non plus penser à ce que je ne pouvais pas changer. J’aurais été encore plus en colère si j’avais laissé cela influencer mon comportement les jours suivants, alors je me suis ressaisi et je suis heureux d’avoir réussi à rester concentré. En tout cas, personne ne pourra dire que nous n’avons pas mérité notre médaille! King Edward est un cheval très frais et j’ai su en arrivant ici que cette chaleur le rendrait meilleur, car un peu plus calme. Pour moi, c’était donc un avantage. Je suis incroyablement reconnaissant d’avoir une partenaire (Janika Sprunger, ndlr) aussi compréhensive.” 

De son côté, Ines de Vos a naturellement été très fière de cette prouesse: “Quand je l’ai vu enchaîner autant de sans-faute et finir avec une médaille d’or, j’en ai eu des frissons… J’en ai même pleuré! Samedi, mon téléphone aurait pu exploser vu le nombre de messages que j’ai reçus! Je ne le disais jamais publiquement, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer et que cela peut parfois paraître prétentieux, mais j’ai toujours dit à mes proches que King Edward irait aux JO s’il conservait une bonne santé et qu’il tombait entre de bonnes mains... C’est incroyable... Il est incroyable!” 

La suite, l'alezan l'a écrite au Danemark, pendant l'été 2022, où le couple qu'il forme avec Henrik von Eckermann a été sacré double champion du monde, par équipes et en individuel. Avec trois médailles autour de l'encolure, et trois en or, le crack est en train de marquer l'histoire du jumping mondial...



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