“Je ne suis pas sur la ligne de départ de Paris 2024, mais cela reste mon rêve”, Victor Levecque (1/2)

Double champion d’Europe Jeunes Cavaliers avec son fidèle Phunambule des Auges à Fontainebleau en 2018 et multimédaillé au cours de ses jeunes années, notamment deux fois paré d’or aux Européens Poneys de Millstreet en 2014 avec Qualität des Bourdons, Victor Levecque poursuit son apprentissage en Seniors. Aujourd’hui installé à Maisons-Laffitte, le Francilien de vingt-quatre ans mène de front sa carrière sportive et ses études à Science Po Paris où il prépare un Master en marketing. Cet hiver, il a récupéré Fair Lady des Broucks * FDJ, championne de France à quatre, six et sept ans avec Thomas Carlile, sur laquelle reposent ses ambitions pour Paris 2024. Dans la première partie de cet entretien, il évoque notamment son évolution et ses objectifs sportifs.



Comment allez-vous en ce début d’année 2023 ? La trêve hivernale s’est-elle bien passée ?

Je vais très bien. Je me suis rendu deux fois au ski dont une avec les Étoiles du sport, un programme de parrainage qui existe depuis plus de vingt ans (depuis 2022, ndlr). Les Étoiles du sport organisent plusieurs événements chaque année, notamment une semaine en station de ski, à Tignes, pour rassembler les espoirs et leurs parrains. À l’origine, le principe était le suivant : une vingtaine d’athlètes, tous sports confondus, parraine les jeunes espoirs de leur discipline. Aujourd’hui, le concept s’est élargi et rassemble maintenant près de trois cents personnes venant de tous les horizons. Cet événement permet d’échanger avec toute la planète du sport et d’en profiter pour skier et prendre part à de nombreuses activités. C’était très sympa. J’ai participé à cette semaine en tant qu’invité de la FDJ Sport Factory (un collectif de sportifs, espoirs de Paris 2024, soutenu par la Française des Jeux et dont le jeune cavalier fait partie, ndlr), partenaire des Étoiles du sport.

Vous avez récemment accueilli Fair Lady des Brouks * FDJ (SF, Upsilon x Chin Chin) au sein de vos écuries, comment se passe l’entente et le travail ? 

Cela fait également parti des bons moments de cette trêve hivernale! Elle est arrivée juste avant que je ne me rende au ski avec les Étoiles, début décembre. Il s’agit d’un projet prévu depuis longtemps qui s’est enfin concrétisé. Il est partagé avec Olivier Grard, son propriétaire, la FDJ Sport Factory, mon partenaire, et moi-même. Je suis très motivé par cette belle histoire qui débute. Aux écuries, tout le monde est très investi dans cette nouvelle aventure, moi le premier. Olivier, fondateur de l’élevage Gradilis, l'a achetée lorsqu’elle avait six ans et il avait été convenu que Thomas Carlile la garde jusqu’au Mondial du Lion d’Angers pour participer au championnat du monde des sept ans avant que je ne la récupère (le couple a pris la vingt-neuvième place, ndlr). Nous cherchions un partenaire pour nous accompagner dans cette aventure, et donc naturellement, je l’ai proposée à la FDJ Sport Factory, avec qui j’avais déjà une très bonne relation. 
 Je ne l’ai pas essayée avant son arrivée. Nous l’avions repérée il y a quelques temps déjà avec Olivier et elle semblait correspondre à nos projets respectifs. Lui est passionné d’élevage et a donc essayé de trouver une jument qui soit à la fois intéressante d’un point de vue génétique et prometteuse sur le plan sportif. Fair Lady était celle qui semblait cocher le plus de cases et Olivier a eu un vrai coup de cœur pour elle. Jusqu’à aujourd’hui, je l’ai beaucoup suivie, mais tant que je n’étais pas monté dessus, je ne pouvais pas vraiment savoir si elle me correspondrait, même si elle paraissait pleine de qualités et conforme au type de chevaux que j’apprécie. La bonne nouvelle, c’est qu’en définitive, je me sens très bien dessus. Le feeling passe bien, même si nous ne sommes encore qu’au début. Je dois apprendre à la connaître, notamment en concours. Parfois, il arrive que nous soyons obligés de nous adapter aux chevaux parce que nous ne sommes pas tout à fait à l’aise, même s’ils sont très bons. Avec elle, j’ai tout de suite eu l’impression qu’elle était faite sur mesure pour moi, je me sens très bien dessus et son gabarit me correspond alors je suis ravi. 
 Pour l’instant, nous travaillons à la maison et nous verrons comment cela se passera au fil de l’année. Je peux simplement dire qu’elle se sent bien aux écuries. Nous n’y avons qu’une dizaine de chevaux et ils passent leurs journées dehors. Il y a beaucoup d’interaction sociales entre les uns et les autres alors elle s’est tout de suite très bien acclimatée. Elle a connu un système similaire chez Thomas Carlile mais on ne peut jamais prévoir la réaction d’un cheval qui change d’environnement.



Fair Lady des Brouks * FDJ est arrivée en décembre dernier dans les écuries de Victor Levecque

Fair Lady des Brouks * FDJ est arrivée en décembre dernier dans les écuries de Victor Levecque

© Collection privée

Quel programme de compétition avez-vous prévu pour elle cette année? Et quelle sera sa première sortie?

Nous allons démarrer en Italie, à Montelibretti, où deux week-ends de compétition sont organisés à la suite. C’est un endroit que je connais bien puisque j’ai participé aux championnats d’Europe Junior en 2016 là-bas (desquels il était revenu avec deux médailles d’argent, ndlr) et j’y suis aussi allé début 2022. En y réfléchissant, je trouvais qu’il y avait de nombreux avantages à aller là-bas. Le fait d’être longtemps sur place va nous permettre de nous poser et de commencer gentiment la saison. L’autre intérêt est qu’on peut y réaliser à la fois des entrainements de cross, d’obstacle et de dressage, car toutes les installations sont ouvertes. Cela me permettra de travailler Fair Lady tous les jours et d’apprendre à la connaitre en dehors de la maison. Le fait qu’il y ait deux concours relativement proches offrira la possibilité de démarrer progressivement la saison tout en obtenant des qualifications pour le niveau suivant.

Pour le reste de la saison, nous avons un plan en tête mais il dépendra de notre évolution. Fair Lady est très talentueuse et a réussi tout ce qu’elle a entreprit jusqu’ici mais elle entre désormais dans la cour des grands et nous allons franchir de nouveaux caps ensemble. Nous avancerons concours après concours, sans brûler d’étapes. Elle a un très gros potentiel et un bel avenir devant elle. Après l’Italie, j’irai très certainement à Radolfzell, en Allemagne, un de mes concours préférés, pour participer au CCI 3*-S si tout se passe bien. Nous participerons aussi à des concours sur le circuit du Grand national. Nous verrons comment tout cela se passe et où cela nous mènera d’ici cet été.

Vos espoirs pour Paris 2024 reposent certainement sur elle...

Bien sûr, les Jeux olympiques de Paris sont un objectif que l’on garde constamment dans un coin de notre tête. Cependant, je reste très lucide. Aujourd’hui, je ne suis pas du tout sur la ligne de départ de Paris 2024, mais cela reste mon rêve. J’ai la chance d’avoir récupéré une jument très talentueuse mais il ne faut pas se louper et avancer à son rythme, sereinement. Nous aviserons en fonction de notre évolution mais je ne me mets aucune pression par rapport à ça pour l’instant. La première étape est de former un couple et que nous gravissions les marches petit à petit. Si nous finissons par nous démarquer des autres alors, à ce moment, il y aura peut-être quelque chose à tenter. Mais si ce n’est pas le cas et que nous ne sommes pas prêts, nous n’allons pas risquer de compromettre notre avenir en commun.



De quels autres chevaux est composé votre piquet ? Quels sont vos objectifs avec eux ? 

Fair Lady sera mon cheval de tête pour cette année mais j’ai également une autre jument, Darjeeling de Bernou (SF, Sandreo x Mill Pond), qui a aussi beaucoup de qualités et que je monte depuis déjà un an et demi. Nous avons mis un peu du temps à nous comprendre donc, cette année, nous allons rester sur un niveau intermédiaire en participant à des CCI 2 et 3*. Je monte également deux entiers de six ans, Honey Crunch du Caire (SF, Tenareze x Optimist) et Halifax (SI, Cher Epoux x High Yield).

Quid de Phunambule des Auges (SF, Clown du Chesnay x Oracle) ? La retraite est-elle pour bientôt?

Phunambule est à la maison, il est en super forme, et c’est le plus important pour moi. J’ai hésité à faire tous les cross indoors cet hiver, car c’est un format qui lui correspond bien et ce sont des épreuves sympas à courir. J’ai participé à celui de Rouen qui s’est bien passé puis j’ai bien réfléchi et finalement décidé de ne pas en courir d’autres, par peur de faire l’épreuve de trop. Maintenant, j’ai tourné la page. Il profite d’une pré-retraite plaisir à la maison, où je le monte de temps en temps, car il n’est pas prêt pour un arrêt complet. Je n’ai pas vraiment d’expérience dans le domaine puisqu'il s’agit du premier cheval que je mets à la retraite, d’autant que j’y suis énormément attaché. On est toujours partagé entre les laisser tranquille parce qu’ils nous ont suffisamment donné et la volonté de ne pas les abandonner. J’essaie de le faire comme je le sens. Je le connais par cœur et je pense qu’aujourd’hui, il n’est pas prêt à être complètement arrêté. Pour l’instant, il passe ses journées au pré avec ses copains et c’est un peu le grand sage de l’écurie! Il veille sur moi et semble content de voir les petits nouveaux arriver pour prendre la relève. Je continue à le monter pour le plaisir et il est toujours super content quand il voit une barre. Progressivement, quand les beaux jours arriveront, viendra le moment où il ira complètement dehors.

Avez-vous suivi les championnats du monde de Pratoni del Vivaro l'an dernier? Qu'en avez-vous pensé ? Avez-vous eu des coups de cœur?

Forcément, je suis l’actualité des sports équestres de manière générale, encore plus celle du concours complet et je soutiens à fond les équipes de France. J’ai trouvé très intéressant que les sélections aient été assez ouvertes. Il y a eu beaucoup de très bons cavaliers avec de nouveaux chevaux mais aussi plein de jeunes qui arrivent en force, ce qui est source de motivation. Je pense que cela tire tout le monde vers le haut. Quand je vois les supers résultats de Gaspard Maksud (sixième en individuel avec Zaragoza pour son premier championnat, ndlr) ou encore Héloïse Le Guern (réserviste de l’équipe de France à Pratoni, ndlr), avec qui j’ai effectué mes années Jeune Cavalier, monter en niveau avec son cheval, cela me fait plaisir. Il en est de même pour les jeunes cavaliers étrangers comme les Britanniques Yasmin Ingham (championne du monde individuelle avec le Selle Français Banzai du Loir, ndlr) et Bubby Upton (sixième du CCI 5*-L de Pau en octobre, ndlr). Tout le monde avance et progresse. Personnellement, je n’avais pas de cheval pour être présent à ce niveau, c’était une période creuse, mais je ne regrette absolument rien et j’espère que ce sera formateur pour la suite. Si Fair Lady me permet de toucher à nouveau du doigt le haut niveau, ce serait super. En tout cas, je vais tout faire pour y parvenir.  



Retrouvez VICTOR LEVECQUE en vidéos sur
Retrouvez FAIR LADY DES BROUCKS en vidéos sur