Vice-champions du monde, Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus forment le couple de saut d’obstacles de l’année
Durant la période des fêtes, GRANDPRIX revient sur les événements, les faits, les femmes, les hommes, les couples et les équidés qui ont marqué 2022. Décorés d’une médaille d’argent individuelle lors des championnats du monde Longines d’Herning en août, Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus ont enfin eu la consécration qu’ils méritaient. En saut d’obstacles, ils forment le couple de l’année.
“Tout cavalier aspire à décrocher une médaille dans un grand championnat. Désormais, c’est un rêve devenu réalité” avait confié Jérôme Guéry lors d’un entretien paru dans le magazine GRANDPRIX n°139. Tout juste rentré des championnats du monde Longines d’Herning avec l’argent individuel autour du cou, le Belge peinait encore à réaliser ce que Quel Homme de Hus (Holst, Quidam de Revel x Candillo) et lui avaient accompli. Après être passé individuellement à côté des Jeux olympiques de Tokyo il y a un an, terminant quatorzième alors qu’il faisait office de favori, le couple avait à cœur, en 2022, de prouver sa valeur.
Dès février, Jérôme Guéry et son Quel Homme se sont attelés à une sérieuse préparation en vue des championnats du monde Longines d’Herning. Au total, l’étalon de seize a déroulé vingt-quatre parcours de l’hiver jusqu’à l’ultime concours de préparation. Excepté le Grand Prix Rolex du CSIO 5* de France début mai, tous se sont soldés avec aucune sinon une seule barre au compteur. Une régularité qui n’est pas nouvelle et qui fait, depuis quelques années maintenant, la réputation du binôme. Quatorzième du Grand Prix du CSIO 5* de Rome puis cinquième de celui de Knokke, la paire a surtout servi les Diables Rouges en Coupe des nations, concluant celles de La Baule et Rome avec zéro et quatre points avant d’aligner un double sans-faute au sein de la Mecque des sports équestres, Aix-la-Chapelle.
Début août, sans aucune surprise, Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus ont pris la route d’Herning, leur troisième championnat après les Européens Longines de Rotterdam en 2019 et les Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Si Henrik von Eckermann et King Edward étaient attendus en haut de l’affiche, ces deux-là faisaient également office de favoris. “Je savais que l’épreuve la plus compliquée pour moi serait la Chasse car Quel Homme n’est pas le cheval le plus rapide au monde. Je voulais tout de même bien me placer, à moins d’une barre de la tête afin de me donner un peu d’air, car les points du premier jour peuvent souvent faire la différence à la fin. J’ai réussi à finir dix-septième, à 3,4 points de Julien Épaillard (et Caracole de la Roque, ndlr)... Contrat rempli! Ensuite, il me fallait enchaîner les sans-faute” a raconté le Belge à propos de son début de compétition. Contrat rempli après la Chasse, mais la partie était loin d’être terminée. Pourtant, alors que la Belgique s’est effondrée lors des deux manches par équipes et que le moral était au plus bas, une nouvelle fois, Jérôme et Quel Homme ont tiré leur épingle du jeu : avec un seul point rajouté à leur compteur à l’issue de la Coupe des nations, les deux complices avaient toutes les cartes en mains pour, enfin, obtenir la distinction qu’ils méritaient. “Rien ne s’est déroulé comme espéré, et je dois dire que cela m’a encore davantage motivé pour la compétition individuelle. Le vendredi soir de la finale par équipes, j’étais terriblement déçu, mais je me suis dit que j’allais me reconcentrer pour essayer de ramener une médaille en Belgique.”
14 août 2022, le jour de gloire
Dimanche 14 août 2022, Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus ont eu rendez-vous avec l’histoire. Déjouant sans heurt les quelques difficultés du premier parcours de la finale individuelle de ces championnats du monde, ils sont parvenus à se maintenir à la deuxième place avant le dernier tour. À l’entrée de piste de cet ultime effort, la pression était grande, évidemment, mais les nerfs solides. Sans trembler, et ce malgré les subtilités du parcours imaginé par le chef de piste Louis Konickx, Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus se sont promenés, ont enchaîné puis exulté, tout comme le camp Belge. L’argent était à eux et l’or leur tendait les bras. Malheureusement, cette fois, la hiérarchie mondiale a été respectée, sacrant Henrik von Eckermann et son “roi Edi”. Mais qu’importe, le duo belge était enfin à sa place, sur un podium individuel de championnat, paré d’argent. “Je méritais la deuxième place et je suis ravi de cette médaille d’argent! (…) Quel Homme est un cheval exceptionnel – et, par définition, rare – donc je me dois de le monter à sa hauteur, ce que je n’ai pas su faire au Japon. Je ne voulais pas reproduire cette bêtise, pas pour moi, mais pour lui! Plus que moi, ce cheval méritait une médaille et d’être reconnu à sa juste valeur” avait raconté le sympathique Belge.
Si l’entourage du couple a exulté à Herning, un homme a particulièrement savouré le moment, Gaëtan Decroix, copropriétaire de Quel Homme de Hus et ami de longue date de Jérôme Guéry, comme il l’avait confié dans l’avant-goût du magazine GRANDPRIX n°139. “Quel Homme était prêt et le couple disposait désormais d’une expérience qui les plaçait parmi les favoris. Il me serait difficile de décrire cette concentration et cette assurance qui caractérisaient le couple en cette journée ensoleillée. Ils l’ont fait, ils l’ont tellement mérité, et le monde est heureux pour eux.”
Direction Paris 2024
Après leur folle épopée danoise, les désormais vice-champions du monde se sont rendus à Calgary, Barcelone, Lyon ou encore Prague. Fin septembre, en Espagne, à l’occasion de la finale des Coupes des nations Longines, ils ont signé l’un des cinq doubles sans-faute enregistrés, offrant au passage la victoire à la Belgique et la qualification pour Paris 2024. Si la fin d’année n’a ensuite pas été celle espérée par le Belge, l’étalon s’étant blessé au retour des Plays-off du Longines Global Champions Tour de Prague, le contraignant à renoncer au CHI de Genève, Jérôme Guéry continue à rêver d’autres médailles. Malgré les seize printemps de son champion, il entrevoit déjà une fin de carrière en apothéose, dans les jardins du château de Versailles. “Je sentais que quelque chose de grand allait venir, mais il me fallait être prêt. Désormais, je sais que j’en suis capable et que je vais pouvoir le reproduire. Si j’élabore un bon programme et que le physique suit, je suis sûr que nous pourrons encore réaliser de grandes choses. Et si nous y parvenons, [les Jeux de Paris seront] son dernier concours. Je veux qu’il sorte en apothéose! J’aimerais que l’on parle de ce cheval comme de Jappeloup (SF, Tyrol II x Oural, Ps) ou Milton (BWS, Marius x Any Questions, AA): comme d’une légende de notre sport. Je pense vraiment qu’il est en train de marquer l’histoire” avait-t-il confié. Un sentiment et un rêve partagés par Gaëtan Decroix, persuadé que la fin n’est pas encore proche, “l’histoire est loin d’être terminée. De grands rendez-vous nous attendent et vont encore nous faire vibrer. J’en suis convaincu.”
Alors dans deux ans, peut-être, parlerons-nous de Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus comme du couple qui, après le monde, aura conquis l’Olympe.