Entre équitation scolaire et spectacle équestre, un congrès fédéral riche à Cheval Passion

Près de cent soixante-dix dirigeants de clubs, enseignants et experts ont assisté au congrès fédéral d’Avignon, qui s’est tenu les 19 et 20 janvier dans le cadre du salon Cheval Passion. Deux journées de riches échanges sur l’équitation scolaire et le spectacle équestre, en présence de Serge Lecomte, président de la Fédération française d’équitation.



Après deux annulations en raison du contexte sanitaire en 2021 et 2022, l’édition 2023 du congrès fédéral organisé dans le cadre du salon Cheval Passion, jeudi et vendredi dernier en Avignon, avait pour thème: “Équitation à l’école: les atouts des clubs. Scolarité à poney: du sport à la culture”. “L’équitation scolaire est la démarche éducative que l’on peut avoir vis-à-vis des écoles pour leur expliquer le monde du cheval, le monde animal et les rapports avec la nature”, a introduit Serge Lecomte, président de la FFE. “Après l’émergence du poney dans les années 1970, c’est le renouveau de l’équitation. Elle prépare la population à accueillir le cheval et le poney avec bienveillance. Des expériences réussies à l’école donnent pour toute la vie un regard positif sur le cheval, le poney ou les cavaliers. L’équitation scolaire est fondamentale! Avant toute chose, il faut être un éducateur pour, au-delà de l’idée sportive de vouloir transformer des piétons en cavaliers, transmettre cette passion à nos enfants. Il y a beaucoup à dire et à faire autour de l’équitation scolaire. C’est une vraie mission pour l’ensemble de la filière car elle permet de développer au sein de la population une vision positive de nos activités. Merci à ceux qui s’y engagent car c’est en partie grâce à eux que l’ensemble du monde du cheval peut avoir un vrai destin.” 

Serge Lecomte, président de la FFE, a été partie prenante de ce congrès, encourageant les dirigeants de structures équestres à prendre à bras le corps la question de l’équitation scolaire.

Serge Lecomte, président de la FFE, a été partie prenante de ce congrès, encourageant les dirigeants de structures équestres à prendre à bras le corps la question de l’équitation scolaire.

© FFE



Une première journée consacrée à l’équitation scolaire

La première matinée d’assemblées plénières a été ouverte par Seghir Lazri, sociologue et journaliste sportif à Libération, qui a évoqué l’évolution du sport et de l’équitation. À la suite, Audrey Poupardin, vice-présidente de la FFE en charge des scolaires, et Typhaine Chapeyroux, chargée de mission développement au sein de la Fédération, ont rappelé les différents dispositifs d’équitation scolaires existants. Un focus a été réalisé sur l’opération Poney école, portée par la FFE en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et l’Union nationale du sport scolaire (UNSS). Ce dispositif permet de mettre en relation les poney-clubs et écoles désireuses de découvrir l’équitation scolaire. Audrey Poupardin a présenté la mise en place de cette opération au sein du poney-club essonnien de Montéclin, qu’elle dirige, la manière dont elle développe l’équitation scolaire au sein de son établissement et attire de nouveaux cavaliers. Une occasion de rappeler une fois encore l’importance pour les poney-clubs de participer au dispositif Poney école afin d’assurer la pérennité de l’équitation scolaire. Patrice Cottin, ancien président du Comité départemental de la Manche, a présenté le dispositif Culture cheval, mis en place par le conseil départemental et le prolongement de cette action opéré par le CDE. Cela a permis aux écoles et clubs d’obtenir des financements pour développer l’équitation scolaire.



De son côté, Karine Judic, ancienne dirigeante du haras de la Vaillantière et vice-président du CRE des Pays-de-la-Loire, a témoigné de son souhait de proposer une approche différente en implantant le troupeau de poneys au sein même de l’école. Cette idée a permis des moments d’observation et le développement de la créativité des enfants. Elle a également mentionné le dispositif mis en place au centre de formation du Centre éducatif nantais pour sportifs (CENS), permettant de concilier sport et études et mettant ainsi les compétences sportives au service de la scolarité. Carole Yvon-Galloux, responsable du service Cheval & diversité de la FFE, a mis en avant le programme Cheval et Altérité, porté par la Fédération et labellisé Impact 2024, qui propose un projet équestre à des enfants en difficulté ou en situation de handicap scolarisés en classes ULIS. Puis, Isabelle Meyer Chapiron, directrice de club et experte fédérale pédagogie, a pris la parole pour développer l’accueil qu’elle propose au sein de son centre équestre à des jeunes victimes de harcèlement ou en décrochage scolaire. L’équitation et le cheval leur permettent de se reconstruire puis de réintégrer le système éducatif classique.

Le jeudi après-midi, trois ateliers pédagogiques ont été proposés aux dirigeants et enseignants, avec pour objectif de leur apporter des supports innovants et les inciter à échanger autour de la pédagogie équestre. Lors de l’atelier “prototypes” animé par Audrey Poupardin et Emma Lahondès, chargée de développement à la FFE, les participants ont pu tester trois jeux et proposer leurs recommandations. Comment concilier les contenus des cycles pédagogiques avec l’enseignement au centre équestre? Jean-Luc Vernon, vice-président de la FFE en charge de la vie fédérale, et Typhaine Chapeyroux ont organisé un atelier passerelle afin d’identifier les contenus mis en place dans les écoles et proposer des déclinaisons dans les clubs. “Et si vous deviez imaginer la mallette pédagogique équestre de demain?”Telle a été la thématique abordée dans l’atelier animé par Déborah Smaga, élue fédérale, et Laura Gracianette, chargée de développement à la FFE.



Le spectacle équestre mis en lumière

Au programme de la deuxième matinée, des éclairages d’experts et témoignages ont plongé les congressistes dans l’univers et la passion du spectacle équestre. Le projet culturel Graines d’artistes a fait l’objet de nombreux échanges. Il met en relation les clubs et écoles autour de la création commune d’un spectacle équestre, proposant ainsi un projet éducatif et de développement innovant. “Le but des dispositifs fédéraux à destination d’un public scolaire est d’aider les poney-clubs et centres équestres à animer des séances avec des élèves de primaire ou de maternelle et ainsi créer du lien avec les écoles. Graines d’artistes est l’exemple même de ce qu’il est possible de faire entre un club, la commune et l’école”, a exprimé Audrey Poupardin, vice-présidente de la FFE en charge du poney. Pour Lionel Ferrier, inspecteur de l’Éducation nationale chargé des arts et de la culture pour le département du Vaucluse, “il faut mettre en cohérence tous les temps de l’enfant: scolaire, périscolaire et extra-scolaire. Ce projet le permet!”

Sonia Campos, professeur des écoles, accompagnée d’Aude Molines et Manon Prenot, enseignantes d’équitation, ont partagé leur expérience, ayant participé pour la première année à Poney Passion et Graines d’artistes. Elles sont animées d’une volonté, “que les enfants soient acteurs et que ce spectacle soit le fruit de leur travail.” “Ouvrir les portes de nos centres équestres au grand public c’est préparer le futur de l’équitation et transmettre notre passion”, a témoigné Sophie Planet, membre de la commission spectacle de la FFE et dirigeante de l’écurie du Réal, dans le Vaucluse, trois fois gagnante de Poney Passion. Concernant la finalité de Graines d’artistes, Maurice Galle, président de la commission spectacle de la FFE a confié qu’“il faut du temps, de la confiance et de la persévérance. Le but est que Graines d’artistes permette aux clubs d’avoir un spectacle chez eux, et qu’ils deviennent aussi une salle de spectacle.”



Promouvoir les atouts pédagogiques du spectacle équestre

Comme l’a rappelé Eve Tixador, conseillère technique nationale chargée du spectacle, lors de son intervention, les atouts pédagogiques du spectacle équestre sont nombreux pour les enseignants: diversifier sa méthode pédagogique, acquérir des habiletés parfois difficiles et contourner les difficultés, laisser libre cours à sa fibre artistique, découvrir de nouvelles techniques et activités, un projet commun pour rassembler, etc. Cela offre de nouvelles opportunités aux cavaliers, peu importe leur âge. “S’adonner au spectacle, c’est créer du lien en s’amusant. Il faut garder l’esprit jeune pour pouvoir réaliser ses rêves d’enfance”, a appelé Jean-Louis Legoux, membre de la commission spectacle. “Cheval Passion fait rêver, mais on peut aussi rêver dans nos clubs” en proposant du spectacle équestre, a confirmé Véronique Peschard, dirigeante de la Ferme équestre du K Rouge, dans le Loiret, qui a également abordé l’aspect financier du spectacle équestre au sein du club. Pascal Marry, président de la commission culture et patrimoine de la FFE, a souhaité éveiller les consciences sur la connaissance des chevaux et son lien avec le développement des établissements équestres: “S’intéresser aux bienfaits du cheval, c’est s’intéresser aux bienfaits du club”.

Le mot de la fin est revenu à Serge Lecomte: “Le vrai point de départ est d’être motivé. Avec une bonne communication et un bon esprit d’équipe, tout est possible!”, a-t-il formulé. “L’équitation de spectacle est l’éducation que l’on doit développer de manière quotidienne vis-à-vis du public dans nos établissements équestres. À nous de motiver les cavaliers qui viennent en leur présentant un projet adapté, en leur permettant de le réaliser et de faire en sorte qu’ils repartent avec des souvenirs.”