Les Juniors en stage fédéral avant de reprendre le chemin des concours

Dix-huit cavaliers de saut d’obstacles âgés de dix-huit ans ou moins, concourant en catégorie Juniors ont participé à deux stages fédéraux à Mâcon les 7 et 8 janvier et à Deauville les 28 et 29 janvier. Sous l’œil d’Olivier Bost, chef d’équipe et sélectionneur national des équipes de France Jeunes, les cavaliers peaufiner les derniers réglages avant de débuter la saison.



Un programme consistant attendait les dix-huit cavaliers Juniors. Répartis en deux groupes pour éviter les kilomètres aux chevaux et aux cavaliers, le staff fédéral a réparti l’effectif à Mâcon et à Deauville. Sélectionnés d’après “la computer list Pro 1 Jeunes sur FFE Compet et selon les résultats sur le circuit du Grand National FFE - AC Print” comme l’a expliqué Olivier Bost, “les dix-huit couples doivent être capables de sauter 1,40/1,45m cette saison. Ces stages d’hiver nous permettent d’échanger avec les coachs, faire un point sur l’état de forme des chevaux et d’optimiser le programme de concours.” Ces stages de perfectionnement ont donné lieux à des ateliers avec Jérôme Ringot, récemment nommé formateur technique Juniors et Barnabas Mandi, entraîneur hongrois réputé. Les jeunes cavaliers ont notamment bénéficié des conseils de Maxime Chataignier, préparateur mental, présent pendant la durée du stage, afin de les aider à optimiser leur système. Une préparation complète accompagnée des nombreux autres aspects pour atteindre le plus haut niveau : sensibilisation du bien-être des chevaux, gestions des soins en concours, etc.



Travail sur les barres avec Jérôme Ringot

Les huit cavaliers sélectionnés ont pu bénéficier des installations du Pôle international de Deauville pour peaufiner leur préparation avant leur retour sur les terrains de concours. Pendant les deux jours de stage fédéral coordonné par Maryline Millet Lesage, conseillère technique national pour les Jeunes, ils ont profité des conseils de Jérôme Ringot sur les barres. En concertation avec Olivier Bost, il a proposé une première séance avec des exercices techniques, puis le lendemain un enchaînement d’une dizaine d’obstacles. Chaque couple a pu retravailler les difficultés rencontrées sur ce parcours de type Grand Prix, composé de lignes de trois et quatre foulées, avec des choix de distance à effectuer en fonction de sa monture, un spa, un mur et deux doubles. Le tour était à effectuer dans un rythme de galop qui s’approche de celui demandé en compétition. “À la sortie de l’hiver, ce stage permet de voir où chacun en est, l’état de forme des chevaux et le bon fonctionnement de chaque couple” a-t-il expliqué. “Pour la plupart d’entre eux, ils sautent après une séance de plat ; les chevaux ont donc déjà été détendus et mis dans un système de connexion et de meilleure locomotion. Il faut ensuite apporter cela sur les barres. Nous regardons si tout se passe selon le plan prévu, si les tracés sont respectés, si la préparation et l’anticipation de chaque séquence est résolue. On essaye d’avoir un discours similaire à ceux des entraîneurs privés, qui nous aident à appréhender le plus rapidement possible le fonctionnement de chacun puis de monter progressivement en puissance. L’objectif pour ces couples n’est pas d’être performant immédiatement, mais que tout soit en ordre pour la reprise des concours, puis d’évoluer en vue des objectifs donnés par le staff fédéral.”

Les cavaliers ont travaillé sur les barres

Les cavaliers ont travaillé sur les barres

© FFE/LB



L’importance du plat en amont avec Barnabas Mandi

Le travail en amont sur le plat est l’aspect essentiel pour bien gérer sa trajectoire sur un parcours. Intervenant de longue date auprès des cavaliers des équipes de France Jeunes et Seniors, Barnabas Mandi met un point d’honneur sur le travail au pas. Présent à Deauville, il a accueilli les couples individuellement avant leur séance sur les barres. Au programme, cessions, épaules en dedans et cercle aux trois allures, transitions inter et intra-allure, ligne courbe au galop, reculé. Des exercices de base qui améliorent la locomotion et l’engagement des postérieurs des chevaux. “Je propose des exercices qui améliorent les capacités des chevaux et des cavaliers. Je me concentre beaucoup sur le dos et l’activité des postérieurs qui doivent être solides pour au haut niveau” a-t-il déclaré. “Je ne me concentre pas en priorité sur le contact, car pour moi, c’est la conséquence du travail du dos et des postérieurs. Le cheval doit coopérer et être disponible. Si tout cela s’améliore, le contact s’améliore également. Un conseil que je donne très souvent est de ne pas tirer sur la bouche, ce qui est un manque de connaissance et de savoir-faire. Il faut donner le temps au cheval de comprendre la demande et d’être disponible pour nous donner la réponse. En concours, on passe son temps à allonger le galop, le rassembler, tourner. Si le cavalier n’est pas capable de le faire correctement, alors il rencontre des difficultés lors de son parcours. Il faut habituer les chevaux à allonger leurs foulées sans accélérer. Pour améliorer la qualité et l’équilibre du galop, j’aime bien la cession car cela engage les postérieurs. L’engagement des postérieurs est aussi travaillé lors des épaules en dedans grâce à l’incurvation, tout cela sans tirer. Enfin, le galop à faux permet ensuite de continuer à améliorer la qualité du galop.”

Les cavaliers ont pu travailler sur le plat

Les cavaliers ont pu travailler sur le plat

© FFE/LB



Une attention toute particulière sur le cheval

Tristan Deguillaume, vétérinaire fédéral, a effectué un check-up de tous les chevaux présents, pour vérifier leur bon état de forme avant le début de la saison : “J’ai réalisé un état des lieux système par système : la locomotion est très importante, le système respiratoire, digestif, la bouche, les yeux, etc. J’ai aussi regardé la ferrure et la musculature globale. Il y a un examen à l’arrêt, puis en mouvement dite de locomotion spontanée, à la longe, sur un sol dur et un sol mou. Pour compléter, j’ai observé les chevaux au travail”. Un bilan des soins et du suivi effectué pendant l’hiver était également au programme. De plus, le vétérinaire fédéral a un rôle de conseil : “Je recommande de rester vigilant, puisque l’entourage (cavalier, entraîneur, groom, etc) est le premier témoin de la santé du cheval. Ensuite, je préconise des check-ups réguliers par le vétérinaire traitant pour s'assurer que tout va bien. Enfin, je conseille aux jeunes de prendre soin au maximum des chevaux en compétition. Pour cela, il s’agit de très bien connaître sa monture pour cibler les soins nécessaires.” Enfin, une intervention était programmée le samedi soir, où le vétérinaire fédéral a apporté des recommandations en vue de la reprise des compétitions, avant que Romane Dedoit et Justine Hallot, grooms de Marc Dilasser et Alexis Deroubaix, n’apportent des conseils sur la gestion des soins en concours. Le partage de leur expérience a été fortement apprécié.



Des cavaliers ravis

“Ce stage s’est bien déroulé. J’avais amené Chamana, sept ans, et Chacelle, ma jument de tête. Le travail sur le plat avec Barnabas m’a beaucoup apporté concernant ma position et la connexion à mon cheval” raconte Agathe Martin, cavalière chez Guillaume Fourtier. “Les exercices au galop, épaule en dedans, cercles de dix mètres - m’ont bien aidée à relâcher Chacelle, qui a parfois du mal à bien engager ses postérieurs au galop avec son physique imposant. C’était une bonne préparation pour le cours de saut, elle galopait mieux. Ce stage est une bonne opportunité avant de retourner en concours ; c’est comme si on avait déjà réalisé un premier parcours. Si j’étais partie directement en concours, il m’aurait manqué quelques clés, quelques conseils. Il y a peu de temps pour les travailler, mais au moins je les ai et je vais essayer de les appliquer dès la reprise de la saison, mi-février à Lierre. Avec Chacelle, j’aimerais réaliser de beaux parcours et intégrer l’équipe de France est un objectif. J’ai envie de me faire plaisir avec mes chevaux et obtenir de bons résultats en CSI et CSIO. Le coaching mental avec Maxime m’a bien aidée, je sais que je dois rester calme même dans des situations qui peuvent être compliquées. J’ai parfois du mal à me concentrer sur un objectif précis et il m’a donné plusieurs conseils pour me canaliser. Je remercie tout le staff présent, c’est super de tous se retrouver et d’être encadrés par d’autres personnes que nos coachs. Il n’y a plus qu’à se donner à fond pour la saison !” 

“Le stage s’est très bien passé” rapporte Toscane Carloni Richard, cavalier à domicile “J’ai participé avec mon cheval de tête, Cardinal de Lisieux Z, et un cheval d’un propriétaire, Eureka. Je suis contente de leur comportement. Cela me permet de voir les points sensibles sur le plat, pour moi comme pour mon cheval, à travailler tout au long de la saison. Ce stage est très formateur pour l’avenir car j’ai des défauts à rectifier, mais aussi avant le début de la saison de concours pour performer par la suite. J’ai appris beaucoup de choses lors de l’intervention de Tristan Deguillaume sur l’importance de toujours mieux prendre soin de nos chevaux, comprendre comment ils fonctionnent. L’intervention des grooms était très bien aussi, j’ai eu la chance de participer précédemment à des Coupes des nations, donc avoir leur expérience du haut niveau était très intéressant, leur organisation avant pendant et après les transports, etc. Ce stage était bien organisé, j’ai bien aimé l’intervention de Jérôme Ringot qui était très impliqué dans le travail de chacun de nos chevaux. En saut, j’ai travaillé la position de mon corps et de mes mains, que je ne sois pas trop fermée pour ne pas bloquer mon cheval et détériorer la qualité de son saut. En dressage, je me suis concentrée sur bien rester au milieu de ma selle, ne pas être trop en arrière, et garder mes jambes au contact pour que mon cheval fonctionne bien.” 

“C’est super d’être à Deauville et nous avons tout ce qu’il faut pour travailler” reconnait Elio Bertrand. “L’ambiance était bonne et l’équipe nous a rassuré tout en nous permettant de voir si nous étions prêts pour la saison. J’ai choisi de présenter une jeune jument qui ne fait pas encore du haut niveau à Barnabas Mandi, mais avec laquelle je rencontre des difficultés, qui est un peu raide. C’était intéressant, il m’a donné des idées de travail. J’adore travailler avec lui, ce sont des choses très simples, dans le calme. En fin de séance, j’ai senti ma jument se relâcher. Il m’a aussi conseillé de longer ma jument tête en bas avant de monter et je pense que cela pourra lui être bénéfique sur le long terme. À l’obstacles, c’était bien de décomposer le travail sur deux jours. Je pense que c’est important de sauter un parcours le second jour, avec des contrats compliqués, où l’on doit allonger et reprendre comme en concours, pour vérifier si tout est en ordre. Ma première monture a commis des fautes de jeunesse mais devrait à terme être à l’aise sur ces hauteurs. J’ai des objectifs plus sérieux avec ma seconde jument. Elle est atypique mais elle était top. C’était mon premier stage avec Jérôme Ringot, j’ai adoré sa vision. Je remercie tout le staff qui nous permet d’être là, l’intervention avec les grooms était enrichissante. Tout est bon à prendre pour s’améliorer et j’ai encore beaucoup à apprendre. Mon premier objectif est le championnat de France, j’ai envie d’être en confiance et de pouvoir viser une bonne place. Avant, j’irai sur le Grand National et j’aimerais prendre de l’expérience en internationaux à l’étranger, aux côtés des grands cavaliers, car c’est toujours intéressant.”

“Direction la saison de concours désormais, avec prochainement les CSI de Vidauban et Royan, certains iront sur les tournées à Oliva, Vejer de la Frontera ou Vilamoura, puis les Grand Nationaux de Jardy et Auvers, qui serviront de concours d’observation en vue des prochains CSIO. Celui d’Opglabbeek fin mars va venir vite. Le CSIO de France se déroulera fin avril à Compiègne, puis les championnats de France des As à Villers-Vicomte mi-mai seront une étape incontournable pour les cavaliers. À la suite, les CSIO de Gorla Minore, site des championnats d’Europe, Zuidwolde et les différentes étapes du Grand National s’enchaîneront et nous amèneront jusqu’à l’échéance continentale mi-juillet. Ce que l’on voit en février et mars permet d’organiser la saison de concours. Jérôme et moi sommes en contact permanent avec les cavaliers du groupe 1” a conclu Olivier Bost. 

L'équipe du staff fédéral accompagnant les cavaliers

L'équipe du staff fédéral accompagnant les cavaliers

© FFE/LB