“Il n’y a pas mieux que de vivre un tournage à cheval!”, Constance Gay
Elle est à l’affiche du film de Paul Mignot et Vincent Mottez, “Vaincre ou mourir”, en salles depuis le 25 janvier. Constance Gay, trente et un ans, y interprète Céleste Bulkeley, combattante royaliste pendant la guerre de Vendée qui déchira l’Ouest en pleine Révolution française. Si le film, docu-fiction produit par le Puy du Fou, ne renouvelle pas le genre, il permet en revanche de (re)découvrir l’actrice déjà aperçue dans la série belge “Unité 42”, diffusée sur Netflix en 2017. Jouant les scènes à cheval comme les cascades, étant elle-même cavalière, l’actrice a accepté de parler de sa carrière et de sa passion pour l’équitation un après-midi de décembre, dans un café parisien.
Comment s’est passé le tournage du long-métrage “Vaincre ou mourir”, dans lequel vous jouez, et qui est sorti en salles le 25 janvier?
Quand Paul Mignot et Vincent Mottez (les réalisateurs, ndlr) m’ont proposé le rôle de Céleste Bulkeley, ils cherchaient une actrice qui se débrouille à cheval. Quand j’ai lu le script, je me suis dit : je vais pouvoir monter et il y a quelque chose à défendre! J’ai été prise, et le tournage a démarré assez rapidement après le casting. Nous avons investi pendant un mois le Puy du Fou (célèbre complexe animalier français situé sur la commune des Épesses, en Vendée, ndlr). Ce film a nécessité une grosse préparation, entre l’apprentissage de l’équitation pour les comédiens et celui de la monte en amazone pour moi, ainsi que celui des chorégraphies et des cascades. Quand j’étais petite, je pratiquais l’escrime, je montais à cheval et j’adorais mettre des robes de princesse; je rêvais de chevaliers et de prises d’assaut sur les châteaux forts! Lorsque je suis arrivée sur le tournage au Puy du Fou, il y avait énormément de chevaux; une cavalerie de deux cents chevaux gris s’y produit régulièrement! Le tournage a également été exceptionnel parce qu’il s’agit d’un film d’époque, avec le souci du détail, notamment dans les costumes. C’est un mélange de documentaire et de fiction, donc il faut coller à la réalité. On ne peut pas prendre de grandes libertés sur l’histoire, le jeu ou le scénario. Avec les autres acteurs, nous avions l’impression d’être en colonie de vacances: nous étions avec nos cinquante cascadeurs exceptionnels toute la journée, dans les décors et les plaines de ce magnifique parc d’attractions!
Que représente pour vous le personnage que vous incarnez?
L’histoire de cette femme, Céleste Bulkeley, est incroyable. On l’appelait l’Irlandaise parce qu’elle était rousse et mariée à un Irlandais. Elle a vécu jusqu’à soixante-seize ans, a connu la guerre de Vendée et perdu un enfant… Par désespoir, elle s’est engagée auprès de Charette (général royaliste, figure de la guerre de Vendée, interprété par Hugo Becker dans le film, ndlr) en tant qu’amazone. Elle a combattu, est partie en exil, a été emprisonnée et a fait croire qu’elle était enceinte pour sortir de prison. Dès qu’elle est sortie, elle est retournée combattre. Cette femme, c’est quelque chose! Quand on lit l’histoire de ce personnage, on ne peut que vouloir l’interpréter, même si l’on se sent toute petite. C’était quelque chose que je n’avais jamais expérimenté. J’avais le souci de rendre hommage à cette femme et je voulais l’honorer.
“Au début, c’était très bizarre de monter en amazone”
Vous êtes beaucoup à cheval pendant le film. Comment avez-vous mêlé activité professionnelle et passion de l’équitation?
Presque toutes mes scènes se passent à cheval! Au début, c’était très bizarre de monter en amazone, notamment vis-à-vis de l’équilibre, mais quand on pratique déjà l’équitation, on trouve vite ses repères car on connaît le mouvement de sa monture. En revanche, il faut s’habituer à porter tout son poids sur la gauche. À main droite, je ne savais plus où j’habitais! (Rires) En équitation classique, on nous apprend à poser nos mains et à ne pas les bouger, alors qu’en amazone, il faut compter sur sa rêne droite en l’absence de sa deuxième jambe. Mais finalement, nous avons laissé tomber la monte en amazone car les chevaux du Puy du Fou sont dressés pour la voltige, non pour du dressage académique en rond. En termes de sécurité, ils n’étaient pas habitués à la monte en amazone donc c’était trop compliqué.
Sur le tournage, on me donnait les chevaux les plus compliqués parce que les autres acteurs ne savaient pas monter, donc les miens pétaient en l’air. (Rires) Avec les figurants qui hurlaient autour, certaines scènes étaient déjà un peu chaudes, bien que je sois à califourchon. Si j’avais été en amazone, je serais tombée toutes les deux minutes car l’équilibre est quand même très particulier. Dans beaucoup de plans de coupes, notamment de charges, on ne voit pas forcément que c’est moi qui monte, mais c’était bien moi! Et on ne charge pas en amazone. Seuls les plans où les chevaux sont à l’arrêt montrent des cavalières en amazone. C’est un peu anachronique mais tout ne peut pas coller à la réalité, même dans un docu-fiction.
Vous parliez de deux cents chevaux dans la cavalerie, et vous en avez monté plusieurs. Avez-vous eu des coups de cœur?
J’en ai eu un pour Apito, un cheval assez énergique! Peu de chevaux étaient réservés au tournage, et il s’agissait principalement de jeunes. Tous étaient des Espagnols; des chevaux très puissants que je n’avais pas du tout l’habitude de monter. Je me suis retrouvée avec des selles de dressage et une cavalerie exceptionnelle! Les cascadeurs du Puy du Fou connaissent leurs partenaires équins par cœur et nous avons eu des coachs incroyables.
“Après avoir tourné “Unité 42”, j’ai voulu que le cheval revienne dans ma vie”
Quel est votre parcours équestre?
Je suis passionnée par les animaux depuis que je suis née… c’est inné! Quand j’ai eu dix ans, ma mère a fait la bêtise de m’emmener en colonie de vacances d’équitation (rires), et j’ai attrapé le virus! J’ai commencé officiellement le poney dans des écuries à côté de Versailles, au centre hippique du Chesnay. Aussi, j’ai toujours fait beaucoup de sport et j’aime la compétition, notamment la rigueur qu’elle impose. L’équitation représentait l’amour de l’animal et du sport. À part du chien de traîneau, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire d’autre mêlant aussi bien mes passions! À dix-huit ans, j’étais tiraillée entre les études, ma prise d’indépendance, le manque de temps et mon déménagement à Paris, donc j’ai dû arrêter. Après avoir tourné une série belge nommée “Unité 42” (diffusée sur Netflix en 2017, dans laquelle Constance Gay tient l’un des rôles principaux, ndlr), j’ai voulu que le cheval revienne dans ma vie. J’ai repris dans des écuries en Normandie, au centre de la Vallée des Bois à Nonancourt, où je montais des chevaux pour de la valorisation et un autre de propriétaire. J’avais une super coach, Sandrine Hennetierre, qui connaît les équidés comme j’ai rarement vu! J’y ai aussi découvert l’éthologie, qui est une science extrêmement passionnante et complémentaire au monde de la compétition. Petite, j’avais été très choquée par des comportements humains dans le milieu du cheval… L’éthologie m’a également beaucoup aidée dans ma vie personnelle. Hélas, cette écurie était loin de Paris, puis la pandémie de Covid-19 est arrivée avant le retour des tournages. En revenant de la deuxième saison d’“Unité 42”, je me suis rendu compte qu’il m’était difficile d’aller en Normandie tous les week-ends. J’ai donc trouvé les écuries de Gilles Cardon, au château de Champlâtreux. J’y suis quasiment tous les jours! Je redécouvre la compétition avec les chevaux de mon coach que j’ai en demi-pension, avec une équipe que j’adore.
Avez-vous des objectifs en compétition?
Je veux emmener les chevaux que je monte, qui ont des niveaux et des capacités différentes, le plus loin possible. Mon but est de pratiquer de la belle équitation, dans le respect du cheval, de l’humain et du sport. Les sans-faute montés n’importe comment ne m’intéressent pas.
N’est-ce pas trop difficile d’allier le métier de comédienne avec la pratique de l’équitation?
C’est un peu compliqué. Je rêve d’acheter mon propre cheval, mais j’ai le souci de bien faire. En ce moment, je travaille sur des tournages qui durent deux semaines, mais pour “Face à Face” (série judiciaire diffusée sur France 3, ndlr), par exemple, je pars trois mois et tourne six jours sur sept à Strasbourg, donc je ne peux pas faire un aller-retour pour deux heures. Les tournages ne sont pas souvent à Paris. Aujourd’hui, je gère comme je peux. Même s’il est parfois stipulé que je n’ai pas le droit de monter à cheval sur mes contrats, je le fais quand même un peu… (Rires) En revanche, je ne dispute pas de compétitions durant ces périodes. En soit, il y a toujours un compromis à trouver. Alors, il n’y a pas mieux que de vivre un tournage à cheval!
Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.