“Mener quatre poneys est un aboutissement”, Louise Fillon

À vingt-quatre ans, Louise Fillon compte déjà trois sélections aux championnats du monde d’attelage Poneys en Paire, avec à la clé une médaille de bronze individuelle acquise en 2021 au Pin-au-Haras, ainsi qu’un championnat d’Europe Jeunes en Solo avec son fidèle Tiesto. Désormais, la gérante du poney-club des Cours, situé à Reignac-sur-Indre, en Touraine, s’est lancée un nouveau challenge: concourir en attelage à quatre poneys. Rencontre avec cette meneuse motivée.



Pendant plusieurs années, vous avez évolué dans la catégorie Paire. Vous êtes maintenant avec quatre poneys. Pourquoi ce choix?

Un des poneys de ma paire est désormais en préretraite, reconverti en poney de dressage et saut d’obstacles pour mes cavaliers du club. Je ne voulais pas continuer sans lui, donc j’ai pris cette décision. Il y a aussi le rêve d’évoluer en Team, puisque j’ai déjà évolué en Solo et en Paire. L’attelage à quatre poneys est un aboutissement.

Comment s’effectue le passage de deux à quatre poneys?

Depuis huit mois, je repars de zéro avec six nouveaux poneys. Cela demande plus de travail au quotidien. C’est un peu comme si j’étais retournée en maternelle et que je gravis les marches petit à petit. J’ai beaucoup à apprendre!

En quoi les rassemblements fédéraux sont-ils importants pour vous dans ce nouveau chapitre de votre carrière, et comment s’est-il déroulé le dernier ?

Ce stage m’a permis de voir où j’en suis à quatre/cinq mois du début de la saison. Cela confirme que les méthodes de travail mises en place fonctionnent. Nous avons évolué sur les trois tests: dressage, marathon et maniabilité. Le dressage est surtout ce que je veux perfectionner. Ma technique n’est pas parfaite sur des points qui peuvent paraître anodins, comme maintenir la rectitude des quatre poneys ou la gestion des coins. Nous voulons être performants sur ce test car aux championnats du monde, il est compliqué d’obtenir un bon résultat final si l’on n’est pas bien placé dès le dressage. Pour l’heure, le marathon se passe bien. Même si j’aime la vitesse, je n’en mets que sur des courbes larges, donc je sais qu’il va falloir travailler les courbes plus resserrées. Pour la maniabilité, c’est un peu le même principe. Je suis à l’aise, mais la répétition permet d’être plus précis, de tourner plus court, de mettre davantage de vitesse, etc. Je suis ravie d’avoir été conviée pour ce stage, c’est un plaisir d’être là. Il y a une bonne ambiance dans l’équipe, tout le monde communique et on arrive peu à peu à avoir une vraie équipe de France en attelage Poneys, ce qui est chouette!

Quel est votre objectif sportif cette année?

C’est du plaisir pour moi de mener quatre poneys, mais je suis compétitrice donc si je peux commencer à performer, pourquoi pas viser une sélection aux championnats du monde, prévus en fin d’été à Oirschot, aux Pays-Bas? Cela serait génial d’avoir cette opportunité. Sinon, ce ne sera pas dramatique et nous essaierons de prendre part aux grands championnats suivants. Je vais travailler, continuer sur ma lancée et on verra où cela nous mène.



“Le National des Enseignants est dans un coin de ma tête”

Au quotidien, vous gérez un poney-club dans l’Indre-et-Loire. Comment vous organisez-vous pour conjuguer vos activités? 

Deux monitrices travaillent au sein de la structure, ce qui me permet de me concentrer sur des cours particuliers et des cours d’attelage. De fait, je me suis lancée en Team parce que cette organisation me laisse du temps pour faire travailler mes poneys.

Vous pratiquez également le saut d’obstacles. Trouvez-vous des points communs entre ces deux disciplines?

Concrètement, aucun! J’étais cavalière de saut d’obstacles avant d’évoluer en attelage. La discipline me plaisait déjà puisque mon père la pratiquait. Parfois, je faisais d’ailleurs travailler ses chevaux en solo au dressage. Il m’a proposé d’essayer les concours avec une jument Franches-Montagnes. Le marathon m’amusait beaucoup. J’ai vécu une saison et demie avec elle, avant d’avoir Tiesto, qui m’a accompagnée jusqu’aux Mondiaux organisés au Haras du Pin. Je suis passé du saut d’obstacles à l’attelage d’abord pour raisons financières. J’avais un poney et mes parents ont décidé de ne pas m’acheter de cheval de saut d’obstacles. Après coup, je leur ai dit qu’ils auraient peut-être dû, car aujourd’hui cela coûte plus cher!
Actuellement, j’enseigne le saut d’obstacles à des cavaliers, donc je continue de me former. De même, des propriétaires me laissent monter leurs chevaux, donc j’en monte en concours quand j’en ai l’opportunité. D’ailleurs, j’ai le National des Enseignants dans un coin de ma tête, mais rien n’est encore décidé. De plus, il est important pour moi de me tenir à jour de ce qui se passe sur les terrains comme il s’agit de la discipline pratiquée par mes élèves.

Peut-on trouver une complémentarité dans l’entraînement entre saut d’obstacles et attelage?

Tout d’abord, les deux disciplines requièrent du travail sur le plat. Pour le reste, selon moi, l’entraînement en saut d’obstacles n’apporte rien pour l’attelage. En revanche, il est intéressant pour les poneys. Ils travaillent sous la selle avec l’une de mes cavalières, ce que je trouve important pour leur construction physique et mentale. Le but est de les amener en concours de saut d’obstacles et les rectangles de dressage pour qu’ils voient des choses différentes. J’ai déjà senti les bienfaits de ce fonctionnement sur mes anciens poneys, donc je l’ai transposé aux nouveaux.