Bâle couronne Henrik von Eckermann, King Edward et le sport comme on l’aime
Henrik von Eckermann s’est adjugé de main de maître le Grand Prix Coupe du monde Longines de Bâle, cet après-midi en Suisse. Sur le dos de l’extraordinaire King Edward, le Suédois s’est imposé au terme d’un barrage à sept, devançant l’Allemand Marcus Ehning et le Suisse Pius Schwizer, deux et troisième avec Stargold et Vancouver de Lanlore. Les meilleurs Français, Kevin Staut, Pénélope Leprevost et Julien Épaillard, se sont classés huit, dix et douzième sur Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie, Bingo del Tondou et Donatello d’Auge.
Henrik von Eckermann a remporté sa deuxième épreuve internationale de l’année, sa deuxième victoire au CSI 5*-W de Bâle et son deuxième succès en Coupe du monde Longines cette saison. Déjà lauréats de l’étape de Vérone, le Suédois et le stratosphérique King Edward ont récidivité cet après-midi en Suisse. Cela devient une habitude pour ce couple, médaillé d’or par équipes aux Jeux olympiques de Tokyo, double médaillé d’or aux championnats du monde de Herning et vainqueur, parmi d’autres épreuves, du Top Ten Rolex IJRC en décembre au CHI de Genève. Les superlatifs manquent pour décrire les performances de ce petit hongre flamand (BWP) de treize ans par Edward 28 et une mère par Feo. Petit par la taille, mais immense par le talent, la puissance, le cœur et la volonté de mener son cavalier à la victoire. Un pilote précis, ambitieux, engagé et qui sait le privilège que constitue la présence d’un tel crack sous sa selle.
Cet excellent CSI 5*-W de Bâle, qui avait tant manqué à toutes ses parties prenantes depuis 2020, et qui accueillera la finale de la Coupe du monde Longines en 2025, a donc couronné un cavalier et un cheval d’exception, mais il a aussi couronné le sport comme on l’aime. Celui où show et jumping sont se conjuguent à merveille pour la plus grande joie d’un public enthousiaste, de cavaliers ravis de pratiquer leur art et d’officiels passionnés. Dans cette ville résolument captivante et inspirante, et cette Halle Saint-Jacques rénovée avec goût en 2018 et aux dimensions idéales pour un tel raout, le cheval est au centre de l’attention et tout ce qui l’entoure respire l’élégance et la simplicité. Il est des mises en scène plus avant-gardistes ailleurs, c’est clair, mais il faudrait pinailler pour trouver matière à critiquer en mal un événement qui déçoit en bien, comme disent les Romans voisins. Andy Kistler, que l’on avait connu en chef d’équipe suisse à succès et que l’on a retrouvé avec plaisir en président de concours, mérite un grand coup de chapeau, à partager avec ses équipes.
Un tour initial captivant
Un grand bravo aussi aux deux chefs de piste, le Suisse Gérard Lachat et le Lorrain Grégory Bodo, qui ont proposé d’excellents parcours du début à la fin, à l’image de celui de ce premier gros Grand Prix de l’année 2023, subtil à souhait pour les cavaliers plutôt qu’exigeant physiquement pour les chevaux. On a vu des fautes un peu partout, notamment mais pas seulement sur le triple vertical-oxer-vertical placé en 4 et l’étroit double oxer-vertical planté en 12, ce qui a grandement nourri le suspense. Et le chronomètre a parfaitement fait son office, privant hélas de barrage, pour quelques centièmes de seconde, Kevin Staut et Pénélope Leprevost, huit et dixième avec Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie et Bingo del Tondou. Mention spéciale à la Normande et au gris, auteurs de l’un des plus beaux parcours de l’après-midi, ce qui n’a sûrement pas échappé aux regards experts de Sophie Dubourg et Henk Nooren, directrice technique nationale et sélectionneur de l’équipe de France.
Pour les deux autres Tricolores en lice dans cette dixième étape de la Ligue d’Europe de l’Ouest Longines, il n’y a pas eu de barrage non plus, mais pas de catastrophe pour autant. Ainsi, Julien Épaillard n’a déploré qu’une petite faute d’antérieurs de l’excellent Donatello d’Auge sur l’oxer 6, et son train d’enfer lui a permis de boucler le tour le plus rapide à quatre points, se classant douzième. Quant à Simon Delestre, il a buté sur le 4a et l’oxer 10 avec Dexter Fontenis, qui poursuit gentiment son apprentissage du très haut niveau. Si l’on a compté que sept sans-faute, on n’oubliera pas de saluer les tours à point du Brésilien Yuri Mansur et Vitiki, qui ont dû faire rager Philippe Guerdat, l’homme à la tête de la sélection auriverde, et à deux points du Belge Jordy van Massenhove et Equine America Verdiamo.
Édouard Schmitz tout près de l’exploit
Ouvreurs de la finale au chronomètre, l’Allemand Gerrit Nieberg et Ben, flamboyants vainqueurs du Grand Prix CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, ont hissé la barre haut et n’ont pas volé leur quatrième place. Comme prévu, Henrik et Edward ont été plus rapides encore, sans toutefois tuer le match… qu’ils ont quand même fini par remporter. Plus tranquille, Pia Reich a assuré son double sans-faute sur PB Chaconie, énième réussite à l’élevage du sire Chacco-Blue, croisé ici à une fille de Kannan pour le compte de l’hégémonique Paul Schockemöhle. Sa sixième place est ni plus ni moins que la meilleure performance de la carrière de cette Allemande qui fêtera ses trente ans en mars. Son glorieux compatriote, Marcus Ehning, a pris le départ avec d’autres intentions. En selle sur Stargold, son meilleur cheval, le triple vainqueur de la Coupe du monde a signé un parcours ébouriffant, suivant un tracé au cordeau, mais la victoire lui a échappé pour six centièmes de seconde.
Le Néerlandais Kevin Jochems n’a ni lambiné ni jeté toutes ses forces dans la bataille avec La Costa, jument de douze ans qu’il ne monte que depuis l’automne et pour la deuxième fois seulement en Coupe du monde. Ce choix de raison lui a permis de s’octroyer la cinquième place. Pius Schwizer, premier des deux candidats helvétiques, a signé un barrage admirable de fluidité et de vista sur Vancouver de Lanlore, l’ancien partenaire de Pénélope Leprevost. Malgré cela, le couple a dû se contenter de la troisième place. Hyper concentré et déterminé, son jeune coéquipier Édouard Schmitz a tout donné pour tenter de terrasser les champions du monde. Et il n’est pas passé loin de l’exploit avec Gamin van’t Naastveldhof, une seconde plus rapide, mais pénalisé sur l’entrée du double, probablement en raison d’une cassure de rythme entre le mur de palanques 11 et cet oxer 12a. Il aura sûrement d’autres occasions de célébrer son premier succès sur ce circuit qu’on aime tant, et qu’on retrouvera dès la semaine prochaine à Leipzig, en Allemagne.
Les résultats
Le parcours
Le classement général de la Ligue d’Europe de l’Ouest
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