Ils rendent hommage à Gilbert Doerr, homme de cheval passionné et généreux
La semaine passée, Gilbert Doerr nous a quittés. Depuis, les hommages affluent en mémoire de cet homme qui, en plus d’avoir accumulé les succès en compétition jusqu’à haut niveau, était aussi un formateur hors pair de chevaux et de cavaliers. Disparu à l’âge de soixante-quatre ans, il était également reconnu comme un excellent coach, ayant fait valoir son expertise au bénéfice notamment d’Astier Nicolas et Grégory Cottard.
Installé à Saint-Éloi-de-Fourques, en Normandie, Gilbert Doerr a connu une carrière sportive longue et riche en succès. Pour preuve, selon la base de données de la Fédération française d’équitation (FFE), qui rassemble des résultats obtenus en concours officiels depuis 1997, l’Alsacien d’origine avait cumulé pas moins de 1.701 victoires! Parmi ses complices les plus performants, il y eut notamment Bleu Blanc Rouge II (SF, Qualisco III x Uriel), produit de l’élevage de Fernand Leredde. Cet alezan avait disputé avec son cavalier pléthore d’épreuves A1 puis Pro 1 à 1,50m et s’était montré très performant à ce niveau entre 1998 et 2003.
En 2001, cette fois aux rênes de Reed Skin (Holst, Romino x Lincoln), Gilbert Doerr avait remporté le championnat de France Pro au Grand Parquet de Fontainebleau. Également vainqueur de la finale du Critérium Pro 1 cinq ans plus tard en compagnie d’Hélios du Banney (SF, Totoche du Banney x If de Merzé), il avait aussi obtenu de très bons résultats plus récemment avec Quito de Kerglenn (SF, Diamant de Semilly x Quito de Baussy). Vainqueur du Grand Prix CSI 2* de Dinard en 2014 puis deuxième de celui de Deauville la même année et d’une épreuve similaire au Mans en 2016, le bai avait aussi terminé cinquième du championnat de France Pro Élite en 2015 avec son fidèle cavalier. Ensemble, ils s’étaient également montrés très, très performants sur le circuit du Grand National, où Gilbert avait notamment fait équipe avec Grégory Cottard, qui a rendu un bel hommage à son ancien partenaire sur les réseaux sociaux. “Merci d’avoir été un homme de cheval extraordinaire, merci de m’avoir suivi en tant que coach pendant quelques années, merci pour ces souvenirs, merci pour ces beaux moments de sport à tes côtés!”, a écrit celui qui a participé aux Mondiaux de Herning avec Bibici l’été dernier.
“Gilbert, vous me manquez”, Jean-Marc Nicolas
Si Gilbert Doerr a connu une superbe carrière en saut d’obstacles, le concours hippique ne fut pas toujours sa discipline de prédilection, comme le confie son grand ami Jean-Marc Nicolas. “Cela faisait plus de quarante ans que nous nous connaissions”, explique l’ancien cavalier de Modesto. “Il travaillait dans une usine en Alsace et était cavalier de concours complet lorsqu’il était venu me voir à Billigheim, au sud de l’Allemagne, où je travaillais pour un grand marchand de chevaux, M. Ohmer. Il était rapidement devenu indispensable! D’ailleurs, lors du premier concours qu’il avait disputé avec moi, mon cheval Mador (avec lequel le Francilien a notamment remporté la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle, ndlr) avait manifesté des coliques durant le voyage en train et Gilbert l’avait sauvé avec l’aide de Francesca Simmons. J’avais senti chez lui combien il aimait les chevaux et son talent en tant que cavalier. Gilbert était plus qu’un ami; nous avions un profond respect l’un pour l’autre! Je suis allé le voir il y a quelques jours, et nous avons parlé du bon vieux temps tout en sachant que c’était la dernière fois. Si je devais dire une chose, ce serait: ‘Gilbert, vous me manquez’!”
Outre ses performances sportives, obtenues jusqu’à haut niveau, ce petit homme à la crinière grise et au regard perçant était un excellent formateur de chevaux. Il en avait d’ailleurs mené quatre au titre de champion de France lors des finales nationales du Cycle classique à Fontainebleau. Parmi les montures passées sous sa selle et ayant évolué au plus haut niveau, on peut citer Rackham’Jo (SF, Diamant de Semilly x Alcamera de Moyon), que le cavalier avait hissé à la deuxième place du championnat des cinq ans en 2010 puis à la dixième place de celui des six ans et qui avait terminé notamment troisième du Grand Prix CSI 5* de Ramatuelle en 2017 avec l’Italien Alberto Zorzi. Nice de Prissey, très performant à 1,60m avec l’Américaine Brianne Goutal-Marteau, avait également été monté par Gilbert durant toute sa saison de cinq ans.
“Gilbert a marqué ma vie”, Astier Nicolas
L’homme originaire de l’Est, qui vivait de fort longue date en Normandie, était aussi un entraîneur et coach très reconnu, qui a encadré et aidé de nombreux cavaliers, amateurs comme professionnels, qui appréciaient son expertise, son goût du travail bien fait et son empathie. Outre Grégory Cottard, il a ainsi apporté son expertise à Lysa, sa fille aînée, âgée de trente et un ans, devenue cavalière professionnelle, mais aussi à Astier Nicolas, médaillé d’or par équipes et d’argent individuel en concours complet aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016. “C’est avec une immense tristesse que j’ai appris la disparition de mon ami Gilbert Doerr”, a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. “Il y a dix ans, j’ai eu la chance de croiser la route de ce grand homme de cheval qui a largement contribué à la construction de ma carrière. Gilbert était un homme passionné, généreux et dévoué. Il a marqué ma vie aussi bien personnelle que professionnelle. C’était un ami qui m’était cher. Au revoir Gilbert et merci pour tout. Mes pensées accompagnent sa fille Lysa, sa femme Élodie et son jeune fils Matthew.” Si un dernier hommage lui a été rendu en début de semaine, on n’est près d’oublier tout ce qu’il a apporté au monde équestre.
GRANDPRIX renouvèle ses plus sincères condoléances à la famille, aux amis et à tous ceux qui ont eu la chance de croiser la route Gilbert Doerr.